samedi 20 février 2021

La Chute des Comètes et des Cosmonautes: la grande Histoire dans l'histoire du père et de la fille

 

La grande Histoire et l’histoire individuelle.

Toute la pièce fait le parallèle entre l’histoire de deux individus et de leur relation avec l’Histoire de l’URSS, bloc de pays nés d’une utopie devenue une dictature.

Valeurs des blocs de l’Ouest et de l’Est 

L'ouest

Libéralisme

Société de consommation

Capitalisme

Liberté d’entreprendre

Pouvoir institutionnel, élections

Cultures nationales, religions

Pluralisme politique et existence de contre-pouvoir

Démocraties

Liberté d’expression et de la presse

États-Unis et ses « alliés »

Alliance militaire : l’OTAN 

L'Est

Socialisme

Besoins primaires

 Communisme

 Mainmise de l’État sur l’économie, collectivisme

 Pouvoir révolutionnaire, lutte des classes

 Internationalisme ouvrier, athéisme

 Parti unique

 Régimes autoritaires

 Pensée unique, propagande organe du Parti

 URSS et les démocraties populaires de l’Est

Alliance militaire : Pacte de Varsovie

Quelques dates clefs de l’histoire de l’URSS

1917. Révolution d’Octobre. Fin du règne des tsars et prise de pouvoir des bolcheviks.

1922-53. Dictature stalienne : l’URSS est un régime totalitaire. Censure. Toute contestation est réprimée ; création des goulags, des camps de travail forcé pour réprimer les opposants.

1953-1962. Dégel. Coexistence pacifique entre URSS et USA, qui n’empêche ni la crise des Missile de Cuba, ni la guerre du Vietnam.

1970s : Dix ans de l’âge d’or soviétique. Nombreuses victoires militaires, reconnaissance diplomatique.

 

1985-1991. Perestroïka : restructuration. Menée par Gorbatchev, elle mène à des réformes économiques et une démocratisation du régime.

1989. Chute du mur de Berlin. Réunification allemande en 1990.

1991. Fin de l’URSS.

Le contexte historique et géo-politique est réaliste et documenté, les noms propres et les faits l’inscrivent dans la réalité historique.

Ces deux individus, l’une grandie à l’Ouest (sans doute avec sa mère, dont on parle rarement dans la pièce, p. 63-65), l’autre ayant quasiment toujours vécu à l’Est, sont à la fois séparés par leurs idéologies et liés par leur lien familial autant que par des points communs dus à leur part d’histoire commune.

Tous deux vivent un cataclysme personnel : la fille est en plein choc de rupture amoureuse, le père traîne sa rancœur contre son déclassement social et la perte de son idéal de liberté.

Tous deux se sentent inadaptés au monde dans lequel ils vivent.

Tous deux poursuivent des utopies inaccessibles, de rencontre avec l’amour pour l’une, de liberté et de dignité sociale pour l’autre.

La conquête spatiale : de l’histoire à la métaphore

NB : Cosmonaute est utilisé par les Russe (kosmos : univers ; nautes : navigateur).

Astronautes (astron : étoile) est utilisé par les Américains.

La conquête spatiale, pendant la Guerre froide, est un équivalent pacifié en apparence de la course à l’armement nucléaire. Celui qui maîtrise l’espace gagne une bataille symbolique. cf p. 11 : « sur un pan de mur une grande fresque avec des cosmonautes comme il y en avait avant dans les cours d’école » : c’est un instrument de propagande, un mirage du progrès.

1957. L’URSS met en orbite le premier satellite (Sputnik 1) et envoie la chienne Laïka dans l’espace.

1958. Création de la NASA, l’agence spatiale américaine.

1959. La sonde spatiale soviétique Luna 1 est le premier engin spatial à s’approcher de la lune.

1961. Le soviétique Youri Gagarine (cf. la place Gagarine premier tableau !) est le premier être humain envoyé dans l’espace. Deux ans plus tard, Valentina Terechkova la première femme envoyée dans l’espace.

1968. Apollo 8 (USA) est la première mission habitée à être placée en orbite autour de la Lune.

1969. Les Américains Neil Armstrong et Buzz Aldrin marchent sur la lune.

Rien d’anodin dans les métaphores spatiales du texte de Skalova.

L’astrophysique est d’ailleurs un langage commun pour le père et la fille, puisqu’ils ont tous deux une thèse dans ce domaine.

« Fille. Je dois voir quelqu’un pour le boulot à Moscou. Ils veulent m’inviter à parler dans un congrès d’astrophysique » (p. 27) : retour en Russie, retour au passé.

C’est un vivier métaphorique : on parlait des pays « satellites » de l’URSS ; démantelés, ils deviennent des « confettis ». 13 Républiques, 13 confettis…

p. 12 : « j’ai passé mon enfance dans cette école de la République [la France] pendant que le pays d’où venaient mes parents était devenu un sac de confettis avec treize nouvelles républiques éparpillées sur les cartes [l’URSS et ses alliés]. »

L’Histoire entre en collision avec l’histoire individuelle, en porte à faux comme dans la citation où la fille (double de Skalova) évoque la duplicité entre la République (française) et les Républiques (soviétiques).

Dans l’Histoire du père, c’est le quotidien, l’anodin qui est rattaché à la grande Histoire. cf. le Rock, musique purement américaine, que n’écoute pas le père, p. 26. 

 

Autre traumatisme de l’histoire : celui de l’antisémitisme

( l’autrice est elle-même d’origine russe/juive ; le texte est travaillé par cela. cf. p. 73+ la blague juive)

« Père : L’antisémitisme revenait / On disait que les juifs moutiat vodu. / Qu’ils empoisonnaient l’eau. / On pensait que ça recommencerait. Seychas nas budut gromit’. / Que les pogroms recommenceraient. / Tout le monde disait qu’il fallait fuir. / Fuir où. Fuir comment. / Ça, personne ne savait. » (p. 40)

Les pogroms (début XXe siècle, on en voit des traces dans les textes de Tchekhov) ces attaques dirigées contre les Russes juifs, étaient des manœuvres des tsars pour trouver un bouc émissaire aux manquements du régime. Le communisme (Marx est d’origine juive) aurait dû apporter des idées progressistes dans ce domaine aussi, Dieu étant l’opium du peuple, et l’athéisme-foi dans le communisme recréant un projet commun pour le peuple. Ou peut-être est-ce le dégel qui fait revenir ces idées nauséabondes. On pense évidemment à l’exil des juifs pendant la Seconde guerre mondiale : tout recommence.

Sur l’exil, voir la profonde amertume du père, p. 27 : « L’immigration est toujours perdue pour la première génération. Je suis très heureux que toi, tu t’en sortes. »

Histoire gâchée pour la rendre possible aux générations futures. Qui font preuve d’ingratitude et remettent tout en question. ( D'après les documents fournis par le TNS)

La dimension poétique, lyrique de la Chute des Comètes...

 

La pièce est en soi un long poème qui se construit autour de tout un réseau analogique et métaphorique et d’un travail poétique sur la langue. Les monologues sont le lieu privilégié de cette recherche poétique.

lls sont quelquefois en vers libres, séparés par des blancs : I, 1 (Père), I, 2 (Fille), I, 8 (Père).

Cette forme d’écriture poétique se déplie parfois dans une certaine lenteur, un rythme posé, réflexif, qui renvoie à une poésie narrative.

Le plus souvent ce sont de longs blocs poétiques sans ponctuation. Des flux de parole à fleur de conscience. Il y a là une écriture du rythme et de la scansion, un appel à l’oralité. C’est en ce sens que cette écriture poétique appelle la voix, le plateau. Il y a là une dimension masticatoire, sonore.

La phrase se heurte, se disloque, repart à nouveau. L’absence de ponctuation évoque un travail sur la vitesse de diction, le souffle, une rapidité de parole qui tente de suivre celle de la pensée en mouvement dans l’espace crânien. On entend la frénésie, l’obsession, la dimension circulaire des cataclysmes intérieurs.

- Nombreuses allitérations, assonances, anaphores, énumérations, effets d’accélération, échos.

« Just a matter of chemicals » : « craving crave creusent trachées l’estomac tranché traversées d’acide… » p. 22 : allitérations en [k] [r] [t].

« la carrosserie valdingue la carcasse » p. 85 : assonances en [a] ; allitérations [k] et [s]

ad lib.

- Les réseaux métaphoriques :

Fille :

Coup de foudre amoureux = courant électrique mortel (15, 31-32, 53) – séisme universel (32)

Être humain = centrale nucléaire (32)

Moteur de recherche ordinateur, Internet = espace cosmique (42), organisme vivant (42)

Fin du couple = guerre froide, univers qui gravitent sans interaction, URSS disloquée (42, 60)

Être aimé perdu = disparition dans le cosmos (43)

Amour = objet marchand (58)

Corps amoureux = astéroïdes, planètes (66-67)

Choc amoureux = collision astéroïdes et planètes

Individu = planète indépendante et fragile = république autonome de l’URSS (68)

Cerveau amoureux = cosmos carbonisé où tout chute

Fin amour = URSS disloquée, tremblement de terre, dérèglement climatique (69)

Double réseau métaphorique :

1) Comparé : le coup de foudre amoureux, l’amour, fin de l’amour à comparants : l’électricité, la consomption - le système économique - le système planétaire - l’URSS disloquée

2) Comparé : l’individu à comparants : les planètes - les républiques de l’URSS devenues autonomes.

Le point commun entre les deux comparés réside dans les comparants le système l’URSS et le système solaire. Par extension, l’URSS devient le comparé et le système solaire le comparant (69).

Ce réseau métaphorique entre en écho avec une partie du titre : « la chute des comètes » (cf. répétition du terme « chute » p.67).

On peut faire fonctionner une chaîne métaphorique : amour = URSS = système planétaire.

