dimanche 25 décembre 2022

2022-2023 Découvrir le Soulier de satin de Paul Claudel à travers la lecture théâtralisée des acteurs de la Comédie Française

 Première journée

Deuxième journée 

TRoisième journée 

 Quatrième journée

 Seules les deux premières journées sont au programme de Terminales mais il est bon de connaître la totalité de la pièce.

Synopsis : Par Raphaèle Fleury 

La pièce est divisée en quatre parties, appelées sur le modèle du théâtre espagnol «journées ». 

L’action se déroule à l’époque des grandes découvertes, alors que l’Espagne est à la tête d’un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais et que le monde vérifie ses contours. 

Première journée. 

La pièce s’ouvre sur la dernière prière d’un Père Jésuite pour son jeune frère Rodrigue : que l’amour et le désir d’une femme brisent enfin la muraille de ce cœur orgueilleux et l’ouvrent à l’infini.  

En effet, à la suite d’un naufrage, le jeune Don Rodrigue de Manacor a été jeté sur la côte africaine; le premier visage qui s’est présenté à lui lorsqu’il a ouvert les yeux a été celui de Doña Prouhèze, l’épouse de Don Pélage, gouverneur général des Présides. Une passion absolue est née entre les deux jeunes gens. Incapable de résister plus longtemps à la voix de Rodrigue qui l’appelle, Doña Prouhèze a profité d’un séjour en Espagne pour faire parvenir à Rodrigue un message lui donnant rendez-vous dans une auberge au bord de la mer, en Catalogne. 

Avant de repartir, Don Pélage doit quant à lui marier six jeunes orphelines de sa famille, parmi lesquelles la jeune Musique, dont son ami, le fidèle Don Balthazar, est secrètement épris. Pélage confie à Balthazar la charge d’accompagner Prouhèze en Catalogne, où il la rejoindra pour regagner l’Afrique. 

Dans le même temps, Don Camille, un cousin de Don Pélage, aventurier sans foi ni loi, presse la jeune femme de partir avec lui à Mogador, sur la côte africaine, où il doit rejoindre son commandement. Malgré le refus qu’il essuie, Camille y donne rendez-vous à Prouhèze. 

Sur le conseil de son chancelier, le Roi d’Espagne décide de nommer Don Rodrigue Vice-Roi de son empire d’Amérique latine. Il envoie ses messagers à sa recherche. 

Avant de quitter la maison de son époux, Prouhèze prévient Balthazar qu’elle va chercher à s’enfuir pour rejoindre Rodrigue et lui demande de l’en empêcher. Elle prie la Vierge des Sept-Douleurs de l’aider à ne pas déshonorer son mari et offre à celle-ci son soulier de satin, afin de ne plus pouvoir s’élancer vers le mal qu’en boitant. 

Mais le rendez-vous des amants n’aura pas lieu car, dans la nuit, Rodrigue, croyant défendre une procession de Saint Jacques, a été blessé par de faux pèlerins venus enlever la maîtresse de l’un d’eux, Doña Isabel. Rodrigue est transporté mourant auprès de sa mère, Doña Honoria. 

Pour ne pas être mariée contre son gré, Doña Musique s’est enfuie avec un Sergent napolitain qui lui a promis l’amour du Vice-Roi de Naples. Elle rejoint en cachette sa cousine Prouhèze, et lui confie son projet. 

Bouleversé par la passion de Prouhèze et désespéré par l’impossibilité d’épouser Musique, Don Balthazar laisse les deux jeunes femmes s’échapper pour que chacune rejoigne l’homme qu’elle aime. Pour ne pas déshonorer son ami Pélage, il se laisse abattre en feignant de défendre l’auberge où elles s’étaient retrouvées. 

Un Ange Gardien prend le relai de Don Balthazar pour veiller sur Prouhèze et l’accompagner. 

Deuxième journée. 

