mardi 28 mars 2023

Cours option seconde mercredi 22 mars DElta Charlie delta.

 Discussion à propos du passage en spécialité.

Echauffement proposé par Emilie:

Marche avec changement de direction sur différents rythmes. rapide, on a oublié un truc on se dépêche. vitesse de 1 à 10 puis 5;

En autonomie, faire des ruptures  sèches de direction puis aller progressivement en écoutant le groupe vers l'arrêt 5-4-3-2-1 0

Marche: un qui propose une démarche avec un son, tout le monde prend cette nouvelle démarche jusqu'à ce que quelqu'un en propose une autre. création d'un choeur en marche; Aujourd'hui le groupe est un peu mou: chacun doit prendre sa responsabilité pour donner vie au groupe.

cercle concentration, posture d'attente de jeu pistolero prêt à dégainer. jeu de balle: relancer à la m^me personne à qui on l'a envoyé dans le premier tour.

2ème étape: dire les chiffres de 1 à 18, lancer le ballon en m^me temps

3ème étape se déplacer en posant la main sur l'épaule de celui qu'on rejoint. Tout le monde lève la main. On se rappelle avec qui on joue au ballon, on se rappelle de dire le schiffres et avec qui on change de place.

Qu'est-ce que ça actionne?: concentration. pour que ça marche il faut del'énergie, être ferme dans ses déplacements. Emilie a dû souvent relancer les chiffres. Synchronisation, désynchronisation. 

L'exercice met toujours en tension la relation entre l'individu et le groupe. si chacun est concentré et prend ses responsabilités , ça marche. La même chose pour un spectacle.

Reprise de la construction de Delta Charlie Delta: il faut avancer pour dessiner le schéma général avant de travailler les scènes dans le détail. plus facile si vous savez vos textes.

Chacun doit noter ce qu'il doit faire, les conseils qui sont donnés. Comme il s'agit d'un travail de groupe, il faut être concentré pour que nous ne perdions pas de temps et pour ne pas avoir à répéter tout le temps la même chose.

Noter aussi vos placements et déplacements dans l'espace.

Pour la prochaine fois, savoir vos textes.

Espérons qu'il n'y aura pas d'absents.


Retour sur Les Possédés d'Illfurth de Lionel Lingelser

 J'ai revu hier le spectacle Les Possédés d'Illfurth et j'ai appris que beaucoup de candidats, lors des auditions d'entrée au TNS, disaient que c'était le meilleur spectacle qu'ils avaient vu.

Je pense qu'il faut revoir ce que vous en aviez dit au premier trimestre et prévoir d'avoir à en parler lors de l'oral.

Voici un lien vers le site Théâtre Contemporain: Revue de presse

début du texte de la pièce 

Dossier du spectacle avec quelques photos

Texte de la fin de la pièce

Bats-toi, bonhomme. Bats-toi. affronte tes dragons. Bats-toi. loin d'ici ( Illfurth), sur scène, tu trouveras ta place. Tu chanteras pour ceux qui ne peuvent chanter, tu riras pour ceux qui ne peuvent rire, tu pleureras pour ceux qui ne peuvent pas pleurer, tu danseras pour ceux qui ne peuvent pas danser, tu crieras pour ceux qui ne peuvent pas crier, tu aimeras pour ceux qui ne peuvent pas aimer, tu vivras pour ceux qui ne peuvent pas vivre. bats-toi. Et souris. Le sourire prépare à l'éveil;

dimanche 26 mars 2023

Notes prises par camille: préparation à l'entretien de jeudi dernier

Serge Lipszyc, qu’est-ce que ça vous a apporté de jouer avec quelqu’un qui a déjà traité la pièce?

-On comprend les enjeux et les sous textes

-Donner des exemples précis

-Revenir sur le travail de ta propre scène

-Passer un moment de travail à la table avec le partenaire, dire comment Serge est venu nous aider

-Improviser et réécrire le texte de notre scène en langage courant pour voir si on a compris, voir que par moment il y avait des enjeux si gros qu’on n’ y arrivait pas. Ce que l'on ne comprenait pas, on n'arrivait pas à le traduire.

