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samedi 20 février 2021

La Chute des Comètes et des Cosmonautes: la grande Histoire dans l'histoire du père et de la fille

 

La grande Histoire et l’histoire individuelle.

Toute la pièce fait le parallèle entre l’histoire de deux individus et de leur relation avec l’Histoire de l’URSS, bloc de pays nés d’une utopie devenue une dictature.

Valeurs des blocs de l’Ouest et de l’Est 

L'ouest

Libéralisme

Société de consommation

Capitalisme

Liberté d’entreprendre

Pouvoir institutionnel, élections

Cultures nationales, religions

Pluralisme politique et existence de contre-pouvoir

Démocraties

Liberté d’expression et de la presse

États-Unis et ses « alliés »

Alliance militaire : l’OTAN 

L'Est

Socialisme

Besoins primaires

 Communisme

 Mainmise de l’État sur l’économie, collectivisme

 Pouvoir révolutionnaire, lutte des classes

 Internationalisme ouvrier, athéisme

 Parti unique

 Régimes autoritaires

 Pensée unique, propagande organe du Parti

 URSS et les démocraties populaires de l’Est

Alliance militaire : Pacte de Varsovie

Quelques dates clefs de l’histoire de l’URSS

1917. Révolution d’Octobre. Fin du règne des tsars et prise de pouvoir des bolcheviks.

1922-53. Dictature stalienne : l’URSS est un régime totalitaire. Censure. Toute contestation est réprimée ; création des goulags, des camps de travail forcé pour réprimer les opposants.

1953-1962. Dégel. Coexistence pacifique entre URSS et USA, qui n’empêche ni la crise des Missile de Cuba, ni la guerre du Vietnam.

1970s : Dix ans de l’âge d’or soviétique. Nombreuses victoires militaires, reconnaissance diplomatique.

 

1985-1991. Perestroïka : restructuration. Menée par Gorbatchev, elle mène à des réformes économiques et une démocratisation du régime.

1989. Chute du mur de Berlin. Réunification allemande en 1990.

1991. Fin de l’URSS.

Le contexte historique et géo-politique est réaliste et documenté, les noms propres et les faits l’inscrivent dans la réalité historique.

Ces deux individus, l’une grandie à l’Ouest (sans doute avec sa mère, dont on parle rarement dans la pièce, p. 63-65), l’autre ayant quasiment toujours vécu à l’Est, sont à la fois séparés par leurs idéologies et liés par leur lien familial autant que par des points communs dus à leur part d’histoire commune.

Tous deux vivent un cataclysme personnel : la fille est en plein choc de rupture amoureuse, le père traîne sa rancœur contre son déclassement social et la perte de son idéal de liberté.

Tous deux se sentent inadaptés au monde dans lequel ils vivent.

Tous deux poursuivent des utopies inaccessibles, de rencontre avec l’amour pour l’une, de liberté et de dignité sociale pour l’autre.

La conquête spatiale : de l’histoire à la métaphore

NB : Cosmonaute est utilisé par les Russe (kosmos : univers ; nautes : navigateur).

Astronautes (astron : étoile) est utilisé par les Américains.

La conquête spatiale, pendant la Guerre froide, est un équivalent pacifié en apparence de la course à l’armement nucléaire. Celui qui maîtrise l’espace gagne une bataille symbolique. cf p. 11 : « sur un pan de mur une grande fresque avec des cosmonautes comme il y en avait avant dans les cours d’école » : c’est un instrument de propagande, un mirage du progrès.

1957. L’URSS met en orbite le premier satellite (Sputnik 1) et envoie la chienne Laïka dans l’espace.

1958. Création de la NASA, l’agence spatiale américaine.

1959. La sonde spatiale soviétique Luna 1 est le premier engin spatial à s’approcher de la lune.

1961. Le soviétique Youri Gagarine (cf. la place Gagarine premier tableau !) est le premier être humain envoyé dans l’espace. Deux ans plus tard, Valentina Terechkova la première femme envoyée dans l’espace.

1968. Apollo 8 (USA) est la première mission habitée à être placée en orbite autour de la Lune.

1969. Les Américains Neil Armstrong et Buzz Aldrin marchent sur la lune.

Rien d’anodin dans les métaphores spatiales du texte de Skalova.

