samedi 27 juin 2015

Théâtre en captation sur Culturebox Live

Si vous êtes en peine de théâtre cet été, si vous voulez voir des mises en scènes récentes, allez sur Culturebox

Vous pouvez voir Lucrèce Borgia de Hugo dans la mise en scène de Denis Podalydes avec Guillaume Galienne dans le rôle de Lucrèce.

Egalement une version de Mademoiselle Julie avec Ju:iette Binoche dans le rôle titre et Nicolas Bouchaud dans le rôle de Jean, intéressant pour comparer avec celle que vous avez vue.
Et bien d'autres spectacles encore

vendredi 12 juin 2015

Les compagnies alsaciennes au Festival Off d'Avignon

La brochure

Les spectacles des quatre compagnies retenues de concert 

« Los Abrazos » de la compagnie « Estro » : par un dialogue sensible et complice entre deux danseurs et deux musiciennes, cette pièce nous parle de relations. Entre attirance et éloignement, le jeu de la séduction s’efface doucement derrière un langage riche, individuel et intemporel, libre de s’inventer à chaque instant. Les corps à corps suivent les accords et se développent tandis que les artistes installent une alchimie troublante et émouvante. Difficile alors de sentir qui, de la musique ou de la danse, entamera le dialogue. Plus profond que chaud, ce tango pioche dans les fondamentaux en s’interdisant toute forme de clichés. Sur un plateau dépouillé de tout artifice, la lumière accompagne les corps, les présences, qu’elle dévoile ou met en retrait.
Site internet : www.estro.fr
« La Campagne » de la compagnie « Le Talon Rouge », comédie pastorale grinçante : Corinne et son époux Richard ont quitté la ville pour la lande anglaise. Une nuit, celui-ci ramène une jeune inconnue, trouvée étendue au bord de la route. Enfin, c’est ce qu’il dit. Et nous voilà à balancer nos lampes torches sur ces trois-là, sur leurs joutes verbales, leurs chemins qui finissent en culs de sac, sur leurs vies en morceaux, sur des débris de vérité. À soulever les tapis avec eux, nous prenons un risque : passer de témoins à complices dans ce décor propret semé de chausse-trappes et d’énigmes à ne pas résoudre. Un triangle amoureux qui détourne les règles du jeu avec un humour mordant, plein de silences et de fureur. So british !
La compagnie, fondée en 1998, a bénéficié pour ce projet d’un soutien régional à la création réalisée au Taps gare à Strasbourg en 2014.
« 1914-1918, d’autres regards » de la compagnie « Tangram/Ozma » : Ozma propose une manière insolite d’appréhender la commémoration de la Première Guerre Mondiale par le biais du Photo-Concert. Grâce à un travail de mise en images et de composition, les archives reprennent vie et nous invitent à un voyage immersif et surprenant. Visages, situations, ambiances, paysages, affiches d’époques se disputent l’écran dans une narration proche du cinéma, portée par la musique d’Ozma, tantôt sensible et profonde, tantôt incisive et électrique.
Créée en 2010, la compagnie est régulièrement soutenue par la Région pour ses concerts et ses diffusions, tant en Alsace que dans d’autres lieux emblématiques en Europe.
Site internet : www.ozma.fr
« Bérénice » de la compagnie « OC & CO » : pièce puissante et poétique, Bérénice déploie un courant d’émotions que peu d’œuvres égalent. La langue y tient une place de choix au service de personnages d’une grande intensité. Tragédie de la responsabilité et non de l’arbitraire, elle ne se résout pas dans le sang mais dans les larmes de décisions implacables qui font appel à la volonté. Bérénice et Titus sont dans cet intraitable dilemme : l’un d’eux devra trancher.
Créée en 1997, la compagnie a obtenu deux soutiens régionaux pour ce projet : en 2014, pour la création effectuée au Taps Scala à Strasbourg, puis dans le cadre de sa diffusion artistique dans le Grand Est. Sa création précédente, « Le gardien des âmes », d’après Pierre Kretz, a également bénéficié d’un soutien pour sa diffusion au Festival Off d’Avignon en 2012.
Site internet : www.ocandco.net


Six autres compagnies alsaciennes soutenues par la Région Alsace pour leur présence à Avignon

En sus de ce soutien concerté avec les Villes de Strasbourg et de Mulhouse, la Région Alsace accorde une aide financière (dispositif de soutien à la diffusion artistique hors Alsace) à six compagnies théâtrales implantées en Alsace qui se produisent au Festival Off d’Avignon cet été. Il s’agit de :

