lundi 21 mai 2018

Descriptif du projet Illusions Comiques avec sandrine Pires (2018)


Sandrine Pires défend un théâtre qui engage le corps et demande une présence très incarnée. Elle a choisi, contrairement à Patrice Verdeil,  l’an dernier, qui a travaillé surtout sur le premier acte et sur la présence du Poète Mort trop tôt, de s’intéresser au deuxième et au troisième acte, à l’ascension fulgurante de Moi-même et à sa chute, à tout ce qui concurrence le théâtre comme art de la Parole,  à l’exil des comédiens qui ne sont chez eux finalement que sur un plateau de théâtre, dont pourtant ils peuvent être chassés parfois, toujours en errance, privilégiant ainsi une réflexion sur ce que dit la pièce de la condition concrète des gens de théâtre, de leurs rêves d’influence sur la société, de ce que peut le théâtre ou pas, de ce qui « insiste » dans cette parole que l’on montre comme le dit Philippe Girard lorsqu’il incarne le tragédien.
 Olivier Py a écrit une pièce qui est un hommage aux acteurs amis de sa compagnie, une célébration du théâtre .Il s’est abreuvé de la parole de ses acteurs et leur propose de jouer un condensé d’eux-mêmes. Il remet dans leur bouche leurs propres paroles. Selon Sandrine, la  pièce  ne nécessite pas grand-chose d’autre que l’acteur et son infini capacité de métamorphose. L’acteur dit par exemple  « je fais le marchand de mode » et il se transforme à vue, même les costumes peuvent être dessinés par le jeu de l’acteur, par exemple la grande jupe de maman sous laquelle se cache Moi- Même ou son costume de lapin. Elle souhaite travailler sur le mouvement, permettre aux élèves d’expérimenter un corps qui soit à la hauteur de la Parole. Elle leur a demandé de jouer chaque mot, de le donner à voir et de s’emparer du plateau avec fougue. Au début du projet elle a insisté  sur le côté carton pâte du théâtre : pancartes pour signaler le rôle, accessoires comme la fameuse « épée de bois », sur un acteur qui serait aussi un artisan-bricoleur en demandant aux élèves d’apporter ficelles, marqueurs, matériel de récupération, bazar dont on peut se servir, grands cartons, mais au fur et à mesure des séances elle a renoncé à cet aspect pour privilégier le travail sur le corps et la parole. Parce que la pièce interroge l’identité même du théâtre, ses fonctions, Sandrine a tenu à ce que les élèves proposent chaque semaine une définition du théâtre d’après ce qui s’est passé dans la séance, ce qui a été travaillé en particulier, en échos aux définitions qui figurent dans le texte à la fin de la pièce. Les exigences de Sandrine qui engageaient profondément le corps et demandaient un véritable lâcher prise ont paru parfois difficiles à satisfaire pour les élèves mais ont sur la durée provoqué un véritable plaisir du jeu, une Joie de théâtre, même si retrouver l’intensité à chaque répétition a été, est un véritable défi.