L’astrophysique est d’ailleurs un langage commun pour le père et la fille, puisqu’ils ont tous deux une thèse dans ce domaine.

« Fille. Je dois voir quelqu’un pour le boulot à Moscou. Ils veulent m’inviter à parler dans un congrès d’astrophysique » (p. 27) : retour en Russie, retour au passé.

C’est un vivier métaphorique : on parlait des pays « satellites » de l’URSS ; démantelés, ils deviennent des « confettis ». 13 Républiques, 13 confettis…

p. 12 : « j’ai passé mon enfance dans cette école de la République [la France] pendant que le pays d’où venaient mes parents était devenu un sac de confettis avec treize nouvelles républiques éparpillées sur les cartes [l’URSS et ses alliés]. »

L’Histoire entre en collision avec l’histoire individuelle, en porte à faux comme dans la citation où la fille (double de Skalova) évoque la duplicité entre la République (française) et les Républiques (soviétiques).

Dans l’Histoire du père, c’est le quotidien, l’anodin qui est rattaché à la grande Histoire. cf. le Rock, musique purement américaine, que n’écoute pas le père, p. 26. 

 

Autre traumatisme de l’histoire : celui de l’antisémitisme

( l’autrice est elle-même d’origine russe/juive ; le texte est travaillé par cela. cf. p. 73+ la blague juive)

« Père : L’antisémitisme revenait / On disait que les juifs moutiat vodu. / Qu’ils empoisonnaient l’eau. / On pensait que ça recommencerait. Seychas nas budut gromit’. / Que les pogroms recommenceraient. / Tout le monde disait qu’il fallait fuir. / Fuir où. Fuir comment. / Ça, personne ne savait. » (p. 40)

Les pogroms (début XXe siècle, on en voit des traces dans les textes de Tchekhov) ces attaques dirigées contre les Russes juifs, étaient des manœuvres des tsars pour trouver un bouc émissaire aux manquements du régime. Le communisme (Marx est d’origine juive) aurait dû apporter des idées progressistes dans ce domaine aussi, Dieu étant l’opium du peuple, et l’athéisme-foi dans le communisme recréant un projet commun pour le peuple. Ou peut-être est-ce le dégel qui fait revenir ces idées nauséabondes. On pense évidemment à l’exil des juifs pendant la Seconde guerre mondiale : tout recommence.

Sur l’exil, voir la profonde amertume du père, p. 27 : « L’immigration est toujours perdue pour la première génération. Je suis très heureux que toi, tu t’en sortes. »

Histoire gâchée pour la rendre possible aux générations futures. Qui font preuve d’ingratitude et remettent tout en question. ( D'après les documents fournis par le TNS)

La dimension poétique, lyrique de la Chute des Comètes...

 

La pièce est en soi un long poème qui se construit autour de tout un réseau analogique et métaphorique et d’un travail poétique sur la langue. Les monologues sont le lieu privilégié de cette recherche poétique.

lls sont quelquefois en vers libres, séparés par des blancs : I, 1 (Père), I, 2 (Fille), I, 8 (Père).

Cette forme d’écriture poétique se déplie parfois dans une certaine lenteur, un rythme posé, réflexif, qui renvoie à une poésie narrative.

Le plus souvent ce sont de longs blocs poétiques sans ponctuation. Des flux de parole à fleur de conscience. Il y a là une écriture du rythme et de la scansion, un appel à l’oralité. C’est en ce sens que cette écriture poétique appelle la voix, le plateau. Il y a là une dimension masticatoire, sonore.

La phrase se heurte, se disloque, repart à nouveau. L’absence de ponctuation évoque un travail sur la vitesse de diction, le souffle, une rapidité de parole qui tente de suivre celle de la pensée en mouvement dans l’espace crânien. On entend la frénésie, l’obsession, la dimension circulaire des cataclysmes intérieurs.

- Nombreuses allitérations, assonances, anaphores, énumérations, effets d’accélération, échos.

« Just a matter of chemicals » : « craving crave creusent trachées l’estomac tranché traversées d’acide… » p. 22 : allitérations en [k] [r] [t].