 « Les Arts Pitres » pour le spectacle jeune public « Zéro, histoire d’un nul »,
 « Le Théâtre Lumière » pour le spectacle inspiré de Raymond Devos « Matière à Rire »,
 « Premiers Actes » pour le spectacle théâtral « Platonov », inspiré de l’œuvre de Tchekhov,
 « La Compagnie le Vent en Poupe » pour le spectacle musical « ViZ à vie ! »,
 « Le Théâtre du Même Nom » pour le spectacle « Ecoutez grincer les coquilles de moules »,
 « Kalisto » pour le spectacle théâtral « Love and Money » d’après l’auteur anglais contemporain Dennis Kelly.

Enfin, « La Comédie de l’Est », centre dramatique national de Colmar, présentera à Avignon son spectacle « Don Juan revient de la guerre », mis en scène par Guy-Pierre Couleau.

Didier-George Gabily, auteur du baisser de rideau à la Dispute: Contention

Didier-Georges Gabily naît à Saumur le 26 août 1955. Enfance et adolescence à Tours. Abandonne ses études secondaires en 1971. Divers métiers, diverses expériences et dérives. S'intéresse par hasard au théâtre. 1974 : Tours. Rencontre André Cellier, directeur du centre dramatique, qui lui confie une partie du travail avec les acteurs. 1978 : Paris. Il aime faire travailler les acteurs et met en scène Tambours dans la nuit de Brecht, au Dix-Huit Théâtre. Il sort très endetté d'un travail qu'il a, dit-il, peu aimé… Par ailleurs, ses pièces commencent à intéresser Théâtre Ouvert. L'une d'elles, L'emploi du temps, est mise en scène par le Théâtre de l'Est Lyonnais. Ce qu'il voit de la mise en scène (il sort au bout de dix minutes) est pour lui une véritable déception : il ne reconnaît pas le texte qu'il a écrit. Première grande coupure, motrice, fondamentale. Années d'errance. 1982 : Le Mans. Rencontre le Théâtre du Radeau et François Tanguy. Cellier, nommé au Centre Dramatique du Maine, lui propose de s'y intégrer. Il acceptera ses commandes d'écriture (Scarron, 1983, Le Jeu de la commune, 1986), et exprimera le souhait de travailler essentiellement sur un atelier. Il repartira quelques mois plus tard, en désaccord artistique et ne trouvant pas sa place dans ce type d'institution. Les années qui suivent, il organise régulièrement des rencontres avec des acteurs sur des périodes de quatre ou cinq mois. Le Groupe T'chan'G! naîtra de ces rencontres régulières. 1986 : monte L'Echange (seconde version) dans le garage souterrain du Centre dramatique du Maine prêté par Cellier. Le public est composé d'un cercle restreint d'amis (dont Bernard Dort, qui avait très tôt reconnu en lui "un des artisans les plus aigus et les plus exigeants de notre temps"). C'est le premier travail, dit-il, dont il est fier, avec des acteurs qu'il aime. Si ce n'est par l'intermédiaire des acteurs de L'Echange, qui, entrés dans les écoles du TNS et de Chaillot, continueront à fréquenter l'atelier qu'il dirige, il n'entretient presque plus aucun contact avec le théâtre. 1988 : publie son premier roman, Physiologie d'un accouplement. Entre pièces de commande (Evénements, 1988), scénarios et petits métiers, il continue l'écriture de romans et la formation d'acteurs. Il organise régulièrement des stages tous les étés. Le groupe d'acteurs s'étoffe de gens qui lui sont présentés par les acteurs de L'Echange. Ceux-ci lui proposent de monter Scarron. Il refuse, tout en leur promettant d'écrire un texte pour eux, un texte "qui soit à leur bouche et qui, en même temps, pose des questions dramaturgiques fortes." Dans ce but, il leur demande de travailler avec lui encore deux ans sans organiser de représentation publique. 1989 : le Groupe T'chan'G! est créé. Gabily dirige l'atelier de formation pendant que le premier groupe d'acteurs s'engage avec lui dans des travaux au long cours, traversant les mythes (Travaux Orestiens, 1989 ; "Phèdre(s) et Hippolyte(s)", 1990-1991). Dans le même temps il termine l'écriture d' Ossia, variations à la mémoire d'Ossip et Nadejda Mandelstam, commande d'André Cellier et Hélène Roussel, qu'il mettra en scène en 1990 au Théâtre de Poche Montparnasse et l'année suivante au Théâtre National de Strasbourg. 1990 : parution de Couvre-feux, récit. 1991 : termine l'écriture de Violences pour les acteurs du groupe. La pièce est créée au Théâtre de la Cité Internationale en septembre. 1992 : écrit pour Anne Torrès une pièce sur le mythe de Dom Juan : Chimère et autres bestioles. Son deuxième roman, L'Au-delà, est édité. 1992-1993 : le Groupe T'chan'G! dans son entier (une trentaine d'acteurs) est accueilli au Théâtre de la Bastille et au Festival d'Avignon pour deux créations : Des Cercueils de zinc, d'après le recueil de témoignages sur la guerre d'Afghanistan de Svetlana Alexievitch, et Enfonçures, oratorio-matériau sur la guerre du Golfe. 1993 (puis 1995) : le Théâtre National de Bretagne lui propose de faire travailler les élèves de l'école. L'occasion pour lui de poursuivre l'atelier : "Qu'est-ce qu'une écriture? Comment se fabrique un texte? Qu'est-ce que la poétique?" sont pour lui des questions essentielles. Il s'agit de "tenter de faire accéder les acteurs à la poétique du texte avant même de les faire accéder au sens". Ils travaillent sur l'alexandrin, la langue de Garnier, de Müller, d'Eschyle… Ce travail sur Les Juifves de Robert Garnier sera présenté à La Passerelle, Scène Nationale de Saint-Brieuc. 1994 : écrit TDM3 (commande de Christian Colin). 1994-1995 : n'ayant pas les moyens de monter les cinq Phèdre(s) et Hippolyte(s) (Euripide, Sénèque, Garnier, Racine, Ritsos), il se trouve contraint d'écrire, pendant la période de création, ce qu'il appellera "Gibiers du Temps" : "un texte générique sur ce que nous sommes, comment nous sommes dans le monde, à travers le mythe de Phèdre". 1995 : écrit "Contention, un baisser de rideau", commande de Dominique Pitoiset. 1996 : les répétitions du diptyque "Dom Juan / Chimère" sont interrompues par sa mort le 20 août.
 http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Didier-Georges-Gabily/presentation/