Prouhèze a rejoint le château de Doña Honoria, où Rodrigue est entre la vie et la mort. Elle s’interdit néanmoins la chambre du blessé. Don Pélage arrive bientôt. Il rappelle à la jeune femme l’engagement sacré que celle-ci a pris – «ce n’est pas l’amour qui fait le mariage, mais le consentement » – et lui propose «à la place d’une tentation, une tentation plus grande» : l’Afrique, qu’elle aime tant, le commandement de la citadelle de Mogador où Don Camille est soupçonné de jouer un double jeu. Doña Prouhèze part sans avoir revu Rodrigue. Ce dernier, à peine rétabli, prend la mer dans le sillon du bateau de la jeune femme. Le Roi d’Espagne l’a chargé de porter une lettre au nouveau commandeur de Mogador avant de rejoindre son poste aux Amériques… 

Apparaît Saint Jacques, dont la constellation, au-dessus de l’océan, « illumine la nuit de ceux que l’abîme sépare», et console les deux amants «qui se fuient à la fois et se poursuivent ». 

En mer, Prouhèze a donné l’ordre de tirer sur le bateau de Rodrigue afin d’arrêter sa poursuite. Au large de Mogador, sur son navire démâté, Rodrigue confie son incompréhension à son Capitaine, et laisse la jalousie et l’amertume l’envahir : Prouhèze, qui l’observe depuis les remparts de la forteresse, n’est-elle pas en train de s’offrir à Camille? 

Lorsqu’il atteint enfin Mogador, Rodrigue n’est pas reçu par Prouhèze. Camille se charge avec une ironie cinglante de remettre à Rodrigue la réponse de celle-ci à la lettre royale, qu’elle n’a même pas ouverte : « Je reste, partez ». Dans la lumière de la lune, apparaît l’Ombre double qui a été imprimée sur un mur lors d’une étreinte de Rodrigue et de Prouhèze : elle lance son réquisitoire contre cet homme et cette femme qui ont provoqué son existence, pour ensuite la séparer. Dans le ciel, la Lune contemple Rodrigue et Prouhèze endormis dans la douleur de leur séparation, l’une à Mogador, l’autre sur son bateau en chemin pour l’Amérique. Elle entend la soif d’absolu qui traverse leur désir inassouvi. 

Au rebours de l’itinéraire tortueux de sa parente, Doña Musique a miraculeusement trouvé le Vice-Roi de Naples. Débute entre eux un amour sans obstacles. 

Troisième journée. 

Alors que l’Amazonie est en proie à l’invasion des conquistadors, que l’on torture à Mogador, que les guerres de religion font rage en Europe, on retrouve Doña Musique dans l’église Saint Nicolas de Prague, où elle a accompagné son époux, le Vice-Roi de Naples. Elle est enceinte du futur Jean d’Autriche. Entourée de quatre saints, elle prie. Elle entend la douleur autour d’elle, tout en sentant dans ses entrailles la vie qui se prépare. Elle est remplie de l’espérance que promettent déjà un sens, une harmonie qui doivent naître du chaos et de la souffrance qui agitent les peuples aujourd’hui. 

Rodrigue, désormais Vice-Roi des Indes occidentales, mène dans son palais délabré une vie amère, entouré d’une cour sans faste ni gaieté. Il concentre toute son activité sur la réalisation d’un passage à Panama permettant de faire passer les bateaux d’un océan à l’autre. Doña Isabel, devenue sa maîtresse, complote pour écarter cet amant qui ne l’aime pas et faire passer le pouvoir aux mains de son mari Don Ramire. 

Prouhèze, de son côté, devenue veuve de Pélage, a épousé Camille pour conserver le pouvoir sur Mogador. Dans la détresse d’un jour de trop grande souffrance, elle a écrit à Rodrigue pour lui demander de venir la délivrer. Cette « lettre à Rodrigue» va devenir une véritable légende sur les mers entre le vieux et le nouveau monde. Portant malheur à tous ceux qui la touchent, elle va mettre dix ans, passant d’un continent à l’autre, avant de parvenir à son destinataire. 

C’est cette lettre qui va servir d’arme à Doña Isabel pour écarter Rodrigue car dès qu’il la reçoit, Rodrigue part pour Mogador afin de libérer Prouhèze. 

Entre temps, Prouhèze a reçu pendant son sommeil la visite de son Ange Gardien. Celui-ci donne le sens de cet amour impossible. «Même le péché, le péché aussi sert » : cet amour a permis de faire éprouver à l’orgueilleux Rodrigue le besoin de l’autre, jusqu’au fond de sa chair. L’Ange propose à Prouhèze de prolonger cet amour en faisant d’elle une étoile… séparée, mais conductrice, pour guider Rodrigue vers la lumière et l’amour éternels. Pour cela, il faut qu’elle demande à Rodrigue de consentir à sa mort. 

