Un blog pour les élèves des options théâtre du Lycée Camille Sée à Colmar
Pages
▼
mercredi 20 novembre 2013
Incendies d'après la pièce de Wajdi Mouawad sur ARTE
Montréal. Sa fidèle employée Nawal Marwan étant décédée, le
notaire Jean Lebel convoque à son bureau les enfants de la défunte, les
jumeaux Jeanne et Simon, qu'il considère presque comme des membres de sa
famille. Après la lecture du testament, maître Lebel remet à Jeanne une
lettre adressée à son père, qu'elle croyait mort, puis à Simon une
autre missive destinée à son frère, dont il ignorait l'existence. Dans
ses dernières volontés, Nawal précise qu'elle refusera toute sépulture
tant que ces lettres n'auront pas été délivrées à leurs destinataires…
Suspendant sa formation de professeure en mathématiques, Jeanne s'envole
pour le pays du Moyen-Orient où sa mère a vu le jour, à la recherche de
son géniteur. Son enquête l'amène à découvrir des pans insoupçonnés de
la jeunesse de Nawal, alors que la guerre civile faisait rage dans le
pays. Ne pouvant plus faire face, seule, à ce qui lui est révélé, elle
appelle à l’aide Simon qui part la rejoindre en compagnie de maître
Lebel…
La rage de dire l'inconcevable
Conçue "dans la rage de dire l’inconcevable", la pièce Incendies de
Wajdi Mouawad est le deuxième opus de sa tétralogie déjà classique, Le
sang des promesses. Tout au long de cette histoire terrible, ici filmée
dans les montagnes et déserts jordaniens par Denis Villeneuve (dont le
nouveau film, Prisoners, est actuellement sur les écrans), les questions
d’identité et de filiation, d’exil et de violence, de haine et de
pardon prennent un relief vertigineux dans le contexte de la guerre du
Liban (pays qui n'est jamais nommé) des années 1980. Pour retrouver un
père qu’ils croyaient mort et un frère dont ils ignoraient l’existence,
les jumeaux Jeanne et Simon doivent affronter une vérité insoutenable,
au risque de s’y brûler définitivement. Tueries et viols liés aux
affrontements religieux, mais aussi tabou de l’amour et déchirement
familial : dans ce film aux résonances tragiques, la résistance intime
de leur mère (inoubliable Lubna Azabal), souvent désespérée, semble
avoir été la seule façon "de rester humain dans un contexte inhumain".