Père :

Soldats russes = cosmonautes (32)

Cerveau humain = moteur dangereux (48)

Exilés = objets marchands (61)

URSS = ogresse anthropophage, amoureuse mortelle (32) – planète Neptune, la plus éloignée du soleil (33)

Dislocation URSS = tasse en morceaux (40) – pulvérisation (68) – tremblement de terre, dérèglement climatique (33, 69)

Le recours à la métaphore est beaucoup moins développé chez le père. On retrouve les mêmes métaphores que chez la fille : URSS – système planétaire et dislocation de l’URSS : tremblement de terre.

L’amour chez le père n’apparaît pas comme un sentiment entre deux personnes. Il n’évoque que l’amour dévorant de la mère patrie pour ses enfants (61-62).

- Intrusion du russe dans le texte

Valeur de la translittération : donner à lire une langue dans un alphabet compréhensible. On gagne en lisibilité sans gagner en sens. C’est un pas vers la sonorité, pas vers le sens. On rejoint une approche poétique, sonore, qui déplace l’appréhension du langage. Ce « russe », c’est parfois celui de cette jeune femme franco-russe, une langue intermédiaire, métissée, accentuée.

expliciter tous les passages en russe n’a pas de sens en tant que tel (puisque souvent ils sont non traduits, c’est un désir de l’autrice.

NB : Quand on écoute des musiques étrangère, on ne comprend pas tout mais on aime la chanson….)

Il n’y a du cyrillique qu’à un seul moment : p. 87 : mélange parole dirigeant soviétique/Gainsbourg/père.

Skalova dit dans des interviews (à propos d’autres œuvres) qu’écrire dans plusieurs langues (deux, trois à la fois) ne consiste pas à se traduire, mais à poursuivre autrement son geste d’écriture.

On pense encore à Beckett, auteur écrivant tantôt en anglais, tantôt en français…


On sent aussi dans la coexistence des deux langues le fossé linguistique qui éloigne le père et la fille.

Scénographie et musique dans la Chute des Comètes et des Cosmonautes

 

Scénographie et musique

Dans les didascalies, différence entre indications spatio-temporelles et atmosphères qui habitent le plateau.

Les didascalies sont à la fois instrumentales et modalisées, souvent ironiques : « folklore interchangeable » p. 28 et 51, « enseignes de dents géantes » p. 34, « bureaux aux allures de vaisseaux spatiaux » p. 47.

Ces didascalies posent la question de leur représentation. Écriture presque cinématographique, comme le déroulé d’un voyage avec des arrêts sur image à certains moments. Comment représenter la « petite route polonaise », qu’a-t-elle de particulier ? Faut-il la représenter ? Autant de questions sur la représentation des didascalies, également sur l’importance des titres des tableaux qui peuvent être abordées.

Certaines indications sont récurrentes : « lit simple, ordinateur, vêtements sales, tasses, cendrier », objets scéniques caractéristiques de la Fille.

Retour à l’Est et arrivée du folklore, VS les « non-lieux », les lieux standardisés de l’Ouest, la « modernité ».

Lieux en alternance, en lien avec l’heure : chambres d’hôtel la nuit (objets scéniques différents pour fille et père) – dans la voiture le jour. Huis-clos.

Ils ne sortent de la voiture que dans les didascalies virtuelles des Cata-strophes.

Après l’accident, peu de didascalies de lieux mais ils sont indiqués dans les titres : planètes. Tableau 22 : « le cosmos ». Les 6 derniers tableaux se situent dans espace galactique. Seule la dernière scène entre parenthèses donne une didascalie : « sur une planète inconnue ».

MUSIQUE :

Les indications musicales ne sont données que lorsque la fille est présente, seule ou avec son père.

Elle, seule dans sa chambre : bulle musicale.

Nirvana (1993), Placebo (2000), Max Richter (2012), DDT (russe, 1992), David Bowie (2002), Bashung (1998), Vissotsky (chanteur russe, 1968 et 1977), Christian Scott (2007) : essentiellement des musiciens britanniques, français, allemand ou américains (pop rock, new wave, musique électronique) des années 1990-2000 ; deux Russes se détachent du lot, dont un chanteur à texte des années 70.

Les musiciens russes n’apparaissent que lors du voyage dans les pays de l’Est. Rapport au père ?

(p. 26) « FILLE. Je peux mettre de la musique alors ?

PÈRE. Je préfère pas. J’aime pas quand je comprends pas les paroles. »

Pour la série de tableaux intergalactiques Gustav Holst (compositeur anglais 1874-1934) avec The Planets, un ensemble de morceaux entièrement symphonique qui dure près de 54 minutes.

Une chanson russe (p.59-60) et une de Gainsbourg (p.87-88, dans l’espace intergalactique) chantées par le père dans le texte lui-même.

La chanson de Gainsbourg sert de base à la transposition en musique d’un texte, dit par Eltsine, le premier – seul ? – président russe élu démocratiquement, post-URSS, pré-Poutine. Skalova mêle ainsi la grande et la petite histoire. Les adieux d’un homme politique et ceux que chante Gainsbourg dans sa chanson. En filigrane, on y lit aussi les adieux du père à sa fille…

NB : le père n’écoute donc, et ne dit/chante, que des chansons dont il comprend les paroles, en Français ou en Russe.

Lien à la petite et grande histoire aussi par le rock, que ne connaît pas et ne comprend pas le père. (p. 26)

Mais le jean, symbole vestimentaire du rock, est un objet désiré par le jeune père. (p. 58)

Homme pétri de ses contradictions.

Tout comme la fille.

Toutes ces chansons, ces musiques, posent la question de la temporalité des tableaux et plus généralement de la pièce. Parfois les paroles ne sont pas dans l’ordre chronologique de la chanson (ex : Placebo), les chansons sont en lien explicite avec ce qui se déroule dans le tableau (absence de sommeil, question de la drogue, les planètes etc.) Malgré les instructions données en préalables dans les didascalies, la manière d’incorporer la musique à tout ceci reste très libre, mais renforce également le côté cinématographique – avec des émotions soulignées par la musique. ( d'après documents fournis par le TNS)

Festival du livre de Colmar en ligne du 22 au 27 février

Le Festival du livre du Colmar propose une série d'événements en ligne pour les amoureux de la littérature.

Lien vers le programme

Je signale tout particulièrement le mercredi 24 février: 

Les causeries de l’homme bio par Innocent Yapi
Humour, dérision, sagesse, gravité et émotion au service d’une question existentielle : et si l’Homme Économique disparaissait, l’Homme Bio ferait-il mieux que lui dans la quête du bonheur ? Contrairement aux habitudes avec les contes, l’univers de ce spectacle se situe non dans le passé mais dans un futur plus ou moins proche. Dans un monde fantastique et poursuivant l’odyssée de l’espèce chère à Yves Coppens, l’homme Économique a disparu faisant désormais place à un homme Bio. C’est dans cet univers que le conteur raconte avec humour et gravité, les aventures d’un homme Bio dans le désert du Sahara puis en Afrique de l’Ouest.
Diffusion à 14h30 (durée 45 mn) à partir de 8 ans

vendredi 19 février 2021

Molière et l'éducation des femmes: conférence de Georges Forestier

 Il est intéressant d'écouter cette conférence pour vous familiariser avec le discours universitaire et sortir d'une vision mythique de Molière.

Molière et L'éducation des femmes

A partir de 1H09, Forestier parle de L'Ecole des Femmes dont le thème de la peur du cocuage commence à partir du Cocu Imaginaire, ancêtre d'Arnolphe.

Il montre que dans les salons on traite de la peur du cocuage et de la jalousie dans un contexte de mariage forcé, arrangé qui fait naître l'amour en dehors du contexte conjugal. Le meilleur garant de la fidélité de la femme était sa vertu, son honnêteté. Comment doit se comporter une femme en proie à l'amour? Un homme jaloux de la galanterie même si sa femme est honnête? L'homme trompé doit-il s'indigner?Voilà des questions dont on parlai mais la délicatesse galante voulait que l'on fasse comme si de rien n'était et surtout pas comme un bourgeois à la Sganarelle qui tempête.Molière a voulu mettre sur scène un sujet qui travaillait son public.

Invention du vers burlesque: mélange de grandiloquence et de trivialité.

Anne-Françoise Benhamou analyse l'Arnolphe de Claude Duparfait dans la mise en scène de Braunschweig comme un Arnolphe BCBG.

Forestier fait le parallèle avec l'Ecole des Maris qui montre qu'une femme que l'on séquestre ne peut rester honnête et souligne l'influence de la pièce espagnole La Précaution Inutile sur L'Ecole des femmes. Ecoutez comment Forestier raconte les emprunts par Molière à cette pièce.(1h27) Puis un peu plus tard la deuxième nouvelle dont il s'inspire, ce qui fait qu'Agnès est aussi complexe, sotte au début et maline lorsqu'elle découvre l'amour: cf"L'amour est un grand maître"comme le dit Horace.

Arnolphe pas un barbon de farce mais un bourgeois rétrograde, très misogyne alors que dans les salons on prône l'émancipation des femmes. Dans les milieux galants, parenthèse féministe.(1H37): on ne recevait pas les pédants, les militaires parlant de guerre, ce sont les femmes qui mènent le salon. Pourquoi les femmes ne peuvent elles apprendre le latin? Pourquoi pas la même éducation que les hommes? donc interrogation sur le pouvoir de la religion qui soumet les femmes aux hommes, père et maris. Dans les salons, on déteste le prosélytisme religieux, la dévotion qui s'oppose à l'égalité homme/femmes. Or Molière écrit pour ce milieu galant, mondain , d'où le premier Tartuffe.Les dévots sont aux antipodes de la civilité galante, par leur hostilité au monde.Dans les salons, modération en tout, pas d'excès, même dans la piété. Elément clé de la civilité de salon: la complaisance, plaire à tous, ce que refusera le Misanthrope, Alceste.(...)

