lundi 31 mars 2014

Un Fil à la patte: comparaison de mises en scène

Vous trouverez un approfondissement du cours de mercredi dernier sur ce lien:
http://www.cndp.fr/antigone/pedago/antigone_Un_fil_a_la_patte.pdf

Théâtre" civil": Lina Prosa ( première spé)

Interview de Chiara dans les DNA sur le théâtre civil et Lina Prosa:
http://www.dna.fr/dossiers/2014/03/29/interview-de-lina-prosa

Une oeuvre de Lina Prosa à la Comédie Française:
http://www.comedie-francaise.fr/spectacle-comedie-francaise.php?spid=1129&id=209





http://www.halldeschars.eu/evenement/lina-prosa-projet-plateau-atelier-spectacle/

vendredi 28 mars 2014

Réparer les vivants de Maylis de Kérangal

Merci à ceux qui sont venus à la Parenthèse lire des extraits du roman de Maylis de Kerangal.
Voici un entretien de 35 minutes avec l'auteur:
http://www.franceculture.fr/emission-du-jour-au-lendemain-maylis-de-kerangal-2014-03-27

mardi 25 mars 2014

Cendrillon: lire les versions antérieures du conte

Charles Perrault:
http://www.cndp.fr/fileadmin/user_upload/CNDP/catalogues/perrault/files/contes_perrault.pdf

Grimm:
 http://feeclochette.chez.com/Grimm/cendrillon.htm

 http://lepointdesuspension.over-blog.com/article-25025258.html: évocation des différents contes et de leurs variantes.
Une séquence d'un cours de Lettres sur la réécriture:
http://lettres.ac-aix-marseille.fr/lycee/reecritures/cendridocs.pdf

Une exposition sur le site de la BNF:
http://expositions.bnf.fr/contes/gros/cendrill/index.htm

les personnages de la BD de Schulz ( Peanuts 1ère spé)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Peanuts#Charlie_Brown
Les origines de Charly Brown: un petit docu canadien:
 http://www.watchmojo.com/video/id/10452/


Schulz snoopy CB
Tous les personnages sont clairement expliqués et illustrés par des planches de la BD ici ou là:
http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/UVLibre/9899/mer005/perpea.htm ( attention orthographe improbable)

http://atelier-du-saphir.over-blog.com/article-les-peanuts-de-charles-monroe-schulz-63222441.html

«Si je devais faire un cadeau à la génération suivante,je lui apprendrais à ne pas se prendre au sérieux.»  

( Charles Monroe Schulz 26 novembre 1922 Minneapolis Etats-Unis– 12 février 2000) Scénariste et dessinateur de bandes dessinées (comic strips)

lundi 24 mars 2014

Blizzard! de Fauve

Et ce matin je dédie cette chanson à ceux qui voteront...demain!
blizzard

Harold Pinter, en écho au spectacle des 3ème cycle du conservatoire

Une lecture de Guillaume Galienne sur ça peut pas faire de mal:
http://www.franceinter.fr/emission-ca-peut-pas-faire-de-mal-hommefemme-mode-demploi-dans-le-theatre-dharold-pinter

"L’erreur que l’on commet le plus souvent, c’est de tenter de déterminer l’origine de la plaie. Shakespeare écrit sur la plaie ouverte. En essayant d’aborder son œuvre dans son intégralité, on découvre une longue galerie de postures : grossières et divines, putrescentes et copulatrices, fripées, attentives, estropiées et gargantuesques, sévères, fanatiques, voluptueuses, impassibles, agiles, virginales, malpropres, désorientées, bossues, glacées et sculpturales. Toutes sont contenues dans la plaie que Shakespeare ne tente ni de suturer ni de restaurer, et dont il ne cherche pas non plus à supprimer la douleur. Il ampute, endort, aggrave à volonté, dans le cadre d’une pièce particulière, mais il ne donnera aucun diagnostic ni ne guérira. La plaie est béante. La plaie est habitée."

