Pour mieux comprendre la pièce, Bovary , pièce de province , voici un résumé du roman de Flaubert , chapitre par chapitre: un résumé
Lire Madame Bovary en ligne
Faites un lien entre des moments du spectacle dont vous vous souvenez et le texte de Flaubert.
Extraits significatifs du roman
Adaptation du roman en BD
A sa parution, le roman a fait scandale et donné lieu à un procès
Flaubert évoque la rédaction de son roman dans sa correspondance
une série de conférences sur le roman
Article dans les DNA pendant les répétitions:
il fallait oser. Inscrire dans la mythologie de la singulière
Dinoponera Howl/Factory, le drame de Gustave Flaubert, Madame Bovary.
Son chef de troupe, le Strasbourgeois Mathias Moritz évoque le nouvel
âge de la Dinoponera. Après un cycle germanique – Fassbinder, Liberté à
Brême , Werner Schwab, Antiklima (X) – « la troupe, dit le metteur en
scène, place aujourd’hui son identité dans un monument scénique ». Mais
l’attaque par une nouvelle face.
Paru en 1857, le roman
flaubertien porte en sous-titre, mœurs de province. Précédant le travail
de plateau, Mathias Moritz s’est mis en quête de ses origines
scripturaires. Lisant la correspondance de Flaubert, cherchant les
brouillons. Il s’est aussi appuyé sur les interprétations de Zola, des
cinéastes Jean Renoir, du russe Alexandre Sokourov.
D’entre ces
écrans de mémoires, ces paroles gravées et inoubliables, Mathias Moritz
fait le pari d’un récit linéaire, porté en deux actes par un souffle
épique. Au prisme du personnage de Charles Bovary, le metteur en scène
active un nouveau rapport à la représentation du drame. En son titre
même, Bovary, pièce de province cadre une peinture des mœurs, une époque
où s’affirme la montée d’un capitalisme consumériste, militariste et
nationaliste préfigurant après la défaite de Sedan, la boucherie de la
Grande Guerre. L’angoisse de l’avenir, le vide sidéral qu’engendre une
idéologie néolibérale vue comme un système d’oppression à travers
l’endettement et la rhétorique sécuritaire. Et le sexe outil malgré lui,
de la société capitaliste, avec la mort omniprésente.
Décrit par
Emma, comme un « homme qui était plat comme un trottoir de rue »,
Charles refiguré par le metteur en scène n’a pas abandonné ses rêves de
théâtre. Le spectacle s’ouvre sur l’enfance de M. Bovary. « Charles est
l’épilogue, la conclusion de tout le drame », postule Mathias Moritz. «
Dans une construction pyramidale, Emma chute très vite, c’est une
passagère du récit ».
Infléchir donc l’existence de Charles. Et
comme la vie, c’est du théâtre, Charles joue au docteur, au mari, à
l’imbécile. Un pré-texte pour la Dinoponera de continuer à interroger la
fabrique du théâtre. Emma, elle, ne veut pas jouer mais jouir. Se
sentir vivante. La pièce n’élucide pas plus le mystère qui entoure la
couleur de ses yeux. Brun, ils bleuissent à l’approche de l’issue
fatale.
Par-delà l’écriture de plateau, la Dinoponera de Mathias
Moritz revendique une éthique partagée de longue date. Aussi Claire
Rappin, issue du groupe 38 de l’école du TNS, comme Antoine Descanvelle
qui incarnent Emma et Charles, ou encore Vincent Portal qui a joué le
frère de Mariedl dans Antiklima (X) et trouve son prolongement à la
française dans le rôle de l’odieux pharmacien Homais, mettent
radicalement leur corps en exécution sur scène. Où 48 personnages – dont
les amants, Léon Dupuis et Rodolphe Boulanger, les habitants de
Yonville – sont incarnés par 11 comédiens. Et pour la première fois,
Mathias Moritz joue avec des costumes d’époque, des postiches et des
moustaches.
Dans le terreau de la langue de Flaubert, Mathias
Moritz élève des murs, déconstruit et subvertit. Portée par un élan
primesautier, la pièce hérite des traits d’humour flaubertiens, réactive
une charge ravageuse. Qui valut à son auteur d’être jugé pour « outrage
à la morale publique et religieuse et outrage aux bonnes mœurs ».
Quatre
fresques – le mariage, le bal, la foire-exposition, l’opéra à Rouen –
posent la tension d’un réalisme nu, d’une poétique puissante. Confiées
inauguralement à Matthieu Ferry, les lumières travaillent la scène
latéralement quand le son spatialisé et la musique jouée live au
saxophone par Octave Moritz, déjouent nos attentes. Alternant les hits
de Queen, de Modern Talking d’un musical à la Broadway, à la comptine Un
jour mon prince viendra. Composite, organique, Bovary, pièce de
province déroute plus encore après l’entracte, notre logique boiteuse.
Dans le désir, la force et l’impudence.