À son tour, Camille, en pleine crise spirituelle, pousse Prouhèze dans ses retranchements et lui demande un sacrifice supplémentaire : qu’elle renonce également à Rodrigue au-delà de la mort. C’est d’après lui la condition pour que sa propre âme soit sauvée. 

Lorsque Prouhèze monte à bord de la caravelle de Rodrigue sous la forteresse de Mogador, ce n’est donc pas pour partir avec lui mais pour lui confier Marie des Sept-Épées, la fille qu’elle a eue de Camille. Quant à elle, après un grand duo d’amour dans lequel elle tente de faire sentir à Rodrigue la joie vers laquelle elle veut le conduire, par-delà l’absence et la mort, elle retourne à terre où tout est prêt pour faire sauter la citadelle. 

Quatrième journée. 

Toute la quatrième « journée» du Soulier de satin se déroule en mer, au large des îles Baléares. Dix années ont passé depuis la mort de Prouhèze à Mogador. L’opéra se concentre sur l’histoire de Sept-Epées, la fille que Prouhèze a eue de Camille et qu’elle a confiée à Rodrigue avant de mourir. 

Rodrigue, vieilli, a perdu une jambe en combattant les Japonais aux Philippines, où il avait été envoyé en disgrâce pour avoir abandonné son poste en Amérique. Il gagne désormais sa vie en peignant des «feuilles de saints», images colorées très populaires auprès des matelots à travers toute la Méditerranée. Elles véhiculent une spiritualité, une esthétique et une vision politique à rebours des canons établis.  

Sept-Épées, très exaltée, explique à sa fidèle amie, la Bouchère, qu’elle veut partir à l’assaut des places fortes barbaresques pour délivrer les chrétiens des bagnes d’Afrique du nord. C’est pour elle une façon de rejoindre sa mère. Elle explique à la Bouchère les circonstances dans lesquelles elle est tombée amoureuse de Don Juan d’Autriche, fils de Doña Musique et du Vice-Roi de Naples, qu’elle veut rejoindre pour la bataille de Lépante. 

Toute à son projet, elle essaie de réveiller l’esprit d’aventure de son vieux conquistador de père adoptif et de l’entraîner avec elle. Mais Rodrigue tente de lui expliquer qu’il n’est pas fait pour cette guerre particulière. C’est quelque chose de plus absolu qu’il recherche : une libération telle que l’homme n’ait pas d’autre frontière que le ciel. Sept-Épées, déçue, part rejoindre Don Juan d’Autriche à la nage, suivie de sa fidèle Bouchère. 

Les feuilles de saints que Rodrigue diffuse à travers la Méditerranée sont considérées comme des provocations blasphématoires et attirent les foudres du pouvoir royal. Il est arrêté. Sur le bateau qui l’emmène au marché aux esclaves, un vieux moine reçoit sa confession : toujours brisé de douleur après la mort de Prouhèze, et bien que ligoté et humilié, il éprouve enfin un sentiment de libération. Il sent désormais qu’il ne fait plus qu’un avec la mer et les étoiles. Alors qu’une vieille religieuse chiffonnière accepte de l’emporter avec une brassée de vieux objets hétéroclites, un coup de canon dans le lointain annonce que Sept-Épées vient d’atteindre le bateau de celui qu’elle aime. Le pire n’est pas toujours sûr.

 

dimanche 18 décembre 2022

Richard III conférence de Isabelle Beucher

 Conférence d Isabelle Beucher qui peut faire office de synthèse pour vous. N'hésitez pas à écouter la conférence en plusieurs fois.

 

Plan de la conférence :

Avertissement : N'ayant pas obtenu les droits sur les captations des spectacles, nous vous indiquons les extraits visionnés lors de la conférence. Vous retrouverez ces références au cours de la vidéo.

I/ Le relecture Tudor de la guerre des deux Roses.

  • Quelques rappels historiques.
  • Les trois rois de la pièce : Edouard IV, Richard III, Richmond ( Henry VII).
  • La place du peuple dans la pièce.
  • Le traitement du politique dans nos mises en scène.

Video 1 : Ostermeier, début: 1.40/3.42

Vidéo 2 : Jolly: début: 5.40/6.15

Vidéo 3 : Jolly: élection: 2.05/2.11

Vidéo 4 : Jolly: concert; 2.19:45/2.21:01

 ( début jusqu'à 58 mn à peu près.)