-trouver un exemple de ce qu’il nous a dit

-Il savait où il voulait nous emmener dans nos scènes, c’était progressif, donc on allait toujours de plus en plus loin Ex. Élise devait faire son personnage moins sorcière et comparaison avec quand elle a vu son personnage dans York = plus machiavélique dans York que ce que Élise faisait

-Est-ce que les personnages dans York étaient joués comme nous le faisions nous ?

-Il n’a pas reproduit la mise en scène, il a fait autre chose avec nous

-Parler de son propre personnage et de la façon dont on le voyait avait de le voir dans York

-Yan Sittprot = comédien qui joue le personnage de Richard dans York

-Parler de la scéno aussi, comparer à notre scéno au lycée qui a des niveaux comme dans le théâtre élisabéthain et pas celle de Serge

-Importance accordée à la diction et précision du texte et la respiration

-Peut enchainer sur la différence de travail entre Serge et Laure

-Revoir des photos de York

-Parler de Bruno Journée (roi de France et un des assassins) = parler de l’un des anciens intervenants

-Faire des liens, plus on parle, moins on a de questions, mais ne pas parler pour rien dire

-Qu’est-ce qu’on a perçu dans le spectacle qui était la petite patte de Serge ? -> Regard droit et sourit de l’intérieur qu’on a vu dans le spectacle, côté un peu bourru, un peu papa ours dans le jeu de Serge. Utilisation intelligente de l’espace, comment s’adapter rapidement à l’espace ex. nous le jour même du spectacle et dans sa mise en scène à lui tout est a vu, accent placé sur l’acteur, une pièce de mobilier représente un ensemble (le trône)

 

Qu’est-ce que vous avez pensé de la programmation globale de la CDC ? Qu’est-ce que vous avez pensé de la succession des spectacles vus ?

-Ils ont voulu mettre les femmes à l’honneur, on l’avait vu avec la plaquette au début d’année avec la femme traditionnelle en haut et son bas plus sensuel. Ex. Sensuelle, Des femmes qui nagent, Le firmament

-Lien entre cinéma et théâtre

-Quels types de spectacle ils programment, qu’est-ce qu’on voit ?

-Plusieurs spectacles dans le registre des déplacements par les village, ex. Nous revivrons (d’abord dans les villages, puis mis dans la programmation), la jeune troupe = font dans les villages exemple Rêver Molière.

-Grosse diversités, mélange des arts (Didon et Énée, le crocodile trompeur, nous revivrons (peintures) il y a une sorte de fil rouge et un intérêt d’EmilieCapliez sur le rapport entre théâtre et cinéma ou la musique vivante au plateau, ex. Montagne, mettait vraiment les arts plastiques au plateau une artiste peintre et une musicienne.

-Théâtre très contemporain, peu de texte, prises de risque théâtraux avec des textes qui peuvent déranger le public ex. nous revivrons qui n’est pas un texte raconté linéairement

-jeune compagnie locale (Hôtel Proust) avec de grosses compagnies internationales (Fraternité, contes fantastiques)

-Ils ne peuvent pas programmer n’importe quoi à cause de la salle pentue,.

-Voir place du théâtre dans la société

-Stanislas Nordey, directeur du TNS que nous verrons jouer dans Cloture de l'Amour.

-Caroline Nguyen, Pauline Perrade, Emilie Capliez, Nathalie Béasse…, minimum de culture sur le théâtre et les metteurs en scène des spectacles

-Nordey : faire connaitre des auteurs de théâtre, et Nguyen c’est plus dans les émotions, les deux cherchent beaucoup de la diversité au plateau aussi

 

S’attendre à des questions sur comment on a travaillé nos scènes, qu’est-ce qu’on a dû abandonner ? 

Le rejeu ne peut pas nuire à la note, on peut prendre un temps de préparation

 

Pourquoi avoir préféré jouer une scène plutôt qu’une autre ? Expliquez le choix de la scène préférée

 

Faire une allemande = voir juste les entrées/sorties dans l’audi pour se préparer durant le temps donné au début

 

jeudi 23 mars 2023

Jeudi 23 mars: Le Firmament de Lucy Kirckwood mise en scène Chloé Dabert, 19h CDC

 Dossier artistique

Article qui décrit bien la mise en scène et la scéno pour vos traces.

