dimanche 29 novembre 2015

Les thématiques de la Campagne de martin Crimp

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Le théâtre de Crimp : un théâtre de questions.
Dans La Campagne il est question du couple et de ses dérivés : amour et désamour, crise
et complicité, errance des individus; celle de Richard s’acclimate à celle de Corinne. Leurs
errances entremêlées ne serait-elle pas l’unique chose qui les réunit ? Et la sécurité de la
Campagne n’est-elle pas que tous les dangers y sont connus, nommés et répertoriés ? Les
repères habituels ne sont que des habitudes,
le mensonge et la vérité des apparences, comme la réalité ou l’illusion, les mots s’épuisent
dans leurs manipulations jusqu’à céder la place, silencieusement, au non-dit.
« Je ne sais pas si cette question du non-dit est particulièrement anglaise. Même si
quelqu’un comme Harold Pinter est un expert en la matière. En tout cas, il est certain
que, tout au long de La Campagne, il y a une discussion sur ce qui peut ou ne peut pas
être dit. (...) en tant qu’écrivain dont le métier consiste à se servir du langage, il m’est
nécessaire de croire jusqu’à un certain point que celui-ci peut être utilisé pour produire du
sens ». Martin Crimp.
Cette Campagne dissèque au scalpel une situation de couple faussement ordinaire. Elle
révèle l’existence d’une profondeur des êtres, en laissant le spectateur toujours libre de
dire laquelle; elle sonde avec ironie et mordant leurs errances à la fois drôles et tragiques.
Au milieu du couple, il y la troisième personne, celle qui le fait vaciller ou le cimente, on
ne sait plus. Avec elle, toute la question du bonheur, du désir, de l’amour passionnel, de
l’état de manque, de la dépendance, des compulsions. On interroge le couple, l’amour,
la vie. On combat pour sa vie, son existence dans un refuge de campagne qui prend des
allures de piège.
Le temps est le temps présent questionné par un passé très lointain.
L’auteur s’amuse à brouiller les pistes. Il bouscule le spectateur. Le monde qu’il nous décrit
est à la fois familier et singulier, le réel n’est pas toujours facile à saisir.

L'écriture de Martin Crimp dans la campagne

Une écriture formelle
Préambule : Martin Crimp écrit des fictions, puis des pièces de théâtre. Au départ, il
se dit influencé par Beckett, puis, peu à peu, il trouve son propre chemin. «La lecture
de James Joyce m'a bouleversé. Je n'ai plus écrit de la même manire après voir adoré
Finnegans Wake.» Martin Crimp change alors sa façon d'aborder l'écriture théâtrale. «Je
choisis d'abord la forme, ensuite vient le sujet.»
D'où une écriture parfois savante, cisaillée qui délaisse la narration. Probablement les
Bahamas, pièce radiophonique écrite en 1987, « marque la rupture avec mes toutes
premières pièces », explique-t-il.
Son théâtre est un théâtre de la fausse conversation, il faut déchiffrer les codes d’une
écriture induisant ce rapport si particulier entre des personnages en recherche ou en perte
de repères.
L’histoire pourrait être simple mais l’on est intrigué par ces dialogues ambigus, où les
mots, les phrases fusent comme dans un jeu de fléchettes dont la cible serait un peu floue.
L’écriture de La Campagne, très « pintérienne », avance sur le mode du secret, du contenu
occulté et de l’étrange.
On pourrait dire qu’il ne s’y passe rien, en apparence. L’action se situe dans la parole
cisaillée et fluide; c’est la force de cette pièce bourrée d’indices et de fausses pistes;
on peut la lire comme une carte où les chemins se croisent, s’arrêtent brusquement, se
divisent, nous éclairent pour mieux nous perdre. Une parole qui interroge, qui ment, qui
domine et esquive. Les dialogues fusent comme un échange de balles dans une partie de
ping–pong en cinq parties.

