jeudi 14 février 2019

Paroles d'acteurs: pour jouer Néron

Jacques Bonnafé: mise en scène Gildas Bourdet
" Le tout jeune Néron est à l'image de Louis XIV après la Fronde, il vient d'accéder au trône et doit imposer son pouvoir, sa vision de l'histoire immédiate, l'éviction de Britannicus est moins rivalité amoureuse qu'un jeu de prise de pouvoir, sur Agrippine, sur le peuple romain. un roman d'intrigue, subtil et noir, taillé sur le vif avec des conseillers en communication remplaçant les vieux stratèges, juges d l'honneur et de la vertu;
Le souvenir des gravures d'histoires et les vieilles photos des petits classiques pouvaient rester aux archives, il est peu question de la folie amoureuse ou despotique,peu question de tyrannie maladive. la trame de cette pièce se trouve dans l'adresse faite par racine au souverain, forme d'avertissement, éloge du pragmatisme et de la cruauté froide."

Vincent Berger ( mise en scène de Bézu)
Pour ma part, j'entame une approche intime par la lecture, souvent répétée, et minutieuse, du texte, et uniquement du texte. Cela me permet une micro-analyse du sens et des fils tirés au long du parcours du personnage dans la trame même de ses mots qui sont pour moi son essence; Je n'attache, à ce niveau, aucune importance aux histoires littéraires et théâtrales du rôle, et construis alors ma propre grille  de compréhension qui est à la fois sensible et rationnelle: ce que les mots et les phrases font résonner en moi, et simultanément ce qu'ils l'expliquent. Parallèlement je cherche dans les références proposées par la dramaturgie du metteur en scène et dans mes propres recherches bibliographiques, quelques ouvrages piliers qui soutiendront et donneront la cohérence de l'esquisse visée. Dans le cas de Néron, j'ai été très inspiré par le livre de Pierre Grimal, le Procès Néron, qui, outre les rappels historiques et politiques, peignait le jeune empereur de façon moderne et devant plus sa réputation de tyran à la communication, comme on dit aujourd'hui, des souverains suivants revisitant son règne qu'à ses propres exactions. Cet ouvrage revient sur la possibilité "chimique" de l'empoisonnement si rapide de Britannicus, innocentant par-là son demi-frère. sans remettre en cause la réalité de la narration de racine, cel permet un nouveau point de vue, un éclairage différent, qui fait varier donc le sombres et les lumières de ce personnage...." ( à suivre)