vendredi 29 mai 2020

Première: La version de La Cerisaie du metteur en scène Thibaut Wenger

Une 2ème captation d'une mise en scène de la Cerisaie beaucoup plus récente que celle de Peter Brook, c'est vraiment intéressant de pouvoir comparer.

Interview video
Dans «le plus beau domaine du monde», célèbre pour sa cerisaie, l’émotion et l’excitation sont à leur comble en cette douce nuit de mai. Lioubov, la propriétaire, revient à la maison !
Lioubov avait quitté le domaine après la noyade de son petit garçon Gricha. Douniacha, la servante, Lopakhine, le marchand, Gaev, son frère, Varia, sa fille adoptive, Charlotta, la gouvernante, Firs, le vieux laquais, Pichtchik, un propriétaire terrien voisin, tous attendent impatiemment son arrivée. Même Pétia Trofimov, le précepteur de Gricha, est là pour la saluer. Lioubov arrive accompagnée de sa fille, Ania, et de son valet, Yacha. Tous se livrent aux joies des retrouvailles et au jeu des souvenirs.
Le lendemain, en se promenant sur le domaine avec son frère, la blancheur éclatante des fleurs des cerisiers et une légère brise qui les fait onduler, persuadent Lioubov que les anges y habitent, que l’ombre de Gricha s’y promène et que sa mère est revenue d’entre les morts.
Mais les temps ont changé. Lopakhine, dont la famille pauvre était au service de celle de Lioubov, s’est considérablement enrichi. Il lui apprend que durant son absence, les dettes se sont accumulées, que la cerisaie ne rapporte plus, que le domaine doit être vendu ou qu’il faut le raser pour y lotir des villas à louer…
La Cerisaie cependant ne se résume pas à la nostalgie d’un monde englouti; elle dépeint un tableau de vie qui repose sur l’éternelle opposition entre ceux qui, mélancoliques et indolents, restent attachés à un passé qu’ils embellissent en occultant les réalités du présent ; ceux pour qui il faut vivre selon ses aspirations profondes ; ceux qui éprouvent un vertige à regarder vers l’avant ; ceux qui aspirent à sauter dans une vie nouvelle par le travail, l’esprit d’entreprise, le goût du lucre ou le recours à la froide raison.
110 ans après sa création, l’oeuvre est toujours aussi troublante et forte. Est-ce parce qu’elle dessine cette « parabole éternelle sur le destin de l’être humain » pris dans l’entre-deux de l’ancien et du nouveau, de la beauté et du progrès, du rêve et de la réalité, d’un passé qui a tout dit face à un avenir empli d’inconnu et donc de promesses ?
Entre la première pièce de Tchekhov, Platonov (ou presque), qu’il met en scène au Théâtre Océan Nord et la dernière à laquelle il s’attelle à présent, Thibaut Wenger fait un lien.
La Cerisaie, dit-il, est tout à la fois la fin d’un cycle qui se trouvait déjà dans Platonov, et le début d’un autre, une ouverture. Tchekhov disait : « Après, j’écrirai autrement » et projetait,d’écrire une pièce sur le silence et le Pôle Nord. Je trouve dans la polyphonie en creux de cette déjà pièce-paysage qu’est La Cerisaie, une douceur, une fragilité. Un mobile singulier, habité par un réseau de signes et de spectres convoqués dans un temps rêvé, celui de l’enfance. Un nouveau continent de nuits blanches et de secrets.
Je rêvais depuis longtemps de mettre en scène cette fête manquée, à contretemps, où l’on badine alors que dehors le monde explose. On y convoque une dernière fois la communauté d’inadaptés improductifs et ruinés du vieux monde tchékhovien, de négligents obsolètes oubliés par l’Histoire. Ils ont un drôle de problème diffus et, insoluble dont ils attendent l’improbable résolution, tout au long d’une révolution immobile des saisons. Ces grands enfants distraits, perdants fauchés, c’est aussi un peu nous ; cette maison, dont les exilés porteront la mélancolie, notre théâtre aujourd’hui.

Nous nous retrouverons au lycée sans doute le 8 juin après-midi pour en parler.

Terminales l'an prochain: Tartuffe de Braunschweig

La mise en scène du Tartuffe de Braunschweig fait partie du programme de l'an prochain:
il analyse l'oeuvre sur France Culture cette semaine: Le Tartuffe de Molière par Stéphane Braunschweig

Prenez des notes et mettez les dans votre nouveau carnet de bord!

Voici la captation de ce spectacle: Tartuffe mis en scène par Braunschweig

Vous avez vu de lui la captation des Trois soeurs de Tchékhov. Vous pouvez noter à quoi vous reconnaissez sa patte de metteur en scène.

jeudi 28 mai 2020

Premières, fini le stress de l'oral de français!

Vous allez pouvoir vous remettre sereinement au théâtre. j'attends vos projets de mises en scène de Le Marteau et la Faucille!
Vive la création artistique!

Terminale Rappel classe virtuelle vendredi 29 mai à 10h30

Bonjour les filles, nous nous retrouvons demain pour une nouvelle classe virtuelle sur l'oeuvre de Julien Gosselin Le Marteau et la Faucille et sur les caractéristiques du théâtre contemporain.

En complément de Désobéir, Du sale de Marion Siefert

Une jeune metteuse en scène qui a bénéficié du même dispositif du théâtre d'Aubervillier: pièce d'actualité. Voici un documentaire sur la préparation du spectacle bloqué par le confinement:
création de Du Sale

Marion Siefert explique tout le processus de son projet. 

Comment créer en période de Covid? Wajdi Mouawad nous associe au processus.