La notion de "tableau" pour parler du découpage d'une pièce ( dans laChute des Comètes et des cosmonautes)

 Division d'un texte dramatique ou scénique, fondée sur un changement d'espace ou d'espace-temps. Constitue une alternative à l'acte ou à la scène . Bertolt Brecht a revalorisé ce type de découpage (ex : Mère Courage, en 12 tableaux). Pavis 1987, p. 381-382; Ubersfeld 1996, p. 80-81.

 

 

  1. Acte: L'acte est la plus grande division qui existe. Fondamentalement, l’acte représentait l’une des principales composantes de l’action. On délimitait les actes avec les tombées de rideau. La fin d’un acte appelait le commencement d’un autre, dans un autre temps et un autre lieu. ​
  2. Scène: Les scènes sont les plus petites divisions de la structure classique. Traditionnellement, une scène commençait et se terminait à chaque entrée et sortie d’un personnage. Les scènes ne se rapportent donc pas à l’action, mais aux allées et venues des personnages. Toutes les scènes se suivent chronologiquement dans le temps et se déroulent, à l’intérieur d’un acte, dans le même lieu.
  3. Tableau: Dans le théâtre plus contemporain, il est possible de diviser des pièces en scènes sans les lier aux entrées et sorties des personnages. Le tableau est plus fréquent. L’enchaînement des tableaux est régi par des normes moins strictes et c’est pourquoi il peut arriver que les tableaux ne se succèdent pas dans l’ordre chronologique. Les changements de tableaux peuvent parfois impliquer des changements de décor, de lieu et de temps.

Sur l'absence de ponctuation dans le théâtre contemporain: témoignage de Michel Vinaver


 Avec Chloé , nous avons constaté que le texte de la Chute des Comètes et des Cosmonautes n'était pas toujours ponctué, et elle a cité Michel Vinaver.

Pour en savoir plus

Sur la question d’une élève à propos de l’absence de ponctuation dans ses partitions théâtrales, Michel Vinaver s’explique ; « lorsque nous parlons, nous ne ponctuons pas » ; la dimension de la « rumeur » de la parole dramatique ; Robert Cantarella en profite pour, à son tour -après avoir situé historiquement, dans la littérature moderne en général la faillite de la ponctuation- exposer les vertus qu’offre cette ponctuation aléatoire, pour le metteur en scène qui travaille sur les œuvres de Michel Vinaver. La ponctuation permet de « vocaliser » un texte. Plaisirs et difficultés permis par l’absence de ponctuation proposée par l’œuvre vinavérienne. Le « tremblé » du sens et le travail de « chirurgie » qu’impose la partition théâtrale.

François Clavier, comédien dans « L’Emission de télévision » mis en scène par René Loyon, décrit lui aussi les mérites et les incidences de cette stylistique particulière. Texte et respiration. Le jeu allitératif et le jeu des assonances dans l’écriture de Michel Vinaver.

 

Et si on allait danser...Proposition Emilie Wiest

Bonjour à tous,

Je vous adresse ce mail pour vous proposer une idée qui me trotte dans la tête...

Sur le modèle de ce qui a été fait à Besançon à l'initiative de la chorégraphe Christelle Pinet, je voudrais organiser sur Colmar une "Boum Flash", en collaboration avec la danseuse et chorégraphe Pauline Clément.

L'idée est la suivante : proposer à un groupe de personnes volontaires en manque de mouvement, de lien, de surprise, de se retrouver à un point de RDV en centre ville de Colmar, pour danser tous ensemble (à au moins 1 mètre les uns des autres) pendant 3 à 5 minutes.

Chacun doit venir masqué (contexte oblige) muni d'un lecteur MP3 et d'un casque. La référence musicale vous sera communiquée en amont, afin que nous dansions tous sur la même musique.
A l'heure prévue, tout le monde lance sa musique et danse...
Pour les participants, un moment de libération, de partage.
Pour les passants : une boum silencieuse et joyeuse disséminée dans la rue...

Quand la musique est finie, chacun repart, tel un passant lambda.

Pour que cela fonctionne, il ne faut pas communiquer largement en amont, il faut conserver l'effet "happening", de surprise. Je vous contacte donc vous, car je pense que vous pourriez trouver l'idée belle, que vous pourriez avoir envie d'y participer, et que vous êtes capables de garder un secret ;)


Cette proposition n'enfreint aucune règle : il ne s'agit pas d'un rassemblement puisque nous serons comme des passants, bien espacés les uns des autres, nous serons masqués, et nous ne dépasseront pas 5 minutes...

Si cela fonctionne, alors on pourra développer le concept, relancer un nouveau rendez-vous en l'ouvrant à de nouveaux participants...

Si l'idée vous intéresse, répondez à ce mail, afin que je vous ajoute au groupe !! ( wiestemilie@gmail.com)

 

Présentation de travaux Premières La dispute de Marivaux ( 16 février)

 Bravo à tous pour votre belle performance.

sans doute avez-vous beaucoup appris en jouant la pièce en présence du public et serz-vous prêts à la reprendre encore et encore maintenant que vous avez vu ce qu'elle donne et peut donner encore. Gardez la frâiche dans vos esprits en révisant de temps à autre vos textes.

j'espère que Bruno pourra être des nôtres la prochaine fois.

Nous savons tous que nous pouvons mener le spectacle encore plus loin, mais il va falloir se concentrer maintenant sur le 2ème projet avec Emilie qui vous a déjà félicité pour le premier.

Guettez le journal les DNA et l'Alsace dans lesquels devrait paraître un article bientôt.


Article dans L'Alsace 

 

"Si les acteurs avaient du plaisir à jouer devant un public d’autres jeunes lycéens, ceux-ci éprouvaient le même plaisir à pouvoir à nouveau assister à un spectacle, en ces temps où la culture est confinée.

La pièce avait été travaillée durant le premier trimestre et répétée à de rares reprises. Ce jour-là, l’alignement des planètes a permis aux 14 apprentis comédiens de la classe de 1re section théâtre de profiter la présence d’une classe de seconde pour présenter cette pièce. Travaillant actuellement trois autres textes, ils n’ont bénéficié que d’une demi-heure, le matin, pour préparer la représentation de l’après-midi.

Ici, point de marivaudages, mais une question fondamentale : qui, de l’homme ou de la femme, a le premier donné l’exemple de l’inconstance et de l’infidélité en amour ? L’inconstance avait déjà été abordée par Marivaux, notamment dans La Double inconstance écrite 21 ans plus tôt. Dans La Dispute , jouée une seule fois à la Comédie française lors de sa création, quatre jeunes, deux filles et deux garçons, élevés à l’écart du monde, sont les protagonistes, à leur insu, d’une expérimentation, sujets d’une dispute entre un prince et son amie. Se découvrant l’un l’autre, qui sera le premier infidèle ? La pièce, mise en scène par Bruno Journée de la Comédie de Colmar (CDC) avec Christine Huckel, professeur spécialisée théâtre, pose également la question du culte de son image, sujet d’actualité à une époque où les réseaux sociaux ont tant d’importance. Rapprochement habilement pointé par la mise en scène avec l’utilisation d’un portable à la place d’un miroir.

Le plaisir de jouer

Habilement, la mise en scène se joue des difficultés. Ainsi, si la distribution originale ne comporte que dix rôles, ici les 14 élèves, dont un seul garçon, jouent plusieurs personnages. La trouvaille, afin que chaque rôle soit bien identifié, consistant à porter un bonnet à la couleur du personnage. Autre stratagème, les chaises des spectateurs figurent une coursive derrière laquelle les protagonistes se déplacent. Tous ces éléments contribuent au succès de la représentation donnée ce mardi avec grand enthousiasme par ces jeunes, qui se préparent à passer l’épreuve du bac l’an prochain avec un très grand coefficient pour le théâtre. Et qui retrouvent le plaisir de jouer devant un public."

Bastien de Terminale est entrain de vous écrire des retours que je posterai bientôt.

Monsieur Demma salue les progrès de tous ceux qu'il connaît, il me dit que vous avez gagné en énergie, en corps, en justesse. Il est très fier de vous et a passé un super moment.


jeudi 18 février 2021

Premières: Aide mémoire pour la Chute des Comètes et des cosmonautes

 

Les personnages.

Duo :

PERE/LUI

FILLE/ELLE

Anonymat. Lien intergénérationnel. Idée d’une transformation des personnages même par-delà la mort

 

Parcours de la fille :

- Née à Moscou, arrive petite à Paris avec ses parents, grandit dans un immeuble de 5 étages.

- Assiste sans le comprendre à la chute de l’empire soviétique à la TV.

- Elle est allée à l’école française (tableau 1).

- Elle a pris des drogues dans sa jeunesse. (p.23).

- Elle a fait des études d’astrophysique. Trois ans avant le début de la pièce elle a fait des recherches pendant un an pour trouver un master ou un doctorat en sciences (p.56).

- Elle s’est fait avorter (p.65).

- Elle a vécu un coup de foudre mais l’histoire d’amour vient de se terminer et elle en souffre.

- Elle vit à Berlin.

- Elle a essayé d’arrêter de fumer (p. 27)

- Elle est allée à Moscou deux mois avant le début de la pièce et y a vu son grand-père. Elle doit y retourner pour un projet d’intervention dans un congrès d’astrophysique (p. 27).

- Son père souhaite la voir lors d’un voyage à Berlin. Elle lui demande de l’y emmener : elle veut revoir le Moscou de son enfance. Voyage = retour aux origines.

- 3 jours de voyage avec lui jusqu’à l’accident mortel à Moguilev.

 

Parcours du père :

- Russe, juif (p.40)

- Il a fait une thèse en biologie ou médecine (p.40) qu’il n’a jamais pu soutenir faute de subsides.