« la carrosserie valdingue la carcasse » p. 85 : assonances en [a] ; allitérations [k] et [s]

ad lib.

- Les réseaux métaphoriques :

Fille :

Coup de foudre amoureux = courant électrique mortel (15, 31-32, 53) – séisme universel (32)

Être humain = centrale nucléaire (32)

Moteur de recherche ordinateur, Internet = espace cosmique (42), organisme vivant (42)

Fin du couple = guerre froide, univers qui gravitent sans interaction, URSS disloquée (42, 60)

Être aimé perdu = disparition dans le cosmos (43)

Amour = objet marchand (58)

Corps amoureux = astéroïdes, planètes (66-67)

Choc amoureux = collision astéroïdes et planètes

Individu = planète indépendante et fragile = république autonome de l’URSS (68)

Cerveau amoureux = cosmos carbonisé où tout chute

Fin amour = URSS disloquée, tremblement de terre, dérèglement climatique (69)

Double réseau métaphorique :

1) Comparé : le coup de foudre amoureux, l’amour, fin de l’amour à comparants : l’électricité, la consomption - le système économique - le système planétaire - l’URSS disloquée

2) Comparé : l’individu à comparants : les planètes - les républiques de l’URSS devenues autonomes.

Le point commun entre les deux comparés réside dans les comparants le système l’URSS et le système solaire. Par extension, l’URSS devient le comparé et le système solaire le comparant (69).

Ce réseau métaphorique entre en écho avec une partie du titre : « la chute des comètes » (cf. répétition du terme « chute » p.67).

On peut faire fonctionner une chaîne métaphorique : amour = URSS = système planétaire.

Père :

Soldats russes = cosmonautes (32)

Cerveau humain = moteur dangereux (48)

Exilés = objets marchands (61)

URSS = ogresse anthropophage, amoureuse mortelle (32) – planète Neptune, la plus éloignée du soleil (33)

Dislocation URSS = tasse en morceaux (40) – pulvérisation (68) – tremblement de terre, dérèglement climatique (33, 69)

Le recours à la métaphore est beaucoup moins développé chez le père. On retrouve les mêmes métaphores que chez la fille : URSS – système planétaire et dislocation de l’URSS : tremblement de terre.

L’amour chez le père n’apparaît pas comme un sentiment entre deux personnes. Il n’évoque que l’amour dévorant de la mère patrie pour ses enfants (61-62).

- Intrusion du russe dans le texte

Valeur de la translittération : donner à lire une langue dans un alphabet compréhensible. On gagne en lisibilité sans gagner en sens. C’est un pas vers la sonorité, pas vers le sens. On rejoint une approche poétique, sonore, qui déplace l’appréhension du langage. Ce « russe », c’est parfois celui de cette jeune femme franco-russe, une langue intermédiaire, métissée, accentuée.

expliciter tous les passages en russe n’a pas de sens en tant que tel (puisque souvent ils sont non traduits, c’est un désir de l’autrice.

NB : Quand on écoute des musiques étrangère, on ne comprend pas tout mais on aime la chanson….)

Il n’y a du cyrillique qu’à un seul moment : p. 87 : mélange parole dirigeant soviétique/Gainsbourg/père.

Skalova dit dans des interviews (à propos d’autres œuvres) qu’écrire dans plusieurs langues (deux, trois à la fois) ne consiste pas à se traduire, mais à poursuivre autrement son geste d’écriture.

On pense encore à Beckett, auteur écrivant tantôt en anglais, tantôt en français…


On sent aussi dans la coexistence des deux langues le fossé linguistique qui éloigne le père et la fille.

Scénographie et musique dans la Chute des Comètes et des Cosmonautes

 

Scénographie et musique

Dans les didascalies, différence entre indications spatio-temporelles et atmosphères qui habitent le plateau.

Les didascalies sont à la fois instrumentales et modalisées, souvent ironiques : « folklore interchangeable » p. 28 et 51, « enseignes de dents géantes » p. 34, « bureaux aux allures de vaisseaux spatiaux » p. 47.