Depuis le 18 mai , Wajdi Mouawad a repris les répétitions pour son prochain spectacle. Il nous livre son carnet d'apprentissage et nous fait partager la réflexion de son équipe.
Pour vous montrer que les professionnels aussi tiennent des carnets de bord, s'interrogent, notent leurs idées.
Entrez dans le processus de création de Wajdi: Carnet d'apprentissage

Premières et terminales: Le Marteau et la Faucille mise en scène de Julien Gosselin, travail à faire pour l semaine du 25 au 30 mai

Le mardi 26 mai, vous auriez dû voir à la Comédie de Colmar Le Marteau et la Faucille , mis en scène par Julien Gosselin, l'un des metteurs en scène français les plus en vues du moment et qui fait une oeuvre singulière en adaptant au théâtre des romans. Le Marteau et la Faucille est une sorte d'extrait d'un spectacle de plus de 9h inspiré de trois romans de Don de Lillo Joueurs/Mao II/Les Noms présenté au fesival d'Avignon 2018.Julien Gosselin explore de façon très approfondie l'univers de cet écrivain.

Il n'existe pas de captation de ce spectacle mais cela n'empêche pas d'en rêver.

Je vous propose de lire la nouvelle de Don de Lillo, un auteur américain que le spectacle adapte et d'imaginer la mise en scène que vous pourriez proposer. Ce sera l'exeercice pour la semaine du 25 au 29 mai.Envoyez moi votre projet de mise en scène, votre note d'intention à la fin de la semaine prochaine au plus tard.

Texte de la Nouvelle à lire sur le site de Libération

Site de la compagnie de Julien Gosselin   
au drôle de nom Si vous pouviez lécher mon coeur.

Sur le site du Théâtre Contemporain: teaser du spectacle.

Emission de radio Don De Lillo dans le théâtre de Julien Gosselin  (45mn)

Julien Gosselin lisant un texte de Marguerite Duras

mardi 26 mai 2020

Olivier Py parlant de Hamlet sur France Culture

Tous les philosophes ont plié le genou devant Hamlet

Première: Lieu de représentation de la Cerisaie de Brook: Le théâtre des Bouffes du Nord

Il est des lieux de théâtre que vous devez connaître car ils ont une dimension quasi mythique: la Comédie Française, La Cartoucherie de Vincennes d'Ariane Mnouchkine, le Théâtre du Peuple de Bussang, la Cour d'honneur du Palais des Papes à Avignon etc ( Faites une recherche si vous ne les connaissez pas!)

Le théâtre des  Bouffes du Nord dans le 18 ème arrondissement fait partie de ces lieux de théâtre incontournables. C'est là que Peter Brook a pu déployer son travail pendant des décennies.
Histoire du Théâtre des Bouffes du Nord

La scénographie de la Cerisaie utilise le théâtre quasi tel qu'il était en 1981 avec simplement quelques accessoires et objets scéniques.
Les tapis dont j'ai parlé dont les motifs floraux peuvent évoquer le jardin de la Cerisaie et qui sont changés selon les actes par ex dans le troisième le tapis est plus neuf, plus adapaté aux festivités et dans le dernier actte, celui du départt le stapis sont roulés et l'on voit le béton nu de la scène.
Le tapis est un élément cher à Brook qui l'emprunte aux traditions asiatiques , orientales et africaines: on s'installe sur le tapis et on raconte.  IL ya des lignes hors du tapis / sur le tapis.
La plupart des accessoires sont présents en tant qu'éléments de jeu pour l'acteur et disparaissent ensuite comme par exemple l"armoire célébrée par Gaev qui est au départ recouverte d'un drap comme le fauteuil et qui est dévoilé par l'acteur Michel Piccoli au moment de sa tirade.Mais je vous demande de lister tous les autres.

Analyse de Harlem Quartet: Myriam Liquier


Analyse de spectacle Harlem Quartett

            Voilà maintenant plus de deux mois que je n’ai plus joué au théâtre. Plus que de deux mois que je ne suis pas retourné au théâtre. Plus de deux mois que je n’ai pas pu vivre de théâtre de manière physique et concrète, tout simplement. Le coronavirus a envahit le monde, bouleversant nos quotidiens, nos habitudes, nos relations avec les autres. Nous voilà confinés chez nous à devoir apprendre ou réapprendre à vivre ensemble. Même si l’aspect physique du théâtre n’est plus là pour le moment, je n’ai pas coupé tout lien avec lui. En effet, j’ai eu la chance de pouvoir regarder une captation de la pièce Harlem Quartet  sur le site de la Comédie de Caen. C’est avec dynamisme, vivacité et au rythme entêtant des chanteurs de gospel que Elise Vigier propose une adaptation théâtrale toute en couleurs du bestseller de James Baldwin, Juste above my head ou Harlem Quartet écrit en 1979. On y retrouve l’histoire saisissante de Hall Montana, de ses amis et de sa famille dans une communauté noire du Harlem des années 50 et 60. James Baldwin y retrace l’histoire d’une Amérique rongée par les questions raciales et le mépris des minorités avec une réalité et une émotion peu commune. Le spectacle est riche de joies et de tristesses et mêle la vidéo (avec des images du Harlem d’aujourd’hui prisent par Elise Vigier au début de la création du spectacle) à la musique live composée par Saul Williams. Une partition mêlant musique originales, sons d’archive et chants traditionnels de la communauté afro-américaine. Les différents personnages sont joués par des acteurs de haut vol : Ludmilla Dabo, William Edimo, Jean-Christophe Folly, Nicolas Giret-Famin, Makita Samba, Nanténé Traoré et les musiciens, Manu Léonard et Marc Sens. Elise Vigier nous pousse dans une immersion dans le texte de Baldwin et nous propose de suivre l’évolution de personnages attachants dont les parcours et les histoires font étrangement écho aux problématiques actuelles de racisme et de discrimination.

