Terminale de spécialité théâtre
Baccalauréat 2014
Professeur : Christine Huckel-Ottenwelter, professeur
de Lettres, chargée de l’enseignement du Théâtre. ( Tel : 07088037035090)
Partenaire : Comédie de l’Est, Centre Dramatique
National, 6 route d’Ingersheim, 68000 Colmar, Directeur : Guy-Pierre
Couleau
12 élèves : neuf filles et trois garçons
Les cours ont eu lieu à la Comédie de l’Est en ce qui
concerne la pratique, le vendredi de 13h50 à 17h30. Les cours de théorie le
mercredi matin de 8h à 10h au lycée en alternance avec celui des premières. Les
élèves ne seront donc pas évalués dans la salle qu’ils occupent habituellement.
Comment nous
avons travaillé ?
L’année a débuté avec la découverte de Hamlet de Shakespeare sous la direction du metteur en scène Chiara
Villa.
Après des séances d’échauffement pour retrouver ses marques à
la CDE et les repères du groupe, ainsi qu’ un
assez long travail dramaturgique avec le professeur pour permettre une
approche des nombreuses «
énigmes » que contient le texte et en éclairer les sens possibles, Chiara
Villa a proposé un découpage ( Voir en
annexe) qui met en valeur les faits, les
actions contenues dans la pièce en commençant par la fin, -l’arrivée de
Fortimbras et les obsèques d’Hamlet-, en même temps que la mise en scène se concentrait
sur trois thématiques de l’œuvre : l’importance du mal qui se propage par
les oreilles ( mort d’Hamlet père, malédiction du spectre, rumeurs d’adultères,
médisances…), l’absence de transparence des relations et la surveillance généralisée
des uns par les autres qui pourrit le Royaume du Danemark ( Des yeux qui
épient), la folie, du coup, qui se dissémine chez tous les personnages, même si
Hamlet paraît particulièrement atteint.
Le parti pris de la mise en scène a été choral, les rôles
étant découpés entre plusieurs comédiens afin d’éviter la mise en avant, dès le
début de l’année, de ceux des élèves qui auraient été distribués dans les
grands rôles, avec des scènes de type conservatoire et les autres plus en
retrait. L’accent étant mis sur les actions plus que sur l’intériorisation des
pensées dans les grandes tirades ou monologues, plus que sur la procrastination
d’Hamlet,, la dimension réflexive de la pièce s’en ai trouvée atténuée.
Chiara a surtout voulu initier les élèves à un processus de
création collective qui soit moins fondé sur la construction psychologique d’un
personnage que sur un travail d’élaboration corporel et visuel des personnages
et des situations afin de leur montrer une autre façon d’aborder le théâtre que
ce qu’ils avaient connu jusque là.
Comment créer un personnage à partir d’une couleur par
exemple ? Tout le groupe a été sollicité pour donner une couleur à chaque
personnage en la justifiant par le texte et ensuite, par recoupement, le groupe
a choisi la couleur de chacun des personnages d’Hamlet et cela a donné lieu à une recherche de costumes dans le
magasin des costumes de la CDE. Comment trouver une gestuelle du personnage à
partir d’un exercice qui invite chaque comédien a proposé sa gestuelle pour le
personnage, ensuite on observe les points communs entre les 12 participants et
on retient ce qu’il y a de commun pour faire exister le personnage physiquement
qui, même distribué entre plusieurs
comédiens, garde toujours une constante dans son attitude, sa façon de se
déplacer. Elle a insisté également sur des principes plus abstraits par exemple le thème de la
folie est évoqué par des déplacements circulaires ( par exemple l’apparition du
spectre), celui de la mort par des lignes plus directes et droites.( les
obsèques d’Hamlet en présence de Fortimbras)
Cette façon de procéder a passablement dérouté les élèves,
même si chaque séance était intéressante en elle-même. Certains membres du groupe, quoique constamment sollicités par
l’intervenant et invités à être très inventifs, n’ont pas vraiment saisi cette
liberté et n’ont pas véritablement adhéré au projet, ce qui a empêché une
avancée harmonieuse du travail, pourtant extrêmement enrichissant car il
dévoilait des procédés de création très contemporains et mettait les élèves
dans la situation de comédiens devant s’ouvrir aux propositions originales d’un
metteur en scène. Certains élèves ont aussi eu du mal à s’approprier le texte
découpé ou n’ont pas été motivés suffisamment par le projet pour faire le
travail de mémorisation nécessaire à une véritable aisance au plateau. Nous
espérons, Chiara Villa et moi, qu’ils auront au moins tiré profit de cette
expérience de création pour remettre en question les représentations qu’ils se
font du théâtre et s’ouvrir à la diversité des approches, ce qui est le but du
dispositif des spécialités théâtre puisqu’il les fait travailler avec des
artistes différents. Mais pour les élèves , le projet Hamlet aura sans doute un
goût d’inachevé et ce d’autant plus qu’ils ont tendance à se tromper d’objectifs
en focalisant le leur sur le spectacle traditionnellement donné début juin à la
CDE plutôt que sur l’apprentissage offert par la rencontre avec le mode de
travail d’un metteur en scène particulier, voire l’examen. Certains élèves ont cependant retravaillé des
passages d’Hamlet à leur propre
initiative soit dans le découpage de Chiara, soit par une sélection personnelle
dans le texte de Bonnefoy.
