Retours sur le l’improvisation filée de Des Corps et des Maux !
Remarques générales :
+ Nous sommes allés au bout du « matériau »
disponible même si certains textes ont été grandement écourtés ou pas donnés
complètement du fait de quelques absents(2)
+Si l’on devait jouer dans une semaine : une sélection
de propositions d’une heure serait jouable en l’état. ( Je rappelle que Patrice
et moi n’avons aucune obligation de mettre tout le monde sur le plateau si ça
ne tient pas la route : nous ne fabriquons pas un spectacle mais montrerons
un état du travail, un état « montrable ».Si vous voulez être dans le
spectacle, il faut le vouloir vraiment c’est-à-dire
bosser vraiment.
+ Quelques très beaux moments où le texte « accroche »
le public, où on entend ce qui est dit parfaitement, où les « adresses »
sont nettes, précises et portent. J’ai eu des frissons par moments.
Les remarques moins positives vont être plus nombreuses. C’est
normal, nous sommes en phase de création et tout est à bâtir donc à améliorer.
-
Comme les textes sont encore « trop verts »,
c’est-à-dire pas assez bien sus et pour
certains pas sus vraiment, il n’y a pas de liberté d’improvisation, de
propositions, d’occupation d’espace. Seuls ceux qui connaissent bien leur texte
(Et son enjeu, la situation, les nuances
des émotions qu’il traverse, à qui il s’adresse phrase par phrase)) sont en
fait libres de jouer vraiment. Il faut atteindre cet état car la mise en scène
doit pouvoir être changée une heure avant le spectacle sans que ça pose
problème dans ce genre de travail !
-
Très peu de gens ont travaillé en autonomie une
mise en espace à proposer à Patrice ou à moi qui tienne compte de l’espace
scénique projeté : un dancing dans la salle du Centre Europe, alors que
nous vous avons alerté sur ce plan durant tout le premier trimestre. Certains d’ailleurs
ne proposent aucun espace, aucun déplacement, aucun mouvement et semble
attendre que la mise en espace tombe du ciel. Qu’ont fait ces gens pendant tout
le temps laissé en autonomie pour travailler ces aspects justement ? On ne
dirait pas que la plupart d’entre vous ont au moins deux ans de théâtre
derrière eux. C’est souvent raide dans la posture. Il n’y a pas assez d’essais engagés, de prise de risque, de
truc délirant qui surprend, étonne, bouleverse. On dirait que le groupe
tétanise, bloque, fige, au lieu de donner de la force et de l’imagination.
-
-Autrement dit les corps sont très absents –
encore plus d’ailleurs quand les mots manquent. Vous ne faites pas assez
confiance à vos émotions- je sais, c’était à froid après les vacances !-
mais tout de même : intensité du désir, découverte de l’autre, sexe qui
obsède, réaction de souffrance, d’étonnement, devant les rejets, colère, rage
que sais-je, tout ça c’est d’abord dans le corps que ça arrive.
-
Très peu de propositions qui prouvent une écoute
de ce qui se passe sur le plateau : pas d’imagination pour meubler les trous,
des sorties du jeu inopportunes, des texte
en main quand il fallait improviser, peu de chansons, de musique improvisée, de
bruitage donc peu de surprises heureuses, d’offrandes au public que nous
formions tous. (Le manque d’écoute et d’attention aux autres est d’ailleurs un
truc qui m’a empêchée de jouir des beautés de certains moments. J’ai du mal à
comprendre ce genre d’attitude au niveau où vous êtes. Comment créer un
spectacle quasi pro avec des gens qui se fichent des autres ! Si le
spectacle devient génial, c’est seulement si tout le monde s’aime et se
surpasse. Sinon ce sera juste passable. N’ayez pas la mémoire courte !)
-
- Certains textes ne sont pas audibles pour
différentes raisons : voix trop faible, pas assez projetée, pas de
véritable adresse- certains ne semblent pas avoir conscience qu’ils jouent pour
l’ensemble du public. Pourtant quand on voit jouer ceux qui portent la voix, c’est
évident ce qu’il faut essayer de faire. (Quand me donnerez-vous le sentiment d’apprendre
à jouer à partir du regard que vous portez sur le travail des autres, c’est là
que la réflexion du carnet de bord pourrait être utile.)
C’est aussi une
question de justesse : plus vous comprenez ce que vous dites, ce qui se
passe entre les personnages, plus vous jouez juste même sans trop « projeter »le
son parce que vos paroles sont vraiment adressées. Certaines répliques sont
récitées, pas dites en donnant l’impression qu’elles sont inventées au fur et à
mesure et adressées vraiment. Pensez que pour le public le découpage en extrait
sans toujours un lien entre eux est déjà complexe, alors si vous boulez le
texte ou le dites sans le jouer vraiment, l’ennui est assuré !
-
-L’esprit de la scène du bal n’a pas été rendu-
a-t-il seulement été compris ?, en fait elle n’a pas été jouée. Eva n’a
pas dit le texte, Cécile n’est pas entrée. Il ne s’est rien passé de scotchant,
vous avez juste dansoté un peu. (...)
Les retours individuels sont pour demain.