            Afin d’analyser au mieux cette captation, nous commencerons par étudier décrypter la scénographie avant de nous pencher sur le travail des acteurs et le parti pris d’Elise Vigier.
La vidéo ne donne aucune information sur le contexte dans lequel a été filmé la captation. La date et le lieu exact où a été joué cette version d’Harlem Quartet .Toutefois, on peut dire avec certitude que la pièce a été joué sur un plateau de théâtre. Le rapport entre la scène et les spectateurs est frontal, c’est- à- dire que le plateau se place directement en face du public. La captation théâtrale ne propose cependant pas la même approche du spectacle que lors d’une “vraie” représentation. Effectivement, la caméra qui filme alterne entre plans d’ensemble et gros plans. Même si le théâtre est un art “vivant” et qu’il est donc fait pour être vécu en “live”, ce procédé permet malgré tout au spectateur de prêter plus d’attention à des détails qu’il n’aurait peut être pas pu apprécier en tant normal comme par exemple l’émotion sur un visage ou le mouvement subtil d’un acteur.
A première vue, l’espace scénique paraît des plus classiques: un plateau vide avec un fond noir. Toutefois, dès lors que l’on s’approche un peu et que la représentation avance de plus en plus, on remarque des choses qui ne cessent de nous étonner: des musiciens lives qui jouent en haut à gauche du plateau, un fond qui se transforme en mur de projection et qui s’ouvre soudain pour laisser place tour à tour à une chambre puis une autre époque ou un autre personnage. En réalité, le fond du plateau se trouve être effectivement des panneaux que l’on peut déplacer, ouvrir et fermer pour pouvoir créer les différents espaces nécessaires à l’histoire. L’espace scénique est donc évolutif et change au gré des souvenirs de Hall Montana qui oscillent entre l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Chacun de ses lieux ou “espaces temps” est accompagné d’accessoires et d’objets théâtraux qui servent de repères ou d’ancrage pour le spectateur. On retrouvera ainsi tour à tour une table, un lit et un canapé. Loin du théâtre naturaliste de Zola, ce choix de mise en scène penche plutôt vers un certain minimalisme qui n’ utilise pas plus d’un ou deux éléments de décor pour créer une pièce ou un espace théâtral (par exemple, un canapé pour le salon ou une table pour la cuisine). De plus, la metteuse en scène a choisi de monter Harlem Quartet dans un cadre temporel fidèle au roman de James Baldwin: les années 50, 60 et 70. Le spectateur assiste donc à une immersion presque totale dans cette époque révolue grâce aux costumes, coiffures et éléments décors qui datent de cette période.. En effet, tous les costumes que les comédiens portent tout au long de la représentation sont complètement représentatif de cette époque: cardigan, robe longue avec des gants ou encore veste de costume à carreaux.
L’espace scénique apparaît ainsi comme réaliste de part cette volonté de créer des lieux qui rappellent à la fois une époque réelle mais qui se construisent également à l’image de notre réalité avec des costumes d’époque ou des espaces comme une chambre ou un café. Toutefois, la mise en scène possède également un aspect assez symbolique avec notamment  l’utilisation de ces grands panneaux qui font office de transition entre les lieux et les scènes et qui transcrivent l’idée du souvenir et du vagabondage de la mémoire avec beaucoup de justesse.