Emission de radio Coup de thé^tre à la Comédie de Colmar 

Interview de la metteuse en scène Chloé Dabert

Le Firmament est un drame se déroulant en 1759, en Angleterre.
Alors que tout le pays attend la comète de Halley, Sally Poppy, une jeune

domestique dont la vie n’a été que pauvreté et corvées, est condamnée

à la pendaison pour le meurtre particulièrement violent d’une fillette,

enfant d’une puissante famille de notables d’une petite ville de province.

Cette jeune femme qui rêvait d’une existence différente, a été reconnue

coupable - avec son amant.

Quand elle prétend être enceinte, un jury de douze femmes est réuni :

celles-ci sont alors exemptées de leurs tâches ménagères quotidiennes

et convoquées au tribunal pour décider si l’accusée dit la vérité ou

essaye d’échapper à sa mort en affirmant attendre un enfant, ce qui

commuerait sa peine en exil. Selon la loi, même si l’enfant n’est pas

encore né, il est considéré comme un être vivant qui ne peut être

coupable du crime de sa mère.

Ce jury populaire est composé de femmes de la ville de conditions

différentes : l’une s’inquiète de pouvoir rentrer à temps pour récolter

des poireaux, une autre de ses bouffées de chaleur, une est stérile,

une autre a eu 21 enfants, etc. Seule la sage-femme, Elizabeth Luke,

est prête à défendre l’accusée tout en savourant la rare opportunité

pour des femmes d’avoir un pouvoir décisionnaire sur les événements

dans un monde habituellement dicté par les hommes. Que faire alors

de ce « pouvoir » dont on n’a pas l’habitude ? Le prendre, s’en remettre

à d’autres, ou essayer de l’exercer selon ses critères personnels en

essayant de prendre en compte une justice globale ?

Ensemble, alors qu’une foule s’insurge et réclame une sévère

condamnation sous les fenêtres de ce tribunal à huis-clos, elles

débattent et luttent, aux prises avec leur nouvelle autorité éphémère,

sous le seul regard d’un huissier qui n’a ni le droit d’intervenir ni même de

parler, tout en laissant émerger des récits de vie.

Entre anecdotes sans filtres et débats sur la politique de colonisation

qui gagne le pays, avec humour et rage, se règlent des querelles de

village et des conflits de classes dans une langue tant archaïque que

contemporaine.
 

mardi 21 mars 2023

Option 2nde cours du mercredi 15 mars

 avec Emilie

-retour sur le spectacle vu salle Europe jacques Chirac

- visite de deux terminales Annaêlle et Irénée qui ont joué un extrait de Richard III de Shakespeare

- retour sur les films qu'Emilie vous a demandé de regardés La Haine et Athéna sur Net flix ( ceux qui ne l'ont pas fait doivent le faire pour mercredi 22)

Echauffement!

marche neutre, se positionner face à quelqu'un et le regarder le plus longtemps possible, partager le regard, être face à face. Puis d'un commun accord sans parler rompre la rencontre et trouver quelqu'un d'autre: réfélchir à ce que l'on ressent, perception différente à chaque rencontre, on peut rire mais ne pas se lâcher du regarde. Science de la proxémie: trouver sa distance idéale.

beau partage qui s'est fait avec une tranquillité émotionnelle: bravo!

puis Etre neutre les bras le long du corps. on montre ses fragilités avec une certaine impudeur, propre à l'art de l'acteur: je laisse voir les choses, je laisse ouvert, j'accepte le regard des autres sur moi.

Marche sur 10 temps vitesse et malgré tout équilibre du plateau, pas de cercle en rond. garder le regard loin devant soi, pas au sol. Tendance à un resserrement lorsqu'on équilibre le plateau, quand on s'écoute, on se rapproche.

Cercle en position théâtre neutre: ancrage dans le sol, fil dans la colonne vertébrale: terre/ciel: relai du prénom: donner son nom en amplifiant la voix

2; On envoie le prénom de l'autre

3 Envoi du prénom de quelqu'un du groupe, c'est ce prénom qui doit relancer le jeu. réussite au bout d'un assez longtemps, nécessite concentration.