Deuxième partie du
programme : On purge bébé de Feydeau sous la
direction de Guillaume Clayssen, comédien, metteur en scène et dramaturge,
attaché à la CDE
Compte tenu du groupe, nous avons préféré travailler On purge bébé
Après la distribution des rôles parfois découpés en plusieurs
comédiens comme celui de Julie et Follavoine, les élèves ont été invités à
travailler en autonomie pour proposer à l’intervenant une mise en espace de
leur scène. Les élèves se sont rendu compte de la difficulté concrète de jouer
Feydeau, qui demande que le texte soit parfaitement su pour pouvoir mettre en
place la machine théâtrale en « collant » les répliques et en
engageant une énergie corporelle très forte et très rythmée. Guillaume a
conseillé aux élèves de littéralement chorégraphier les déplacements en les
décomposant. A la suite de la proposition de l’une des élèves qui jouait Julie
de façon assez vulgaire, un peu à la manière de Nina Hagen, Guillaume leur a
donné un exercice sur de la musique rock pour chercher cette énergie corporelle
avec le soutien de cette musique. Du coup, il a décidé de transposer On purge bébé dans un milieu bourgeois
plus contemporain, un milieu de parvenus affairistes que l’argent libère de toute
bienséance et dont la vulgarité transparaît dans une gestuelle et des costumes
très rock, voire trash. Bébé devient un enfant roi qui les embarrasse et cristallise leurs
problèmes de couple. Le personnage de Rose a été amplifié : il devient
aussi un regard extérieur qui commente la situation de la famille de Follavoine
en tissant un parallèle avec la biographie de Feydeau. Nous avons mis dans sa
bouche également en ouverture un monologue de Feydeau intitulé Les Enfants. Tout le début de la forme
que nous avons proposée pour la présentation de travaux s’apparente à un
concert de rock sur une musique provocatrice de Marylin Manson et demande aux élèves de
s’engager physiquement à fond.
Troisième partie du programme : Cendrillon de Joël Pommerat sous la conduite de Carolina Pecheny,
comédienne et metteur en scène.
Après découpage du texte, Carolina a d’emblée présenté aux élèves le dispositif scénique qu’elle souhaitait mettre en
place : un jeu entre ombre et lumière qui évoque la théâtralité de
Pommerat, sans, bien sûr, sa
sophistication et sans l’imiter. Des « douches » formant un cercle de
lumière seraient disséminées sur le plateau- elles ont été représentées par des
chaises pendant le travail de mise en place- et les scènes de Cendrillon se jouent très simplement dans cette lumière, les
acteurs toujours sur le plateau, retournant dans la pénombre ensuite. La
qualité de l’écriture pour le plateau de Pommerat transparaît d’ailleurs dans
l’efficacité d’un dire au présent qui ne nécessite pas un jeu vériste. Après
avoir présenté les grandes lignes du dispositif, Carolina a ensuite
réparti le récit du narrateur entre les comédiens. Un exercice
a été particulièrement efficace pour faire comprendre aux élèves l’importance
de l’adresse au public : Deux comédiens doivent jouter pour raconter
l’histoire de Cendrillon c’est-à-dire
que celui qui commence ne doit pas permettre à l’autre de prendre le
relai et de s’introduire dans le récit
du premier.
Pendant les plages du narrateur au
début, les autres comédiens pratiquent une sorte de langage des signes qui met
en relief la nécessité de la communication et la difficulté dans certaines circonstances
de bien entendre et de bien comprendre, comme c’est le cas pour le personnage
de Cendrillon. Pour évoquer le caractère obsessionnel de Cendrillon, son
angoisse, sa folie, mais aussi celles de la belle-mère, Carolina a demandé aux
élèves d’inventer leur propre séquence
obsessionnelle lors d’un exercice et les trouvailles ont été conservées dans
une chorégraphie qui prend place au moment où Cendrillon est reléguée dans sa
chambre-cave. Une bande son et musique a très rapidement été élaborée avec les
élèves évoquant l’obsession du temps qui passe. Les séances suivantes ont été
consacrées au travail des scènes proprement dites et au filage d’une structure
qui va jusqu’à la chanson de Cat Stevens par le jeune prince.
Le projet sur On purge
bébé et le montage sur Cendrillon
sont présentés à la CDE lors de deux représentations les 5 et 6 juin en même
temps que le travail des premières de spécialités sur Britannicus de Racine et Peanuts
de Fausto Paravidino. Le spectacle n’est pas une finalité en soi mais vaut
encore comme une situation d’apprentissage du plateau et de la collaboration
avec l’équipe technique de la Comédie de l’Est.
Les spectacles vus à la Comédie de l’Est :
-
Guitou de Fabrice Melquiot, mise en scène
Guy-Pierre Couleau ( création).
-
Quatre Soleils création de Luc Amoros.
-
Mistero Buffo de Dario Fo, mise en scène Chiara
Villa.
-
Tragédie Comique de Eve Bonfonti et Yves Hunstad.
-
Antigone de Sophocle, mise en scène Adel
Hakim avec les acteurs du théâtre palestinien.
-
Mère Courage de Brecht, mise en scène Jean
Boillot.
-
Britannicus de Jean Racine, mise en scène Xavier Marchand.
-
Bérénice de Jean Racine, mise en scène Xavier Marchand.
(Création)
-
Le faiseur de Théâtre de Thomas Bernhardt, mise en scène
Julia Vidit.
-
Requiem de Salon de Marie Fourquet, mise en scène
Andrea Novicov
-
Désirs sous les Ormes d’Eugène O’Neill, création Guy-Pierre
Couleau.
-
Tu tien sur tous les fronts de Christophe Tarkos, mise en scène
Roland Auzet.
-
Le Petit Poucet, texte et mise en scène Laurent Gutmann.
-
L’excursion des jeunes filles qui ne
sont plus d’Anna
Seghers, mise en scène Hervé Loichemol (Création)
Une partie du groupe a pu voir également le Hamlet mis en scène par Dan Jemmett à
la Comédie Française ainsi qu’un Fil à
la Patte dans la mise en scène de Jérôme Deschamps, toujours à la comédie
française.