            En outre, comment parler de Harlem Quartet sans analyser l’énorme travail de la lumière, du son et de la vidéo.
Dès le début de la représentation, on comprend rapidement que la musique va prendre une grande importance. Effectivement, si on  se penche rien que sur l’intrigue, le lien avec la musique saute aux yeux. L’histoire se déroule en effet dans une communauté afro-américaine de l’Harlem des années 50 et 60 où le pays était déchiré par la haine envers les personnes racisées. A cette époque, parfois seule la musique pouvait apporter un peu de réconfort aux personnes de cette communauté. Le gospel et l’émergence du jazz et du blues vont ainsi prendre une place immense dans le quotidien des habitants de Harlem. Sur la scène de Harlem Quartet, cette idée de la musique comme nécessité et comme souffle de vie est très bien représentée. En effet, le public assiste à une musique presque constante réalisée en live par des musiciens professionnels. La partition mêle des musiques originales, des sons d'archive et des chants traditionnels de la communauté noire de Harlem et a été composé par Saul Williams. La musique donne le tempo aux comédiens qui calquent leurs paroles sur sa mélodie, comme une respiration. Puis soudain, ils se mettent à chanter tous ensemble et nous propose du gospel en live. Cela montre encore une fois combien un comédien doit être polyvalent et toucher à tout: voix, corps… On pourrait donc presque qualifier Harlem Quartet de spectacle musical même si la musique agit plus en un accompagnement de la parole et du texte des comédiens que l’inverse.
L’importance utilisation de la lumière dans Harlem Quartet ne saute pas immédiatement aux yeux. Effectivement, le spectateur n’est jamais véritablement confronté à un numéro virtuose de l’ingénieur lumière. Toutefois, il est important de noter que l’illumination de ce spectacle malgré tout reste absolument essentielle. Elle permet en effet de mettre en valeur le jeu des acteurs, leurs expressions et leurs mouvements. Sans la lumière, le jeu des comédiens ne serait en effet pas du tout valoriser et cela risquerait sûrement d’induire en erreur la perception et la compréhension du spectateur de l’intrigue. Il ne faut pas oublier que le théâtre est ce qu’on appelle un art “complet” dans le sens où une représentation ne repose pas seulement sur le jeu des acteurs sur scène. En effet, un spectacle réussi est un spectacle qui croise plusieurs personnes de profession différentes: ingénieurs son, lumière, comédiens, costumiers, maquilleurs, techniciens plateau… Dans Harlem Quartet, la lumière est donc indispensable dans le sens où elle permet de mettre en place une atmosphère et un climat propice au jeu de l’acteur. Ainsi, si la scène est joyeuse (par exemple: quand les quatre amis se retrouvent et sont heureux de se revoir), la lumière sera plutôt chaude alors que lors de scènes plus dures comme celle du viol de la petite fille par son père, la lumière est beaucoup plus froide, d’une couleur blanche, presque glaciale. Le travail de l’ingénieur lumière met donc en place une ambiance en accord avec ce qui se passe sur le plateau et qui parfois, donne des indices sur la scène jouée, sur les non-dits et les sous-entendus.
            En plus de s’occuper de la lumière, l’ingénieur lumière est aussi en charge de l’image et de la vidéo, comme c’est le cas dans Harlem Quartet. Dans le cadre d’une première résidence en 2015, l’ensemble de l’équipe tourne de nombreuses vidéos dans le Harlem d’aujourd’hui. On y retrouve des images de paysages, et de lieux mais aussi des vidéos prises dans Harlem même: groupe de gospel, rues, maisons ...L’ensemble de ce bagage audio-visuel a été baptisé “HARLEM IMPRESSION”. Le but premier de ce voyage était de s’imprégner de l’ambiance d’Harlem, d’écouter l’histoire des habitants afin de pouvoir la  recréer plus tard sur une scène française. Elise Vigier a cependant utilisé toute ses images pour sa mise en scène en les incluant dans le spectacle. Les extraits vidéos apparaissent soit pour illustrer une scène, la remettre dans le paysage auquel elle appartient, soit elles vont jusqu’à prendre la place des comédiens: la vidéo prend la forme d’un vrai film puisqu’elle filme les comédiens en train de jouer. On retrouve ce procédé dans la scène du café par exemple. Ce choix de mise en scène est une manière de plonger encore plus profondément les spectateurs dans l’ambiance si particulière de la culture afro-américaine. De plus, elle permet de montrer les comédiens sous une autre forme que le jeu théâtral habituel qui se déroule en live sur une vraie scène. Par ailleurs, je pense également que cette technique a aussi pour but de faire comprendre aux spectateurs que le théâtre n’est pas un art figé. En effet, c’est une discipline très libre avec laquelle il est possible de faire beaucoup de choses, d’y mêler cirque, danse, cinéma… Harlem Quartet est donc un merveilleux exemple de la force d’adaptation de l’art dramatique.

            Il est maintenant temps d’analyser la performance exceptionnelle des acteurs d’Harlem Quartet. En effet, leur présence est essentielle car elle permet le déploiement de l’espace et construit la théâtralité.
            La distribution de Harlem Quartet s’est faite (selon moi) en fonction de deux ou trois facteurs. Tout d’abord, il fallait que se soit des acteurs de couleur. Effectivement, c’est une histoire qui concerne une communauté particulière, celle que James Baldwin a fréquentée durant toute sa vie. Il était donc essentiel que les comédiens rendent hommage et fassent écho aux personnages de Baldwin. Toutefois, j’ai remarqué que tous les acteurs n’avaient pas la même intensité de couleur de peau. Je pense donc que cela n’a pas été un critère pour Elise Vigiert. Je trouve cela très intéressant car cela permet également aux spectateurs de prendre conscience (pour ceux qui ne le savaient pas encore), qu’il existe une palette énorme de couleurs de peaux et que toutes les personnes noires ne sont pas tous pareilles. Ce message indirect de diversité donne encore plus une portée politique à cette pièce. On peut également remarquer qu’il y a seulement deux femmes: Ludmilla Dabo et Nanténé Traoré. Les quatres autres ( William Edimo, Jean-Christophe Folly, Nicolas Giret-Famin, Makita Samba) sont des hommes. Ce fait s’explique surtout par le fait que c’est une intrigue écrite par un homme et qu’il parle de ses amis, de sa famille et de cette femme qu’il a tant aimée.
En ce qui concerne le corps, Harlem Quartet met en scène des acteurs très vivants axés sur les mouvements et l’expression corporelle. Pour illustrer cette affirmation on peut prendre l’exemple de la scène de Julia qui prêche à l’église: en plus de sa voix, elle engage son corps avec de force et  puissance. Le corps apparaît donc comme une continuité de la parole, une sorte représentation concrète du texte. Tous les acteurs parlent tout autant avec leurs mouvements et leurs danses que par leur voix. La voix et le phrasé sont quant à eux très divers et changent de registre tout au long de la représentation. Si une fois le texte est dit avec calme (Hall Montana au début), il peut tout d’un coup être exagéré et finit même par être chanté. Toutefois, le code jeu reste assez réaliste et ne tombe jamais dans la caricature ou le burlesque. Les seules fois où le spectateur assiste à un changement de registre, c’est lorsque la vidéo remplace le jeu sur la scène. Les mini-scènes ont donc été filmées avant la représentation. Le jeu des acteurs sera donc toujours le même contrairement au reste du spectacle où les comédiens ne jouent jamais complètement la même chose à chaque représentation. D’autre part, les acteurs n'hésitent pas à se toucher et à faire des contacts physiques: accolades, câlins… Le public assiste à une scène où l’un des acteurs se déshabille complètement devant un autre acteur lors d’une conversation intime. Ce jeu de séduction induit donc inévitablement des jeux de regards et de la communication non-verbale. Comme je l’ai dit plus tôt, c’est ici le corps qui prend le dessus sur la parole et qui va transmettre des messages et des émotions à la place du texte. ( Fais le lien avec la lutte de James Baldwin pour les droits homosexuels au même titre que pour les droits des Noirs.)
Enfin, les comédiens occupent tous l’espace de manière différente. Rares sont les scènes où l’on va retrouver tous les acteurs sur scène. Comme les différentes scènes apparaissent au gré des souvenirs de Hall Montana, elles engagent à chaque fois une époque, un lieu et des personnages différents. Ainsi, c’est grâce à la mise en scène et à l’utilisation des panneaux que les différents acteurs peuvent se mouvoir sur le plateau, apparaître et disparaître en fonction de la scène et du souvenir joué. C‘est donc un jeu très dynamique où les acteurs entrent et sortent de scène très rapidement avec une coordination incroyable. D’autre part, on remarque rapidement que le 4ème mur est complètement brisé puisque Hall Montana va même jusqu’à interpeller directement le public au début de la pièce. De plus, pratiquement tous les acteurs font de nombreuses adresses publics: ils ne jouent pas que pour eux et ont conscience qu’on les regarde. Harlem Quartet jongle ainsi entre jeu entre les comédiens et jeu avec le public. On peut peut être y déceler la trace de James Baldwin qui parle à son lecteur ? ( Oui, il s’agit d’une structure de théâtre récit très complexe où un narrateur essaie de reconstituer la vie de son frère et de la communauté auquel il appartient. Le dispositif narratif est très complexe à la fois épique ‘(histoire racontée par un personnage) et dramatique ( scènes dialoguées et jouées), sans parler de l’intrusion de la video et l’utilisation de code de jeu différents par exemple celui de la comédie musicale par moments. Rappelle que comme beaucoup de pièces du théâtre contemporain, elle est adaptée d’un roman de Baldwin et donc n’a pas été écrite au départ pour le théâtre.)

