samedi 13 septembre 2014

Cendrillon , un conte symbolique

 Pour prolonger la discussion de vendredi 12 septembre: http://matricien.org/patriarcat/mythologie/contes-perrault-grimm/

Parole de Pommerat:


« Je me suis intéressé particulièrement à cette histoire quand je me suis rendu compte que tout partait du deuil, de la mort (de la mère de Cendrillon). À partir de ce moment, j’ai compris des choses qui m’échappaient complètement auparavant. J’avais en mémoire des traces de Cendrillon version Perrault ou du film de Walt Disney qui en est issu : une Cendrillon beaucoup plus moderne, beaucoup moins violente, et assez morale d’un point de vue chrétien. C’est la question de la mort qui m’a donné envie de raconter cette histoire, non pas pour effaroucher  les enfants, mais parce que je trouvais que cet angle de vue éclairait les choses d’une nouvelle lumière. Pas seulement une histoire d’ascension sociale conditionnée par une bonne moralité qui fait triompher de toutes les épreuves ou une histoire d’amour idéalisée. Mais plutôt une histoire qui parle du désir au sens large: le désir de vie, opposé à son absence. C’est peut-être aussi parce que comme enfant j’aurais aimé qu’on me parle de la mort qu’aujourd’hui je trouve  intéressant d’essayer d’en parler aux enfants.[...] "
Joël Pommerat, entretien avec Christian Longchamp 


L'intelligence de Joël Pommerat c'est de rendre les contes de fées à leur destination originelle: être une boîte à outils poétique pour éclairer et consoler les âmes humaines. (…)
La grande affaire de Cendrillon, nous dit Joël Pommerat, c'est la mort. C'est la mort que Joël Pommerat remet au centre du conte écrit à l'origine pour les adultes. C'est plus tard que la morale bourgeoise l'habilla en bluette pour leurrer les enfants. Sauf que le monde de l'enfance est tout sauf une bluette, fait de peurs, de souffrances, d'incompréhension, d'impuissance, de mensonges, de silences, de solitudes, de pertes, de renoncements. De deuils. Et il en est ainsi tout au long d'une vie humaine. Du conte de fée moralisateur, Joël Pommerat glisse vers une parabole vertigineuse sur le comment vivre lorsque la mort vous frôle, comment avoir le désir de vivre si l'on se sent coupable de la mort de sa mère. Histoire initiatique, comme tout un chacun a pu l'éprouver, qui se pose à tous les âges de la vie. Donc à tous les spectateurs enfants et adultes.