jeudi 6 novembre 2014

Projet Lampedusa (article de presse)

Dans L'Humanité du 5 novembre: http://www.humanite.fr/accueillir-plutot-quenfermer-556794

Accueillir plutôt qu’enfermer

Mercredi, 5 Novembre, 2014
STÉFANIA MIZARA
Sur l’île de Lesbos, en Grèce, des citoyens ont créé un village autogéré pour l’accueil des migrants. Une initiative qui démontre qu’en matière d’immigration d’autres choix que la répression sont possibles.
Les défaillances de l’État et de l’Union européenne en matière d’accueil et de protection des immigrés n’ont pas échappé aux mouvements de résistance citoyens qui s’organisent, partout en Grèce, pour faire face aux politiques d’austérité. Pour répondre à l’absence de centre d’accueil respectueux des droits et de la dignité des migrants, sur l’île de Lesbos, un groupe de bénévoles a décidé, en décembre 2012, de rafraîchir une quinzaine de bungalows anciennement dédiés au tourisme. Dans une pinède, qui borde les plages de la mer Égée, la crise économique avait fait fermer, en novembre 2011, ce centre municipal de loisirs et d’action sociale. Depuis deux ans, l’initiative citoyenne a permis d’y accueillir près de 5 000 personnes de toutes nationalités. Elles arrivent pour la plupart de Syrie, d’Afghanistan et d’Érythrée et ont traversé la mer depuis les côtes turques. « J’ai essayé de passer huit fois par la Bulgarie, raconte Anouar, un jeune réfugié palestinien décidé à apprendre le grec et à reconstruire, ici, une vie nouvelle. À chaque fois, j’ai été refoulé. J’ai réussi à venir en Europe par la mer en partant d’Izmir, en Turquie. Ici on m’aide. On me prête un vélo pour que j’aille à l’école. »

« Nous menons cette initiative pour 
montrer qu’il existe une autre façon 
de gérer la question de l’immigration »

Le village s’appuie sur la mobilisation des riverains. Ces derniers participent aux manifestations culturelles qui sont parfois organisées dans les lieux. Ils font aussi régulièrement des dons de produits alimentaires et de matériel de première nécessité. Les personnes accueillies préparent elles-mêmes leur repas dans une cuisine collective. Tout le monde participe à l’entretien du potager et au nettoyage des sanitaires. « On fait une réunion par semaine avec les bénévoles, explique Lena, une citoyenne très engagée dans le projet. Ce n’est est pas toujours facile mais on tente d’impliquer au maximum les familles accueillies. C’est une expérience permanente pour découvrir comment vivre autrement tous ensemble. » Pendant un temps, le village a pu bénéficier du soutien des institutions portuaires qui y acheminaient les migrants. Les demandes d’asile pouvaient y être faites. Mais depuis la construction du centre de détention de Moria, à quelques kilomètres au nord, les autorités tentent de stopper l’initiative. La municipalité veut récupérer les lieux pour rouvrir le centre de loisirs. Mercredi dernier, citoyens engagés et habitants immigrés du village se réunissaient pour envisager les actions à mener. « Nous menons cette initiative pour venir en aide aux migrants et pour montrer qu’il existe une autre façon de gérer la question de l’immigration, continue la militante. Mais la mobilisation citoyenne a ses limites. Nous avons besoin de gens spécialisés dans l’accompagnement psychologique et social. C’est facile de donner à manger, mais ces personnes n’ont pas besoin d’un plat de riz, elles ont besoin d’un avenir. » Une expérience de solidarité basée sur un équilibre entre engagement individuel et responsabilité collective. Quelque chose qui ressemble à l’humanité. É. U.
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Accueillir plutôt qu’enfermer

Mercredi, 5 Novembre, 2014
STÉFANIA MIZARA
Sur l’île de Lesbos, en Grèce, des citoyens ont créé un village autogéré pour l’accueil des migrants. Une initiative qui démontre qu’en matière d’immigration d’autres choix que la répression sont possibles.
Les défaillances de l’État et de l’Union européenne en matière d’accueil et de protection des immigrés n’ont pas échappé aux mouvements de résistance citoyens qui s’organisent, partout en Grèce, pour faire face aux politiques d’austérité. Pour répondre à l’absence de centre d’accueil respectueux des droits et de la dignité des migrants, sur l’île de Lesbos, un groupe de bénévoles a décidé, en décembre 2012, de rafraîchir une quinzaine de bungalows anciennement dédiés au tourisme. Dans une pinède, qui borde les plages de la mer Égée, la crise économique avait fait fermer, en novembre 2011, ce centre municipal de loisirs et d’action sociale. Depuis deux ans, l’initiative citoyenne a permis d’y accueillir près de 5 000 personnes de toutes nationalités. Elles arrivent pour la plupart de Syrie, d’Afghanistan et d’Érythrée et ont traversé la mer depuis les côtes turques. « J’ai essayé de passer huit fois par la Bulgarie, raconte Anouar, un jeune réfugié palestinien décidé à apprendre le grec et à reconstruire, ici, une vie nouvelle. À chaque fois, j’ai été refoulé. J’ai réussi à venir en Europe par la mer en partant d’Izmir, en Turquie. Ici on m’aide. On me prête un vélo pour que j’aille à l’école. »

