mardi 10 juin 2014

Fiche pédagogique remise au correcteur( Terminales)



Terminale de spécialité théâtre
Baccalauréat 2014
Professeur : Christine Huckel-Ottenwelter, professeur de Lettres, chargée de l’enseignement du Théâtre. ( Tel : 07088037035090)
Partenaire : Comédie de l’Est, Centre Dramatique National, 6 route d’Ingersheim, 68000 Colmar, Directeur : Guy-Pierre Couleau
12 élèves : neuf filles et  trois garçons
Les cours ont eu lieu à la Comédie de l’Est en ce qui concerne la pratique, le vendredi de 13h50 à 17h30. Les cours de théorie le mercredi matin de 8h à 10h au lycée en alternance avec celui des premières. Les élèves ne seront donc pas évalués dans la salle qu’ils occupent habituellement.
Comment nous avons travaillé ?
L’année a débuté avec la découverte de Hamlet de Shakespeare sous la direction du metteur en scène Chiara Villa.
Après des séances d’échauffement pour retrouver ses marques à la CDE et les repères du groupe, ainsi qu’ un  assez long travail dramaturgique avec le professeur pour permettre une approche  des nombreuses  «  énigmes » que contient le texte et en éclairer les sens possibles, Chiara Villa a proposé un découpage  ( Voir en annexe) qui met en valeur  les faits, les actions contenues dans la pièce en commençant par la fin, -l’arrivée de Fortimbras et les obsèques d’Hamlet-, en  même temps que la mise en scène se concentrait sur trois thématiques de l’œuvre : l’importance du mal qui se propage par les oreilles ( mort d’Hamlet père, malédiction du spectre, rumeurs d’adultères, médisances…), l’absence de transparence  des relations et la surveillance généralisée des uns par les autres qui pourrit le Royaume du Danemark ( Des yeux qui épient), la folie, du coup, qui se dissémine chez tous les personnages, même si Hamlet paraît particulièrement atteint.
Le parti pris de la mise en scène a été choral, les rôles étant découpés entre plusieurs comédiens afin d’éviter la mise en avant, dès le début de l’année, de ceux des élèves qui auraient été distribués dans les grands rôles, avec des scènes de type conservatoire et les autres plus en retrait. L’accent étant mis sur les actions plus que sur l’intériorisation des pensées dans les grandes tirades ou monologues, plus que sur la procrastination d’Hamlet,, la dimension réflexive de la pièce s’en ai trouvée atténuée.
Chiara a surtout voulu initier les élèves à un processus de création collective qui soit moins fondé sur la construction psychologique d’un personnage que sur un travail d’élaboration corporel et visuel des personnages et des situations afin de leur montrer une autre façon d’aborder le théâtre que ce qu’ils avaient connu jusque là.
Comment créer un personnage à partir d’une couleur par exemple ? Tout le groupe a été sollicité pour donner une couleur à chaque personnage en la justifiant par le texte et ensuite, par recoupement, le groupe a choisi la couleur de chacun des personnages d’Hamlet et cela a donné lieu à une recherche de costumes dans le magasin des costumes de la CDE. Comment trouver une gestuelle du personnage à partir d’un exercice qui invite chaque comédien a proposé sa gestuelle pour le personnage, ensuite on observe les points communs entre les 12 participants et on retient ce qu’il y a de commun pour faire exister le personnage physiquement qui,  même distribué entre plusieurs comédiens, garde toujours une constante dans son attitude, sa façon de se déplacer. Elle a insisté également sur des principes  plus abstraits par exemple le thème de la folie est évoqué par des déplacements circulaires ( par exemple l’apparition du spectre), celui de la mort par des lignes plus directes et droites.( les obsèques d’Hamlet en présence de Fortimbras)
Cette façon de procéder a passablement dérouté les élèves, même si chaque séance était intéressante en elle-même. Certains membres du  groupe, quoique constamment sollicités par l’intervenant et invités à être très inventifs, n’ont pas vraiment saisi cette liberté et n’ont pas véritablement adhéré au projet, ce qui a empêché une avancée harmonieuse du travail, pourtant extrêmement enrichissant car il dévoilait des procédés de création très contemporains et mettait les élèves dans la situation de comédiens devant s’ouvrir aux propositions originales d’un metteur en scène. Certains élèves ont aussi eu du mal à s’approprier le texte découpé ou n’ont pas été motivés suffisamment par le projet pour faire le travail de mémorisation nécessaire à une véritable aisance au plateau. Nous espérons, Chiara Villa et moi, qu’ils auront au moins tiré profit de cette expérience de création pour remettre en question les représentations qu’ils se font du théâtre et s’ouvrir à la diversité des approches, ce qui est le but du dispositif des spécialités théâtre puisqu’il les fait travailler avec des artistes différents. Mais pour les élèves , le projet Hamlet aura sans doute un goût d’inachevé et ce d’autant plus qu’ils ont tendance à se tromper d’objectifs en focalisant le leur sur le spectacle traditionnellement donné début juin à la CDE plutôt que sur l’apprentissage offert par la rencontre avec le mode de travail d’un metteur en scène particulier, voire l’examen.  Certains élèves ont cependant retravaillé des passages d’Hamlet à leur propre initiative soit dans le découpage de Chiara, soit par une sélection personnelle dans le texte de Bonnefoy.

