En ce qui concerne Cendrillon les deux moralités sont contradictoires et donc s'annulent : la première présente les qualités morales comme les conditions sine qua non de la réussite et la seconde présente ces mêmes qualités comme inutiles dés lors qu'une intervention extérieure ne vient pas les faire valoir. ( cela ressemble fort au double principe de la grâce nécessaire et de la grâce suffisante des jansénistes !)
MORALITÉ La beauté pour le sexe est un rare trésor De l'admirer jamais on ne se lasse Mais ce qu'on nomme bonne grâce Est sans prix et vaut mieux encore [...] Belles, ce don vaut mieux que d'être bien coiffées, Pour engager un coeur, pour en venir à bout La bonne grâce est le vrai don des Fées Sans elle on ne peut rien, avec elle, on peut tout. |
AUTRE MORALITÉ C'est sans doute un grand avantage, D'avoir de l'esprit, du courage, De la naissance, du bon sens, Et d'autres semblables talents, Qu'on reçoit du ciel en partage ; Mais vous aurez beau les avoir, Pour votre avancement ce seront choses vaines, Si vous n'avez pour les faire valoir, Ou des parrains ou des marraines. |
D'un conte à l'autre Perrault propose des morales contradictoires. Ainsi dans la deuxième moralité du Maître Chat ou le Chat botté, l'auteur précise que l'attirance de la princesse pour le fils du meunier n'est pas sans être inspirée par son " habit, [sa] mine et [sa] jeunesse", comprenons la physionomie agréable du jeune homme. Or, dans Cendrillon, Perrault propose un autre atout de séduction, plus sûr que la beauté : " Pour engager un coeur, pour en venir à bout, / La bonne grâce ( = la gentillesse, la bonté, et autres qualités morales) est le vrai don des Fées ; / sans elle on ne peut rien, avec elle on peut tout.
Sources: http://elisabeth.kennel.perso.neuf.fr/les_moralites.htm