« Nous menons cette initiative pour 
montrer qu’il existe une autre façon 
de gérer la question de l’immigration »

Le village s’appuie sur la mobilisation des riverains. Ces derniers participent aux manifestations culturelles qui sont parfois organisées dans les lieux. Ils font aussi régulièrement des dons de produits alimentaires et de matériel de première nécessité. Les personnes accueillies préparent elles-mêmes leur repas dans une cuisine collective. Tout le monde participe à l’entretien du potager et au nettoyage des sanitaires. « On fait une réunion par semaine avec les bénévoles, explique Lena, une citoyenne très engagée dans le projet. Ce n’est est pas toujours facile mais on tente d’impliquer au maximum les familles accueillies. C’est une expérience permanente pour découvrir comment vivre autrement tous ensemble. » Pendant un temps, le village a pu bénéficier du soutien des institutions portuaires qui y acheminaient les migrants. Les demandes d’asile pouvaient y être faites. Mais depuis la construction du centre de détention de Moria, à quelques kilomètres au nord, les autorités tentent de stopper l’initiative. La municipalité veut récupérer les lieux pour rouvrir le centre de loisirs. Mercredi dernier, citoyens engagés et habitants immigrés du village se réunissaient pour envisager les actions à mener. « Nous menons cette initiative pour venir en aide aux migrants et pour montrer qu’il existe une autre façon de gérer la question de l’immigration, continue la militante. Mais la mobilisation citoyenne a ses limites. Nous avons besoin de gens spécialisés dans l’accompagnement psychologique et social. C’est facile de donner à manger, mais ces personnes n’ont pas besoin d’un plat de riz, elles ont besoin d’un avenir. » Une expérience de solidarité basée sur un équilibre entre engagement individuel et responsabilité collective. Quelque chose qui ressemble à l’humanité. É. U.
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Accueillir plutôt qu’enfermer

Mercredi, 5 Novembre, 2014
STÉFANIA MIZARA
Sur l’île de Lesbos, en Grèce, des citoyens ont créé un village autogéré pour l’accueil des migrants. Une initiative qui démontre qu’en matière d’immigration d’autres choix que la répression sont possibles.
Les défaillances de l’État et de l’Union européenne en matière d’accueil et de protection des immigrés n’ont pas échappé aux mouvements de résistance citoyens qui s’organisent, partout en Grèce, pour faire face aux politiques d’austérité. Pour répondre à l’absence de centre d’accueil respectueux des droits et de la dignité des migrants, sur l’île de Lesbos, un groupe de bénévoles a décidé, en décembre 2012, de rafraîchir une quinzaine de bungalows anciennement dédiés au tourisme. Dans une pinède, qui borde les plages de la mer Égée, la crise économique avait fait fermer, en novembre 2011, ce centre municipal de loisirs et d’action sociale. Depuis deux ans, l’initiative citoyenne a permis d’y accueillir près de 5 000 personnes de toutes nationalités. Elles arrivent pour la plupart de Syrie, d’Afghanistan et d’Érythrée et ont traversé la mer depuis les côtes turques. « J’ai essayé de passer huit fois par la Bulgarie, raconte Anouar, un jeune réfugié palestinien décidé à apprendre le grec et à reconstruire, ici, une vie nouvelle. À chaque fois, j’ai été refoulé. J’ai réussi à venir en Europe par la mer en partant d’Izmir, en Turquie. Ici on m’aide. On me prête un vélo pour que j’aille à l’école. »

« Nous menons cette initiative pour 
montrer qu’il existe une autre façon 
de gérer la question de l’immigration »

Le village s’appuie sur la mobilisation des riverains. Ces derniers participent aux manifestations culturelles qui sont parfois organisées dans les lieux. Ils font aussi régulièrement des dons de produits alimentaires et de matériel de première nécessité. Les personnes accueillies préparent elles-mêmes leur repas dans une cuisine collective. Tout le monde participe à l’entretien du potager et au nettoyage des sanitaires. « On fait une réunion par semaine avec les bénévoles, explique Lena, une citoyenne très engagée dans le projet. Ce n’est est pas toujours facile mais on tente d’impliquer au maximum les familles accueillies. C’est une expérience permanente pour découvrir comment vivre autrement tous ensemble. » Pendant un temps, le village a pu bénéficier du soutien des institutions portuaires qui y acheminaient les migrants. Les demandes d’asile pouvaient y être faites. Mais depuis la construction du centre de détention de Moria, à quelques kilomètres au nord, les autorités tentent de stopper l’initiative. La municipalité veut récupérer les lieux pour rouvrir le centre de loisirs. Mercredi dernier, citoyens engagés et habitants immigrés du village se réunissaient pour envisager les actions à mener. « Nous menons cette initiative pour venir en aide aux migrants et pour montrer qu’il existe une autre façon de gérer la question de l’immigration, continue la militante. Mais la mobilisation citoyenne a ses limites. Nous avons besoin de gens spécialisés dans l’accompagnement psychologique et social. C’est facile de donner à manger, mais ces personnes n’ont pas besoin d’un plat de riz, elles ont besoin d’un avenir. » Une expérience de solidarité basée sur un équilibre entre engagement individuel et responsabilité collective. Quelque chose qui ressemble à l’humanité. É. U.
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