Accueillir plutôt qu’enfermer
Mercredi, 5 Novembre, 2014
STÉFANIA MIZARA
Sur
l’île de Lesbos, en Grèce, des citoyens ont créé un village autogéré
pour l’accueil des migrants. Une initiative qui démontre qu’en matière
d’immigration d’autres choix que la répression sont possibles.
Les
défaillances de l’État et de l’Union européenne en matière d’accueil et
de protection des immigrés n’ont pas échappé aux mouvements de
résistance citoyens qui s’organisent, partout en Grèce, pour faire face
aux politiques d’austérité. Pour répondre à l’absence de centre
d’accueil respectueux des droits et de la dignité des migrants, sur
l’île de Lesbos, un groupe de bénévoles a décidé, en décembre 2012, de
rafraîchir une quinzaine de bungalows anciennement dédiés au tourisme.
Dans une pinède, qui borde les plages de la mer Égée, la crise
économique avait fait fermer, en novembre 2011, ce centre municipal de
loisirs et d’action sociale. Depuis deux ans, l’initiative citoyenne a
permis d’y accueillir près de 5 000 personnes de toutes nationalités.
Elles arrivent pour la plupart de Syrie, d’Afghanistan et d’Érythrée et
ont traversé la mer depuis les côtes turques. « J’ai essayé de passer
huit fois par la Bulgarie, raconte Anouar, un jeune réfugié palestinien
décidé à apprendre le grec et à reconstruire, ici, une vie nouvelle. À
chaque fois, j’ai été refoulé. J’ai réussi à venir en Europe par la mer
en partant d’Izmir, en Turquie. Ici on m’aide. On me prête un vélo pour
que j’aille à l’école. »
« Nous menons cette initiative pour montrer qu’il existe une autre façon de gérer la question de l’immigration »
Le village s’appuie sur la mobilisation des riverains. Ces
derniers participent aux manifestations culturelles qui sont parfois
organisées dans les lieux. Ils font aussi régulièrement des dons de
produits alimentaires et de matériel de première nécessité. Les
personnes accueillies préparent elles-mêmes leur repas dans une cuisine
collective. Tout le monde participe à l’entretien du potager et au
nettoyage des sanitaires. « On fait une réunion par semaine avec les
bénévoles, explique Lena, une citoyenne très engagée dans le projet. Ce
n’est est pas toujours facile mais on tente d’impliquer au maximum les
familles accueillies. C’est une expérience permanente pour découvrir
comment vivre autrement tous ensemble. » Pendant un temps, le village a
pu bénéficier du soutien des institutions portuaires qui y acheminaient
les migrants. Les demandes d’asile pouvaient y être faites. Mais depuis
la construction du centre de détention de Moria, à quelques kilomètres
au nord, les autorités tentent de stopper l’initiative. La municipalité
veut récupérer les lieux pour rouvrir le centre de loisirs. Mercredi
dernier, citoyens engagés et habitants immigrés du village se
réunissaient pour envisager les actions à mener. « Nous menons cette
initiative pour venir en aide aux migrants et pour montrer qu’il existe
une autre façon de gérer la question de l’immigration, continue la
militante. Mais la mobilisation citoyenne a ses limites. Nous avons
besoin de gens spécialisés dans l’accompagnement psychologique et
social. C’est facile de donner à manger, mais ces personnes n’ont pas
besoin d’un plat de riz, elles ont besoin d’un avenir. » Une expérience
de solidarité basée sur un équilibre entre engagement individuel et
responsabilité collective. Quelque chose qui ressemble à l’humanité. É. U.
Accueillir plutôt qu’enfermer
Mercredi, 5 Novembre, 2014
STÉFANIA MIZARA
Sur
l’île de Lesbos, en Grèce, des citoyens ont créé un village autogéré
pour l’accueil des migrants. Une initiative qui démontre qu’en matière
d’immigration d’autres choix que la répression sont possibles.
Les
défaillances de l’État et de l’Union européenne en matière d’accueil et
de protection des immigrés n’ont pas échappé aux mouvements de
résistance citoyens qui s’organisent, partout en Grèce, pour faire face
aux politiques d’austérité. Pour répondre à l’absence de centre
d’accueil respectueux des droits et de la dignité des migrants, sur
l’île de Lesbos, un groupe de bénévoles a décidé, en décembre 2012, de
rafraîchir une quinzaine de bungalows anciennement dédiés au tourisme.
Dans une pinède, qui borde les plages de la mer Égée, la crise
économique avait fait fermer, en novembre 2011, ce centre municipal de
loisirs et d’action sociale. Depuis deux ans, l’initiative citoyenne a
permis d’y accueillir près de 5 000 personnes de toutes nationalités.