jeudi 11 juin 2015

Programme 2015-2016 en spécialité

Œuvres et thèmes de référence - année scolaire 2015-2016 et session 2016 du baccalauréat
Théâtre - Enseignement de spécialité, série L
Joël Pommerat, Cendrillon
Euripide, Les Bacchantes, traduction Jean et Mayotte Bollack, Les Éditions de Minuit, 2005
« Figaro, un personnage du répertoire en verve et en musique »

mercredi 10 juin 2015

Stanislas Nordey dévoile la nouvelle saison du TNS

Sur FR3

Notez que la saison sera ouverte par Clôture de l'Amour de Pascal Rambert ,dont un extrait a été interprété par Cécile  et Pierre à l'examen d'option facultative. Stanislas Nordey y joue d'ailleurs le rôle principal.

Le programme de la saison 2015-2016 

Belle conférence sur Baudelaire

Pour les premières L et les curieux, une belle conférence sur Baudelaire: Charles Baudelaire au carrefour du XIXème siècle

L'amour: réalités plurielles, illusions multiples

Petit clin d'oeil à Estelle et Léa: une conférence philosophique sur le thème de l'amour

Les bacchantes: la catastrophe ultime: conférence de Claire Nancy

article: Claire Nancy souligne les paradoxes de la pièces et en propose une lecture intéressante.

Dossiers définitifs des spécialités

N'oubliez pas de rendre aujourd'hui 10 juin vos dossiers définitifs et carnets de bord au secrétariat du lycée. Les correcteurs peuvent venir les voir avant l'examen oral du 26.