Ces didascalies posent la question de leur représentation. Écriture presque cinématographique, comme le déroulé d’un voyage avec des arrêts sur image à certains moments. Comment représenter la « petite route polonaise », qu’a-t-elle de particulier ? Faut-il la représenter ? Autant de questions sur la représentation des didascalies, également sur l’importance des titres des tableaux qui peuvent être abordées.

Certaines indications sont récurrentes : « lit simple, ordinateur, vêtements sales, tasses, cendrier », objets scéniques caractéristiques de la Fille.

Retour à l’Est et arrivée du folklore, VS les « non-lieux », les lieux standardisés de l’Ouest, la « modernité ».

Lieux en alternance, en lien avec l’heure : chambres d’hôtel la nuit (objets scéniques différents pour fille et père) – dans la voiture le jour. Huis-clos.

Ils ne sortent de la voiture que dans les didascalies virtuelles des Cata-strophes.

Après l’accident, peu de didascalies de lieux mais ils sont indiqués dans les titres : planètes. Tableau 22 : « le cosmos ». Les 6 derniers tableaux se situent dans espace galactique. Seule la dernière scène entre parenthèses donne une didascalie : « sur une planète inconnue ».

MUSIQUE :

Les indications musicales ne sont données que lorsque la fille est présente, seule ou avec son père.

Elle, seule dans sa chambre : bulle musicale.

Nirvana (1993), Placebo (2000), Max Richter (2012), DDT (russe, 1992), David Bowie (2002), Bashung (1998), Vissotsky (chanteur russe, 1968 et 1977), Christian Scott (2007) : essentiellement des musiciens britanniques, français, allemand ou américains (pop rock, new wave, musique électronique) des années 1990-2000 ; deux Russes se détachent du lot, dont un chanteur à texte des années 70.

Les musiciens russes n’apparaissent que lors du voyage dans les pays de l’Est. Rapport au père ?

(p. 26) « FILLE. Je peux mettre de la musique alors ?

PÈRE. Je préfère pas. J’aime pas quand je comprends pas les paroles. »

Pour la série de tableaux intergalactiques Gustav Holst (compositeur anglais 1874-1934) avec The Planets, un ensemble de morceaux entièrement symphonique qui dure près de 54 minutes.

Une chanson russe (p.59-60) et une de Gainsbourg (p.87-88, dans l’espace intergalactique) chantées par le père dans le texte lui-même.

La chanson de Gainsbourg sert de base à la transposition en musique d’un texte, dit par Eltsine, le premier – seul ? – président russe élu démocratiquement, post-URSS, pré-Poutine. Skalova mêle ainsi la grande et la petite histoire. Les adieux d’un homme politique et ceux que chante Gainsbourg dans sa chanson. En filigrane, on y lit aussi les adieux du père à sa fille…

NB : le père n’écoute donc, et ne dit/chante, que des chansons dont il comprend les paroles, en Français ou en Russe.

Lien à la petite et grande histoire aussi par le rock, que ne connaît pas et ne comprend pas le père. (p. 26)

Mais le jean, symbole vestimentaire du rock, est un objet désiré par le jeune père. (p. 58)

Homme pétri de ses contradictions.

Tout comme la fille.

Toutes ces chansons, ces musiques, posent la question de la temporalité des tableaux et plus généralement de la pièce. Parfois les paroles ne sont pas dans l’ordre chronologique de la chanson (ex : Placebo), les chansons sont en lien explicite avec ce qui se déroule dans le tableau (absence de sommeil, question de la drogue, les planètes etc.) Malgré les instructions données en préalables dans les didascalies, la manière d’incorporer la musique à tout ceci reste très libre, mais renforce également le côté cinématographique – avec des émotions soulignées par la musique. ( d'après documents fournis par le TNS)

vendredi 19 février 2021

Sur l'absence de ponctuation dans le théâtre contemporain: témoignage de Michel Vinaver


 Avec Chloé , nous avons constaté que le texte de la Chute des Comètes et des Cosmonautes n'était pas toujours ponctué, et elle a cité Michel Vinaver.