Cet éloge de Shakespeare et de son écriture « clinique » est signé, en 1950, par un jeune acteur anglais, qui va devenir l’un des plus grands auteurs dramatiques contemporains : Harold Pinter. Né à Londres en 1930, il commence à écrire en 1957, et connaît le succès dès 1960, avec deux pièces qui vont le rendre célèbre : Le Monte-plat et Le Gardien. Il écrit également pour la radio, la télévision, le cinéma. En 2005, trois ans avant son décès, Harold Pinter voit son œuvre saluée par le Prix Nobel de Littérature.
                 Fasciné par le langage quotidien qu’il compare à des sables mouvants, l’écrivain excelle dans l’art de l’ambiguïté, des malentendus et des silences, symptômes des blessures profondes de ses personnages. A l’image de Shakespeare, son œuvre ausculte les plaies « habitées » de l’existence : un mal-être social, comme dans Le Gardien, mais surtout sentimental, comme dans de nombreuses comédies ou skteches, où le talent de Pinter s’accompagne toujours d’une ironie salutaire.
               Ce soir, explorons ces béances du langage ordinaire, à travers une thématique particulièrement chère à Harold Pinter : les relations hommes/femmes. Et pour m’accompagner dans ces scènes de la vie conjugale, j’ai le plaisir d’accueillir une grande comédienne et amie : bonsoir Anne Bouvier

Avec les extraits suivants (édition Gallimard, 1979-1987, traduction Eric Kahane) :
  1. L’Amant (1963) : le fantasme des scénarios de séduction
  2. Trahisons (1978) : l’aveu
  3. Une petite douleur (1959) : la revanche d’une femme sur la violence des hommes
  4. L’Offre d’emploi (1959-1969) : une vision cocasse des rapports de domination homme/femme
  5. Antonia Fraser, Vous partez déjà ? (éd. Baker Street, 2010, traduction Anne-Marie Hussein) : extrait du journal de l'épouse d'Harold Pinter
  6. Conclusion : digression sur la « fessée » (posthume, 1995, Buchet-Chastel)

Avec les voix d'Eric Kahane, Delphine Seyrig, Jean Rochefort, Claude Régy, Roger Planchon, Harold Pinter (Archives INA)

samedi 22 mars 2014

Théâtre politique et militant ( Première spé)

Voici un article pour situer le travail de Fausto Paravidino dans la mouvance d'un théâtre politique et militant:
http://www.cndp.fr/tdc/fileadmin/docs/tdc_1053_scenecontemporaine/article.pdf

La scène est le lieu d’élaboration d’un discours critique qui peut susciter des spectacles militants et documentaires ou emprunter le détour de la fiction pour parler du monde.

Qu'est-ce que la mise en scène (suite) (Première spé)

Sur le site du théâtre du Trident:
http://www.theatreenaction.com/enversdudecor/miseenscene.html

La mise en scène est l’orchestration de tous les éléments d’une production théâtrale (jeu, costumes, décor, éclairage, son). C’est un regard subjectif qui se forge d’après une lecture approfondie d’une œuvre, et qui dirige de façon sensible tous les créateurs réunis autour de la production. Le metteur en scène doit avoir une confiance absolue envers ses compagnons de création, et vice versa, car il est un peu le chef de troupe, celui qui ouvre le chemin et assure une cohérence dans le travail.

Deux petites vidéos:
 https://www.youtube.com/watch?v=hDZig55JpXw

 https://www.youtube.com/watch?v=NDNIL-eg0ig

Prolongement du spectacle Le Voyage d'Erasme:l'humanisme

Pour les élèves de première L et les secondes qui veulent en savoir plus sur l'humanisme:
un cours:
http://www.lyceedadultes.fr/sitepedagogique/documents/HG/Aurelien_Histoire2B/03_2B_Chapitre_3_Humanisme_et_Renaissance.pdf

une émission de radio sur Erasme et l'humanisme:
https://www.youtube.com/watch?v=MtsnwFeZtFQ

Textes et documents pour la classe plusieurs videos intéressantes:

http://www.cndp.fr/tdc/tous-les-numeros/humanisme-et-renaissance/videos/article/florence-les-racines-de-la-renaissance.html




Feydeau, la machine à vertige: conférence

Madame Violaine HEYRAUD Maître de conférences, Université Paris 3 Sorbonne nouvelle

Une conférence en ligne par la spécialiste actuelle de Feydeau:tout ce que vous devez savoir sur Feydeau est expliqué là:

http://vod.ac-montpellier.fr/pag037.html 

Comment dépasser la simple mécanique, comment la sublimer?

