jeudi 15 février 2018

hippolyte, texte de Magali Mougel, mise en scène Catherine Javolayes

Les premières de spécialité se rendront mardi 20 février à la salle Europe à 14h pour Hippolyte.
voir le site de la compagnie du talon rouge

Dossier du spectacle




Qui est Hippolyte dans la mythologie antique? (par Francis Fischer)

Le mythe d’Hippolyte appartient au cycle de Thésée. Il est le fils de Thésée et d’une amazone, Antiope ou Hippolyta.

Les Amazones sont des femmes guerrières qui tuent les mâles à leur
naissance ou les réduisent en servage. Combattues par les héros grecs, elles sont sans doute les représentantes d’un ancien matriarcat que les Grecs détestaient .Héraclès d’abord, puis Thésée vont tenter de les vaincre et de remettre ces femmes à leur place subalterne.
Dans une sorte de fidélité à sa mère, violée par Thésée, le jeune Hippolyte
refuse l’amour et insulte par-là la déesse Aphrodite. Il préfère Artémis (Diane),
déesse  vierge et chasseresse.
Aphrodite décide de se venger en instillant une passion amoureuse absolue pour le jeune homme à sa belle-mère Phèdre avec laquelle Thésée s’était marié après avoir tué le Minotaure.
Lors d’un des voyages de Thésée en Enfer, Phèdre se déclare à Hippolyte qui la rejette comme il rejette toutes les femmes. Phèdre se venge dès le retour de Thésée en accusant son beau-fils de viol.
Thésée alors sévit en demandant au dieu de la mer Poséidon de sacrifier son fils.
Poséidon envoie un monstre marin au moment du passage d’Hippolyte. Les chevaux effrayés le piétinent et le déchiquettent.

Dans la tragédie d’Euripide, Hippolyte meurt parce qu’il refuse l’amour et les femmes comme s’il était une monstrueuse anomalie de la nature. Sénèque, qui réécrit la pièce, insiste sur le lien qu’entretient Hippolyte avec la nature sauvage et les forces de la terre, celles d’avant la civilisation. Racine, réécrivant pourtant Sénèque, met au cœur de sa pièce la mortelle passion de Phèdre dont Hippolyte n’est que l’objet ou l’instrument de la déchéance.
Le jeune homme subit à chaque fois le tragique sacrifice. Il n’en reste pas moins étrange et obscur comme la forêt qui est son milieu.

L’Hippolyte de Magali Mougel fait lui aussi l’expérience douloureuse de la violence et de la mort.
Jeune homme d’aujourd’hui, il appartient comme tant d’autres à une famille recomposée où il est l’objet de la haine de deux demi-frères jumeaux, une haine qui grandit et qui explose lorsque leur mère, amoureuse d’Hippolytel’accuse de viol.
Il n’avait pourtant pas cessé de fuir cette famille en se réfugiant dans la forêt avec sa chienne Diane, à l’affût du monde sauvage et guidé par le désir de retrouver sa mère à lui. Une voix la lui rappellera.
Mais il lui faudra aussi, dans cette forêt, affronter l’extrême pour trouver la force de se reconstruire et peut-être donner congé au mythe.
Hippolyte, une figure d’homme, d’anti héros, le fils d’Antiope, reine des amazones, nous décidons de le faire parler pour savoir où nous en sommes, là maintenant, dans nos doutes, nos incertitudes, nos passions étouffées, nos lâchetés, nos pas de côté, et aussi nos façons de nous aimer. Le Phèdre, Phaedra, de Sénèque sera notre rampe de lancement ou prétexte, Hippolyte notre modèle. Avant nous, Racine avait déjà entrepris cette démarche et nous avons le désir commun, l’envie d’actualiser et de synthétiser ces sources pour qu’elles collent à notre siècle.