- Il fuit l’URSS du dégel (Gorbatchev) avec sa femme et sa petite fille.

- En quête de liberté et d’avenir professionnel, il se rend en France.

- Une fois arrivé à Paris, il s’est finalement heurté à un échec. Il a dû chercher de petits jobs (p.41).

- Il assiste au démantèlement de l’URSS en France, via la télévision. Il n’est plus réfugié politique.

- Il est retourné seul à Moscou.

- Depuis 20 ans il fait un trafic d’importation en Russie de vieilles voitures qu’il ramène de l’Ouest.

- Il souhaite revoir sa fille à Berlin.

- Il l’emmène avec lui dans le voyage de retour vers Moscou.

- 3 jours de voyage avec elle, accident mortel à la frontière de Moguilev.

Chaque personnage poursuit une quête : amoureuse et identitaire pour la fille, de retour sur le sens de sa vie et de son pays pour le père. Tous deux se rejoignent dans le questionnement de l’utopie et de la liberté.

 

La fable.

La pièce est construite autour d’un voyage d’Allemagne en Russie en passant par la Pologne et la Biélorussie, prétexte à un long dialogue qui resserre la relation distendue d’un père russe et de sa fille, astrophysicienne franco-russe vivant à Berlin.

Tous deux souhaitent se rendre à Moscou, pour des raisons différentes : le père fait un aller-retour Moscou-Berlin pour un trafic de voiture, la fille dit y aller pour des raisons de travail mais aussi pour retrouver une image heureuse ancrée en elle.

L’intrigue se déroule dans une Europe contemporaine, sur trois jours qui structurent la pièce en actes (hors prologue). Les scènes marquent les étapes de ce périple dont la majeure partie n’est pas montrée. Le voyage s’achève tragiquement et s’ouvre à une dimension onirique.

Enfermés dans l’espace exigu d’une voiture, le père et la fille entretiennent une relation passablement conflictuelle mais qui révèle une similitude profonde. Ils trouvent un espace de liberté personnelle dans leurs chambres d’hôtel respectives lors des étapes nocturnes.

Les deux personnages vivent dans des mondes très différents mais se retrouvent à tirer souvent les mêmes conclusions sur le monde. Tous deux sont désenchantés et déçus. 

 

Il s’agit d’un road-trip. L’action dramatique est minimale et réside dans les dialogues où le père va raconter son histoire en même temps que l’Histoire de l’URSS. Parallèlement au récit qui se construit s’opère un rapprochement progressif entres les deux personnages. Les pauses nocturnes dans les hôtels donnent lieu à des monologues où les deux personnages se livrent à une introspection, une réflexion ou des récits qui n’ont pas de fonction proprement diégétique mais creusent les thèmes en profondeur.

Ils meurent dans un accident de voiture à la frontière entre la Biélorussie et la Russie. À partir de là ils deviennent Lui et Elle et se fondent tous deux dans un espace interstellaire. Le road-trip se mue en space-trip (annoncé par chanson de Bowie en I, 8 « I took a trip on a Gemini Spaceship »

 

Le road-trip d’Ouest en Est. Du thème à la structure.

- Effet road-trip avec l’importance du lieu mouvant mais restreint de la voiture qui parcourt une multiplicité de paysages visibles au lointain, des noms de territoires, des villes, des capitales…

- Importance de la destination qui motive toute la trame dramaturgique (prologue = préparation au départ ; « vrai » départ : Berlin ; arrivée : Moscou)

- Scènes courtes, morceaux. Pas de logiques dramaturgiques « aristotélicienne » (au sens du bel animal, d’une pièce où tout s’enchaîne logiquement et tout concourt à la résolution du ou des conflit.s/nœud.s) : ellipses, trous de dialogues. Fonctionnement cinématographique par séquence.

- Importance de l’atmosphère, des musiques, comparables à une Bande Originale de film.

- Scansion du temps = jour de voyage ; nuit de repos (ou d’insomnie) dans des hôtels.

- Tous les monologues en solo sont situés dans le même espace-temps dramatique : des chambres d’hôtel de capitales d’Europe de l’Est (Moscou, Berlin, Varsovie, Minsk), la nuit, avec indication d’objets scéniques récurrents, signes du territoire de chacun des personnages. Ils gardent par là un lien avec la diégèse.

- La nuit est propice à une sensation de temporalité éclatée qui est celle de la divagation mentale et de l’insomnie, un entre-deux entre veille et sommeil, qui ouvre les vannes du contrôle et de la censure

Premières séance de vendredi 12 février Prix Koltès Chérie.s de l'ombre

 Nous avons reçu une jeune dramaturge, Chloé, pour réfléchir de façon plus approfondie à Chérie.s de l'ombre.

Chloé a la particularité de travailler à la fois dans le domaine universitaire du théâtre et comme artisan dans la fabrication de décor, pour les ateliers du TNS notamment.

Site des ateliers décors du TNS 

Vous pouvez en faire une visite virtuelle à partir du site.

Eléments à retenir de la discussion avec Chloé pour vraiment bien connaître le texte:

L’HISTOIRE
Un abribus, éclairé crûment dans une nuit opaque, situé « loin des avenues » dans un endroit
« tranquille » (p. 67), dans une grande ville, un soir d’hiver. Une adolescente apparaît, se plaint d'un
personnage masculin, jette son téléphone au sol et disparaît après en avoir ramassé les morceaux. Trente
minutes plus tard, un adolescent attend à un abribus, il téléphone à sa mère pour qu’elle vienne le chercher (on apprend qu’il s’agit de la mère un peu plus tard dans la scène). De l’ombre, il entend des talons et la voix d’une femme travaillant ici. L’adolescente revient : naît alors un dialogue entre ces trois protagonistes, réunis malgré eux, par le hasard des choses. Chérie.s de l’ombre raconte cette cohabitation de quelques heures où les personnages se sentent presque obligés de faire la conversation (cf. p. 67) et qu’il règne, dans cet univers atypique, « une ambiance de merde » (p. 73) dès que Chérie de l’Ombre ouvre la bouche.
En contrepoint de ce qui se joue dans l'abribus apparaît la mère du jeune homme, dans son "antre". Elle
réfléchit à la vie qu'elle mène et tarde à aller chercher son fils qui l'appelle sans cesse au téléphone.
Cette pièce est un drame de l’attente. Par son lieu tout d’abord : un arrêt de bus est un élément
du mobilier urbain où les usagers peuvent attendre ensemble le bus. Presque toutes les scènes montrent les personnages principaux en attente : l’adolescente attend l’arrivée de son frère, qui doit la ramener chez elle en voiture. L’adolescent celle de sa mère qui semble l’avoir oublié. Chérie de l’ombre, elle, attend que ces deux étrangers quittent son territoire afin qu’elle puisse s’affairer à une seconde attente : celle des clients, représentés par le ballet des voitures au lointain peuplant le paysage sonore et visuel de la pièce. La fin de la pièce coïncide avec la fin de ces attentes, par l’arrivée de la mère de l’adolescent et celle du frère de l’adolescente - dont ne sait pas si finalement il est arrivé.
Mais le véritable fil directeur que propose l’autrice dans ce drame est celui du dévoilement des
personnages. Méfiants, [« CHÉRIE. Méfie-toi des gens qui parlent bien, ma chérie » p. 66] ils se mentent les uns aux autres et se cachent derrière des masques. Mais plus le temps passe, plus les personnages se scrutent.
Les mensonges apparaissent comme tels : ainsi, l’adolescente, qui disait revenir d’une soirée entre amies,était en réalité avec un homme qui l’a agressée avant le début de la pièce. L’adolescent nomme toutes les difficultés familiales dans lesquelles il se trouve. Les deux jeunes gens en lumière réparent les pièces du portable brisé comme on assemble les pièces d’un puzzle. Chérie de l'ombre révèle qu'elle est issue du même milieu qu'eux mais a connu des difficultés de parcours et a été en contact avec les services sociaux.

Personnages convoqués mais absents:

- Le proxénète (mac) -inclus dans le discours de Chérie de l'ombre mais locuteur identifiable
• Mathilde [« À PEINE UNE FEMME : « J’avais une soirée. Chez une amie. Mathilde » (p.
71)]: juste citée, elle sert d’alibi, de justification à À peine une Femme
• Les trois hommes plutôt menaçants du bar tabac (p. 78): fonction diégétique
• Les clients (voitures s’arrêtant, cf. partie 6) - fonction diégétique
• Les clients riches des restaurants (p. 77) uniquement cités
• Le frère de A peine une Femme, cité
• Voix masculine (du frère?) à la toute fin du texte: personnage actif, il fait irruption dans le
tableau
A part Mathilde ce sont des hommes. Figures menaçantes peuplant le hors-champ de cette rue déserte.

CHÉRIE DE L’OMBRE
Ambiguïté nourrie dès le départ : « Je fasse le job sans dérangement » (p.67) : travailleuse du sexe.
Difficulté de nommer la chose, notamment au début de la scène 4. « AH. Madame par politesse » (p.71) à « AF. Une prostituée. / AH. Je n’aime pas trop ce mot. / AF. Une pute alors » (p.72). Évoque souvent les"clients".
Situation de précarité, d’illégalité, d’instabilité. Méfiance envers les ados mais aussi envers les « appeleurs de flics et de foyers », « des services », des « éducs », des « machins sociaux » (p. 68) mais aussi des « déglingués » (dont elle se distingue farouchement) : « Suis pas une déglinguée » (p.68).
Personnage endoctriné, sous emprise, aliéné au mac dont la parole est enchâssée dans la sienne le plus
souvent sans introducteur de parole ou signe de ponctuation. Fusion des deux discours qui crée le trouble.
Mais personnage clairvoyant, extra-lucide, capacité d’observation des gens depuis l’ombre.
Cf. Lorsqu’elle comprend le mensonge d’AF p.77. (Parce qu’elle était présente dans l’ombre scène 1 ?)
Aspirations à une vie, à des rêves. Cf. monologue (p. 76) où elle danse seule dans la lumière : « Extra, ma chérie, sera extra, sera photographique, sera cinéma ».
Au début de la pièce, Chérie de l’Ombre ne semble avoir aucune existence propre, son seul intérêt réside dans le « job ». Elle se méfie des adolescents qui font « fuir les clients » (p.66). Aucune coexistence dans le même espace (ombre ou lumière) n’est possible. À la fin de la pièce, elle est dans l’espace de la lumière et semble avoir tissé des liens de sororité avec AF.
Tirade (p.91-92) : moment où s’exprime une sensibilité singulière.
Costume : une jupe encore plus courte que celle d’À peine une Femme (p.85). Des talons. Parallélisme avec À peine une Femme.