Hamlet retraduit par André Marcowitz (suite 8)



"Fools of nature"

La suite de la tirade d’Hamlet à l’entrée de son père. Reprenons
… I ‘ll call thee Hamlet,
King, father, royal Dane. O answer me.
Let me not burst in ignorance, but tell
Why thy canoniz’d bones, hearsed in death,
Have burst their cerements ; why the sepulchre,
Wherein we saw thee quietly enurmed,
Hath oped his ponderous and marble jaws
To cas thee up again. What may this mean,
That thou, dead corse, again in complete steel
Revisits thus the glimpses of the moon,
Making night hideous, and we fools of nature
So horridly to shake our disposition
With thoughts beyond the reaches of our souls ?
Say why is this ? Wherefore ? What should we do ? »

Ma traduction, telle qu’elle est publiée :
« … Oui, je te nomme
Hamlet, roi, père, Danemark !... Dis-moi,
O, réponds-moi, j’éclate d’ignorance,
Pourquoi tes os bénis dans le trépas
Ont-ils fait éclater leur drap funèbre ?
Pourquoi ta tombe où si tranquillement
Nous t’avions vu dormir a-t-elle ouvert
Soudain le marbre lourd de ses mâchoires
Pour te jeter ici ? Quel est le sens
De voir ton corps, toi, mort, et en armure,
Sous les éclats fugaces de la lune,
Rendant la nuit hideuse, et nous, dès lors,
Bouffons de la nature, secouant
Si monstrueusement notre raison
Par des pensées que n’atteint pas notre âme ?
Pourquoi ? Dis ? Dans quel but ? Et nous, que faire ? »
Why, why, what ?... Why ? wherefore ? what ? deux séries de trois questions, dans une pièce où la question est le sujet principal, et puis, cette expression : « we fools of nature ». Qu’est-ce qu’elle veut dire ? — l’édition Cambridge explique : « natural creatures, too ignorant to understand what lies beyond » Ma foi, c’est bien possible, mais ça me semble un peu court. Arden est un peu plus complexe :
« playthings of, subject to the caprices of » — des jouets de la nature. Et, continuant : « We are « fools of nature » in being at the mercy of nature’s limitations (and hence confounded by what is beyond nature). Nous sommes des « fools of nature » en étant à la merci des limitations de la nature (et donc, en étant confondus par ce qui est au-delà de la nature). »
J’avais traduit d’instinct, « bouffons de la nature » — et je me souviens de la façon dont j’avais traduit. Je traduisais « Hamlet » pendant que je traduisais Dostoïevski, le matin. Après huit pages (12000 signes) de Dostoïevski, j’avais besoin de sortir, et je descendais dans un café de la place Ste Anne, à Rennes. Je me mettais juste face à la rue, ou bien dehors si le temps le permettait, et, là, au crayon, dans un carnet, je traduisais « Hamlet ». Oui, je me souviens de ma sidération d’être en train de traduire ce passage, de cette explosion de questions… tous ces « s t r » que j’entendais sous mon crayon — parce que, oui, tout se concentre, pour moi, dans « monstrueusement ». Je veux dire, dans mon texte français, cette fois considéré comme autonome par rapport au texte anglais (lequel est, lui aussi, évidemment, construit en profondeur sur des allitérations). Mais c’est traduit comment, « fools of nature » ? et, vraiment, qu’est-ce que ça veut dire ? Maintenant que je suis bardé de livres, fouillons :
Letourneur/Guizot (1820)
« Comment, toi, cadavre sans vie, tu reviens couvert d’acier, rechercher ainsi la clarté de la lune ! tu rends la nuit hideuse ; et nous autres, fous de nature, tu ébranles horriblement toute notre existence par des pensées qui excèdent la portée de notre âme ! Dis, pourquoi cela ? qu’est-ce donc ? que devons-nous faire ? »
François-Victor Hugo
(présentation de l’édition originale, avec les tirets).
« Pourquoi toi, corps mort, viens-tu, tout couvert d’acier, — revoir ainsi les clairs de lune — et rendre effrayante la nuit ? Et nous, bouffons de la nature, — pourquoi ébranles-tu si horriblement notre imagination — par des pensées inaccessibles à nos âmes ? — dis, pourquoi cela ? dans quel but ? que veux-tu de nous ? »
— Il a mis « bouffons de la nature » !
Yves Bonnefoy :
« O toi, corps mort
Et de nouveau debout dans l’acier, que veut dire
Que tu viennes revoir les lueurs de la lune,
Et faire affreuse la nuit, et nous, les dupes de Nature,
Si durement nous ébranler dans tout notre être
Par des pensées que l’âme n’atteint pas ?
