lundi 24 mars 2014

Harold Pinter, en écho au spectacle des 3ème cycle du conservatoire

Une lecture de Guillaume Galienne sur ça peut pas faire de mal:
http://www.franceinter.fr/emission-ca-peut-pas-faire-de-mal-hommefemme-mode-demploi-dans-le-theatre-dharold-pinter

"L’erreur que l’on commet le plus souvent, c’est de tenter de déterminer l’origine de la plaie. Shakespeare écrit sur la plaie ouverte. En essayant d’aborder son œuvre dans son intégralité, on découvre une longue galerie de postures : grossières et divines, putrescentes et copulatrices, fripées, attentives, estropiées et gargantuesques, sévères, fanatiques, voluptueuses, impassibles, agiles, virginales, malpropres, désorientées, bossues, glacées et sculpturales. Toutes sont contenues dans la plaie que Shakespeare ne tente ni de suturer ni de restaurer, et dont il ne cherche pas non plus à supprimer la douleur. Il ampute, endort, aggrave à volonté, dans le cadre d’une pièce particulière, mais il ne donnera aucun diagnostic ni ne guérira. La plaie est béante. La plaie est habitée."

Cet éloge de Shakespeare et de son écriture « clinique » est signé, en 1950, par un jeune acteur anglais, qui va devenir l’un des plus grands auteurs dramatiques contemporains : Harold Pinter. Né à Londres en 1930, il commence à écrire en 1957, et connaît le succès dès 1960, avec deux pièces qui vont le rendre célèbre : Le Monte-plat et Le Gardien. Il écrit également pour la radio, la télévision, le cinéma. En 2005, trois ans avant son décès, Harold Pinter voit son œuvre saluée par le Prix Nobel de Littérature.
                 Fasciné par le langage quotidien qu’il compare à des sables mouvants, l’écrivain excelle dans l’art de l’ambiguïté, des malentendus et des silences, symptômes des blessures profondes de ses personnages. A l’image de Shakespeare, son œuvre ausculte les plaies « habitées » de l’existence : un mal-être social, comme dans Le Gardien, mais surtout sentimental, comme dans de nombreuses comédies ou skteches, où le talent de Pinter s’accompagne toujours d’une ironie salutaire.
               Ce soir, explorons ces béances du langage ordinaire, à travers une thématique particulièrement chère à Harold Pinter : les relations hommes/femmes. Et pour m’accompagner dans ces scènes de la vie conjugale, j’ai le plaisir d’accueillir une grande comédienne et amie : bonsoir Anne Bouvier

Avec les extraits suivants (édition Gallimard, 1979-1987, traduction Eric Kahane) :
  1. L’Amant (1963) : le fantasme des scénarios de séduction
  2. Trahisons (1978) : l’aveu
  3. Une petite douleur (1959) : la revanche d’une femme sur la violence des hommes
  4. L’Offre d’emploi (1959-1969) : une vision cocasse des rapports de domination homme/femme
  5. Antonia Fraser, Vous partez déjà ? (éd. Baker Street, 2010, traduction Anne-Marie Hussein) : extrait du journal de l'épouse d'Harold Pinter
  6. Conclusion : digression sur la « fessée » (posthume, 1995, Buchet-Chastel)

Avec les voix d'Eric Kahane, Delphine Seyrig, Jean Rochefort, Claude Régy, Roger Planchon, Harold Pinter (Archives INA)