Faire un ovale: exercice de lâcher prise: relai corps/voix, se passer un geste et un son sans réfélchir, sans se juger, sans se regarder faire. gaganer en vitesse, moins attendre avant de proposer quelque chose, rester dans le rythme. actionner aussi le bas du corps. passage en macro et micro: gestes très grands ou petits. mais garder la m^me énergie et précision.

Etre prêts à jouer: posture du pistolero, pret à dégainer. Ne pas se relacher quand on a été la source de l'action, suivre ce qui se passe dans le cercle.

Exercice qui expérimente la relation de l'individu au groupe: il faut que chacun à son endroit soit précis pour ne pas mettre le groupe en péril. faire ce qu'on a à faire pour que ça avance, être exigeant avec soi-même pour la réussite du projet, de l'eouvre commune.

Beau à voir quand l'exercice de lâcher prise est bien afit: ça entraine une harmonisation du tempo, de l'énergie, un e^tre ensemble vivant. Je reçois/je donne. faire quelque chose qui s'échappe sans juger personne.

 réflexion sur le rapport au théâtre entre contrôle et lâcher prise: règles, contraintes = textes, mise en scène,espace proposé/ liberté:invention du jeu, qualité des propositions. Au théâtre toujours tension entre ces deux choses.

Travail sur le texte d'abord avec ceux qui connaissent leur texte ( Emilie), pendant ce temps apprentissage du texte(Moi). pas possible d'avancer vite si vous ne connaissez pas le texte. petit à petit le puzle va se mettre en place mais nécessité de connaître du texte en venant en cours.

Chacun donne son ressenti,. Si Emilie a fixé des choses dans la mise en scène: placements, façons de dire le texte on le note.

On note aussi les techniques d'apprentissage du texte que j'ai donnée: s'enregistrer, faire des gestes pour mémoriser avec le corps, voir ce que l'on dit.Dire son texte sans le figer de façon différente à chauqe fois, très vite, très lentement, en sur articulant.

Pour le 22 mars, connaître encore plus de texte.

mardi 14 mars 2023

Le costume de Prouhèze: comparaison mise en scène de Vitez et Py + retour sur la "charmille" et le rôle de Camille

 

Comparaison des costumes de Prouhèze dans les mises en scène de Vitez et Py :

Dans l’espace nu vitézien, en attente, les costumes des personnages qui entrent prennent valeur de décor, habillant à eux seuls autant les personnages que l’espace. Prenons les robes respectives de Ludmila Mikaël et de Jeanne Balibar dans le rôle de Prouhèze.

Celle de Ludmila Mikaël pourrait ou a pu éventuellement être portée dans la réalité mais, sans aucun autre signe d’un univers mimétique sur scène, elle est donnée à voir à distance, comme mise entre guillemets. Nous sommes dans le « presque » que Vitez repère chez Kokkos ( Presque un costume du Siècle d’Or)

 C’est encore plus net avec la grosse couronne du roi (Première journée, scène 6), qui assume un caractère muséal.

La robe est donc rendue théâtrale par le fait d’être un signe isolé sur la « page blanche ». Il y a là comme un réalisme distancié.

Au contraire, la robe rouge vif de Jeanne Balibar, augmentée d’un chapeau haut de forme également rouge, apparaît d’emblée comme un costume de pur théâtre et elle est indissociable de son environnement scénographique. Son rouge vif peut bien sûr avoir un sens en lui-même : rouge de la passion, Petit Chaperon rouge menacé par le Loup Don Camille, sang du sacrifice, allusion au rideau rouge de l’imaginaire théâtral. Toutefois, la valeur symbolique ne peut éclipser la richesse visuelle dramaturgique, qui inscrit le rouge dans le continuum et dans un mouvement perpétuel de transformation. Olivier Balazuc l’a bien explicité : « À partir d’un univers commun, poétique parce que décontextualisé, permettre au spectateur d’activer son propre imaginaire.

Dans Le Soulier de satin de Py, trois couleurs, associées à des matières, jouent de la polysémie des signes : le rouge des rideaux, le noir des structures et l’or de certaines surfaces. Ce code se décline également à travers les accessoires ou des éléments de costume.