Pour en savoir plus

Sur la question d’une élève à propos de l’absence de ponctuation dans ses partitions théâtrales, Michel Vinaver s’explique ; « lorsque nous parlons, nous ne ponctuons pas » ; la dimension de la « rumeur » de la parole dramatique ; Robert Cantarella en profite pour, à son tour -après avoir situé historiquement, dans la littérature moderne en général la faillite de la ponctuation- exposer les vertus qu’offre cette ponctuation aléatoire, pour le metteur en scène qui travaille sur les œuvres de Michel Vinaver. La ponctuation permet de « vocaliser » un texte. Plaisirs et difficultés permis par l’absence de ponctuation proposée par l’œuvre vinavérienne. Le « tremblé » du sens et le travail de « chirurgie » qu’impose la partition théâtrale.

François Clavier, comédien dans « L’Emission de télévision » mis en scène par René Loyon, décrit lui aussi les mérites et les incidences de cette stylistique particulière. Texte et respiration. Le jeu allitératif et le jeu des assonances dans l’écriture de Michel Vinaver.

 

jeudi 18 février 2021

Premières: Aide mémoire pour la Chute des Comètes et des cosmonautes

 

Les personnages.

Duo :

PERE/LUI

FILLE/ELLE

Anonymat. Lien intergénérationnel. Idée d’une transformation des personnages même par-delà la mort

 

Parcours de la fille :

- Née à Moscou, arrive petite à Paris avec ses parents, grandit dans un immeuble de 5 étages.

- Assiste sans le comprendre à la chute de l’empire soviétique à la TV.

- Elle est allée à l’école française (tableau 1).

- Elle a pris des drogues dans sa jeunesse. (p.23).

- Elle a fait des études d’astrophysique. Trois ans avant le début de la pièce elle a fait des recherches pendant un an pour trouver un master ou un doctorat en sciences (p.56).

- Elle s’est fait avorter (p.65).

- Elle a vécu un coup de foudre mais l’histoire d’amour vient de se terminer et elle en souffre.

- Elle vit à Berlin.

- Elle a essayé d’arrêter de fumer (p. 27)

- Elle est allée à Moscou deux mois avant le début de la pièce et y a vu son grand-père. Elle doit y retourner pour un projet d’intervention dans un congrès d’astrophysique (p. 27).

- Son père souhaite la voir lors d’un voyage à Berlin. Elle lui demande de l’y emmener : elle veut revoir le Moscou de son enfance. Voyage = retour aux origines.

- 3 jours de voyage avec lui jusqu’à l’accident mortel à Moguilev.

 

Parcours du père :

- Russe, juif (p.40)

- Il a fait une thèse en biologie ou médecine (p.40) qu’il n’a jamais pu soutenir faute de subsides.

- Il fuit l’URSS du dégel (Gorbatchev) avec sa femme et sa petite fille.

- En quête de liberté et d’avenir professionnel, il se rend en France.

- Une fois arrivé à Paris, il s’est finalement heurté à un échec. Il a dû chercher de petits jobs (p.41).

- Il assiste au démantèlement de l’URSS en France, via la télévision. Il n’est plus réfugié politique.

- Il est retourné seul à Moscou.

- Depuis 20 ans il fait un trafic d’importation en Russie de vieilles voitures qu’il ramène de l’Ouest.

- Il souhaite revoir sa fille à Berlin.

- Il l’emmène avec lui dans le voyage de retour vers Moscou.

- 3 jours de voyage avec elle, accident mortel à la frontière de Moguilev.

Chaque personnage poursuit une quête : amoureuse et identitaire pour la fille, de retour sur le sens de sa vie et de son pays pour le père. Tous deux se rejoignent dans le questionnement de l’utopie et de la liberté.

 

La fable.

La pièce est construite autour d’un voyage d’Allemagne en Russie en passant par la Pologne et la Biélorussie, prétexte à un long dialogue qui resserre la relation distendue d’un père russe et de sa fille, astrophysicienne franco-russe vivant à Berlin.

Tous deux souhaitent se rendre à Moscou, pour des raisons différentes : le père fait un aller-retour Moscou-Berlin pour un trafic de voiture, la fille dit y aller pour des raisons de travail mais aussi pour retrouver une image heureuse ancrée en elle.

L’intrigue se déroule dans une Europe contemporaine, sur trois jours qui structurent la pièce en actes (hors prologue). Les scènes marquent les étapes de ce périple dont la majeure partie n’est pas montrée. Le voyage s’achève tragiquement et s’ouvre à une dimension onirique.

