mardi 15 avril 2014

la création du Festival d'Avignon

http://www.festival-avignon.com/fr/History

Vidéos d'archives: http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu01269/la-naissance-du-festival-d-avignon
http://www.ina.fr/video/I04260044

Festival d'Avignon

Festival d'AvignonLe premier Festival d'Avignon est né de la rencontre du poète René Char avec le metteur en scène Jean Vilar et l'éditeur critique d'art Christian Zervos. Alors que ce dernier prépare une exposition d'art contemporain qui réunit Picasso, Braque et Matisse dans la chapelle du Palais des papes d'Avignon, il propose à Jean Vilar de faire jouer en même temps la pièce Meurtre dans la cathédrale de T.S. Eliot, que le metteur en scène venait de monter au Théâtre du Vieux Colombier à Paris. Jean Vilar refuse mais propose un autre programme à la place. Sous le modeste nom de "Semaine d'art dramatique", trois créations sont ainsi présentées du 04 au 10 septembre 1947 dans trois lieux d'Avignon: Richard II de Shakespeare dans la Cour d'honneur du Palais des papes, La Terrasse de midi de Maurice Clavel au Théâtre municipal et Tobie et Sara de Paul Claudel dans le Verger Urbain V. Quelque 3.000 spectateurs au total assistent aux représentations de cet premier "Festival d'Avignon".
La manifestation est reconduite l'année suivante. Elle prend le nom de "Festival d'art dramatique en Avignon" et offre trois mises en scène de Jean Vilar: La Mort de Danton de Georg Büchner, Shéhérazade de Jules Supervielle et La Tragédie du roi Richard II de William Shakespeare. Jean Vilar a l'ambition d'un nouveau théâtre "élitaire pour tous" et entend faire du jeune Festival d'Avignon -- appuyé bientôt par le Théâtre National Populaire (TNP) qu'il dirigera de 1952 à 1963 -- l'un des moteurs du renouveau théâtral en France. En 1951, il accueille dans son équipe le comédien Gérard Philippe, jeune premier déjà célèbre à l'écran, qui campe un légendaire Rodrigue dans Le Cid de Corneille puis, l'année suivante, un tout aussi inoubliable Prince de Hombourg d'Heinrich von Kleist. La troupe de Jean Vilar compte de nombreux autres comédiens qui deviendront eux aussi célèbres: Jean Négroni, Alain Cuny, Michel Bouquet, Silvia Montfort, Jeanne Moreau, Maria Casarès, Philippe Noiret, Jean Le Poulain, Charles Denner, Georges Wilson, etc...
Au fil des années '50 et '60, le Festival d'Avignon devient le rendez-vous du meilleur de la création théatrâle française et réunit des dizaines de milliers d'amateurs de théâtre. En 1964, Jean Vilar crée les premières "rencontres d'Avignon" consacrées au développement culturel. En 1966 et 1967, il réorganise le festival en ouvrant d'autres lieux (le Cloître des Carmes, le Cloître des Célestins, etc), en accueillant d'autres compagnies que celle du TNP, et en programmant d'autres arts, comme la danse avec Maurice Béjart, le cinéma avec Jean-Luc Godard ou encore le théâtre musical avec Jorge Lavelli. 1968 voit à l'affiche le Living Théâtre de Julian Beck et les ballets de Maurice Béjart. Plus de 100.000 spectateurs sont présents à Avignon cette année-là mais Jean Vilar est mis en cause par les militants de mai 68 lors d'Etats généraux de la Culture. Le fondateur du Festival d'Avignon décède en 1971. Son collaborateur, Paul Puaux, lui succède jusqu'en 1979. Ce dernier effectue une mutation du Festival d'Avignon en accueillant de nouveaux metteurs en scène de textes contemporains (Roger Planchon, Jean-Pierre Vincent, Bruno Bayen, Jacques Lassalle, Antoine Bourseiller, Patrice Chéreau, Marcel Maréchal,..), ce tout en maintenant la tradition originelle de rendez-vous à la fois classique et populaire. Après son départ, il créera la Maison Jean Vilar (installée dans l'Hôtel de Crochans, 8 rue de Mons, Avignon), devenue depuis l'un des hauts-lieux de la mémoire et de l'animation du festival.
À partir de 1969, à l'initiative d'André Benedetto, un rendez-vous alternatif (dit "Festival Off"), se développe spontanément en marge du festival officiel (dit "Festival In"). De nombreuses jeunes compagnies investissent les lieux les plus divers de la Cité des Papes pour présenter leurs créations au public parallèlement à la programmation officielle.
Bernard Faivre d'Arcier prend les rênes du Festival d'Avignon de 1980 à 1984 et fait appel, comme son successeur Alain Crombecque entre 1984 et 1992, à la fine fleur de la scène française des années '80 (Ariane Mnouchkine, Daniel Mesguisch, Jérôme Deschamps, Pina Bausch, Georges Lavaudant, Philippe Caubère,...). Bernard Faivre d'Arcier revient pour deux nouveaux mandats, de 1993 à 2003. En 1985, Peter Brook crée la sensation avec son Mahabarata présenté en plein air à la carrière de Boulbon; en 1987 Antoine Vitez offre Le Soulier de Satin de Paul Claudel en version intégrale (douze heures de représentation). Toutes ces années sont marquées par une modernisation et une professionnalisation de la gestion de la manifestation, qui s'étend désormais sur quatre semaines et accueille chaque année de plus en plus de spectateurs.
En 2003, la crise des intermittents du spectacle, qui organisent grèves et manifestions, entrave la tenue des 750 spectacles programmés. Le Festival d'Avignon doit être annulé début juillet par Bernard Faivre d'Arcier. 2004 voit l'arrivée d'une nouvelle direction composée des jeunes Vincent Baudriller (36 ans) et Hortense Archambault (33 ans) qui essaient de maintenir un équilibre difficile entre les créations risquées et les spectacles-évènements. Un artiste, différent chaque année (Thomas Ostermeier en 2004, Jan Fabre en 2005, Josef Nadj en 2006, Frédéric Fisbach en 2007) est associé aux administrateurs pour élaborer la programmation.
Aujourd'hui, le Festival d'Avignon -- soutenu par le Ministère de la Culture, la Ville d'Avignon, le Département de Vaucluse et la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur -- est le rendez-vous annuel international le plus important et le plus incontournable du monde du théâtre. C'est une institution qui se déploie, durant presque tout le mois de juillet, dans une vingtaine de grands lieux scéniques de la cité, devenue elle-même par contre-coup capitale du théâtre avec ses nombreuses scènes conventionnées ou non (théâtre des Carmes, théâtre du Chêne Noir, théâtre des Halles, théâtre du Balcon, théâtre du Chien qui Fume, etc), son École d'art dramatique et son Institut Supérieur des Techniques du Spectacle. La rencontre s'est largement ouverte aux compagnies étrangères, à la création contemporaine et à de nombreuses disciplines du spectacle et de la scène: danse, mime, marionnettes, théâtre musical, spectacle équestre (Zingaro en 2006), arts de la rue, etc. 116.000 billets d'entrée ont été vendus pour le festival In lors de l'édition 2008, à laquelle ont participé 818 compagnies. Le Festival Off a accueilli lui quelque 250.000 spectateurs et 650 compagnies dans plus d'une centaine de lieux.
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