            Si notre professeur de théâtre, Madame Huckel, nous a demandé de voir et de faire une analyse d’Harlem Quartet, c’est bien parce que nous avions eu la chance de voir une autre pièce d’Elise Vigier: James Baldwin et Richard Avedon: Entretiens imaginaires. L’écrivain noir James Baldwin, l’adaptation théâtrale d’un de ses romans, la situation des Etats-Unis des années 50 et 60, le parallèle entre les deux pièces se fait très rapidement. J’étais donc très curieuse de voir si Harlem Quartet s’inscrivait dans la même lignée, dans le même code de jeu et esprit que cette pièce qui fut écrite seulement quelques années après. On comprend bien que le personnage de James Baldwin a vraiment fasciné Elise Vigier mais ce que je trouve très intéressant, c’est que chacune des deux pièces racontent l’histoire de ce célèbre écrivain d’une manière différente. En effet, Harlem Quartet utilise la fiction et l’imaginaire pour raconter le véritable vécu de James Baldwin. Effectivement, beaucoup pensent qu’il s’agit en réalité d’une autobiographie dissimulée. Just above my head, cette histoire d’amitié, d’amour et de violence cacherait donc l’histoire personnelle de James Baldwin : sa difficulté à s’affirmer en tant qu’’intellectuel noir et homosexuel dans une Amérique rongée par la violence et les discriminations. Au contraire, le roman éponyme ( Ce n’est pas un roman, plutôt un essai à deux voix, un dialogue) qu’il écrit en collaboration le photographe Richard Avedon est une oeuvre bien moins personnelle: une sorte de documentaire objectif qui pose plutôt une ambiance, une atmosphère afin de mieux contextualiser sa vie dans le Harlem de cette époque. Elise Vigier aborde son sujet, son histoire, son époque de deux manières complètement opposées : l’une sous la forme d’une fiction autobiographique et l’autre d’un documentaire objectif et impartial de la situation de l’Amérique pendant les années 50 à 70. Elle nous permet donc de poser des mots, des images et des sons sur cette personnalité qui l’a tant marquée ( Tu aurais pu évoquer le fait que l’on retrouve dans les deux pièces l’acteur Christophe Foly.).
En conclusion, Harlem Quartet est une pièce de théâtre unique en son genre dans le sens où elle arrive à parler à la fois du passé mais aussi du présent à travers un seul texte. Je pense que c’est là que se trouve la force de cette histoire: elle nous permet de nous faire prendre conscience des problématiques parfois très graves de cette époque révolue comme la discrimination des minorités où le racisme omniprésent mais elle rend également possible une prise de conscience sur notre époque, sur tous les problèmes qui persistent. On se rend compte que le chemin est encore long et que ce serait mentir que dire que tout va bien aujourd’hui. Harlem Quartet est un spectacle complet qui allie la voix, le corps, le son, la lumière et la vidéo. C’est un spectacle dont on sort bouleversé en tout sens, partout. Cette manière que la pièce a de nous faire changer d’époque en un tour de main provoque parfois un certain étourdissement comme lorsqu’en trois scènes seulement on se retrouve des années 70 aux années 50 puis 60. C’est cela, cette pièce est un étourdissement perpétuel de sons, de paroles et d’images qui tourbillonnent et nous font vivre un moment suspendu malgré la captation.

Myriam Liquier TL1

Terminales: Documentaire en replay sur l'expérience Lenz de Simon Delétang

L'année dernière vous aviez vu la pièce dans la petite salle de la CDC, vous pouvez retrouver dans le documentaire Simon Delétang dans la première phase du projet lorsqu'il est allé de villages en villages pour dire le texte de Büchner Lenz tout plein de sa marche quotidienne dans les Vosges pour se rendre sur le lieu du spectacle:
 Lenz à la croisée des chemins

Une autre façon d'écouter Büchner.

A découvrir pour le spremières, une autre façon de concevoir l'expérience théâtrale.

dimanche 24 mai 2020

Rappel 1ère Classe virtuelle lundi 25 mai à 15h

Retour sur la video envoyée par Pierre Maillet à propos de Le Bonheur (n'est pas toujours drôle)

Retours sur Les Trois seours, mise en scène Braunschweig et sur la version de La Cerisaie par Peter Brook: je vous avais demandé de regarder le film et d'observer en particulier les scènes que vous deviez jouer.

