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Thomas Bernhard poète: http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/bernhard/bernhard.html
"Plus une ville est belle en apparence, plus il est consternant de
découvrir le véritable visage qu’elle cache sous sa façade. Entrez dans
n’importe quel restaurant de Salzbourg. A première vue, vous aurez
l’impression d’être au milieu de braves gens. Ecoutez les propos de vos
voisins de table, vous découvrirez qu’ils ne rêvent que d’extermination
et de chambres à gaz."
Extrait de : Sur les traces de la vérité, traduction de Daniel Mirsky.
Thomas Bernhard. - Je ne pense à aucun moment à celui qui lira mes
oeuvres, parce que ça ne m’intéresse pas du tout de savoir qui lit ça.
Ça me fait plaisir d’écrire, c’est suffisant. On veut toujours faire
mieux, et plus fort, c’est tout, comme un danseur veut toujours mieux
danser, mais ça se fait tout seul, parce que tout le monde, - peu
importe ce qu’on fait -, arrive obligatoirement, par la répétition, à
une perfection, que ce soit un joueur de ping-pong, un cavalier, un
écrivain, un nageur, une bonne ou une femme de ménage, c’est exactement
la même chose. Au bout de cinq ans, elle aussi, elle fera mieux le
ménage que le premier jour, où elle cassait tout et où elle faisait plus
de dégâts que de ménage.
André Müller. - Mais écrire, est ce que ce n’est pas aussi la recherche d’un contact ?
Th. B. - Je ne cherche absolument aucun contact. Quand est-ce que vous m’avez vu chercher un contact ? Au contraire, je l’ai toujours refusé quand quelqu’un le cherchait. Les lettres, je les bazarde de toute façon, parce que, rien que techniquement, il est impossible d’entrer dans le jeu, sinon, il faudrait que je fasse comme ces écrivains à la con qui ont deux secrétaires, qui lèchent le cul du dernier des tarés en lui glissant sa p’tit’ lettre. Ce que je veux, c’est que mon travail soit imprimé, qu’il en sorte un livre, et qu’après, ça soit réglé pour moi. Alors je le mets dans mon armoire, comme ça, ce n’est par perdu et, en plus, ça fait très joli. J’écris mes choses sur un papier à lettres qui boit, très bon marché, moche, et le passage à cette typographie me fait un effet très agréable, et puis l’éditeur envoie tous les mois une somme quelconque, et alors l’affaire est réglée. Je n’ai certes pas la moindre envie de laisser tomber tout ça, écrire et l’état dans lequel ça me met, parce que j’y prends beaucoup de plaisir, parce que je n’ai absolument besoin de rien d’autre et parce qu’aussi j’ai l’impression de faire quelque chose que personne ne fait comme moi, pas seulement chez nous, mais même dans le monde entier.
Paru dans la Quinzaine littéraire, Dossier Thomas Bernhard, numéro 354, 1er septembre 1981.André Müller. - Mais écrire, est ce que ce n’est pas aussi la recherche d’un contact ?
Th. B. - Je ne cherche absolument aucun contact. Quand est-ce que vous m’avez vu chercher un contact ? Au contraire, je l’ai toujours refusé quand quelqu’un le cherchait. Les lettres, je les bazarde de toute façon, parce que, rien que techniquement, il est impossible d’entrer dans le jeu, sinon, il faudrait que je fasse comme ces écrivains à la con qui ont deux secrétaires, qui lèchent le cul du dernier des tarés en lui glissant sa p’tit’ lettre. Ce que je veux, c’est que mon travail soit imprimé, qu’il en sorte un livre, et qu’après, ça soit réglé pour moi. Alors je le mets dans mon armoire, comme ça, ce n’est par perdu et, en plus, ça fait très joli. J’écris mes choses sur un papier à lettres qui boit, très bon marché, moche, et le passage à cette typographie me fait un effet très agréable, et puis l’éditeur envoie tous les mois une somme quelconque, et alors l’affaire est réglée. Je n’ai certes pas la moindre envie de laisser tomber tout ça, écrire et l’état dans lequel ça me met, parce que j’y prends beaucoup de plaisir, parce que je n’ai absolument besoin de rien d’autre et parce qu’aussi j’ai l’impression de faire quelque chose que personne ne fait comme moi, pas seulement chez nous, mais même dans le monde entier.
Sur le site Oeuvres ouvertes: http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article1999