La collègue fait allusion à une émission avec Ostermeir sur France Culture

II/ L’univers providentialiste.

  • Un monde de signes.
  • Les rêves prémonitoires.

Vidéo 5 ; Jolly: rêve de Clarence: 55.45/58.52

  • Le traitement des rêves de l’acte V dans nos mises en scène.

III/  Le personnage du vilain.

  • Le corps monstrueux, le corps signe : traitement du corps de Richard dans nos mises en scène.
  • Vidéo 6 : trailer de la RSC ; ( visible sur RSC.org.UK)
  • La propagation du chaos : traitement de cette dimension dans nos mises en scène.
  • Le meurtre des enfants d’Edouard : traitement de ce forfait dans nos mises en scène.

Vidéo 7 : - Ostermeier: le meurtre de Clarence: 53/54. 46

Vidéo 8 : - Ostermeier: l'entrée du tyran: 1.53:20/1.57:34

Vidéo 9 : Ostermeier: le meurtre des enfants: 2.05/2.08:43

vendredi 16 décembre 2022

Autres mises en scène marquantes de RichardIII en France

 Gloucester time : photos,  videos, différents dossiers sur le site de la comédie de Caen

 


 

La Rose et la Hachede Carmelo Bene mise en scène Georges Lavaudant



Documents intéressants sur Richard III

 Résumé scènes par scènes

 Un résumé généalogique de la pièce Richard III
Richard III est le dernier volet des tragédies de Shakespeare sur la Guerre des deux Roses qui opposait les Lancastre et les York. Édouard IV (York) marié à Élisabeth, a triomphé. Henry VI (Lancastre), ainsi que son fils et héritier légitime, Édouard Prince de Galles, ont été tués par Richard, duc de Gloucester et frère d’Édouard (York). Dans la branche Lancastre, seule
demeure la reine déchue, Marguerite, qui du vivant de son mari Henri VI, a commis les pires crimes en participant au meurtre du Richard Plantagenêt (York), père d’Édouard (futur Édouard IV), Clarence, Richard et Rutland. Elle montra surtout toute sa cruauté en ordonnant le meurtre de Rutland, le plus jeune fils York.
Au moment où la pièce commence, Les York ont donc décimé les Lancastre. Mais déjà, Édouard IV est mourant et Richard entame sa marche au trône en faisant assassiner son frère Clarence, sans attendre le décès imminent d’Édouard IV, son autre frère. À la mort d’Édouard,
Richard épouse Lady Anne, et orchestre avec l’aide de son comparse Buckingham son couronnement. Il n’y a donc plus, entre lui et la couronne, que ses deux neveux, fils d’Édouard IV le Prince Édouard V et le petit duc d’York. Ces deux enfants qui représentent la descendance d’Édouard IV et d’Élizabeth seront assassinés sur ordre de Richard III, dans la
sinistre tour de Londres. Buckingham tombera en disgrâce et sera lui aussi assassiné, celui-ci ayant refusé de tuer les deux enfants héritiers.
Progressivement, la maîtrise de l’action échappe à Richard et les mauvaises nouvelles affluent de toutes parts ; nombre de ses ennemis ont pu rejoindre le comte de Richmond, l’héritier des Tudor, en Bretagne. Ses armées convergent vers Bosworth. Au cours de la nuit qui précède la
bataille décisive, les fantômes des victimes de Richard hantent le sommeil des deux chefs rivaux, maudissant Richard et bénissant Richmond. Dans le duel final, Richard est tué et la couronne roule aux pieds de Richmond, qui proclame l’union des roses d’York et de Lancastre par son mariage avec Élisabeth, fille d’Édouard IV et symbole de la réconciliation nationale.
C’est seulement à l’issue de cette boucherie sinistre qu’un nouveau roi, Henri VII, qui est un Tudor (et non pas un Plantagenêt, puisque ceux-ci - York et Lancastre - sont décimés) émergera.

Le Richard III historique 

Les gros patinent bien cabaret de carton mercredi 14 décembre au théâtre Municipal 20H

 Pour votre horizon d'attente, consultez le site de la compagnie de Pierre Guillois

Bande annonce 

Extrait du spectacle sur viméo 

L'émission Coup de théâtre à la Comédie de Colmar 

Le dossier artistique ( nombreuses photos)

la pièce a obtenu un Molière du théâtre public en 2022.


