lundi 24 septembre 2018

Kontakthof de Pina Bauch

Voici l'extrait du ballet de Pina Bauch dont Sandrine s'est servi pour élaborer l'exercice d’auscultation de Woyzeck vendredi dernier

version avec adultes

Bausch, Pina

Danseuse, pédagogue et chorégraphe allemande.

Elle grandit à Solingen, petite ville de la Ruhr où ses parents tiennent une brasserie. Élève de l'École d'Essen alors dirigée par K. Jooss, lauréate du Prix Folkwang en 1959, elle part ensuite étudier à la Juilliard School de New York. Parallèlement, elle danse dans la compagnie P. Sanasardo, au New American Ballet et au Metropolitan Opera Ballet. Elle retourne à Essen en 1962.

Im Wind der Zeit, un de ses premiers essais chorégraphiques, est primé au Concours de Cologne en 1969. H. Züllig, nouveau directeur de l' École d'Essen, lui confie alors un poste de professeur et la direction du FTS, où elle crée plusieurs pièces dévoilant déjà toute la complexité psychologique qui restera la marque de son travail.

En 1973, Arno Wüstenhoffer lui propose de diriger le Ballet de Wuppertal. Sur ses conseils, afin de ménager le public habitué au répertoire classique, elle présente des versions nouvelles d'Iphigénie en Tauride (1974) ou Orphée et Eurydice (1975) parallèlement aux productions issues de ses recherches. Malgré cela, son travail est parfois rejeté brutalement.

Les scandales se succèdent, comme au théâtre de Bochum lors de la première de Er nimmt sie bei der Hand (1978) inspiré du Macbeth de Shakespeare : la chorégraphe résiste, travaillant sans relâche, créant dans les moments de désespoir des œuvres majeures comme Café Müller (1978) et trouvant en Wüstenhoffer un soutien inébranlable.

En 1971, les yeux exorbités, l'horreur sur le visage, P. Bausch danse Philipps 836 885 (mus. P. Henry), se frappant le corps comme si ses mains pouvaient exorciser le mal qui l'habite. Elle transmet le malaise d'une conscience tourmentée, apeurée et en quête d'expiation. La peur exprimée dans ce solo restera la plus fidèle compagne de la chorégraphe ; elle l'avouera souvent : peur d'elle même, de ses limites, mais aussi des autres et constat de leurs propres peurs.

P. Bausch est la première danseuse de formation moderne qui accède à l'institution théâtrale très fermée de l'Allemagne d'après-guerre. Soutenue par toute la finesse du style Jooss-Leeder, elle donne à la danse-théâtre une écriture des corps totalement contemporaine.

À partir de la Légende de la chasteté (1979), P. Bausch s'oriente vers plus de dérision, d'humour et même de légèreté. Son désespoir est toujours là, mais il s'ouvre à des problématiques plus larges liées à l'évolution économique et politique du monde, qu'elle observe toujours du point de vue de l'individu.

Dès 1976, P. Bausch abandonne définitivement la composition chorégraphique traditionnelle : accolant des séquences discontinues selon un procédé proche du montage cinématographique moderne, elle construit ses pièces « non pas d'un bout à l'autre, mais de l'intérieur vers l'extérieur ». Dans un processus basé sur l'improvisation, elle aborde ses créations par des questions qu'elle se pose et pose à ses interprètes, notamment sur les thèmes de l'identité, du souvenir, du désir, du rapport homme-femme.

Entre Yvonne, la princesse muette qu'elle interprète dans l'opéra de B. Blacher mis en scène par Witold Grombrowicz en 1974, et l'aveugle étrangement lucide qu'elle incarne dans le film E la nave va (1983) de Federico Fellini, P. Bausch est surtout une visionnaire de l'être qui trouve son expression au-delà des mots. Reconnue mondialement comme une des chorégraphes les plus marquantes de la fin du XXe s. elle renouvelle totalement le rapport entre danse et théâtre et construit une forme de tragique contemporain qui influence nombre de créateurs bien au-delà de la danse.

Source : Marilén Iglesias-Breuker, Dictionnaire de la danse, sous la direction de Philippe Le Moal, Larousse, 2008

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