Bien entendu, le rideau rouge signifie le théâtre dans l’univers collectif, même si on l’utilise de moins en moins (on lève un rideau mental). Mais ce dernier pouvait devenir voile de bateau, draperie du commerce des Indes, évoquant simultanément le sang des massacres […]. » Même richesse des dorés, ajoute Balazuc : « L’armure du conquistador devenait celle de l’Ange, dont l’éclat ultime se reflétait dans les étoiles d’un ciel de théâtre ou les cuivres de l’orchestre » (ibid., p. 55).

« Poétique parce que décontextualisé. » La formule d’Olivier Balazuc peut s’appliquer aussi bien à Vitez qu’à Py, mais leurs manières de décontextualiser diffèrent. Reprenons les deux ressources audiovisuelles, présentées plus haut, qui permettaient de comparer les costumes du personnage de Prouhèze chez Vitez et Py. Elles sont également intéressantes pour évoquer les décors : on peut comparer ici leurs deux « charmilles » de la scène 3 de la Première journée.

Peinte sur une toile portée par Jeanne Vitez, la charmille de Vitez tire sa poésie théâtrale de sa légèreté, de son mouvement et de son isolement dans l’espace nu. Elle est d’ailleurs remplacée ensuite par l’éventail de Prouhèze. La « charmille » de Py est un plancher noir, la couleur du costume de Camille, installé à la verticale. C’est le même module que ceux qui constituent le tréteau sur lequel marchent les personnages. Rien d’autre que le théâtre lui-même pour créer la tension dramatique. La différence de matérialité de ces deux charmilles permet de comprendre la relation entre les personnages .

 On peut prolonger la réflexion avec une image du film de Manuel de Oliveira (1985) : la charmille est une barrière végétale réelle, qui sépare deux plans. Camille et Prouhèze parlent face caméra, dans une forme d’immobilité qui rapproche la scène d’une enluminure de livre d’images médiéval. La charmille rappelle une représentation de l’arbre de la connaissance du bien et du mal dans le jardin d’Éden. Prouhèze ressemble alors à une Ève que le tentateur Camille cherche à tromper.

 

Choix de Py et choix de Vitez pour le comédien qui joue Camille. Quelles différences notez-vous entre eux ? La relation de Camille à Prouhèze vous semble-t-elle similaire ?

On peut relever au minimum la différence d’âge des deux Camille. Robin Renucci raconte avoir été étonné que Vitez lui demande de jouer un rôle qui lui semblait plutôt un rôle de la maturité. Quoi qu’il en soit, son Camille, avec un sac à dos d’homme « aux semelles de vent », est plein de jeunesse, d’enthousiasme joyeux, doté d’un perpétuel sourire un peu moqueur. Il attire immédiatement une forme de sympathie du public.

Plus âgé, le Camille de Py, Miloud Khétib, vit le refus de Prouhèze de manière plus visiblement douloureuse ; on perçoit un homme qui a déjà beaucoup vécu, un homme tourmenté, marqué par un combat intérieur et aussi une violence prête à éclater. Ce Camille semble se retenir difficilement de prendre de force la femme qu’il désire.

Chez Vitez, alors même que Camille embrasse Prouhèze contre son gré, la relation demeure assez légère, comme un jeu de séduction sans gravité ou une mise au défi. Chez Py, la force du désir est accentuée par la manière de matérialiser la charmille. Le plancher noir vertical sépare, comme une porte que Camille tente de forcer, comme si le viol n’était pas exclu. Prouhèze est ainsi amenée à fuir, puis à se réfugier sous le tréteau. Pas de naturalisme agressif bien sûr, mais une manière théâtrale d’indiquer une sorte de violence pulsionnelle (voir les poings serrés, par exemple, et bien entendu le corps étendu au-dessus de Prouhèze). Réduite à un éventail, la charmille de Vitez donne au contraire à l’affrontement une apparence plus badine.