Si nous avons le temps, discussion à propos des caractéristique du théâtre contemporain à la lumière des spectacles vus à la Comédie de Colmar.

jeudi 21 mai 2020

Reportage sur la question de la diversité sur les plateaux de théâtre

la diversité sur les plateaux de théâtre

Je vous transmets ce reportage qui pose une question importante par rapport à l'art dramatique aujourdhui.

ma participation au projet Art en quarantaine

J'ai posté hier le projet de ma collègue d'histoire auquel vous êtes invités à participer:
voici ma contribution.le Bibliothécaire d'Arcimboldo

mercredi 20 mai 2020

3ème partie de Elle pas princesse, lui pas héros lue par Sandrine Pires (3)

Elle pas Princesse, lui pas héros texte de Magali Mougel

Une belle initiative d'une collègue du lycée : Art en quarantaine

Regardez l'exposition


Démarche du projet

Le 25 mars dernier, le musée Getty de Los Angeles a défié les internautes en leur proposant de reconstituer des tableaux célèbres avec les « moyens du bord », c’est à dire uniquement avec les accessoires dont ils disposaient chez eux… Le projet consiste à recréer l’ambiance, la composition, les symboliques en jeu dans des toiles de maître... avec évidemment comme marge de manoeuvre la créativité (détournements, remplacement enfants/animaux), vivement encouragée ! L’objectif était pour les élèves de se perdre dans les couloirs de ces musées mythiques, d’en admirer les oeuvres d’art et de choisir celle qu’ils pourraient reproduire avec les accessoires de la maison et les personnes (ou animaux) avec lesquels ils sont confinés. Voici le produit des classes ayant participé au défi avec rigueur, créativité et surtout sens de l’humour !

Si ça vous plaît, vous pouvez vous lancer à votre tour:
J 'invite tous ceux qui le voudraient à participer au défi selon la démarche expliquée sur le site. Cela pourrait être une façon plutôt humoristique et néanmoins culturelle de créer du lien en bâtissant un lycée hors les murs d'une autre façon. Ainsi, si vous souhaitez ajouter votre pierre à l'édifice (ou le lancer dans vos classes), je lance ce petit défi à tous ceux qui auraient envie de devenir de manière éphémère la nouvelle Mona Lisa du lycée.
 Transmettez moi alors vos oeuvres d'art directement sur MBN ou de à cette adresse : valentine.hoffbeck@gmail.com

Enfin pour ceux qui ne souhaiteraient pas se dévoiler de manière figurative, je signale encore que les oeuvres abstraites ou les natures mortes sont également les bienvenues. Pour vous inspirer : https://www.telerama.fr/scenes/artenquarantaine-quelle-oeuvre-celebre-etes-vous-a-vous-de-jouer-sur-facebook-et-instagram,n6631060.php

Premières la Cerisaie, mise en scène de Peter Brook + hommage à Michel Piccoli

Pendant longtemps je n'avais pas trouvé de captation en ligne de qualité de La Cerisaie et presque par hasard je suis tombée sur ce film de La Cerisaie mise en scène par le grand metteur en scène Peter Brook avec une distribution d'acteurs extraordinaire. Certes le film n'est pas d'une qualité formidable, la mise en scène date des années 80, 1981 exactement, mais elle vous permet tout de même d'entendre le texte et d'imaginer une mise en scène possible. Essayez au moins de regarder les passages que vous mêmes jouer.

La Cerisaie par Peter Brook

Distribution:  Première représentation
5 mars 1981
Avec Niels Arestrup, Catherine Frot, Claude Evrard, Robert Murzeau, Natasha Parry, Anne Consigny, Michèle Simonnet, Nathalie Nell, Michel Piccoli, Jacques Debary, Maurice Bénichou, Joseph Blatchley, Jean-Paul Denizon

Peter Brook parlant de la Cerisaie

Qui est Peter Brook?

Michel Piccoli parlant de son travail avec peter Brook pour la Cerisaie

Pierre Maillet parle de la mise en scène de Le Bonheur (n'est pas toujours drôle)

Pierre maillet metteur en scène et acteur dans Le Bonheur (n'est pas toujours drôle) a accepté de répondre à ma question sur le choix de la nudité dans le début de la pièce par video. Soyez attentifs, j'essaie de l'envoyer à chacun par mail car elle est trop lourde pour être postée.

lundi 18 mai 2020

Exprimons notre Amour (1) première video du projet d'Emma Aalberg

Pendant le confinement, je vous avais parlé du projet d'une ancienne élève de faire exprimer les gens sur leur conception de l'amour. Je ne sais si vous aviez participé. voici le premier épisode:
Exprimons notre amour

1ère et Terminales: Exemple de travail théâtral mené par des professionnels pendant le confinement

Difficile de continuer à créer pendant le confinement, pourtant certains metteurs en scène s'y sont essayé comme David Bobée au CDN de Caen:

Reprise "confinée" de Fées  (une heure)

Cela peut vous inspirer pour faire quelque chose à la video.
Envoyez-moi une "trace" de votre visionnage pour me dire ce que vous en avez penser.

La Nudité au théâtre: A faire pour ceux qui étaient absents à la classe virtuelle

Je demande à ceux qui n'ont pas assisté à la classe virtuelle du lundi 18 mai à 15h de m'envoyer leur point de vue par écrit très rapidement.