Dès que j'aurai les photos de Marianne, j'en tirerai quelques unes pour que vous puissiez les exposer en salle 123;
J'ai aussi quelques accessoires nécessaires à vos scènes: la tête de Penthée, les marionnettes de carton. Il faut que vous pensiez cependant à la bande son des Bacchantes. Greg m'a dit qu'il avait tout rendu à Pauline. 

lundi 8 juin 2015

Les retours sur la présentation de travaux de Juliette

J'ai vraiment apprécié cette soirée, concernant les premières, j'ai vraiment énormément admiré leur travail sur scène, j'ai beaucoup ri pendant le passage, je devais me retenir à certains moments pour ne pas rire trop fort, le travail au niveau du corps était incroyable. 
Le texte est évidement très drôle à entendre, mais les moments de non texte était aussi hilarants, je repense notamment à la scène où Clément monte à l’échelle, ou quand Laura se regarde dans le miroir sous tous les angles, c'était vraiment excellent.
 J'ai trouvé la mise en scène originale et vraiment bien trouvée, il n'y a eu à aucun moment une baisse du dynamisme (aussi avec les moments de playback), c'était plus qu'agréable à regarder, et je pense que certaines personnes se sont vraiment révélées sur scène de façon incroyable.
 
Pour les terminales, j'ai beaucoup apprécié le travail sur Cendrillon, j'ai trouvé ça très intéressant que Lionel joue Cendrillon, d'inverser les rôles, ce qui au départ parait étrange mais qui au final fonctionne à merveille. J'ai trouvé intéressant que les terminales aient pu s'asseoir sur le bord du plateau lorsqu'ils ne jouaient pas, cela fonctionnait très bien grâce à leur petit nombre. J'ai particulièrement apprécié le rôle de Hélène en marraine, la bonne fée, qui est déjà à la base un personnage fort appréciable et qui a été très bien interprété à mon avis. Merci aussi à Quentin pour le fou rire quand il est entré dans la salle en Roi. En règle générale, je trouve que le jeu des terminales était de haut niveau, ils paraissaient être très à l'aise sur scène (alors que j'imagine très bien le stress que ça représente) et cette aisance était très agréable.
 
Et enfin concernant les Bacchantes, je pense que ça doit être extrêmement compliqué à jouer, et j'avoue que j'étais un peu inquiète par rapport à ça, mais je suis ressortie agréablement surprise, même si l'on se perd facilement avec tous les noms, le texte n'en est pas moins intéressant lorsqu'on se concentre. Mais ce qui m'a vraiment IMPRESSIONNE c'est les moment de non jeu, je vous le dis à tous, vous étiez magnifiques, je suis restée bouche bée: les jeux d'ombres, le travail sur le corps de toutes les filles (et de Quentin évidemment) qui ont réussi à m'hypnotiser. Un grand bravo à Lionel aussi pour les tours de magie et pour son pouvoir d’attraction indéniable au début de la scène.
Bravo à vous tous, c'était très émouvant de vous voir jouer, surtout que je connaissais la plupart d'entre vous de l'option théâtre, et les autres que je ne connais pas, bravo aussi!      

Bac de Français: sujets 2015 sortis au Liban et en Amérique du NOrd

Vous les trouverez sur le site Magister qui contient plein de renseignements sur l'EAF.

dimanche 7 juin 2015

Le retour sur la présentation de travaux de Pierre Fernandez

D'abord un grand Bravo à tous : élèves de premières, terminales, professeurs, régis, intervenants... pour avoir créé un spectacle magnifique.
Un énorme Bravo et Merci aux intervenants, profs et metteurs en scène pour avoir fait un spectacle aussi déjanté ! Un grand Bravo aux comédiens qui ont été excellents sur scène !! (ils deviennent de plus en plus matures et expérimentés à tel point qu'on a l'impression de voir des futurs pro)

La Dispute:
Le travail sur le clown était superbe ! Le spectacle m'a rappelé beaucoup de souvenirs avec Bruno et notre travail sur les clown, mais les premières avaient une présence et une gestuelle sur scène incroyable !
Les premières avaient une énergie et une patate du tonnerre qui donnait un élan énorme à la pièce : on ne pouvait pas s’arrêter de regarder et de rire !
J'ai trouvé que la mise en scène "hors jeu" était trés intéressante : sondage avant la pièce, "dispute" avec l'ordre de passage des comédiens, musiques d'intro chantées ...
Encore bravo aux premières pour leur représentation : j'étais CHARME !
Pour ma part je les ai trouvés tellement dynamiques et engagés que j'avais l'impression d'avoir affaire à des terminales (si ce n'est plus!)