Pourquoi cela, pourquoi ? Dis, que veux-tu de nous ? »
François Maguin.
« Que veut dire cela :
Toi, corps mort, tu portes à nouveau l’armure,
Et viens ainsi revoir le mouvant clair de lune,
Rendant la nuit hideuse et nous, jouets de la nature,
Tu fais si affreusement trembler notre disposition
Par des pensées que ne peut sonder l’âme ?
Dis, pourquoi cela ? Pourquoi ? Que faut-il faire ? »
Jean-Michel Déprats :
« et nous, les jouets de la nature,
Pourquoi si horriblement ébranler notre raison
Par des pensées hors de l’atteinte de notre âme ?
Dis pourquoi cela. À quelle fin ? Que veux-tu de nous ? »
« Fools of nature »… Dans cette pièce, il y aura beaucoup de « fools », de fous, de dupes, ou, comme Hamlet le dira de Polonius, « These tedious old fools », que je traduis par « vieux bouffons assommants ». — Et il y aura le crâne de Yorick, qui était le « fool », le « bouffon » du père Hamlet. —
Traduire « jouets » me faisait perdre un fil, qui est peut-être imaginaire. Je veux dire, je ne sais pas si je peux mettre dans un même sac tous les « fools », tous les « bouffons » du texte, mais j’ai une vieille tactique qui est, dans l’ignorance, de faire « comme si ». Je veux dire, je garde le même mot, et, si ça se trouve, ça donnera quelque chose à la fin. — « Dupe » me paraît tout simplement vieilli, ou c’est un mot que j’ai du mal à employer — peut-être parce qu’il me fait un peu trop penser à Molière ? Je n’en sais rien. — Dès lors, oui, bouffons.
Hamlet vient juste de dire qu’il préférerait ne pas être né « dans ces coutumes-là » ; et il a dit son horreur devant « ce jardin de ronces » qu’est la chair, c’est-à-dire le monde mortel, le monde de la nature, — le monde qu’on ne choisit pas. Et, là, d’un coup, il vient de nommer son père de tous les noms qui lui interdisent de choisir : « Hamlet, roi, père, Danemark ». — Et je pense toujours à mon « cursed spite ». Comme si, dans l’obligation soudain faite d’oublier sa vie personnelle, — le choix de ne pas être, finalement, le fils de celui qui lui a donné son nom, et donc, de se trouver chargé, d’un coup, d’un nom double, le sien et celui de son père, d’être, pour ainsi dire, le père de son propre père, ou d’être chargé de la chair d’un père qui n’est plus que d’air, — et l’air lui-même n’est qu’une blessure insondable — on sentait comme un sarcasme. — Mais « bouffons de la nature » ne rend pas compte, me semble-t-il, d’une autre dimension, réellement, impensable.
Celle des pensées qui n’atteignent pas l’âme… Et l’âme, n’empêche, on pourrait croire qu’elle est totalement bouleversée, — elle l’est. Elle est bouleversée « monstrueusement », mais bouleversée tellement qu’il n’y a pas de pensée pour le dire. C’est un moment à la limite de la folie — où la « raison » est proche de céder.
*
Mais, justement, comment traduire « disposition » ? en fait, on le voit bien, « raison », que j’avais choisi (avec Jean-Michel Déprats, une fois n’est pas coutume), ce n’est pas ça non plus : je veux dire, ce n’est pas la raison, c’est… la raison habituelle, c’est, réellement une « disposition » d’esprit.
Et là, je me souviens que, ce mot, disposition, je l’ai déjà vu, chez Horatio. Quand Hamlet lui demande, au moment de leur première rencontre à la fin de la scène 2 (quand Horatio lui annonce qu’il a vu le fantôme) :
Hamlet : « But what in faith make you from Wittenberg ? »
Horatio : « A truant disposition, good my lord »
j’avais traduit ça :
« Non mais, pourquoi rentrer de Wittenberg ? »
« Seigneur, c’est ma nature vagabonde… »
J’avais mis « nature », là où il n’y est pas. Horreur et honte. Comment un seul mot, une seule faute d’inattention peut mettre en danger tout l’ensemble : « un grain de mal/ Remet en doute pour sa propre perte/L’essence la plus noble… »
Ici, ce n’est pas la « nature », c’est quelque chose d’autre : l’humeur, par exemple. Mais si j’y réfléchis, tout est capital dans ce petit passage : il faudra que j’y revienne encore…
« Mon humeur vagabonde, monseigneur… »
« Mon bon seigneur, c’est l’humeur vagabonde… »
Ce qui est sûr, c’est que « disposition » va se retrouver encore par la suite, à la fin de l’acte, quand Hamlet dit qu’il va jouer le fou :
« As I perchance hereafter shall think meet
To put an antic disposition on —… »