Le plus grand moment de liberté: contribution Myriam Liquier


Mon plus grand moment de liberté

J’ai longtemps repoussé le moment d’écrire ce texte. Je n’avais tout simplement pas d’idées. La page blanche. Aucune inspiration. Aujourd’hui, je sais pourquoi. Je sais pourquoi je n’arrivais pas à mettre des mots sur ce “grand moment de liberté”. La raison est simple: je ne l’ai pas encore vécu. Alors oui, j’ai bien sûr vécu beaucoup d’événements joyeux. J’ai en tête de nombreux souvenirs heureux, bien sûr. Que se soit de part la danse, le théâtre, la famille, les amis, j’ai participé à des moments très forts, très beaux. Toutefois, je n’ai pas l’impression d’avoir vécu cet instant de légèreté et de laisser aller qui se cache derrière l’expression “moment de liberté”. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas vraiment le sentiment d’avoir vraiment commencé à vivre. Je suis encore chez mes parents, je vis la vie qu’ils m’ont choisie (et que je ne critique absolument pas). Je ne dépends pas encore complètement de moi. La personne que je suis se construit encore. Elle se nourrit, s'enrichit de tout ce qui l’entoure. Elle apprend, elle découvre beaucoup mais n’est pas encore complète et unifiée. Elle n’est pas encore libre. Je ne suis pas encore libre. Pour moi la liberté, c’est vivre pour soi et non plus à travers les autres. C’est prendre ses propres décisions, c’est avancer à son rythme, c’est échouer puis recommencer puis réussir toute seule.
Par ailleurs, même lorsque je vis des moments magnifiques, mes émotions, mes sentiments, mes doutes et mes peurs reprennent parfois le dessus et m’empêchent de me sentir véritablement libre. Ma sensibilité du monde et des personnes m’empêchent parfois de vivre simplement l’instant présent et de me concentrer sur ce qui se passe là, maintenant, sans penser aux conséquences, à ce qu’il viendra après.
C’est pour cette raison que c’est souvent après coup que je me rends compte combien ce moment particulier était beau, était important. Je ne me rends compte de ma liberté que lorsqu’elle est partie. Voilà le grand projet de ma vie. Apprendre à me libérer de ces pensées pour pouvoir enfin vivre ce “grand moment de liberté”.
Toutefois, je remarque que les seuls moments où je me sens à ma place, et en pleine “liberté”, je les passe dans la nature. Mes parents m’ont toujours poussée à gravir les montagnes et à marcher en forêt. Ces instants sont comme suspendus dans l’espace- temps et dans ma vie quotidienne. J’ai n’ai jamais eu l’esprit aussi clair que dans la forêt. J’y ressens les énergies des arbres, des plantes et de cette vie qui grouille autour de moi. Je m’y nourris et je me vide de mes émotions négatives. Ce moment douloureux de confinement m’aura au moins permis une chose. J’ai pu reprendre ce contact si important pour moi avec la nature. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas vu les fleurs pousser, grandir et s’épanouir. J’ai enfin eu l’occasion de voir le printemps arriver, les jours s’allonger et les journées se réchauffer.
Ainsi, même si je n’ai pas encore vécu ce grand moment de liberté, je peux tout de même dire que j’ai vécu des petits instants de légèreté et de douceur. Je suis triste de ne plus retourner sur les planches, triste de ne pas pouvoir remonter sur scène, mais je puise mon espoir dans la nature qui renaît et éclate tout autour de ma maison. Je la puise dans les oiseaux qui chantent, dans le soleil qui brille et dans la douce mélodie de la pluie sur mon toit.







Voilà quelques textes qui m’ont inspirée et réconfortée pendant ce confinement. Les mots des autres, mais les miens aussi.

And the people stayed home. And read books, and listened, and rested, and exercised, and made art, and played games, and learned new ways of being, and were still. And listened more deeply. Some meditated, some prayed, some danced. Some met their shadows. And the people began to think differently.
And the people healed. And, in the absence of people living in ignorant, dangerous, mindless, and heartless ways, the earth began to heal.
And when the danger passed, and the people joined together again, they grieved their losses, and made new choices, and dreamed new images, and created new ways to live and heal the earth fully, as they had been healed.
 poème de Kitty O’Mera
"Non à un retour à la normale. Osons un retour à extraordinaire, à l'anormal." Je vous conseille d'aller écouter l'épisode 5 du podcast Temps retrouvé, Temps bouleversé qui s'intitule "Etre vivant". Un texte bouleversant de Camille qui nous parle de notre rapport à la Terre, à la nature. Elle nous parle de ce lien si particulier que nous avons tous, en tant qu'être humain, avec  l'ensemble de ce qu'on surnomme "le Vivant"
Ce confinement dans nos maisons, dans nos chambres, dans nos vies, ce temps qui s'arrête et qui s'étire soudain nous permet à tous, nous être vivants parmi et avec tous les autres, de nous reconnecter avec ce qui se trouve au-dessus, au-dessous et même en nous.
Le "normal" n'a pas marché. Peut-être alors faut-il tenter l'extraordinaire. Peut être faut-il oser bousculer nos vies, chambouler nos quotidiens, transformer nos habitudes. Il est temps de prendre soin de notre maison, de notre planète. Il est temps de devenir ceux que nous n'avons jamais osé devenir. Il est temps de sortir de nos lits, de nos chambres, de nos maisons et d'oser espérer à un vivant universel en bonne santé. Il est temps d'agir vraiment, concrètement, petit pas par petit pas
Devenons ceux qui après, ferons tout pour un retour à l'extraordinaire.
Texte écrit après avoir écouté l’épisode “Etre Vivant” du podcast Temps retrouvé, Temps bouleversé.
-         Albums “Mélancolie heureuse” et “Qu’en restera-t-il de Tim Dup”
-         Le journal d’Anne Frank

samedi 16 mai 2020

Un CDN comment ça redémarre?

