mercredi 15 novembre 2017

La "joie" au théâtre pour Olivier Py

Propos recueillis dans la revue Fluctuat.net en juin 2006

Vous avez une définition particulière, voire personnelle , de la joie.
Oui,c'est un mot que j'utilise beaucoup et auquel mon théâtre a essayé de donner un sens spirituel. La joie,c'est le point d'horizon d'une quête spirituelle, une tentative d'être plus au monde, d'être meiux au monde, peut-être pas d'atteindre à la finalité de sa présence au monde, mais tout au moins de vivre mieux cette impossibilité d'atteindre à une finalité. sans aucun doute, le théâtre est un excellent outil pour cette aventure-là. oui, le mot joie est un mot que j'ai souvent employé de manière différente. La joie du poète n'est pas la joie du chrétien. Mais c'est le mot qui m'est le plus couramment associé. j'en suis finalement assez fier car il n'y a pas de place, je pense, au théâtre pour le constat d'impuissance, la déploration, l'ennui. Même quand le théâtre est tragique, il faut qu'il soit tragique avec joie. comprenne qui peut.

Y-a-t-il des auteurs contemporains dont vous considérez qu'ils font, ainsi que vous, du théâtre dans la joie?
Je crois que Valère Novarina est aussi un poète de la joie. il dit dans L'Espace furieux "attention vous allez assister à des scènes de joie". Valère n'est pas un poète du désespoir, bien au contraire. Je ne suis pas certain que le désespoir s'entende très bien avec le théâtre. Je doute toujours du théâtre désespéré ou finalement du théâtre radicalement absurde, parce que le fait de monter ces grandes aventures, la présence des spectateurs, la réunion de ces amis, de ces artisans autour d'un projet poétique est déjà en soi un tel miracle, une telle joie, qu'il serait difficile de le vivre uniquement dans la déploration.