Cendrillon:
Malgré l'explication de Lionel après la représentation, j'aimerais quand même savoir pourquoi avoir choisi un garçon pour Cendrillon ?
J'ai trouvé le jeu des spé très poussé mais je pense qu'ils auraient pu être encore plus naturel (notamment pour Cécile qui je suis sûr se retenait d'être une méchante marâtre, je le lui ai dit) (Elle a été très juste samedi soir de mon point de vue, elle adonc tenu compte des conseils!)
Le choix des comédiens pour les rôles était très bien choisi : j'ai particulièrement aimé Hélène en marraine la bonne fée et Cécile en méchante mâratre.
Je n'avais pas eu la chance de pouvoir voir les Terminales spé l'année dernière (je n'ai pu rester que pour les premières) mais je suis sûr qu'ils doivent être fiers de cette suite, qui je pense est aussi farfelue que celle de l'an passé.
La mise en scène était originale et intéressante.
PS: je n'avais même pas remarqué qu'il y avait eu un problème de timing avec les lumières pendant l'habillage de Cendrillon, c'est en parlant avec Quentin que je m'en suis rendu compte, c'est pour dire leur niveau !
Les Bacchantes:
Je partais avec un apriori parce que les pièces "classiques" ne me passionnent généralement pas. 
Les spé m'avaient parlé de la pièces mais là ... J'étais sur le cul !
Les costumes géniaux, le jeu excellent, et la mise en scène EXTRAORDINAIRE !!
J'ai adoré le "concert", la danse des bacchantes, les tours de magie, les jeux avec les lumières ...
Vraiment Bravo aux Terminales spé qui ont été remarquables ! Je ne leur dirais jamais suffisement Bravo !

Encore Bravo à vous et aux intervenants qui ont fasconné les pièces et les ont rendues magistrales !!

Jean-Pierre Vernant spécialiste du théâtre grec



Jean-Pierre Vernant : La tragédie et le théâtre, pour moi, c’est une invention de la Grèce. Une invention à tous égards. Au point de vue institutionnel, on sait à peu près à quel moment cela s’est créé officiellement, c’est les Pisistratides qui créent cela. Les raisons pour lesquelles ils créent ces représentations théâtrales on peut en discuter. En tout cas, il y a une innovation : de façon régulière, à certaines grandes fêtes de Dionysos, il y a un concours théâtral, organisé par la cité sur le mode des institutions civiques. Il va y avoir des concours entre des tragédiens. Chaque fois, au cours de la fête, des tragédiens doivent fournir trois tragédies, trois pièces, et un drame satirique et ils vont concourir. C’est la cité qui prend cela en main, l’organise et confie, sous forme d’une liturgie comme ils le font ailleurs, le soin de choisir un auteur avec ses trois pièces, une troupe de jeunes citoyens, pas de femmes précisément parce qu’elles ne font pas partie de la cité sur un plan politique, et quelqu’un va mettre de l’argent, c’est une liturgie, en quelque sorte miser sur un auteur et sur des pièces. Ensuite, il y a un jugement, comme un tribunal. On élit ou on tire au sort des juges, dans les différentes tribus, pour la affaires criminelles ou civiles, on crée un tribunal qui va décerner un prix de la tragédie. On est donc dans un contexte qui est celui de la vie publique officielle de la cité. Premier point. Deuxième point, il va y avoir un espace qui sera réservé…



