Phrases de
Dario Fo sur le théâtre et sur le spectacle.
- « Faire du théâtre signifie avant tout savoir communiquer, faire en sorte que ce que vous dites arrive à ceux qui sont devant vous. Sans exception aucune, sans jamais lasser leur attention...
Pour établir ce contact extraordinaire, il faut savoir déclencher la curiosité et la complicité, stimuler l’imagination et puis laisser l’autre entrer dans votre propos, en l’incitant à participer, à compléter avec vous. Le bon comédien et le bon enseignant ont beaucoup en commun. Ni l’un ni l’autre ne doivent rester en chaire, prétendre qu’ils ont raison. Pontifier, c’est bon pour les papes. »
Le Monde selon Fo, p. 39
- « Aucun historien du christianisme ne peut faire abstraction des évangiles apocryphes. Ils sont très nombreux. Contrairement aux quatre textes adoptés par l’Église, qui ont subi des modifications et des adaptations en fonction des situations historiques, les évangiles apocryphes n’ont jamais été altérés et ont gardé intacts personnages et situations. »
Le Monde selon Fo, p. 84
- « À propos du fait de plaisanter sur des choses très sérieuses, dramatiques ; ce que nous voulions, c’est faire comprendre que c’est [le rire] qui permet et qui permettait (car c’est bien dans la tradition du jongleur) à l’acteur du peuplede toucher les consciences, d’y laisser quelque chose d’amer et de brûlant... Si je me contentais de raconter les ennuis des gens sur le mode tragique, en me plaçant d’un point de vue rhétorique, ou mélancolique, ou dramatique, j’amènerais les spectateurs à s’indigner, un point c’est tout ; et tout cela glisserait sur eux, immanquablement [...] il n’en resterait rien. »
Mystère bouffe (Dramaturgie), p. 42
- « Il ne faut jamais laisser aller jusqu’au bout ni les applaudissements, ni les rires, surtout quandils sont fondés sur l’émotivité : il faut alors dominer le public, pour garder le rythme, absolument.
Il faut se rappeler que souvent, seule une partie du public essaie de vous entraîner, les autres se contentent peut-être de deux pauvres battements de mains, sans compter ceux qui, toute la soirée, restent là, emplâtrés, immobiles, ahuris, à se demander : "Mais où suis-je tombé ?". »
Le Gai Savoir de l’acteur, p. 186
- « On administre [aux gens] des overdoses de faits divers... Un catalogue de l’horreur de plus en plus sinistre, de plus en plus kitsch qui supplée à quelque chose de très important : les émotions, dont nous avons besoin, et que beaucoup de gens ne savent plus éprouver... Nous sommes encore et toujours dans les mêmes arènes païennes.
L’époque change, mais le problème de l’homme semble rester le même : chasser l’ennui. »
Le Monde selon Fo, p. 64
- « Existe-t-il une culture populaire ? Cette question m’a toujours laissé comme deux ronds de flan : comment douter qu’une telle richesse d’expression créatrice existe ? »
Le Monde selon Fo, p. 103
- « Je ne suis pas un modéré. »
Slogan de Dario Fo lors de la campagne pour les élections municipales de Milan en 2006.
- « Si l’humanité n’avait pas en son sein [un] bon pourcentage de fous, elle ne serait plus là depuis longtemps. Quelqu’un comme le Christ qui bouleverse son époque en portant une parole nouvelle et se fait tuer pour sa foi était fou, sans l’ombre d’un doute. Mais le pauvre type qui toute sa vie poursuit un défi est fou aussi. Les artistes, les inventeurs, les explorateurs de terres et d’idées, ceux qui osent changer les règles, envoyer valser l’ordre constitué, le sens commun, les logiques aristotéliciennes et tout le saint-frusquin ont été, sont et seront tous fous.»
Le Monde selon Fo, p. 193
- « Le jeu, le courage et l’ironie sont les trois éléments qui seuls peuvent rendre supportable l’idéede la fin. »
Le Monde selon Fo