 L’histoire
C’est une intrigue linéaire construite en cinq scènes ou tableaux. Les personnages sont
clairement délimités : un médecin londonien, sa femme et Rebecca, une jeune chercheuse
américaine. L’histoire se passe de nos jours.
Richard et Corinne ont quitté Londres depuis peu pour vivre dans la lande anglaise.
Le couple voit son équilibre perturbé par des personnages absents et par la présence
lancinante d’un troisième personnage : Rebecca. Un soir, Ricahrd ramène au foyer une
jeune inconnue qu’il a trouvée étendue sur le bord de la route, prétend-il. De dialogues en
défilades, le doute s’installe peu à peu dans l’esprit de sa femme puis au gré des ricochets
des dialogues, dans celui du spectateur.

 La Campagne inventorie des genres connus : le vaudeville, la comédie noire, le théâtre de
l’intime, le thriller, le conte de fées…
 La bergère et ses moutons, Cendrillon qui enfile ses chaussures qui ne lui vont pas, La Belle au bois dormant à laquelle Corinne pourrait s’identifier en quémandant désespérément un baiser,Alice au Pays des Merveilles, évoluant dans un monde aux dimensions rétrécies…

 Pourquoi pourrait-on dire que le fantôme de Shakespeare plane au dessus de cette
écriture ?
On pense à la comédie pastorale As you like it (Comme il vous plaira) (1599), à la
tragédie Macbeth (1606) ou à la tragicomédie The Winter’s Tale (Le Conte d’hiver)
(1610). Il y a dans ces pièces, une contigüité du comique et du tragique, on y conjure
toujours des spectres noirs, on y frôle en permanence une menace et une folie dont des
auteurs britanniques contemporains comme Marin Crimp ont certainement hérité.

 Les personnages
Certains sont là, sur scène, d’autres sont évoqués, d’autres sont en filigrane.
Les premiers sont Richard (médecin londonien), Corinne (son épouse) et Rebecca (étudiante
en histoire, maitresse de Richard). Les seconds, sont ceux dont on parle, comme les
enfants. Les derniers ne font que parler, et surtout relancer l’action, mais de loin, sans être
ni visibles ni directement entendus (Morris, Sophie).

La campagne de Martin Crimp

Afficher l'image d'origineExtrait du dossier de la pièce:


Dans La Campagne, le langage est le lieu où les personnages se disent, se répètent, cherchent à exister et à se rendre réels, dans une atmosphère à la fois menaçante et ludique.

Martin Crimp est né en 1956 à Dartfort dans le Kent. Après des études à l’université de Cambridge, il commence une carrière dedramaturge à l’Orange Tree Theatre de Richmond et écrit pour la radio. Après avoir obtenu le John
Whiting Award for Drama en 1993, ainsi que plusieurs bourses d’écriture, il fait une résidence d’auteur à New York, puis devient, en 1997,auteur associé au Royal Court Theatre de Londres. Ses pièces, reconnues au-delà des
frontières britanniques au cours des années 1990, dissèquent notre époque contemporaine avec humour et cruauté. Martin Crimp a déjà traduit et adapté en anglais bon nombre d’auteurs français parmi lesquels Molière, Marivaux, Genet, Ionesco ou encore Koltès.
Dans une écriture cisaillée, il délaisse les conventions de la narration, rompt avec les catégories théâtrales et se place ainsi comme un auteur post-dramatique. C’est en ces termes qu’il qualifie le métier d’écrivain : on écrit parce qu’on aime ça ou parce qu’on a la nécessité de le faire ; les jours sans, aussi, vous font comprendre que vous êtes écrivain.
En 2002, il est joué au Théâtre National de Chaillot (Le Traitement, mis en scène par Nathalie Richard), en 2006, il est à l’honneur lors du festival d’Automne à Paris. L’univers de M. Crimp est ancré dans le concret du réel et en même temps, toujours sur le fil, pourtant il est toujours prêt à dérailler et à s’abîmer dans l’absurde. Devenu un auteur majeur, ses pièces sont traduites et jouées dans de nombreux pays d’Europe, notamment
en France, en Suisse et en Allemagne, parmi elles :
Probablement les Bahamas (1987), Pièce avec répétitions (1989), Personne ne
voit la vidéo (1990), Getting Attention (1991), Le Traitement (1993), Atteintes à
sa vie (1997), Claire en affaires (1998), La Campagne (2000), Face au mur (2002),
La Ville (2007), Play House, Tendre et cruel (2004), Vaclav et Amélia, La Pièce et
autres morceaux, Written on Skin (livret d’opéra de George Benjamin) (2012), Dans la République du bonheur (2013)…