À PEINE UNE FEMME
Costume : « veste légère » (p.71), « robe courte ».
Thématisation des autres costumes possibles (p.84) : col roulé ou jean décontracté. Mais elle voulait faire des « provisions de beauté » (p.84) : sa mère dit qu’il faut en faire, parce qu’on vieillit

Trajectoire la plus bouleversée durant la pièce :
À peine une Femme semble s’être échappée d’une situation (évoque une agression avec « j’ai pas dit oui,non. »), casse son téléphone avec violence, évoque ce qui s'est passé juste avant le début de la pièce: une situation de conflit, de non-consentement. On ne sait pas ce qui s'est passé exactement. Elle dit tout d’abord à Ah être allée chez des amies, avec une certaine Mathilde (p.71)
Au début, elle paraît plus proche d’AH, avec qui elle se ligue contre Chérie de l’Ombre. Elle se méfie de la prostituée, refuse qu’elle émette des opinions sur ses faits et gestes : « AF. C’est incroyable comme elle se mêle de tout. T’avais raison » (p.78) ; « Il a raison, fermez-la un peu » (p.79). Forme d’irrespect envers Chérie parce que c’est une travailleuse du sexe. Relation conflictuelle entre féminisme et prostitution pour AF, féminisme et prostitution ne sont pas compatibles : « Toi, la putain à son chéri. Toi. » (p. 80)
On apprend son histoire, ses mensonges : il n’y a pas eu de soirée avec des amies, elle a vu un garçon avec qui elle devait passer un « petit moment, juste tous les deux, tranquillement » (p.84) et qui l’a agressée. La cause de cet acte est imputée à la robe, jugée trop courte et interprétée comme une invitation. (p.84)
À la fin de la pièce, Elle défend Chérie de l’Ombre et essaye de dissuader AH de pénétrer dans son espace :« Laisse-la » (répété 3 fois p. 87). Elle refuse de donner son numéro à AH, décline sa proposition de se faire raccompagner et reste avec Chérie de l’Ombre, peut-être afin de la protéger malgré elle (« je l’occuperai si longtemps, ta lumière, que tu devras renoncer » (AF, p. 94).

À PEINE UN HOMME
Flou autour de ce qu’il faisait avant : « Je te l’ai dit en partant, on terminait plus tôt » (p. 66)
Il arrive déjà investi d’une tension avec sa mère. Au fil du texte, on apprend que cette situation ne lui arrive pas pour la première fois. Il est habité par cette relation compliquée avec sa mère, le rapport à son père absent, les nombreux compagnons successifs de sa mère…
Sa quête : être reconnu par sa mère ? Il veut exister (p.80). Révolte contre une mère vécue comme
castratrice: polysémie de "elle me coupe " (p.86). Un jeune homme en colère (p.91). Peut-être aussi une
forme de jalousie possessive et machiste, de volonté de relation exclusive (p.79): " comme si [...] je
l'autorisais à être une femme qui ne soit pas une mère". Cette relation d'exclusivité n'est pas sans rappeler la domination du mac sur Chérie de l'ombre.
AH : « Ils se sont encore pourris » (p.76). Terme fort et mystérieux recouvre beaucoup de réalités.
« AH. De ma mère, je parle de ma mère. Et de son mec. Son troisième depuis que. AF. Ton père ?
AH. Parti. » (p.78)
La mère : « Mon enfant, devenu homme ou presque, croit interpréter sa mère » (p.83) : insistance sur le
devenir-homme (et donc agresseur ?). « Interpréter » a une connotation psychanalytique.
Trajectoire uniforme, pas de retournement dans les adjuvants/antagonistes, ni de résolution du conflit
familial.
Intérêt dramaturgique : c’est une présence masculine, renvoyant les deux adolescentes au devenir homme agresseur- client.


• LA MÈRE
Dans un espace indéterminé, servant de contre-point à ce lieu unique, la mère de cet adolescent paraît dans un état entre indécision, latence et introspection.

Un autre lieu fixe, lié à un personnage : en cela, similitude avec Chérie de l’Ombre. Similitude aussi par
l'ombre de l'antre - ce qui justifierait encore davantage le pluriel du titre: il y aurait finalement un lien entre les trois figures féminines de la pièce.
Un moment hors de l’antre : p. 79, son apparition muette, estomaquée par la vision de son fils auprès d’AF et de Chérie de l’Ombre.
Personnage de l’autre bout du fil : le fils l’appelle mais on ne la voit pas. Scène « L’autre bout des ondes » :contre-champ où c’est AH que l’on entend dans l’antre via la messagerie.
Dépression ? Maladie ?
Parti pris très fort de l’autrice d’alterner les scènes de l’antre et de l’abribus : mais qu’apporte véritablement ce choix ?
Personnage plus difficile à suivre et à défendre lors du dernier monologue p. 88. Le fil directeur semble être la frustration, l'insatisfaction, la difficulté à être à la fois mère et femme.
Personnage-miroir qui vient souligner la thématique de la projection, de ce que l’on « interprète » d’autrui (« Il m’interprète. (…) Devenu homme ou presque, mon enfant m’échafaude, rêve après rêve, m’enferme dans son interprétation. » p.83).

L’ACTION
Théâtre de situation de forme assez classique: 10 tableaux, dialogues avec indicateurs de personnages, lieu et temporalité indiqués, didascalies. Unité de lieu (sauf contrepoints avec l’antre de la mère), unité de temps,unité d'action, poussées à l'extrême.  la temporalité qui épouse le temps de la
représentation.1H15
Théâtre minimaliste, statique : peu d'actions, pas de noeud, pas de crise avec dénouement. Peu de péripéties.
A priori il n'y a pas d'autre quête que de passer le temps. Pour Chérie de l'ombre l'enjeu est plus fort : son job est en danger du fait de la présence des deux autres. La tension dramatique naît avant tout de l'invisibilité du personnage éponyme qui intrigue et inquiète les deux adolescents et crée aussi une attente chez le spectateur.
Chérie de l'ombre a une position en surplomb car elle voit et entend tout sans se faire voir.
Ce qui va bouger ce sont les positions des deux adolescents par rapport à Chérie de l'ombre. Elle joue le
rôle de révélateur. On a une sorte d'échiquier qui se construit peu à peu, où chaque mouvement mène à un dévoilement progressif de la quête et de l'identité de chacun et chacune. C'est le personnage énigmatique, double, prophétique de Chérie de l'ombre qui permet aux deux autres de se définir. La dynamique de la pièce mène vers un éloignement de AH parce qu'homme soupçonné de machisme et un rapprochement de AF et Chérie de l'ombre en tant que femmes. Cette solidarité revendiquée et mise en actes par AF a une forme de libération (cathartique) de chacune des deux.

Le dispositif scénographique:


Décrit dans la didascalie initiale : « Un soir d’hiver, dans une grande ville. […] L’espace principal – la rue –fera l’objet d’un contrepoint permettant d’apercevoir fugitivement un autre espace : l’antre de la Mère »


Abribus : lieu choisi en raison de sa visibilité pour AH « impossible de le louper » (p.66)
AF : « On m’a dit qu’il y aurait de la lumière, qu’il valait mieux attendre ici » (p.71)
À l’inverse, pour Chérie, c’est un lieu prisé pour sa marginalité, « loin des avenues » (p. 77).
Derrière cet abribus il y a l'ombre où peut se cacher Chérie.
C’est un lieu réaliste et hors du monde. Concret et poétique. Un étrange no man’s land et un espace de
sociabilité où se réunit cette communauté qui ne s’est pas choisie.
L’abribus permet aussi de créer un jeu de contraste entre une lumière crue et une obscurité totale. Ainsi,
toute la pièce repose sur un système d’apparition et de disparition.
Frontière ombre/lumière parcourt tout le texte, principalement dans les mots de Chérie :
« Ma place. Bien une quelque part. La journée pour les autres, et la nuit c’est pour moi. Comprends, ça. Le boulevard, pour les autres et ici, c’est pour moi. Une petite place rien que pour ma chérie » (p.68)
« La journée pour les autres, et la nuit, c’est pour moi. Le boulevard pour les autres et ici c’est pour moi. »
(p.72) « Faut pas tout mélanger, les filles du jour et les femmes de l’ombre » (p.72)
« Pas confondre l’homme qui se couche et celui qui se lève. » (p.73)
La question de la scénographie prend ainsi une place cruciale. Le texte seul ne suffit pas : il faut passer au plateau.
Vitre en plexiglas : Matière symbole du monde moderne, intéressante à travailler pour sa réflexion de la
lumière. Aussi une vitrine comme celles des maisons closes dans le quartier rouge d’Amsterdam.