Interview de Matthieu Cruciani

Premières: Rappel nouvelle classe virtuelle lundi 18 mai à 15h

Nous parlerons de la nudité au théâtre, pour cela regardez si vous le pouvez la première partie de Le Bonheur n'est pas toujours drôle, lisez les documents fournis pour nourrir votre réflexion mais aussi de la pièce Les Trois Soeurs de Tcheckov, ainsi que de vos textes pour l'atelier d'écriture de la CDC sur le thème Meeting Point date butoir le mercredi 20 mai.

J'attends les travaux divers de beaucoup de gens, faites-moi des surprises...

vendredi 15 mai 2020

Réflexion sur la nudité de l'acteur au théâtre

Que ce soit dans Harlem Quartet ou dans Le Bonheur(n'est pas toujours drôle), des acteurs sont amenés à jouer nus.
Je vous invite à réfléchir à ces choix de mise en scène: Qu'en pensez-vous? Envoyez-moi vos réflexions dans la semaine du 11 au 16 mai.
Ariane Mnouchkine a dit:" La présence progresse avec la capacité de nudité de l'acteur." Etes-vous d'accord?
Vous pouvez nourrir votre réflexion de cet article à lire en diagonale (40 pages tout de même) mais il étudie la question pour l'ensemble des situations de l'acteur: body art, danse, cinéma...:
Nudité 

Voici un lien avec la pièce dont il est question dans l’article précédent: ERic Von Stroheim de Christophe Pellet, mise en scène Stanislas Nordey


Le jeu de l'acteur dans le théâtre contemporain

Article sur fabula: la nudité au théâtre

Je rajoute encore une émission de radio sur la question: Danser et jouer nu au théâtre

Terminales: Ecouter l'actrice Dominique Blanc qui incarne Agrippine

Elle est entrée à la Comédie Française en incarnant Agrippine dans la mise en scène de Britannicus par Braunschweig: Elle dit que le théâtre est le dernier lieu de l'intelligence
Qu'en pense-vous?

Proust l'infini depuis son lit...Prolongement du spectacle Un Instant de Jean Bellorini

Sur le thème de la mémoire , à partir de A la REcherche du Temps perdu de Marcel Proust, vous avez vu le spectacle de Jean Bellorini intitulé Un Instant:
Voici un entretien avec Jean Bellorini et pour approfondir la connaissance de Marcel Proust, une émission intitulée l'infini depuis son lit

Ce n'est pas sans lien avec notre période de confnement. 

Atelier d'écriture proposé par la Comédie de Colmar: Meeting Point

  Je vous transmets la lettre d'Alice Schaaf ( chargée des relations publiques) et Catherine Umbdenstock ( metteuse en scène). Merci de m'envoyer aussi les textes que vous transmettrez à la CDC.
On me demande des précisions sur la consignes: Il faut écrire un texte sur le thème du point de rencontre: ça peut être une histoire, une fiction avec un RV quelque part par exemple "le jour d'après" confinement,ou un RV au "meeting point" d'un aéroport, un poème sur ce qui nous rassemble par exemple le confinement mais aussi l'angoisse de la mort ou le désir d'aimer, le fait de partager un même événement ou de pratiquer le même art, le théâtre par exemple qui nécessite forcément la convergence de plusieurs énergies et créativités, ou de rire au mêmes blagues.Ce qui peut rassembler aussi c'est une même langue, un code partagé.
C'est très ouvert exprès: "Meeting Point": point de rencontre, de rendez-vous, de rassemblement, de ralliement, de convergence, d'intersection, de regroupement, de confluence.
ça peut être aussi un texte sur l'espoir d'un changement , une manifestation, une révolte, des gens qui ensemble décident de changer quelque chose.
Il faut se laisser porter par les mots de la consigne et inventer un dialogue, une histoire, un poème, des slogans de quatre lignes à 10 pages.

Bonjour à tous

Avant de pouvoir retrouver le foyer du théâtre, la chaleur des projecteurs, le face à face entre la scène et la salle, nous sommes ravies que cette expérience de rencontre à travers l’écriture vous intéresse.

Nous vous proposons de nous envoyer vos écrits, voici quelques précisions :

Le thème : "Meeting Point": point de rencontre, de rendez-vous, de rassemblement, de ralliement, de convergence, d'intersection, de regroupement, de confluence.
Le thème reste large pour vous permettre de vous évader et de concocter une proposition des plus personnelles et originales.
Le texte : laissez libre cours à votre imagination!!
La forme est libre et courte (de 4 lignes à 10 pages)
Nouvelle, scènes, lettre, poème, billet d'humeur... 
Aucun niveau littéraire requis !
En français, allemand ou anglais
Avant le 20 mai : nous répondrons à vos questions si vous avez besoin d'être aiguillé et conseillé.
Vous pouvez nous communiquer une ébauche/une esquisse qui sera le début d'un premier dialogue par mail avec l'équipe artistique afin de cheminer vers la forme finale.
Date limite d'envoi le 20 mai : pour nous communiquer une première proposition aboutie.
Nous réceptionnerons votre proposition (la lecture reste interne). L’équipe artistique (metteure en scène Catherine Umbdenstock et autrice Dorothée Zumstein) vous fera des retours (commentaires) afin de finaliser votre texte.
Mails à envoyer aux deux adresses suivantes :

Certains textes sélectionnés pourront être lus en public la saison prochaine sous forme de lever de rideau et être publiés sur notre site internet…

Nous avons hâte de découvrir votre proposition et ainsi de créer ensemble un point de rencontre.

Bien à vous,

Alice Schaff et Catherine Umbdenstock

Ps c'est facultatif : pourriez-vous nous communiquer ?
Votre commune de résidence .........