Crimp et les auteurs britanniques : contexte

En Grande-Bretagne, à la fin des années cinquante, La paix du dimanche (1956) de John Osborne est prise comme emblème par les «jeunes gens en colère» , les «angry young men». Les auteurs de cette époque–là utilisent le cynisme comme arme littéraire pour critiquer la société anglaise.
Dans les années soixante, les dramaturges de l’absurde voient, selon d’Eugène Ionesco, «l’homme comme perdu dans le monde, toutes ses actions devenant insensées, absurdes, inutiles ». Beckett devient un des chefs de file de ce théâtre où des dialogues décousus et sans suite n’ont d’autre effet que de confirmer la fatalité qui domine les êtres et qui les fige dans une permanence définitive, sans passé et sans avenir.
Les années 70-80, donnent naissance à une génération d'écrivains dont les pièces sont fondées sur le miroitement d'une vérité insaisissable. Harold Pinter écrit des pièces sur des relations inexpliquées, avec un humour inquiétant, et le polémique Edward Bond dénonce de façon implacable la violence du monde moderne. À leur suite, Sarah Kane témoigne dans ses pièces de son mal de vivre et de ce même monde violent. Elle s’inscrit dans le mouvement «In yer face theatre», le théâtre coup de poing, ou théâtre de la provocation.

Dans les années 90, le théâtre de Martin Crimp aplanit les excès, mais ses comédies de l’absurde, limpides et complexes laissent entrevoir la folie des personnages. Ils sont sans cesse occupés par la pensée et l’effort de rechercher le mot juste.. Ses pièces sont des partitions musicales. A travers les mots et une écriture fragmentaire, Martin Crimp fait planer le deuil et l’absence sur un plateau ouvert à l’au-delà.

Fuck America

Version radiophonique

Interview de l'écrivain sur arte: Edgar Hilsenrath

Au commencement, il y a un « putain de livre », un roman explosif, un ovni littéraire. Une langue qui claque. Une verve féroce, décomplexée, iconoclaste, drôle et bouleversante, qui percute. Jakob Bronsky, tout juste rescapé de la Shoah, hante une Amérique des laissés-pour-compte et des minables bien loin du rêve de terre promise. Écrivain la nuit, crève-la-faim le jour, Jakob Bronsky trimballe, de petits boulots en rencontres loufoques, son appétit de vivre, les affres de la création et des fantasmes torrides. Situations incongrues, dialogues déjantés et acides cultivant jusqu’au bout la consternation désopilante… Le comédien Haïm Menahem et le saxophoniste David Rueff se mettent au service d’une langue virtuose dans un spectacle décoiffant et jubilatoire. On se prend à penser tour à tour à John Fante, Samuel Beckett, Charles Bukowski, Sholem Aleikhem ou Woody Allen...
Edgar Hilsenrath parle de la Shoah avec une grande singularité en utilisant une écriture burlesque, folle, excitée et jouissive avec des bouffées de dérision et des moments hallucinatoires qui rendent le héros du livre, Jakob Bronsky, à la fois drôle, absurde, émouvant et vivant. Rendre compte, sur scène, de l'ironie féroce de l'auteur en faisant confiance à son écriture lorsqu'il dépeint Jakob Bronsky avec ses pensées, ses obsessions, ses fantasmes sexuels, sa vie d'exilé dans cette terre promise américaine... Une narration vivante à l'image de la parole d'Edgar Hilsenrath. Haïm Menahem

spectacles en décembre 2nde enseignement d'exploration



Sirènes : vendredi 11 décembre 20h30
Deux hommes jonglaient : Vendredi 18 décembre à 20H30

Pièces en décembre option fac secondes



Sirènes    Vendredi 11 décembre 20h30
Deux hommes jonglaient : Vendredi 18 décembre  20h30 

Pièces en décembre options fac Première et terminale



 Terminales: Fuck Amerika : jeudi 3 décembre à 19h: durée 1H45 possibilité de rencontre avec les artistes.

Première: 

Fuck America : vendredi 4 décembre à 20h30