Espace et jeu de pouvoir
Notions de frontière et territoire : la délimitation ou non d’un lieu. Rapport au pouvoir, à la possession, à l’intrusion si quelqu’un de non désiré pénètre dans son espace.
Abribus désaffecté : un lieu en marge, hors du droit. C’est le monde de la nuit, avec ses lois, ses personnages qui existent en parallèle au monde du jour. Celui des marginaux, des prostituées, des drogués. Une communauté que Chérie de l’ombre prend soin de ne pas amalgamer, en distinguant les « déglingués » des autres
C’est la raison pour laquelle il est choisi par le mac, plus un argument de confort, ironie de la situation : « Le droit de m’asseoir et de me lever dès que je vois des phares » (p.73)

D’où l’intrusion que vit Chérie de l’Ombre lorsque les adolescents s’accaparent un lieu qui, certes, ne devrait pas lui appartenir de droit non plus.  sans cesse cette question du droit à occuper un espace.
Un lieu marginalisé qui réunit des marginalisés, une communauté des exclus.
Voir les répliques de Chérie au début et à la fin de sa (brève) solitude retrouvée :
« Tous partis. Pouvoir travailler » (p.74)
« Devoir déménager c’est sûr » (p. 76)
Après sa dispute avec AF, elle revient : « AH. Vous y tenez, à votre abribus » (p.82)
Cet espace pourrait être la métaphore d’un espace intérieur, lui-même évoqué dans le texte.
Des frontières intérieures, à ne pas dépasser. Voir encore ce que dit Chérie à la fin de la pièce :
« Comme ceux qui travaillent dans les machins sociaux – beaucoup d’idées sur la chose. Te coincent, parlent très longtemps, fouillent dans tous les coins de ta tête comme on devrait pas avoir le droit. […] Au moins,eux, disent pas C’est dégueulasse et puis rien d’autre. Voient bien que c’est plus compliqué, l’intérieur par exemple. » (p. 91)
Elle décrit des viols intérieurs. C’est le revers de la violence du monde de la nuit : ceux qui essayent de
résoudre les problématiques liées à ce monde se retrouvent eux même à être violents.
Qui peut prétendre à un discours de vérité ? Problématique qui enfle dans le texte.
Elle semble en révolte. Qui parle lorsqu’elle dit ça ? Semble provenir d’un endroit de subjectivité, d’une implication personnelle qui dépasse la figure du mac.
Évolution intéressante sur les frontières. Elles se brouillent.
Petit à petit, d’autres frontières : ce qu’on montre, ce qu’on ne montre pas. Être homme/femme.
Qu’est-ce qui est protecteur finalement : l’ombre ou la lumière ? être visible ou invisible ?

LANGUE DU TEXTE
La dualité du personnage de Chérie de l’ombre
« À PEINE UN HOMME.- Elle parle dans la nuit et parfois, elle parle comme si elle était deux. » (p.72)
• Polyphonie / Polylogue / Ventriloquie
Jeu sur endroit/envers des conversations.
Qui parle dans son trouble ? Parfois, on identifie clairement ce qui appartient au mac au début du texte
notamment : CHÉRIE. « Te vexe pas ma chérie, je suis le seul à savoir qui tu es, qui tu es vraiment. Le seul à te connaître à l’intérieur, à t’aimer. » (p. 77). Il apparaît le plus souvent dans l'adresse à la deuxième personne et l'apostrophe "ma chérie". Parfois il y a présence d'un verbe introducteur: "voilà ce qu'il dit" p.67.
Chérie parle de lui à la 3ème personne.
Délicatesse de ce mac enchâssé. Aliénation d’autant plus perverse, possession retorse.
À la fin du texte, on devine nettement une singularité, une prise de parole en première personne (dire oui ou non, p. 93)
À d’autres moments, c’est plus trouble (p.77). Texte indécidable, riche, ouvert.
Somme de pistes fructueuses pour un travail sur la polyphonie, les questions d’adresse, l’ouverture et la
plasticité du texte de théâtre, qui ne doit pas être vécu comme un frein pour le comédien mais comme une contrainte joyeuse, une invitation au déchiffrement, au « re-jeu », au redéploiement de nouveaux possibles.

Trous / ellipses
Pas une langue lisse, agencée, sans heurts. Les trous créent de l’inattendu, hiatus, heurts.
Contraction à l’extrême qui produit aussi des incompréhensions : « Choisi cet endroit bien exprès, loin des avenues. Tout soit tranquille. Je fasse le job sans dérangement » (p. 67)
Langue elliptique, disparition des « que » introduisant le subjonctif, le mode apparaît
presqu’impropre. Pas de répétitions inutiles étoffant la pensée ou de béquilles nécessaires à la correction de la phrase (on aurait dû avoir « Pour que tout soit tranquille. Pour que je fasse… »)
Les phrases semblent déjà commencées au milieu, finies trop vite, avant même qu’on ait pu assembler les termes qui composent la phrase.
C’est une langue trouée aussi, ouverte, polysémique : Manon Ona ménage ainsi le mystère.
Cf. étude du lexique : « Téléphone qui prend des photos, qui fait la totale » (p. 67) : On peut mettre tout ce que l’on veut derrière « la totale », performances technologiques, « passe » avec prestations généreuses…

Grammaire, syntaxe, pronoms
Peu de sujets : pas de « Je ». (Sauf tirade finale p. 93)
Souvent du « Tu » : rend double l’adresse : est-ce un « tu » du mac (i.e. un « je » pour Chérie) ou un « tu »classique, où elle s’adresse à son interlocuteur ?
Anacoluthes, c’est-à-dire rupture de construction dans la structure grammaticale. Stylistiquement, elle
témoigne d’un entremêlement de plusieurs pensées.

Langue qui tâtonne pour AF
« J’ai pas dit oui, non »  p. 65 et 84.
• Incapacité à nommer ou d’aller au bout de ses phrases/réflexions pour AH
La prostitution :
« Avec une. » « à parler avec une. » (p.68) « La. » (p.71) « Une, tu vois ce que je veux dire. Elle attend ses clients. Tu voix ce que je veux dire. » (p.72)
Ses difficultés familiales :
« De ma mère, je parle de ma mère. Et de son mec. Son troisième depuis que. » (p.79) « des gestes et des mots qui font de moi un poids qui la terrasse, qui l’aspire, qui l’empêche de. » (p.79)
• Dispositif du téléphone
Ils mènent de facto à une parole manquante, celle de la personne à « L’autre bout des ondes » pour reprendrele titre d’une des scènes se déroulant dans l’antre.

• Ponctuation
Remarque : très peu de points d’exclamations. Peu de questions.
Phrases au scalpel. On entend la principale, peu de propositions subordonnées.
Quels effets ? Adresse criée mais dont le souffle est coupé, ligne mélodique descendante.
« AF. Qu’est-ce que tu veux. Qu’est-ce que tu viens chercher. Qu’est-ce que tu viens trouver. Elle n’est pas là. Elle n’est pas là pour toi ni aucun d’entre vous. Qu’est-ce que tu veux, dégage, circule, rien à voir. »(p.90)
Dans la manière dont c’est dit, aucun pathos.
À côté de cette précision dans la langue, certains éléments paraissent un peu plus fades. Les monologues de la Mère par exemple, ou encore la dernière tirade de Chérie de l’Ombre, qui ressemble à un exercice de style,à une liste à la Amélie Poulain…
Les dialogues
Les tableaux alternent monologues (ou soliloques)/ dialogues, les premiers attribués à la mère (sauf tableau
1) , les deuxièmes au trio.
Les dialogues s'enchaînent en jouant d'une grande diversité de figures textuelles qui révèle les jeux de
pouvoir et les déplacements relationnels entre les personnages, comme par exemple dans le tableau « En morceaux » où AF commence à jouer avec Chérie de l’Ombre (blind test) et à prendre sa défense.


THÉMATIQUES
Rapport intergénérationnel, Adolescence,Sexualité, Genre, Désir, Séduction,Vêtements (Image sociale),Identité,Violence, consentement,Solitude,Marginalisation, isolement,Autonomie, liberté
Emprise,Prostitution,La nuit/le jour,Rapports de force entre les sexes,Féminisme,Services sociaux
Maternité,Rapport mère/fils,Féminité,Solidarité, Sororité,,PréjugésTerritoires, frontières ( d'après la synthèse fournie par les organisateurs.)

2ème partie de la séance:

Jeu des tribus en trois groupes pour lâcher prise, être en jeu, donner de la cohésion au groupe.

Imaginer le nom, la langue, la faon de marcher, de manger, de se séduire, de combattre, , de faire la fête, de célébrer un culte.

 Chacun d'entre vous notera ce qu'il a ressenti et inventé dans l'exercice ou vu chez les autres groupes.

Pour la séance prochaine: relire la Chute des Comètes et des astronautes.



mercredi 17 février 2021

Bac Blanc: sujet sur les costumes du seder

 Proposition de Myriam:

La scène 7 de Tous des Oiseaux est celle du repas de famille à New York où Eitan annonce à sa famille réunie pour la fête religieuse juive du Seder qu’il est amoureux de Wahida, une jeune femme qui n’est pas juive et possède un prénom aux consonances arabiques. La mère d’Eitan est la première à réagir à la nouvelle en analysant son fils avec son expérience de psychologue. Par la suite, Etgar, le grand-père tente de désamorcer la situation en montrant son soutient à Eitan avec son éternelle volonté d’éviter les conflits. David, le père d’Eitan est le dernier à réagir à cette nouvelle qu’il prend comme une trahison de la part de son fils. C’est Wahida qui raconte ce repas à Leah, l’ex-femme d’Etgar et la mère de David.

Pour créer des costumes, il faut selon moi, comme le dit le document C, s’adapter aux « besoins du comédien » et « accentuer la personnalité du personnage » en montrant le plus simplement et naturellement possible son histoire et sa manière de la surmonter. Je suis aussi de l’avis du document B et je trouve que les couleurs et la lumière sont très importants dans la création d’un personnage mais aussi d’une cohérence globale au niveau de la pièce. Il arrive par ailleurs, lorsqu’on lit une pièce ou même un roman qu’une couleur vienne naturellement à l’esprit devant un personnage puisque nous associons, consciemment ou non, les couleurs avec des caractères, des émotions.