 

la scénographie du Soulier: comparaison mise en scène de Vitez et de Py

 

Si Vitez place à l’origine un espace nu, Py met au contraire d’emblée sa mise en scène sous le signe d’une théâtralité foisonnante et gigantesque. La scène de Vitez est une page blanche, explicitée par les pages du cahier que tourne l’Annoncier : choix de la miniature et refus de la représentation mimétique, puisqu’il va de soi qu’aucun spectateur ne pourrait distinguer les éventuels dessins présents. Le cahier est comme un reflet de la scène, espace vide qu’Éloi Recoing désigne comme « un grand livre d’image, prêt à les recevoir toutes » (cité par Ubersfeld, Antoine Vitez, metteur en scène et poète, p. 105).

La scène de Py, au contraire, est une importante machinerie en mouvement, appelée à se transformer pour une chorégraphie d’espaces qui relève d’un monde en perpétuelle transformation, selon l’idée baroque de l’instabilité fondamentale de l’Univers. Les praticables sont composés de quelques modules de base, diversement emboîtés, qui sont réutilisés de pièce en pièce. Pierre-André Weitz parle de « Lego » à propos de son travail, ce qui suggère à la fois la réutilisation et la dimension ludique.Les éléments de décors, et spécialement les escaliers sur roulettes, déploient dans tout l’espace l’idée de flottement que Yannis Kokkos donnait de manière minimaliste en posant le tréteau nu sur la mer, représentée par un simple contour rectangulaire bleue. La différence est décisive, car elle amène à opposer la scène essentiellement horizontale de Vitez à la scène constamment verticale de Py.

On le comprend dès que l’Annoncier-Michel Fau fait son entrée en scène en escaladant une échelle. La scénographie, chez Py, entend bien rapprocher le ciel et la terre. Il y a là, en outre, un clin d’œil à une idée que Claudel met en œuvre dans sa pièce de 1927, Le Livre de Christophe Colomb : tout personnage est au moins double et l’homme du bas est appelé à s’élever peu à peu pour rejoindre l’homme d’en haut. Ainsi, le Christophe Colomb terrestre doit-il coïncider un jour avec le Christophe Colomb céleste, qui assiste à son procès de canonisation. Chez Vitez, au commencement, il y a donc le vide et l’horizontal ; chez Py, il y a la théâtralité exhibée et la verticale.

Très concrètement, on note par exemple que Michel Fau touche avec sa canne la tringle qui descend des cintres, tandis que Pierre Vial se contentait de faire semblant de l’avoir dans les mains. De même, Py choisit de matérialiser les constellations par un grand disque noir avec des éclats dorés en guise d’étoiles, tandis que Pierre Vial se contentait de délimiter un cercle dans le vide en faisant tourner sa canne. La différence ne relève pas seulement de deux esthétiques diamétralement opposées, l’une de l’épure, l’autre de l’excès, l’une du vide, l’autre du plein (« je lutte contre l’image par accumulation », dit Py quelque part). La différence a en réalité une valeur métaphysique : chez Py, l’homme se promène sans cesse entre ciel et terre, tandis que chez Vitez, la présence céleste ne va jamais de soi

Vitez et Py ont toutefois en commun le refus de la représentation, aussi bien mimétique que symbolique. Ils admettent d’emblée l’un et l’autre que « le monde », qui est la scène du drame, ne sera pas présent sur scène par les images juxtaposées des différents lieux évoqués. On lira avec profit « Les deux font la paire ou L’aventure du Soulier de satin », article d’Olivier Balazuc, comédien et assistant à la mise en scène de Py pour la pièce. On y lit notamment cette question sur le défi lancé par une scène qui « est le monde » : « Comment procéder ? S’agit-il d’extraire des éléments représentatifs ou pittoresques, dont la somme donnerait une équivalence théâtrale de ces centres commerciaux où le tex-mex voisine avec la cuisine chinoise et les saveurs de l’Italie ? Un cliché de village mondialisé ? » Contre ce faux monde publicitaire, Balazuc rappelle que la méthode de Py et Weitz est, depuis l’origine, la même : « représenter le monde avec le monde du théâtre », ce qui signifie, en somme, préférer « l’universalité des signes » à « la mondialisation des images » (Théâtre public, n° 213 : « Carte blanche à Olivier Py », 2014, p. 55).