Leur première collaboration date de 2006, avec un texte de Pierre Guillois, Noël sur le départ. Ils se sont ensuite retrouvés pour diverses créations : Le Ravissement d’Adèle de Rémi De Vos en 2008, Le Gros, la Vache et le Mainate en 2010, toujours de Pierre Guillois, et enfin Bigre, mélo burlesque en 2015, coécrit à trois avec AgatheL’Huillier. Pour Les gros patinent bien, cabaret de carton, en 2021, Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan retrouvent leur complicité dans une nouvelle création.
Si les trajectoires des deux artistes sont profondément singulières, elles partagent de nombreux traits communs : tous deux alternent créations personnelles et mises en scène d’auteurs et s’intéressent à toutes les formes de spectacle : opéra, cabaret, cirque, danse. Le premier a mis en scène Rigoletto et créé un « cabaret spectral » (Grand fracas issu de rien), le second joué Novarina ou Rabelais, avant de mettre en scène Jarry (Ubu) ou les écrits d’art brut qu’il a recueillis et mis en perspective.
Tous les deux partagent également curiosité et goût du travail en commun.
La majorité de leurs spectacles sont « co » : coécrits, coréalisés, issus de « création collective », et ce, avec de multiples interlocuteurs. Attachés l’un et l’autre au rire et à la dérision, y compris sur eux-mêmes, ils n’ont cependant pas renoncé à la poésie et à l’humanité que révèle le quotidien ordinaire de la vie, comme le montrait bien Bigre, mélo burlesque.
De quoi attiser la curiosité pour cette nouvelle création, que les deux artistes ont voulue très démarquée de leur précédente collaboration. Mais, comment aborder une œuvre « de carton », dont les mots semblent avoir perdu tout sens de l’orientation, pour ne plus déployer qu’un voyage imaginaire?

Le projet
Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois ( Faire une recherche sur ces deux artistes) rêvaient, après 14 ans de complicité, de partir sur un duo. Clowns sans en être, s’inspirant davantage du slapstick anglo-saxon,( Cherchez ce que c'est!) ils voulaient surtout que ce projet leur permette d’atteindre des publics plus larges, plus divers.
Lors de la première répétition, alors que des cartons traînaient dans un coin, ils ont commencé à écrire dessus à l’aide de gros marqueurs noirs pour figurer les accessoires et décors qu’ils imaginaient pour une histoire qui soudain s’ouvrait sur d’infinis
possibles grâce à ce procédé connu depuis la nuit des temps.
Fort de leur expérience de BIGRE sur la gestion des accessoires et la poésie qu’ils y trouvent, Olivier et Pierre ont écrit, pas à pas, l’absurde voyage d’un homme qui ne bouge pas mais qui pourtant traverse l’Europe et sans doute fera le tour du monde grâce à son
complice, qui, tout maigre qu’il est, fait défiler derrière lui les paysages, personnages et éléments rencontrés le long de la route.
Le spectacle tire sa saveur du contraste entre l’acteur immobile mais voyageur, porté par un Martin-Salvan virtuose d’un langage non répertorié, avec l’agitation pathétique du préposé aux décors,un Guillois survolté dont l’énergie désespérée est le salut.

  L’un des personnages reste immobile mais ne cesse de parler, tandis que l’autre ne cesse de
s’agiter et ne parle quasiment pas. Encore faudrait-il que les paroles proférées soient intelligibles.

Le titre:On note d’abord le fait qu’il s’agit d’un titre « double » : au titre du spectacle « Les gros patinent bien » s’ajoute la précision « cabaret de carton » qui donne une indication sur la forme. Ce qui frappe ensuite,c’est le caractère loufoque de ce titre : une vérité générale aux limites de l’absurde.
Si « patiner », c’est faire du patin à glace, le titre serait un éloge des qualités prêtées aux « gros ». La formulation se tient à la lisière du « politiquement correct ». Car en catégorisant « les gros », dans une même manière d’agir et de faire, on reste dans une stigmatisation, même si la phrase n’apparaît pas insultante.
Et si l’on visualise les silhouettes des « patineurs » (patinage de course ou patinage artistique), on s’interroge quelque peu sur l’ironie de cette affirmation.
Mais « patiner », familièrement, c’est aussi faire du surplace, rester immobile, n’aller nulle part. L’affiche
nous présente aussi un personnage, plutôt « enrobé » assis très tranquille, tandis que son compagnon,
beaucoup plus maigre, multiplie les actions et les gestes tout autour.
Quant au « cabaret de carton », il renvoie à une forme de spectacle elle-même assez problématique. Si le cabaret reste assez clair, en revanche la précision « de carton » est plus énigmatique. Cela renvoie bien sûr à la matière elle-même, mais « de carton » a également le sens de faux, sans valeur, en « toc », sans compter que les allitérations en « ca » et « r » ne sont pas forcément des plus gracieuses. Et pourtant « faire un carton » suggère un succès extraordinaire...
Derrière l’aspect loufoque, le titre se dérobe et laisse le spectateur dans l’attente. Les deux artistes n’en sont pas à leur coup d’essai.