Emmanuel Laurentin : Dédié.
Jean-Pierre Vernant : Bien sûr. Il y a une histoire de ces théâtres, je laisse tomber cela. Il y a un aspect religieux, il s’agit des fêtes de Dionysos. Il y a à l’endroit où il y a des gradins un fauteuil qui est réservé au prêtre de Dionysos. Il y a une statue de Dionysos que l’on balade avant et après. Le caractère civique parce qu’il y a les orphelins de guerre qui sont une cérémonie. Ensuite, il y a le spectacle. Donc, nouveauté sur le plan institutionnelle et nouveauté sur le plan des formes esthétiques. Avant il y avait la poésie lyriques ou l’épopée que les gens chantaient devant un public. Il y a un banquet ou une grande fête privé ou publique et il y avait toujours un aède qui chante les légendes que tout le monde connaît. Il les chante sous la forme de ce que l’on appelle le style indirect : alors Achille se lève et dit à Agamemnon tu es le dernier des..., etc. style indirect. Tandis que là, dans cet espace que la cité a crée, a organisé, et avec quel soin ! Viendra un moment où si l’on a à faire à une cité hellénistique ou romaine, il y a un théâtre ou un gymnase. Et sur ce théâtre on va jouer ce que tout le monde connaît, ces mythes que la poésie lyrique ou épique a déjà développé, que tous les enfants ont appris par cœur. Seulement, le fait nouveau et stupéfiant, c’est que cette fois il n’y a pas un monsieur qui raconte une histoire, on voit l’histoire, c’est Agamemnon en personne qui est là.
Emmanuel Laurentin : Et c’est le masque aussi.
Jean-Pierre Vernant : En plus ils portent des masques qui désignent le personnage, le roi, la reine, le jeune homme, le vieillard, etc. Donc, il y a un aspect de visualisation directe de ce qui est faux, puisque le personnage que l’on voit, on sait bien que ce n’est pas lui. Par conséquent, la création de ce type de spectacle implique une prise de conscience et un jeu savant sur le rapport entre l’illusion et la vérité, le faux-semblant, l’art en tant qu’il est du fictif. Ensuite il y a un troisième élément d’innovation formidable, c’est que les thèmes qui sont retenus par les grands tragiques, ce sont des thèmes macabres, de mort, d’assassinat, d’inceste, de parricide, de matricide, de vengeance. Par conséquent, le problème qui est posé par derrière, cela commence à être la responsabilité, qu’est-ce que c’est qu’être coupable ? Comment quelqu’un comme Oedipe, peut-être à la fois plus que coupable, exclu de l’humanité parce qu’il a fait les souillures les plus terribles, coucher avec sa mère, tuer son père, c’est terrible, on ne peut pas s’en sortir, il est donc plus que coupable, il est la souillure de la ville, il faut le chasser, en même temps il est innocent, il n’a rien fait.
Emmanuel Laurentin : En même temps cela veut dire, c’est ce que vous montrez Jean-Pierre Vernant, que ce qui se dit dans cette tragédie résout ou du moins une sorte, peut-être pas de miroir, de miroir déformé ou déformant de ce qui se fait dans la société, de la police athénienne au moment où cela se joue.
Jean-Pierre Vernant : Parce qu’au moment où le théâtre est crée ce qui est crée en même temps ce sont les tribunaux du sang. Auparavant, quand il y avait un meurtre, c’était la vendetta, la souillure, il fallait faire payer le meurtre. Vient un moment où avec le politique on crée des tribunaux et ces ils sont différents suivant que le meurtre est dit délibéré, ou est, pas involontaire, mais on ne l’a pas tellement voulu, ou au contraire accidentel. Il y a des tribunaux qui jugent des meurtres justifiés, par exemple quand au cours d’un exercice militaire ou une bataille vous tuer quelqu’un qui est à côté de vous en essayant de lui sauver la vie, il est justifié. Donc, degré de culpabilité, distinction de différents types de meurtres, par conséquent ce que l’on donne à voir aux citoyens, c’est le problème du rapport de l’agent, du sujet humain, et des actes qu’il produit. Les Hellénistes ont bien montré qu’il n’y a pas de pièces où à un moment donné on aperçoive le héros qui dit : mais que faire ? Est-ce que je vais faire ça ? Ou est-ce que je vais faire ça ? Et il délibère, il choisit. En général il croit choisir le bien et il choisit quelque chose qui le détruit complètement. C’est-à-dire que le moment ou le problème de l’agent, du sujet agent, de l’action et de ses rapports à celui qui l’a commis, se pose et en même temps le sentiment d’une ambigüité que l’homme n’est pas réellement agent. Il fait quelque chose et son action lui revient dans la figure. Il s’aperçoit que ce qu’il a fait est le contraire de ce qu’il croyait faire. En ce sens, Œdipe est le héros tragique par excellence.(...)


un aspect du théâtre, de la tragédie, c’est l’ambigüité de l’homme, qu’est-ce qui est bien qu’est-ce qui est mal ? On n’en sait rien, c’est problématique. C’est la problématisation des actions humaines. On voit des gens qui sont des gens bien, Aristote nous explique cela, ce ne sont pas des types mauvais, de grands personnages, ils pensent faire le bien et ils sont détruits par leur action même. Le résultat, c’est qu’est-ce que l’homme ? L’homme c’est un problème. Il n’y a pas de réponse. Par conséquent mettre en scène sous l’autorité de l’État, devant tous les citoyens réunis un spectacle qui, comme le dit Aristote, quand on le voit les sentiments que l’on prend en pleine tête, sont la terreur et la pitié parce que ce qui leur arrive peut m’arriver à moi ainsi qu’à tous es autres. Ce sont des hommes qui d’un haut rang, qui ne sont pas méchants, qui sont comme nous.