que j’ai traduit par :
« Si, par hasard, plus tard, je trouve bon
De me vêtir d’un naturel grotesque… »
Et, là, le gouffre devant le traducteur, il s’ouvre encore plus large…
*
Mais Hamlet, lui, à partir du moment où il a « éclaté » en questions, va vivre au bord des gouffres.

jeudi 20 mars 2014

mercredi 19 mars 2014

Le voyage d'Erasme: interview de Jean-marc Eder

http://www.youtube.com/watch?v=xtJiC3QIkww

Admirez la belle voix grave de Jean-Marc lors de cet entretien très éclairant sur son projet.

mardi 18 mars 2014

Nicolas Bouchaud interview

Une interview dans Libération:
http://www.liberation.fr/culture/2013/01/07/si-alceste-est-comique-alors-il-est-touchant_872237







Le Misanthrope de Sivadier au TNS

Pièce que j'ai vue dimanche au TNS et qui m'a fait penser  au code de jeu que Sandrine a demandé aux premières spe pour Britannicus. Certains acteurs accompagnaient la diction des vers de Molière d'une gestuelle très chorégraphiée.
Dossier de l'Odéon sur le spectacle:
http://www.theatre-odeon.eu/fr/2012-2013/spectacles/le-misanthrope
Regardez attentivement les liens proposés.

Autre video:
http://www.dailymotion.com/video/x1bzwj2_le-misanthrope-de-jean-francois-sivadier_creation

lundi 17 mars 2014

Looking for Hamlet, encore une création sur Hamlet

Sur le site du théâtre de Belleville:
http://www.theatredebelleville.com/prochainement/item/187-looking-for-hamlet

Dossier de presse:
http://www.theatredebelleville.com/media/k2/attachments/DP-LFH.pdf



Répétitions de scènes de combat:https://www.youtube.com/watch?v=SbLJdis_wsE

samedi 15 mars 2014

Requiem de salon d'Andréa Novicov


Après "Sous la Glace" de Falk Richter et "Des Zèbres et des amandes" adaptation très libre du livre de Jared Diamond, "De l’inégalité parmi les sociétés", Andrea Novicov revient cette saison avec une proposition surprenante : c’est dans une folle comédie familiale où se mêlent musique, chant et même un abat-jour, que l’on découvre des enfants, dévoués, appelés illico-presto au chevet de leur mère. Veuve d’un célèbre artiste, cette mère tentaculaire, en diva tuberculeuse, mène son petit monde à la baguette pour arriver à ses fins avant sa fin. Ce sont des personnages hors du temps, en périphérie de la richesse, des inclassables, des oubliés. Ils sont cocasses et sensibles avec cet air qui leur sied, celui d’être abandonnés au bord d’un monde qui tourne trop vite. Une comédie où les perdants bataillent pour rester magnifiques. Kitsch et drôle, à la lisière des Deschiens, de Kaurismäki et de Marthaler, cette pièce nous livre une famille déjantée qui tente, tant bien que mal, de s’extirper des délires nostalgiques de leur maman. Faites de rebondissements, de surprises, d’un abat-jour et de quiproquos, cette nouvelle création d’Andrea Novicov fait la part belle au jeu des acteurs, au plaisir de la scène et au théâtre musical. Elle utilise les outils de la comédie pour dépeindre avec tendresse l’héritage de l’avant-garde artistique du vingtième siècle, aujourd’hui bien malmenée par les ficelles du marketing. La pièce est créée l’été 2013 au Festival de l’Orangerie à Genève et elle est reprise au Granit pour une belle tournée entre France et Suisse ( Programme du Granit à Berlfort)

Une émission de radio: http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/vertigo/5015997-requiem-de-salon-01-08-2013.html

Inspiration rock pour Amy

Voici un concert de Nina Hagen pour te donner une idée de la direction à prendre pour le personnage de Rose:
https://www.youtube.com/watch?v=z3MGJ6gtSAs#aid=P-lJFwc4IKA
New York: https://www.youtube.com/watch?v=jp0UXnQ70gY
African Reggae: https://www.youtube.com/watch?v=JVoyWQSNr8I

jeudi 13 mars 2014

Hamlet par André Marckowicz (7)


Hécube.