Elles arrivent pour la plupart de Syrie, d’Afghanistan et d’Érythrée et
ont traversé la mer depuis les côtes turques. « J’ai essayé de passer
huit fois par la Bulgarie, raconte Anouar, un jeune réfugié palestinien
décidé à apprendre le grec et à reconstruire, ici, une vie nouvelle. À
chaque fois, j’ai été refoulé. J’ai réussi à venir en Europe par la mer
en partant d’Izmir, en Turquie. Ici on m’aide. On me prête un vélo pour
que j’aille à l’école. »
« Nous menons cette initiative pour montrer qu’il existe une autre façon de gérer la question de l’immigration »
Le village s’appuie sur la mobilisation des riverains. Ces
derniers participent aux manifestations culturelles qui sont parfois
organisées dans les lieux. Ils font aussi régulièrement des dons de
produits alimentaires et de matériel de première nécessité. Les
personnes accueillies préparent elles-mêmes leur repas dans une cuisine
collective. Tout le monde participe à l’entretien du potager et au
nettoyage des sanitaires. « On fait une réunion par semaine avec les
bénévoles, explique Lena, une citoyenne très engagée dans le projet. Ce
n’est est pas toujours facile mais on tente d’impliquer au maximum les
familles accueillies. C’est une expérience permanente pour découvrir
comment vivre autrement tous ensemble. » Pendant un temps, le village a
pu bénéficier du soutien des institutions portuaires qui y acheminaient
les migrants. Les demandes d’asile pouvaient y être faites. Mais depuis
la construction du centre de détention de Moria, à quelques kilomètres
au nord, les autorités tentent de stopper l’initiative. La municipalité
veut récupérer les lieux pour rouvrir le centre de loisirs. Mercredi
dernier, citoyens engagés et habitants immigrés du village se
réunissaient pour envisager les actions à mener. « Nous menons cette
initiative pour venir en aide aux migrants et pour montrer qu’il existe
une autre façon de gérer la question de l’immigration, continue la
militante. Mais la mobilisation citoyenne a ses limites. Nous avons
besoin de gens spécialisés dans l’accompagnement psychologique et
social. C’est facile de donner à manger, mais ces personnes n’ont pas
besoin d’un plat de riz, elles ont besoin d’un avenir. » Une expérience
de solidarité basée sur un équilibre entre engagement individuel et
responsabilité collective. Quelque chose qui ressemble à l’humanité. É. U.
Accueillir plutôt qu’enfermer
Mercredi, 5 Novembre, 2014
STÉFANIA MIZARA
Sur
l’île de Lesbos, en Grèce, des citoyens ont créé un village autogéré
pour l’accueil des migrants. Une initiative qui démontre qu’en matière
d’immigration d’autres choix que la répression sont possibles.
Les
défaillances de l’État et de l’Union européenne en matière d’accueil et
de protection des immigrés n’ont pas échappé aux mouvements de
résistance citoyens qui s’organisent, partout en Grèce, pour faire face
aux politiques d’austérité. Pour répondre à l’absence de centre
d’accueil respectueux des droits et de la dignité des migrants, sur
l’île de Lesbos, un groupe de bénévoles a décidé, en décembre 2012, de
rafraîchir une quinzaine de bungalows anciennement dédiés au tourisme.
Dans une pinède, qui borde les plages de la mer Égée, la crise
économique avait fait fermer, en novembre 2011, ce centre municipal de
loisirs et d’action sociale. Depuis deux ans, l’initiative citoyenne a
permis d’y accueillir près de 5 000 personnes de toutes nationalités.
Elles arrivent pour la plupart de Syrie, d’Afghanistan et d’Érythrée et
ont traversé la mer depuis les côtes turques. « J’ai essayé de passer
huit fois par la Bulgarie, raconte Anouar, un jeune réfugié palestinien
décidé à apprendre le grec et à reconstruire, ici, une vie nouvelle. À
chaque fois, j’ai été refoulé. J’ai réussi à venir en Europe par la mer
en partant d’Izmir, en Turquie. Ici on m’aide. On me prête un vélo pour
que j’aille à l’école. »
« Nous menons cette initiative pour montrer qu’il existe une autre façon de gérer la question de l’immigration »
Le village s’appuie sur la mobilisation des riverains. Ces
derniers participent aux manifestations culturelles qui sont parfois
organisées dans les lieux. Ils font aussi régulièrement des dons de
produits alimentaires et de matériel de première nécessité. Les
personnes accueillies préparent elles-mêmes leur repas dans une cuisine
collective. Tout le monde participe à l’entretien du potager et au
nettoyage des sanitaires. « On fait une réunion par semaine avec les
bénévoles, explique Lena, une citoyenne très engagée dans le projet. Ce
n’est est pas toujours facile mais on tente d’impliquer au maximum les
familles accueillies. C’est une expérience permanente pour découvrir
comment vivre autrement tous ensemble. » Pendant un temps, le village a
pu bénéficier du soutien des institutions portuaires qui y acheminaient
les migrants. Les demandes d’asile pouvaient y être faites. Mais depuis
la construction du centre de détention de Moria, à quelques kilomètres
au nord, les autorités tentent de stopper l’initiative. La municipalité
veut récupérer les lieux pour rouvrir le centre de loisirs. Mercredi
dernier, citoyens engagés et habitants immigrés du village se
réunissaient pour envisager les actions à mener. « Nous menons cette
initiative pour venir en aide aux migrants et pour montrer qu’il existe
une autre façon de gérer la question de l’immigration, continue la
militante. Mais la mobilisation citoyenne a ses limites. Nous avons
besoin de gens spécialisés dans l’accompagnement psychologique et
social. C’est facile de donner à manger, mais ces personnes n’ont pas
besoin d’un plat de riz, elles ont besoin d’un avenir. » Une expérience
de solidarité basée sur un équilibre entre engagement individuel et
responsabilité collective. Quelque chose qui ressemble à l’humanité. É. U.