Enfermés dans l’espace exigu d’une voiture, le père et la fille entretiennent une relation passablement conflictuelle mais qui révèle une similitude profonde. Ils trouvent un espace de liberté personnelle dans leurs chambres d’hôtel respectives lors des étapes nocturnes.

Les deux personnages vivent dans des mondes très différents mais se retrouvent à tirer souvent les mêmes conclusions sur le monde. Tous deux sont désenchantés et déçus. 

 

Il s’agit d’un road-trip. L’action dramatique est minimale et réside dans les dialogues où le père va raconter son histoire en même temps que l’Histoire de l’URSS. Parallèlement au récit qui se construit s’opère un rapprochement progressif entres les deux personnages. Les pauses nocturnes dans les hôtels donnent lieu à des monologues où les deux personnages se livrent à une introspection, une réflexion ou des récits qui n’ont pas de fonction proprement diégétique mais creusent les thèmes en profondeur.

Ils meurent dans un accident de voiture à la frontière entre la Biélorussie et la Russie. À partir de là ils deviennent Lui et Elle et se fondent tous deux dans un espace interstellaire. Le road-trip se mue en space-trip (annoncé par chanson de Bowie en I, 8 « I took a trip on a Gemini Spaceship »

 

Le road-trip d’Ouest en Est. Du thème à la structure.

- Effet road-trip avec l’importance du lieu mouvant mais restreint de la voiture qui parcourt une multiplicité de paysages visibles au lointain, des noms de territoires, des villes, des capitales…

- Importance de la destination qui motive toute la trame dramaturgique (prologue = préparation au départ ; « vrai » départ : Berlin ; arrivée : Moscou)

- Scènes courtes, morceaux. Pas de logiques dramaturgiques « aristotélicienne » (au sens du bel animal, d’une pièce où tout s’enchaîne logiquement et tout concourt à la résolution du ou des conflit.s/nœud.s) : ellipses, trous de dialogues. Fonctionnement cinématographique par séquence.

- Importance de l’atmosphère, des musiques, comparables à une Bande Originale de film.

- Scansion du temps = jour de voyage ; nuit de repos (ou d’insomnie) dans des hôtels.

- Tous les monologues en solo sont situés dans le même espace-temps dramatique : des chambres d’hôtel de capitales d’Europe de l’Est (Moscou, Berlin, Varsovie, Minsk), la nuit, avec indication d’objets scéniques récurrents, signes du territoire de chacun des personnages. Ils gardent par là un lien avec la diégèse.

- La nuit est propice à une sensation de temporalité éclatée qui est celle de la divagation mentale et de l’insomnie, un entre-deux entre veille et sommeil, qui ouvre les vannes du contrôle et de la censure

vendredi 12 février 2021

Premières: séance du vendredi 5 février: la chute des comètes te des cosmonautes

 Séance avec Romain et Emilie

1.Romain joue Phil Glass au piano, cadeau mais aussi entrée par la musique très importante dans la pièce, bande son que vous avez reconstituée.

Discussion à propos de la pièce: road trip qui s'élargit en space trip

passages en langue russe, accent du père , prononciation du "r". lorsqu'il parle français comme ce n'est pas sa langue maternelle il  doit faire un effort. Père brut de décoffrage!

Titres des scènes: qu'en faire? les dire ou pas, jeux de mots parfois cata-strophe

road trip qui fait se rapprocher le père et la fille, croyances intimes, ils partagent leur philosophie et la science. Sont différents par les systèmes économiques dans lesquels ils ont grandi/ EST/OUEST

Expériences personnelles racontées par la mère russe de Romain: faire la queue à la boucherie, argent qui n'a pas de valeur, rendre des services pour obtenir quelque chose..

Discussion sur la façon dont a été appréciée la pièce que Romain aime beaucoup.

Échauffement rapide: jeu du samouraï, intéressant quand on sait ce que l'on fait, est en éveil, réveil de la voix et du corps. Etre très précis et en rythme: Hi, Hey, Ha avec beaucoup d'énergie. ( d'abord un peu mou, puis de plus en plus tonique. une certaine lenetuer du grouoe à se mettre en train.)