Dossier à consulter après le spectacle pour faire votre analyse ou votre trace 

 

Disparition de François Tanguy, fondateur du théâtre du Radeau

 Article dans Télérama avec deux videos qui permettent de comprendre un peu son travail.

Site de la compagnie du Radeau

Sur le site de France Culture 



Petites videos sur les métiers des coulisses

 Les métiers de la coulisse sur TV5

Très éclairant sur ceux et celles qui travaillent dans l'ombre, peut-être l'origine de vocations pour vous!

mercredi 14 décembre 2022

Thomas Jolly notes sur Maquiller les ténèbres

Thomas Jolly : Maquiller les ténèbres

T = art citoyen qui cherche à interroger les fondements de l’humain

«  Je pense que ça correspond à mon envie que le théâtre soit une réalité augmentée, que le théâtre soit une loupe sur le vrai monde et puis le monstre n’est pas très loin de l’acteur (…) le monstre est une sorte d’humanité exacerbée, amplifiée, faite pour la scène »

Je dis souvent que je suis un enfant du théâtre public, c’est-à-dire que vraiment mes parents n’ont jamais déboursé un centime pour que je puisse apprendre le métier (…)j’ai profité où je pouvais des options facultatives et obligatoires.

La table est notre principal endroit avant le plateau, pour se mettre d’accord sur tout un tas de choses, de règles, pour devenir savant aussi sur ce que l’on raconte, sur ce que raconte son personnage, son texte, sa partition…

Pense les acteurs comme des créateurs à l’instar de Py » Donnez aux acteurs le rôle qui est le leur »

Pas metteur en scène mais « entremetteur en scène » pour que s’opère la rencontre entre l’acteur et le texte, lui donner des outils.

Un spectateur perdu une seconde est un spectateur perdu à jamais, tenir le spectateur dans ma main et dans le temps avec nous.

Citation de Hugo : « Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses, le vrai saisit l’individu. » etre au milieu de cet équilibre, spectacle vivant, spectacularité, effets, musique donnés et commandés par le texte et pas par mon goût personnel ;

Importance de la phantasia des Grecs : récit de bataille alors que l’acteur sort de la coulisse. Rendre au spectateur sa capacité de représentation mentale, mais il faut créer les conditions de cette représentation

Pour jouer un monstre quand on est acteur il faut forcément le défendre, trouver sa part d’humanité, parce que si on fait son procès à peine entré en scène ce n’est pas intéressant. Cf « monstres sacrés » proximité avec l’acteur ;

Richard étant rejeté de l’humanité décide de s’en rejeter lui-même : Eh bien puis que les cieux ont ainsi façonné mon corps, que l’enfer fasse mon âme difforme pour y répondre. » Ce sont des choix de douleur, au départ au moins ; qu’est-ce qui pousse quelqu’un à sortir de l’humanité pour la violenter ?

La couronne importe moins que la lignée, c’est l’avenir qui est important. Richard ne veut pas être roi, il veut engendrer une lignée de roi cf «  Et puis après j’épouserai Lady Anne, moins par amour que dans un autre but, étroitement secret auquel en l’épousant je parviendrai » faire des enfants souci de sa postérité.

 

Richard III: question politique chez Jolly

 Davantage peinture d’une société meurtrie et dévastée propice à l’éclosion d’un monstre, génération désolée d’enfants nés dans la guerre sans autre repère que le sang et autre logique que la violence, élevés pour combattre, venger et tuer ; absences de règles et climat d’angoisse, Richard est-il un monstre né ou le produit d’une société, de la monstruosité d’une époque ?