Deuxième partie du programme : On purge bébé de Feydeau sous la direction de Guillaume Clayssen, comédien, metteur en scène et dramaturge, attaché à la CDE
Compte tenu du groupe, nous avons préféré travailler On purge bébé
Après la distribution des rôles parfois découpés en plusieurs comédiens comme celui de Julie et Follavoine, les élèves ont été invités à travailler en autonomie pour proposer à l’intervenant une mise en espace de leur scène. Les élèves se sont rendu compte de la difficulté concrète de jouer Feydeau, qui demande que le texte soit parfaitement su pour pouvoir mettre en place la machine théâtrale en « collant » les répliques et en engageant une énergie corporelle très forte et très rythmée. Guillaume a conseillé aux élèves de littéralement chorégraphier les déplacements en les décomposant. A la suite de la proposition de l’une des élèves qui jouait Julie de façon assez vulgaire, un peu à la manière de Nina Hagen, Guillaume leur a donné un exercice sur de la musique rock pour chercher cette énergie corporelle avec le soutien de cette musique. Du coup, il a décidé de transposer On purge bébé dans un milieu bourgeois plus contemporain, un milieu de parvenus  affairistes que l’argent libère de toute bienséance et dont la vulgarité transparaît dans une gestuelle et des costumes très rock, voire trash. Bébé devient un enfant roi  qui les embarrasse et cristallise leurs problèmes de couple. Le personnage de Rose a été amplifié : il devient aussi un regard extérieur qui commente la situation de la famille de Follavoine en tissant un parallèle avec la biographie de Feydeau. Nous avons mis dans sa bouche également en ouverture un monologue de Feydeau intitulé Les Enfants. Tout le début de la forme que nous avons proposée pour la présentation de travaux s’apparente à un concert de rock sur une musique provocatrice de  Marylin Manson et demande aux élèves de s’engager physiquement à fond.

Troisième partie du programme : Cendrillon de Joël Pommerat sous la conduite de Carolina Pecheny, comédienne et metteur en scène.
Après découpage du texte, Carolina a  d’emblée présenté aux élèves le dispositif  scénique qu’elle souhaitait mettre en place : un jeu entre ombre et lumière qui évoque la théâtralité de Pommerat,  sans, bien sûr, sa sophistication et sans l’imiter. Des « douches » formant un cercle de lumière seraient disséminées sur le plateau- elles ont été représentées par des chaises pendant le travail de mise en place- et les scènes de Cendrillon se jouent  très simplement dans cette lumière, les acteurs toujours sur le plateau, retournant dans la pénombre ensuite. La qualité de l’écriture pour le plateau de Pommerat transparaît d’ailleurs dans l’efficacité d’un dire au présent qui ne nécessite pas un jeu vériste. Après avoir présenté les grandes lignes du dispositif, Carolina a ensuite réparti  le récit  du narrateur entre les comédiens. Un exercice a été particulièrement efficace pour faire comprendre aux élèves l’importance de l’adresse au public : Deux comédiens doivent jouter pour raconter l’histoire de Cendrillon c’est-à-dire  que celui qui commence ne doit pas permettre à l’autre de prendre le relai  et de s’introduire dans le récit du premier.
Pendant les plages du narrateur au début, les autres comédiens pratiquent une sorte de langage des signes qui met en relief la nécessité de la communication et la difficulté dans certaines circonstances de bien entendre et de bien comprendre, comme c’est le cas pour le personnage de Cendrillon. Pour évoquer le caractère obsessionnel de Cendrillon, son angoisse, sa folie, mais aussi celles de la belle-mère, Carolina a demandé aux élèves  d’inventer leur propre séquence obsessionnelle lors d’un exercice et les trouvailles ont été conservées dans une chorégraphie qui prend place au moment où Cendrillon est reléguée dans sa chambre-cave. Une bande son et musique a très rapidement été élaborée avec les élèves évoquant l’obsession du temps qui passe. Les séances suivantes ont été consacrées au travail des scènes proprement dites et au filage d’une structure qui va jusqu’à la chanson de Cat Stevens par le jeune prince.
Le projet sur On purge bébé et le montage sur Cendrillon sont présentés à la CDE lors de deux représentations les 5 et 6 juin en même temps que le travail des premières de spécialités sur Britannicus de Racine et Peanuts de Fausto Paravidino. Le spectacle n’est pas une finalité en soi mais vaut encore comme une situation d’apprentissage du plateau et de la collaboration avec l’équipe technique de la Comédie de l’Est.

Les spectacles vus à la Comédie de l’Est :
-          Guitou de Fabrice Melquiot, mise en scène Guy-Pierre Couleau ( création).
-          Quatre Soleils  création de Luc Amoros.
-          Mistero Buffo de Dario Fo, mise en scène Chiara Villa.
-          Tragédie Comique de Eve Bonfonti et Yves Hunstad.
-          Antigone de Sophocle, mise en scène Adel Hakim avec les acteurs du théâtre palestinien.
-          Mère Courage de Brecht, mise en scène Jean Boillot.
-          Britannicus de  Jean Racine, mise en scène Xavier Marchand.
-          Bérénice de  Jean Racine, mise en scène Xavier Marchand. (Création)
-          Le faiseur de Théâtre de Thomas Bernhardt, mise en scène Julia Vidit.
-          Requiem de Salon de Marie Fourquet, mise en scène Andrea Novicov
-          Désirs sous les Ormes d’Eugène O’Neill, création Guy-Pierre Couleau.
-          Tu tien sur tous les fronts de Christophe Tarkos, mise en scène Roland Auzet.
-          Le Petit Poucet, texte et mise  en scène Laurent Gutmann.
-          L’excursion des jeunes filles qui ne sont plus d’Anna Seghers, mise en scène Hervé Loichemol (Création)
Une partie du groupe a pu voir également le Hamlet mis en scène par Dan Jemmett à la Comédie Française ainsi qu’un Fil à la Patte dans la mise en scène de Jérôme Deschamps, toujours à la comédie française.