Le théâtre, dit Hamlet, c’est le « miroir de la nature ». Dans aucune autre pièce de Shakespeare, le théâtre n’a une telle place. Dans « Hamlet », il y a du théâtre partout. Les comédiens arrivent — bannis « par le changement récent ». Et c’est l’occasion pour Rosencrantz, Guildenstern et Hamlet de parler des troupes d’enfants, — de ces enfants qui « clament contre leur héritage propre »

*

Il faudrait que je parle encore de plein de choses dans les scènes du premier acte, je le ferai, (« si Allah le veut bien », comme le disait ma grand-tante). Mais bon, je me dis aussi que si je continue à ce rythme, je n’en aurai jamais fini avant la fin des temps, laquelle arrive, comme on sait, assez vite, sans que nous n’ayons, ni Françoise ni moi, fini nos œuvres complètes, ce qui est très très préjudiciable à nos projets de vie. Et donc, bon, je fais un bon dans l’histoire, et, parlant de théâtre, je tombe sur la scène où l’acteur déclame un poème sur la mort de Priam vue par Hécube.

*

Là encore, pour l’instant, je passe sur les détails, je veux dire, sur la façon dont cette déclamation se déroule. À un certain moment, Polonius, qui avait commencé par commenter le texte, comme un noble qui paie, lui, un vrai shilling pour être assis sur scène et regarder de près, et se permettre de juger (un peu comme les nobles devant le jeu des artisans dans le « Songe d’une nuit d’été »), d’un coup, donc, Polonius, s’écrie : « Regardez, il a changé de couleur, il a les larmes aux yeux — je t’en prie, pas un mot de plus. »

*

Pourquoi, « pas un mot de plus » ? — Parce qu’il s’est passé quelque chose : l’acteur s’est transformé. D’un seul coup, il a « changé de couleur »… Sans doute qu’il a pâli, il est devenu comme une espèce de fantôme, ou quoi ? Comme si une autre présence se faisait d’un seul coup percevoir à travers, non seulement ses mots, mais son corps. C’est, d’un seul coup, devenu… trop. Trop fort. Comme insupportable, comme la beauté est, « par nature », insupportable, quand elle vous parvient d’un coup, — je dirais : sans structure, en tant que telle, par surprise, parce que, oui, Shakespeare dit déjà ce que diront Dostoïevski, et Rilke, et Breton, — la beauté, elle est foudroyante, convulsive. Elle retourne le monde. Et c’est là qu’Hamlet interrompt définitivement, puisque, de toute façon, cette autre présence ne dira plus un mot, et dit : « C’est bon, je te ferai dire bientôt le reste ».

Le reste de quoi ? de la mort de Priam ? ou de l’histoire d’Hécube ?

*

Je passe, je passe — mais chaque réplique, dans cette scène, mérite un livre — et j’arrive au monologue d’Hamlet :

« O what a rogue and peasant slave am I !
Is it not monstrous that this player here,
But in a fiction, in a dream of passion,
Could force his soul so to his own conceit
That from his working all his visage wann’d,
Tears in his eyes, distraction in his aspect,
A broken voice, and his whole function suiting
With forms to his conceit ?
And all for nothing !
For Hecuba !... »

« Oui, donc, adieu. Maintenant, je suis seul.
O quel esclave rustre et sale suis-je !
N’est-il pas monstrueux que cet acteur,
Ici, dans rien qu’une fiction, le rêve
D’une passion, ait travaillé son âme
Si bien qu’il l’a coulée dans son idée —
Et ce travail lui blêmit la figure,
Le fait pleurer, lui donne l’air hagard,
La voix brisée, accordant tout son corps
Aux formes de l’idée — et tout cela
Pour rien…
Hécube ! »

« and his whole function suiting/ With forms to his conceit… And all for nothing ! For Hecuba ! »