Lecture de l’Histoire : resserrement du conflit : guerres entre états, guerres entre familles, guerre au sein de la famille, guerre au sein de Richard ; Edouard IV a fait de la sécurité son marchepied, société de surveillance généralisée et de suspicion,  délation, paranoïa

Arme politique du théâtre, manipulation, hypocrisie, mensonge dans la sphère politique

Travail dramaturgique profond pour comprendre la façon d’agir de Richard :

En épousant lady Anne but secret : elle ne le mène pas à la couronne, alors ? toutes les malédictions se réalisent, or Lady Anne maudit celle qui épousera Richard, lui promet un fils avorton : enfant monstrueux qui ne survivra pas et dont elle ignore encore qu’elle sera la mère : pas seulement accéder à la couronne mais être père et se perpétuer, engendrer une lignée royale Jolly rajoute l’épisode d fils mort :: dans l’impossibilité de perpétuer sa lignée, il doit « bloquer tous les espoirs dont la croissance peut lui nuire » et d’usurpateur devenir…tyran.

Début de la pièce: mort d’Edouard IV, affrontements dynastiques, lutte de Richard pour arriver au pouvoir par tous les moyens// fin de la pièce : Richard III assailli par ses ennemis lors de la bataille de Bosworth dont il ressort vaincu avant de mourir de la main de Richmond qui fait figure de rédempteur. Henry VII, mariage avec la jeune Elisabeth, union des York et Lancastre, ancêtre d’Elisabeth 1ère

Richard= vilain, traitre de tragédie  et« fool »,  force symbolique incarnation du vice et du mal

Thème politique de l’ambition (Sénèque, Machiavel) et question métaphysique : être sans transcendance et sans loi, exemplum tragique, victoire du bien sur le mal. Notre regard sur Richard est ambivalent : fait horreur et fascine, objet de rejet et d’admiration, courage et peur de la mort qui le rendent humain, à la fin remords de sa vie passé dans sa tente après le cauchemar mais désespoir d’un homme qui ne peut connaître la rédemption. Terreur et pitié.  Questionnement de la notion de providence qui laisse faire le mal et reste silencieuse jusqu’au renversement de situation.

 

mardi 13 décembre 2022

Programme de salle pour Richard et les Reines

 

Richard et les Reines

Adaptation du Richard III de Shakespeare

 

Les Terminales de spécialité théâtre, conformément à leur programme, se sont emparées du Richard III de Shakespeare avec énergie et conviction sous le regard du metteur en scène Serge Lipszyc, qui a lui-même monté cette œuvre  avec sa compagnie du Matamore, assemblant Henry VI et Richard III pour en faire York.

Les scènes retenues sont celles qui font la part belle aux femmes de la pièce, toutes victimes de la passion pour le pouvoir de Richard. Il y a sa mère la duchesse d’York qui ne l’a jamais aimé, la reine Elisabeth, femme de son frère Edouard, dont il a tué les enfants, héritiers légitimes du trône, Marguerite, d’origine française,  la Reine guerrière, femme d’Henry VI qu’il a également  assassiné et la belle Lady Anne dont il a tué le mari et le beau-père mais qu’il va séduire et épouser, en rêvant d’engendrer une lignée royale. Toutes se livrent à d’émouvantes déplorations et par leurs malédictions  prédisent à Richard un sort funeste, qui n’épargne pas leur propre destin.

Vous ne comprendrez peut-être pas toute l’histoire racontée par la tragédie de Richard III, mais vous serez saisi par la terrible figure de Richard Gloucester que rien n’arrête dans son ascension vers le trône et qui, s’il suscite le dégoût et la crainte, provoque aussi une étonnante fascination par son éloquence, ses talents de manipulateurs.

Shakespeare dans ses œuvres mêle les registres et notre version de Richard III prend par moments des allures de cabaret burlesque. Les comédiens jouent plusieurs rôles  et c’est le costume qui vous permettra de reconnaître les personnages, par moments ils sont tous comme l’une des incarnations possibles de Richard, le « caméléon » diabolique.

 

Distribution : Oriane Blaise, Frère Anaëlle, Huck Loïs, Kippelen Elise, Muller Anne-Sophie, Pellegrini Léane,  Rohrbach Irénée,  Sprungard Jules, Tchirret Camille.

 

La musique et les chansons ont été créées par les élèves.

            Christine Huckel-Ottenwelter, professeur de Lettres et de Théâtre.