Début dans la version Marcel Bluwal: http://www.ina.fr/video/CPF86628391
Dans la version de Jean Renoir: http://www.youtube.com/watch?v=LRp9LR7EjRA
http://www.youtube.com/watch?v=jcc4HH9klCk
Jean-Christophe Averty;
http://www.youtube.com/watch?v=GAvL4UDEEyg
http://www.ina.fr/video/I00019581
Alain Françon: http://vimeo.com/40644988
Les Follavoine, fabricants de porcelaine – de pots de chambre «
incassables » –, reçoivent à dîner les Chouilloux, c'est-à-dire le mari,
un médecin attaché au ministère de la guerre, sa femme et son amant
Horace Truchet. Follavoine tente de décrocher grâce à Chouilloux un
contrat juteux pour fournir les armées en pots de chambre. Mais voilà
que Toto, le fils des Follavoine, est constipé et refuse de prendre une
purge. Seulement, c'est Follavoine qui se retrouve à prendre la purge...
Le sujet fait osciller la pièce entre la farce (comique relevant du bas et du vulgaire) et la satire (les préoccupations des petits bourgeois qui font grands cas de petits riens quotidiens). Feydeau montre la bêtise humaine dans toute sa splendeur : les bourgeois, près de leurs sous et ignares – les Follavoine cherchent dans le dictionnaire les îles Hébrides aux entrées « Zhébrides » ou « Ebrides » et s'étonnent de ne pas les trouver) ; le médecin aux diagnostics faussement alarmistes ; Toto l'enfant-roi capricieux à qui l'on a déjà trop cédé ; Mme Follavoine, qui a été élevée pour faire « une bonne ménagère ». Feydeau ne lésine pas sur les stéréotypes et la caricature, poussant même le dialogue vers un langage assez vert et le juron (le « Ta gueule ! » lancé par Toto à Chouilloux) qui détonnent sur la scène parisienne au début du XXe siècle.
Mais la pièce, sous ces rouages comiques assez grossiers, laisse cependant apparaître des allusions intéressantes aux questions de société qui commencent à poindre au début du siècle : la gestion et les chicaneries domestiques, l'obéissance et l'éducation des enfants, mais aussi la question de la condition féminine : il ne faut pas oublier que les « bas bleus », en France, ont fait beaucoup de bruit dans les années 1840 et que les suffragettes, aux Etats-Unis, militent activement pour un nouveau modèle social.
Cette pièce en acte de Feydeau, créée en 1910 au Théâtre des Nouveautés, a été montée maintes fois, mais on peut signaler, parmi les plus remarquables mises en scène, celle de Jean Meyer, en 1973, aux Célestins (Lyon) ; celle de Jean-Christophe Averty avec François Beaulieu et Bernard Menez dans une production de la Comédie-Française, en 1991 ; celle de Bernard Murat, en 1994, avec Pierre Richard, Muriel Robin et Darry Cowl au Théâtre Edouard VII ; celle de Gildas Bourdet en 2010 au théâtre du Palais-Royal avec Christiana Réali et Dominique Pinon. La pièce est très souvent montée à côté d'autres pièces de Feydeau pour former des soirées théâtrales complètes, comme dans le spectacle de Jean-Michel Rabeux, qui réunissait On purge bébé avec Léonie est en avance et Hortense a dit J'm'en fous ! (MC 93 de Bobigny, en 2004), ou encore la série imaginée par Alain Françon, pour un spectacle intitulé Du mariage au divorce, qui comprenait, outre On purge bébé, Feu la mère de Madame, Mais n'te promène donc pas toute nue ! et Léonie est en avance (Théâtre national de Strasbourg, 2010). Le cinéma n'est pas en reste et l'on peut notamment voir la très belle adaptation filmée par Jean Renoir – son premier film parlant, tourné en moins d'une semaine – en 1931, avec Jacques Louvigny, Michel Simon et Fernandel ; le téléfilm réalisé par Jeanette Hubert en 1979 avec Bernard Blier et Danielle Darrieux, ou celui d'Yves-André Hubert en 1996, avec Michel Galabru.
Le sujet fait osciller la pièce entre la farce (comique relevant du bas et du vulgaire) et la satire (les préoccupations des petits bourgeois qui font grands cas de petits riens quotidiens). Feydeau montre la bêtise humaine dans toute sa splendeur : les bourgeois, près de leurs sous et ignares – les Follavoine cherchent dans le dictionnaire les îles Hébrides aux entrées « Zhébrides » ou « Ebrides » et s'étonnent de ne pas les trouver) ; le médecin aux diagnostics faussement alarmistes ; Toto l'enfant-roi capricieux à qui l'on a déjà trop cédé ; Mme Follavoine, qui a été élevée pour faire « une bonne ménagère ». Feydeau ne lésine pas sur les stéréotypes et la caricature, poussant même le dialogue vers un langage assez vert et le juron (le « Ta gueule ! » lancé par Toto à Chouilloux) qui détonnent sur la scène parisienne au début du XXe siècle.
Mais la pièce, sous ces rouages comiques assez grossiers, laisse cependant apparaître des allusions intéressantes aux questions de société qui commencent à poindre au début du siècle : la gestion et les chicaneries domestiques, l'obéissance et l'éducation des enfants, mais aussi la question de la condition féminine : il ne faut pas oublier que les « bas bleus », en France, ont fait beaucoup de bruit dans les années 1840 et que les suffragettes, aux Etats-Unis, militent activement pour un nouveau modèle social.
Cette pièce en acte de Feydeau, créée en 1910 au Théâtre des Nouveautés, a été montée maintes fois, mais on peut signaler, parmi les plus remarquables mises en scène, celle de Jean Meyer, en 1973, aux Célestins (Lyon) ; celle de Jean-Christophe Averty avec François Beaulieu et Bernard Menez dans une production de la Comédie-Française, en 1991 ; celle de Bernard Murat, en 1994, avec Pierre Richard, Muriel Robin et Darry Cowl au Théâtre Edouard VII ; celle de Gildas Bourdet en 2010 au théâtre du Palais-Royal avec Christiana Réali et Dominique Pinon. La pièce est très souvent montée à côté d'autres pièces de Feydeau pour former des soirées théâtrales complètes, comme dans le spectacle de Jean-Michel Rabeux, qui réunissait On purge bébé avec Léonie est en avance et Hortense a dit J'm'en fous ! (MC 93 de Bobigny, en 2004), ou encore la série imaginée par Alain Françon, pour un spectacle intitulé Du mariage au divorce, qui comprenait, outre On purge bébé, Feu la mère de Madame, Mais n'te promène donc pas toute nue ! et Léonie est en avance (Théâtre national de Strasbourg, 2010). Le cinéma n'est pas en reste et l'on peut notamment voir la très belle adaptation filmée par Jean Renoir – son premier film parlant, tourné en moins d'une semaine – en 1931, avec Jacques Louvigny, Michel Simon et Fernandel ; le téléfilm réalisé par Jeanette Hubert en 1979 avec Bernard Blier et Danielle Darrieux, ou celui d'Yves-André Hubert en 1996, avec Michel Galabru.
Céline Hersant