— J’ai traduit comme j’ai traduit.
Le sens précis est compliqué et simple à la fois, il tient dans « function », qui reprend à la fois l’extérieur et l’intérieur, la pensée et le corps. Tout son être doit être accordé par la forme à son projet, à son idée. C’est-à-dire que son corps a une forme, qui doit être travaillée, pour donner une forme à l’idée. Je crois que c’est ça que ça veut dire. Et que, cette idée, c’est « nothing », « Hecube », « a fiction », « a dream of passion » — pas une vraie passion, juste le rêve d’une passion. Et il « coule son âme dans son idée » — je crois que j’ai traduit juste… Ce qui signifie que l’âme est un objet de travail, et que le travail de l’acteur, c’est ça, c’est de travailler non seulement sur le corps, mais sur l’âme.

*

Le souffle d’Hamlet disant cette tirade s’arrête sur ce vers incomplet : « Pour rien… Hécube »… « For Hecuba ! ».
Et il y a un silence.

Combien de silence ? Je veux dire combien d’accents de silence ? — Vous vous souvenez du silence de la première question : « Who is there ? » (relisez ma chronique du 8 novembre 2013…).

Il y a combien d’accents toniques dans « Hecuba » en anglais ? Evidemment un seul : « HEcuba ». Oui, mais, s’il y en a un seul, le vers ne marche pas… parce qu’il n’est plus iambique.

Et si on imaginait qu’en fait, dans ce nom de la reine de Troie, il y a deux accents ? Je veux dire le premier « HE » et le deuxième, comme une ombre d’accent, « ba » ?

Je vous demande ça, parce que, regardez le vers suivant :

« What’s Hecuba to him, or he to Hecuba,
That he should weep for her ? »

Ça, c’est la leçon du Folio, et du Premier Quarto.
Et voici la leçon du Deuxième Quarto (reprise par l’édition Arden) :

« What’s Hecuba to him, or he to her,
That he should weep for her ? »

Cette leçon-là, d’où vient-elle ? Elle vient du fait que la leçon du Folio a l’air fausse, puisqu’elle n’a pas cinq accents, mais… six :

What’s HEcu(BA) to HIM, or HE to HEcu(BA)

et donc, le Quarto 2, corrige :

« What’s HEcu(BA) to HIM or HE to HER » — mais, du coup, il apporte une incohérence de style, la répétition de « her » en l’espace de deux vers, et cette correction est donc fausse (enfin, c’est ce que je pense… dit-il).

*

Bon, mais, si ce vers a six accents et pas cinq, c’est qu’il doit y avoir une raison. Il n’y en a pas tellement des vers comme ça dans « Hamlet ». Et la première raison, c’est pour que l’oreille le remarque. — Parce que, dites, ce vers, tout le monde le connaît par cœur, mais, qu’est-ce qu’il veut dire ?

*

« Qu’est-ce, pour lui, Hécube ? » — Ça, tout le monde comprend, même si on n’y fait pas assez attention. C’est, en quelques mots, en six syllabes, la définition de la culture. La culture, c’est ce qui fait que, oui, Hécube est quelque chose pour nous, c’est-à-dire que nous sommes capables de ressentir quelque chose qui a disparu depuis trois mille ans, ou qui n’a jamais existé, comme une chose présente. La culture, c’est ce qui fait que la mort n’existe pas. C’est la présence des ombres en nous.

Mais, ça veut dire quoi : « Et, pour Hécube, lui ? » Si Hécube est une fiction, comment peut-elle éprouver quoi que ce soit pour qui que ce soit ?

*

Que s’est-il passé avec l’acteur qui a blêmi ?... Il a incarné Hécube. Ce que Polonius a vu (sans le voir, évidemment — mais il est là pour ça), ce n’est pas lui, c’est elle en lui. Il avait « incarné » Hécube. Le verbe venait de se faire chair.

*

Dès lors, évidemment, qu’elle compte, Hécube. C’est juste — comment dire ? une question d’hospitalité… Ce qui compte, ce n’est pas « moi », c’est « elle en moi », moi transformé par elle.

*

L’acteur est, en tant qu’il est ET qu’il n’est pas. Et elle, Hécube, elle n'est pas simplement l'ombre inversée de Gertrude, elle est, dans son nom même, en anglais, porteuse de deux êtres, avec ses deux accents. Le premier, évident. Le deuxième, juste sensible pour qui le veut, — qui ouvre sur un autre monde.