1.      Norah

Norah est une mère, elle a vécu en Allemagne de l’Est avant la réunification des deux Allemagnes, elle dit à un moment dans le texte, après la scène du Seder, « c’était rare le chocolat à l’Est ». Elle a donc eu des débuts dans la vie sûrement assez pauvres et coupés du monde occidental, on peut donc supposer que sa ‘’vengeance’’ ai été de réussir dans la vie. Elle est devenue psychologue sûrement à cause du choc qu’avait été la découverte de sa religion juive dans son enfance.

Je vois Norah plutôt stricte et de la vieille école, elle est psychologue, même avec sa famille elle garde toujours le lien avec ce qui la rend puissante, sa capacité à analyser les personnes et leurs comportements et on le voit dans la scène du Seder quand elle dit « j’en vois défiler tous les jours dans mon cabinet », ou encore, « il parle de culpabilité en tant qu’émotion structurante », ce jargon de professionnelle continue dans toute la scène.

Le costume de Norah serait plutôt sombre selon moi pour rappeler son professionnalisme, un tailleur noir sûrement, bien ajusté avec en dessous, un chemisier en soie blanche pour contraster avec le noir et montrer une certaine classe sociale. De plus le blanc est souvent associé au corps médical. On peut aussi imaginer une originalité supplémentaire pour marquer l’occasion de cette fête religieuse à New York chez son fils. Une parure de bijoux en or avec peut-être une broche bijou accrochée à son blazer ou dans ses cheveux, cette broche représenterait un animal ailé, je verrai bien un oiseau coloré, comme le martin pécheur sur l’image ci-dessous, car le bleu de cet oiseau représente la sagesse et la foi de Norah. ( TB)

2.      Wahida

Wahida est une jeune étudiante à la recherche de réponses. Elle use du prétexte de sa thèse pour essayer de se comprendre elle-même et de trouver une preuve qu’elle ne se cache pas qui elle est. Elle est amoureuse d’Eitan, a un tempérament passionné, mais derrière cela se cache l’envie de faire disparaître ses origines. Elle-même dans la scène quand elle dit « Jeune femme qui ne tient rien dans ses mains. Ou presque rien. Une thèse sur un obscur diplomate du XVIème siècle » l’avoue à demi-mot.

Wahida est un personnage important qui doit être mis, elle veut représenter l’amour, la volupté, la femme désirable et désirée, sa couleur est indéniablement le rouge, le rouge de l’amour, le rouge du sang, de la destruction et de la guerre. Etant étudiante, mon premier avis serait de mettre un jean bleu basic, un t-shirt noir et des tennis blanches à Wahida pour la vie de tous les jours comme elle en porterait sûrement pour partir à la découverte de Jérusalem et trouver Leah. Cependant il ne faut pas oublier qu’elle fait partie de la scène à part entière. Je verrais donc une transition avec un ajout d’une pièce à son costume de base, une veste de blazer rouge, dans une coupe ‘’over size’’ c’est-à-dire pas taillée près du corps et plutôt longue qui pourrait donner l’impression d’une robe. On peut imaginer qu’elle prend cette veste de sur la scène et l’enfile comme si elle se mettait dans la peau de la jeune fille qu’elle était alors ce jour-là, on peut aussi penser au rajout d’une ceinture pour marquer sa taille et ainsi rester dans son optique de femme fatale. On peut aussi imaginer un changement de coiffure, passer de cheveux détachés à attachés avec un ruban en satin de la même couleur que la veste et qui pourrait être chez ce personnage un accessoire-signe. (TB)

3.      Leah

Leah est un personnage très complexe. C’est une mère brisée, une femme forte au sale caractère, mais elle reste une mère avant tout et pleure le départ de son fils. Elle veut protéger ceux qu’elle aime même si elle n’a pas su le faire par le passé. « Tu n’aurais pas dû attendre, tu aurais dû sonner, entrer, enlever l’homme que tu aimes et partir sans te retourner » On sent là son regret de ne pas avoir fait la même chose autrefois.

Quand je pense à Leah, je vois l’acidité, le regret, la douleur. Je vois un beau jaune tournesol, magnifique quand il y a du soleil et flétri quand celui-ci disparaît. Le soleil est représenté par ceux qu’elle aime, son fils, puis plus tard on voit qu’elle s’attache à Wahida, elle sort de son amertume. Leah étant chez elle dans cette scène on peut se dire qu’elle porte quelque chose de confortable, un jean sombre avec un pull fin de ce fameux jaune tournesol et peut-être une petite écharpe de la même couleur ou un poncho, avec des pantoufles noires.

4.      Etgar

Etgar est un rescapé, tout comme Leah, mais pas de la même façon. Il a beaucoup fui dans sa vie, l’Allemagne d’abord, puis Jérusalem ensuite. Il n’a jamais vraiment trouvé de chez lui. C’est un ancien soldat qui a vu la violence et cherche à l’éviter autant que possible dans son quotidien, on le voit à sa manière de réagir lors du repas du Seder ; en donnant son soutien à Eitan il pense désamorcer le conflit parce qu’il a vécu la Shoah et que sa voix, son expérience font foi. Etgar est plutôt âgé.

Comme la scène du Seder représente un moment religieux important pour les juifs, les hommes doivent porte la kipa dans ce contexte. En matière de costume, je vois des couleurs très terreuses pour Etgar pour rappeler son passé militaire, un pantalon en velours brun, un pull en grosses mailles vert sombre et des chaussures en cuir brun clair. Pour montrer son âge je voyais des grosses lunettes qui accentueraient son allure de grand-père sympathique.

5.      Eitan

Eitan est un jeune homme à l’esprit très cartésien, il cherche toujours la logique, des preuves. Et il est follement amoureux de Wahida. Il sait pertinemment que sa famille ne l’acceptera jamais, mais il veut qu’ils sachent ; cette volonté de savoir qu’est la sienne doit aussi être celle des autres. En tant scientifique, il est très rigoureux, il veut faire les choses comme il faut.

Eitan étant très stressé d’annoncer à ses parents qu’il est amoureux, il a dû faire beaucoup d’efforts dans son habillement, un costume sombre bien coupé avec de fines rayures blanches, une chemise blanche, une kipa de la même couleur, encore une fois le blanc représente ici la science et la médecine. Mais surtout, une cravate rouge pour rappeler la couleur de l’amour, de la passion, de Wahida, mais aussi de la guerre et de la future destruction de leur couple maudit à la manière de Roméo et Juliette.

 

Dans l’ensemble des costumes, mais aussi de la mise en scène je me suis inspirée d’un décor que j’ai beaucoup fréquenté dans mon enfance, le Colorado provençal, où toutes les couleurs d’ocres se mélangent montrant la diversité et leur présence dans un même endroit, la richesse des couleurs, et leur accord sur un même tons, celui-ci des couleurs proches de la terre, comme le brun, le vert, le jaune, montre un lien important avec la nature que j’ai perçu dans la pièce ( Il faudrait le démontrer davantage ce lieu avec la nature car ce n’est pas si évident que cela.) dont le titre est tout de même évocateur puisqu’il parle de Tous des Oiseaux.

Bac Blanc : 2ème partie sujet sur les costumes du Seder: proposition d'Anaïs

 

  Nous allons nous interroger sur la question du costume au théâtre, puisque lors d’un spectacle, il est important d’apporter une bonne gestion des costumes, qui s’accordent à la personnalité du personnage, mais aussi aux comédiens qui les interprètent. Les costumes nous offrent un supplément visuel, mais peuvent également nous permettre de cerner d’avantage les personnalités présentes.
  Nous allons, aujourd’hui, nous concentrer sur la scène 7, intitulé « Le Seder » de Tous des Oiseaux. C’est une scène qui se passe à New-York, chez Eitan, un jeune juif éperdument amoureux d’une arabe, Wahida. Il convie sa famille pour leur présenter son amour. Cependant le repas, ne se passe pas comme prévu, le père d’Eitan tient des propos déplacés envers Wahida, c’est ainsi qu’Eitan décide de faire des test ADN avec les couverts du repas, car il est persuadé de ne pas être le fils de David. Mais à sa grande surprise il découvre qu’il l’est réellement, son fils, cependant David n’est pas le fils d’Etgar. Cette scène a de nombreux éléments qui sont présentés que nous devons respectés.( Pas très bien formulé) En effet, Le Seder, est un repas cérémonial et religieux juif, qui comprend la lecture de textes, la consommation de vin, des histoires, la consommation d’aliments spéciaux. C’est un rituel hautement symbolique pour les juifs. Elle vise à faire revivre à ses participants, l'accession soudaine à la liberté après les années d'esclavage en Égypte des enfants d'Israël. Le fait que cette cérémonie soit sacrée, nous permet déjà de visualiser certains costumes. Il est primordial que les tenues soient élégantes. De plus, il y a des accessoires qui se réfèrent particulièrement à cette fête religieuse. En tant que metteur en scène, j’estime important de prendre toutes ses informations en considérations afin de rendre davantage réelle la pièce, et de bien transposer le rituel. Mais, pour créer les costumes, je prends également en compte, toutes les informations que nous pouvons apercevoir dans les paroles des personnages, afin que leurs costumes s’accordent parfaitement avec leurs singularités. Ainsi, je pense concevoir mes costumes sur la même voie que le fait Emmanuelle Thomas costumière de Tous Des Oiseaux. En ce sens je ferais ce qu’il faut pour « accentuer la personnalité du personnage : rigidité, tendresse, jeunesse etc… ». Mais, bien entendu, par l’emploi du verbe accentuer, je ne veux pas dire que les costumes cacheront la personnalité, ils ne feront que s’y accorder.

