Grandes tendances du Théâtre Contemporain ( d'après l'introduction de Mme
Agnès Heyer, prix Koltes TNS)
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Héritages de Brecht/ Beckett ( Faites une recherche sur ces deux auteurs.)
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Brecht : théâtre épique, importance du
récit, de la narration ( Cherchez une définition précise de la notion de "théâtre épique" brechtien)
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Beckett : évidement de la fable de toute
anecdote, langage minimaliste, restreint.
-Usages contrastés du dialogue et du monologue. Dialogue
polyphonique, plusieurs voix en une, dimension chorale.
-Influence du roman moderne : récit qui prend beaucoup
de place.
-Auteur souvent très présent ( pas forcément dans les 3
œuvres du prix, un peu plus autobiographique pour la Chute des comètes et des
cosmonautes.)
-Fin de la notion de conflit dramatique mais dramatisation de
la vie : la vie toute entière en elle-même est considérée comme drame.
-Personnage confronté à son histoire mais pas forcément de
« crise », de moment paroxystique.
-Discontinuité, remise en cause de la structure de la fable,
récit par fragments disjoints, partition à recomposer, puzzle…
-Dire le monde par la brisure, le non dit. Question de point
de vue. Travail de montage à faire par le lecteur, spectateur .
-Forme rhapsodique du verbe grec qui signifie «
coudre » : drame-récit-poème à recoudre ensemble ( concept de
Sarrazac)
"Rhapsodie". C'est dans ce que Jean-Pierre
Sarrazac nomme le "théâtre des possibles", où coexistent et
s'ajoutent les contraires, où tout est placé sous le signe de la polyphonie que
le travail rhapsodique de rapiéçage et de conjointure prend tout son sens,
engendrant dans les écritures contemporaines la structure d'un "montage
dynamique".
La Rhapsodie : Concept initié et développé par
Jean-Pierre Sarrazac dans L’Avenir du drame (1980), la rhapsodie correspond au
geste du rhapsode qui signifie «coudre ou ajuster des chants». Cette notion
apparaît donc liée au domaine épique, celui des chants et de la narration, en
même temps qu’à des procédés d’écriture tels que le montage, l’hybridation, le
rapiéçage, la choralité .La rhapsodie se caractérise par un kaléidoscope des
modes dramatique, épique, lyrique, par une écriture en montage dynamique,
percée d’une voix narratrice et questionnante, dédoublement d’une subjectivité
tour à tour dramatique et épique (ou visionnaire).Un tel geste d’écriture donne
lieu à une nouvelle distribution de la parole. Ce désemboîtement, terme
emprunté à Jean-Pierre Ryngaert fait coexister dans l’espace scénique des
espaces voire des temps différents.
-Travail de collage, inclusion d’éléments hors de la diégèse ( l'histoire racontée)
à proprement parlé ( ex la mère en dehors de l’histoire de la rencontre des
trois ado dans Chéries de l’ombre, discours à la radio dans Les Inamovibles)
-Crise du personnage : pas de noms propres, disparition
du caractère au sens psychologique du terme, perte d’identité, étrangeté à soi,
absence aux autres, personnage qui peut être polyphonique : plusieurs voix
en lui cf Chéries de l’ombre, personnage en question plus qu’en action. Cf
notion d’impersonnage , visage sans traits.
La narration : des acteurs-rhapsodes Avec la narration,
le statut de l’interprète évolue vers un statut d’acteur-conteur voire
d’acteur-performeur: il porte la parole plus qu’il n’incarne un personnage, il
s’adresse directement au public, sans quatrième mur. Il renoue avec la figure
de l’aède ( le poète chanteur de l'Antiquité) ou du conteur.L’acteur est un «rhapsode» comme le nomme Jean-Pierre
Sarrazac, un témoin, un passeur, un porteur. Le poème passe à travers lui, le
traverse, il porte une parole qui le dépasse, une parole politique capable de
nous toucher au cœur. Jean-Pierre Sarrazac forge la notion d’«Impersonnage»
dont l’identité de témoin est «transpersonnelle»: «L’Impersonnage est le témoin de sa
propre vie, vie non pas individuelle et fixée mais nomade et transpersonnelle.
Il est le martyr –martus, en grec, signifie témoin. Un témoin, c'est-à-dire,
comme chez Brecht, un tiers, qui témoigne non plus pour le Christ mais pour
l’Homme.[...] le personnage du drame tend vers le neutre, l’impersonnel ou le
transpersonnel. [...]C’est en cela précisément qu’il accède au statut de
témoin. Personnage-rhapsode ou personnage-témoin, il se pose en tiers
–testis–par rapport à lui-même.»
Reprenant l’idée d’« impersonnel » aux écrits
théoriques de Mallarmé, J.-P. Sarrazac forge le concept
d’« impersonnage », signe d’un « passage au neutre »
caractérisé par ces symptômes : sentiment d’étrangeté à soi‑même,
catalepsie, évanouissements, absence aux autres et à soi‑même, personnalités
multiples… L’impersonnage incarne une humanité morcelé, discontinuée, multiple,
transgressive
-Variations autour du monologue : plongée dans
l’intériorité, pas psychologique, abysse, subconscient, inconscient. Travail
sur la langue, poésie, méditation intérieure, dialogisme intérieur.
-Dialogues souvent épurés, langue concrète, crue qui peut
choquer par rapport à l’idée de la belle écriture .
-Liberté formelle totale. Plus de canons, de règles obligées.
Par conséquent gros travail pour le lecteur ;
-Nouveau statut des didascalies : souvent pas seulement
instrumentales, poésie, écriture : comment les rendre au plateau ? le
faut-il ?
-Travail sur la temporalité : discontinuité,
simultanéité, collisions temporelles, retours en arrière pas tout de suite
compréhensibles, éclatement de la chronologie qu’il faut recomposer. Partition
avec des « temps » des « pauses », quelque chose de
rythmique, de musical.
-Oralité : langue épurée mais aussi flamboiement lyrique, mise en valeur d’une écriture particulière
que l’acteur doit faire entendre. Sonorités, mastication du verbe, faire
entendre la langue inscrite dans le corps : parfois mots crus, langue
bousculée par la théâtralité.
( les textes ont cependant été pensés
pour le plateau, faits pour être dits, joués.)
Vous voyez que vos aviez trouvé beaucoup de caractéristiques du théâtre contemporain par vous mêmes.N'oubliez pas d'envoyer vos questions.