Élimination de ceux qui font une erreur; jeu , concentration. Chacun dit ce qu'il a ressenti lors de son élimination.

Conseil: soyez de bons partenaires: s'assurer que tout le monde soir prêt, déminer le texte pour l'autre, dans le jeu, bien indiquer la levée des mains jointes.

Passage des extraits choisis par Emilie: chacun dit ce qu'il a ressenti en passant ou en regardant.

Romain donne comme référence le film Faute d'amour  Andrey ZVYAGINTSEV (2017) pour parler du rapport à l'émotion entre deux parents russes.

Bande Annonce du film 

Bande annonce et présentation du film 

2.Lecture des textes sélectionnés par Emilie pour vérifier la distribution et le timing.

répartition des parties chorales. 

Chacun note ce qu'il pense du découpage, de sa partie.


samedi 16 janvier 2021

Première: Imaginer une scénographie pour la Chute des Comètes

 A la suite du travail de la recherche d'images et de sons suscitée par les didascalies de la pièce, certains ont commencé à réfléchir à des scénographies possibles. j'attends d'ailleurs les idées de tout le monde:

Scénographie pour la Chute des comètes et des cosmonautes.

Avant de commencer le travail, je n’avais vraiment aucune idée de comment pourrait être la scénographie. Ensuite, en tournant les pages, je me suis rendu compte qu’en plus de beaucoup de lieux différents, il y avait aussi beaucoup d’objets différents. Alors le décor ne doit pas être statique.
Pour moi dans la scénographie, il était obligé d’avoir une voiture. Pour régler le problème paysage, un grand drap blanc où on projette les paysages est une solution. L’organisation m’est venue quand j’ai commencé à dessiner


On voit le grand drap blanc qui cache 1/3 de la scène. Il y aura presque toujours quelque chose de projeté et pour quand les paroles de chansons sont dans le textes, elles seront écrites en projection. La voiture est ancienne mais surtout coupé en 2 et sans roues. C’est pour les scènes où le père et la fille roulent mais, avec une demi-voiture, ils n’iront pas loin (réalité du voyage ?).

Il y une table avec deux chaises et deux tasses. Un ordinateur est sous la table pour la fille qui l’utilise souvent. Il y a des changements de lit simple-lit double-canapé-lit alors ils seront équipés de roulettes et seront amené sur scène pour des gens de la technique tout comme les autres objets comme la télévision, un panier de vêtements sales, un cendrier, bières et whisky qui seront aussi donné aux comédiens très rapidement. Les comédiens seront comme « assistés » pour le personnel du théâtre. Dans tout ça il n’y a plus de réalité. 

Pour quand les deux personnages sont dans le cosmos, les comédiens iront derrière le drap, des étoiles seront projeté et il vagabonde dans le 1/3 caché de la scène.

La lumière pourrait suivre les personnages se qui permettrait de caché la voiture ou la table quand on en a pas besoin. Et pour quand ils sont dans un autre espace-temps, la lumière est plus sombre, plus grise.

 

 Julia :

Pour la scénographie j'avais pensé que le plateau pourrait être divisé en deux: d'un côté le côté chambre et de l'autre celui du voyage/route. Le décor des chambres varient peu, il règne toujours le même désordre, tasses, cendrier, habits sales, ordinateur. Le décor pour l'espace voyage pourrait être dénudé en contraste avec la chambre, il y aurait seulement deux chaises sur le plateau. L'espace des chaises serait illuminé le reste dans le noir pour former un huit-clos qui serait celui de la voiture.

 

Mélody :

Pour le décor, j'imagine les personnages être tout le temps dans la voiture, donc assis dans un décor qui ressemblerait à l'intérieur d'une voiture avec la musique en fond.

 

 

Basile qui a retenu surtout des photos de pays de l’Est :

 Même si d’un point de vue éthique je ne serais pas d’avis de cantonner tous ces pays d’Europe de l’est à cette image persistante de « restes » de l’URSS, la thématique de la pièce reste en partie le déclin de cette puissance, c’est pourquoi il me semble important de donner à voir cette esthétique à la limite entre modernité et déchéance