 

Je vais en premier lieu décrire le costume de Norah. Elle est représentée dans la scène du Seder, comme étant un peu stricte. Mais nous voyons aussi qu’elle essaie de calmer le jeu entre Eitan et son mari. Le texte nous montre également que Norah est une psychologue, on le remarque par la phrase d’ Eitan « maman, merde, je suis ton fils pas ton patient ». Ainsi que la phrase de Norah « l’absence de culpabilité est la caractéristique du psychopathe pour qui l’autre n’est qu’un objet. J’en vois défiler tous les jours dans mon cabinet ». Pour montrer son côté strict, je décide de l’habiller avec une veste de blazer noir, et aussi je lui mettrais un chemisier en satin, avec un col en V pour montrer qu’elle est ouverte, ou du moins plus ouverte au discours de son fils sur son amour entre lui et une arabe, que l’est David. Pour la couleur j’opte pour la couleur crème, puisque nous le voyons dans le texte lorsqu’elle dit à David « arrête aussi de le provoquer ! Arrêtez ! Ça me rend malade de vous voir comme ça ! Qu’il l’aime merde, qu’il l’aime ! ». D’une part elle soutient son mari, mais elle comprend également son fils, car elle aussi pour être avec David elle est allée à l’encontre de l’avis de son père. Ainsi elle essaie d’apaiser les tensions entre son fils et son mari, c’est pour cela que je choisis une couleur douce. Pour contrebalancer, avec le blazer et le chemisier, qui fait plus strict, j’opte pour un pantalon tailleurs, large et fluide. Cela pourrait également montrer qu’elle est un petit plus passible ( adjectif mal choisi) sur l’idée de son fils, cependant elle n’en est tout de même pas ravie, et elle garde quand même une certaine rigidité. J’accentuerais cela alors, à l’aide de sa coupe de cheveux, puisque je décide de lui faire un chignon banane. Je lui ajouterais également des talons. Elle est dans une tenue classe, mais qu’elle pourrait utiliser pour aller au travail, car elle semble avoir du mal à faire une rupture entre ses patients et son fils. Pour finir, pour le côté fête du Seder, je lui ajouterai des boucles d’oreille pendantes très fines et épurées, comme le dit Emmanuelle Thomas, il faut travailler le détail. ( Bien)

 


 

  David, lui, sera vêtu très simplement mais tout en restant classe, car il est à la fête du Seder, étant un rituel sacré, et hautement symbolique, il se doit d’être bien habillé. Cette fête nous donne immédiatement des pistes d’accessoires à respecter. En effet, il faudra que David porte une kippa, pour honorer sa religion juive, et faire hommage à l’anniversaire de la liberté des esclaves d’enfants Israéliens, en Egypte. Il faut également représenter le livre de prière de Pâques.
Ensuite, je l’habillerais à l’aide d’un costume, qui, lui, sera entièrement noir. Je choisi la couleur noire, pour montrer la haine qu’il a en lui, mais aussi le rejet, et l’obscurantisme, l’absence de savoir par rapport à ses réelles origines. Je choisis, également cette couleur pour que le noir contraste avec ma scénographie. Effectivement, sur ma scénographie, j’aurais des pans de mur, plutôt clairs. Effectivement comme le dit George Banu les costumes interviennent également au « niveaux des relations avec l’espace », c’est-à-dire avec l’environnement qui l’entourent, donc la scénographie.  Ainsi le fait que David soit en noir, cela permet réellement un contraste, et on pourrait identifier cette couleur foncée qui se démarque, comme un obstacle pour Eitan. 
Sa veste ne sera sur lui qu’au début, mais dès lors qu’il commence à s’énerver, il l’enlèvera pour que l’on voie davantage sa cravate qui sera rouge. Effectivement la costumière de Tous des Oiseaux explique que le choix des couleurs est important. Pour David, le rouge signifiera l’agressivité et l’impulsivité, ainsi que la haine. Il aura également, des chaussures de costumes noir, avec encore une fois des lacets rouges, pour accentuer l’idée précédente, et montrer qu’il est coincé dans cette agressivité, haine de l’étranger, il est enlacé à cela. Le fait que ce soit sur les lacets, et la cravate, cela est plus discret, et permet de travailler les détails, mais cela fait aussi un contraste avec le noir de son costume.
Pour finir, je lui mettrai également une bague au doigt, type chevalière, pour exprimer le fait qu’il reste accroché à son avis, c’est-à-dire qu’il n’est pas d’accord que Wahida entre dans la famille, et il repousse tout les propos d’Eitan, qui essaie de lui faire accepter la jeune arabe. Cet avis est ancré, David est décidé sur son choix et cela ne changera pas, il est positionné comme une bague aux doigts. (Bien)

 

  Pour le costume de Leah, nous n’avons pas besoin de l’habiller classe, puisqu’elle n’est pas présente au repas du Seder. En effet, nous somme dans une collision temporelle, et nous sommes donc chez elle à Jérusalem, et c’est Wahida qui lui raconte l’évènement du Seder.
Elle est donc plutôt décontractée, elle peut être vêtue d’un pantalon cigarette rayé, car comme l’exprime Emmanuelle Thomas il faut travailler sur les lignes, et le fait qu’il y ait des rayures peut représenter les juifs de la shoah. Avec cela, elle aurait un t-shirt blanc simple et loose, pour ne pas en faire trop. Mais j’imagine également une autre tenue pour Leah. Et je verrais Judi Dench, pour interpréter Leah, donc je vais travailler sur elle le costume. Je garde l’idée du pyjama, puisque Leah est chez elle, et ne cherche donc pas à s’apprêter, de plus elle va revenir dans la vie de sa famille, donc c’est comme un réveil pour elle. Je déciderais alors d’habiller Judi Dench, à l’aide d’une chemise de nuit de couleur bleu foncé, puisqu’avant l’arrivée de Wahida elle était inconsciente de tout ce qui se passait dans sa famille. Maintenant elle commence à en avoir connaissance, donc au lieu d’avoir un pyjama noir qui montre réellement l’obscurantisme, il sera plus clair afin de montrer un début de connaissance. Avec, cela elle aura un peignoir, et des pantoufles, pour accentuer l’idée de pyjama. Et pour accentuer l’idée de l’âge elle portera des bigoudis. (Bien)

 

   Passons maintenant, au costume de Eitan. Il aura un costume beaucoup plus décontracté. En effet il portera une chemise bleue très claire, qui s’accordera à la robe de Wahida. Mais aussi bleu, puisque c’est synonyme d’évasion, il veut s’émanciper de l’avis de ses parents, et vivre pleinement son amour avec Wahida. Mais aussi car en Egypte, le bleu est une couleur liée à la vérité, et c’est ce que fait Eitan durant ce repas du Seder, il avoue la vérité à ses parents, et leur dévoile ses sentiments pour « l’ennemi ». En bas, il aura un jeans montrant le dynamisme, et la décontraction de la jeunesse, et pour accentuer l’idée de la jeunesse je lui mettrais des Stan Smith blanches. Il aura une kipa, cependant il se rebelle, donc il ne la portera pas toute la scène. On peut imaginer qu’il l’enlève lorsqu’il dit « de toutes les façons je ne vous demande pas votre bénédiction ». Pour les accessoires il aura besoin en fin de scène, de sac et de gants pour prélever l’ADN sur les couverts de sa famille.

 

Pour finir, nous allons voir le costume de Wahida. Je décide de l’habiller classe, car elle devait aller au repas du Seder, rencontrer les parents de Eitan, et ainsi elle voulait faire bonne impression, c’est pour cela qu’elle soignerait sa tenue. Elle sera donc vêtue d’une robe fluide et patineuse. La couleur de sa robe sera bleu pastel, s’accordant à Eitan, mais aussi car elle est pacifiste et ne veut pas faire de conflit au près de la famille d’Eitan. Nous le voyons, lorsque dans le texte, quand elle raconte à Leah, elle précise qu’elle n’a pas voulu entrer, et elle a attendu 1h dehors, pour éviter d’aggraver la situation mais aussi, puisqu’elle avait peur de rentrer. Avec cela, elle aura une étoffe dans les tons clairs, pour qu’elle se fonde dans le décor des pans de mur, qui seront eux aussi clairs. Effectivement, elle est comme effacée, car elle est sur le seuil de la porte, ne peut participer au repas, mais aussi parce que David préfèrerait qu’elle n’existe pas. Cela permet aussi de montrer la collision temporelle, puisqu’elle assiste à deux scène, donc nous pouvons imaginer qu’au départ lorsqu’elle raconte à Leah, elle est sur le seuil de la porte, et le fait qu’elle s’efface un peu dans le décor, montre aussi le passé de la scène, une sorte « de fantôme du passé ». Par la suite elle rejoindra Leah. 
Elle aura de longs cheveux bouclés et lâchés pour représenter sa « beauté fatale ». Et au niveau des chaussures elle portera des tennis.
Puis pour reprendre l’idée de la costumière de Tous des Oiseaux, lorsqu’elle dit qu’il faut travailler sur les détails, j’ajouterais à Wahida une montre pour interpréter lorsqu’elle dit que cela fait une heure qu’elle était sur le seuil de la porte. Et je lui ferais également porter un bracelet fin où deux cercles s’entrelacent, étant synonyme de l’amour entre elle et Eitan, mais aussi pour représenter l’espoir d’une union entre les deux camps, à savoir juif et arabe.   


 

   Pour conclure, il est important que les costumes soient en accord avec la mise en scène, mais surtout avec les comédiens, puisqu’ils doivent se sentir à l’aise lorsqu’ils jouent. Il faut aussi qu’un costume parle de lui-même et interprète la personnalité du personnage, sans pour autant cacher cette dernière, qui est déjà existante grâce au texte. C’est pour cela qu’il faut penser également aux détails.

( Excellent traitement du sujet sur les costumes du Seder. Bien justifié à la fois par le texte et les références aux écrits qui accompagnaient le sujet.)