Hier Delphine a évoqué le travail de la compagnie TG Stan: Qui sont-ils?
La compagnie tg STAN fut fondée par quatre acteurs diplômés du
Conservatoire d'Anvers en 1989. Jolente De Keersmaeker, Damiaan De
Schrijver, Waas Gramser et Frank Vercruyssen refusèrent catégoriquement
de s'intégrer dans une des compagnies existantes, ne voyant dans
celles-ci qu'esthétisme révolu, expérimentation formelle aliénante et
tyrannie de metteur en scène. Ils voulaient se placer eux-mêmes – en
tant qu'acteurs, avec leurs capacités et leurs échecs (avoués) – au
centre de la démarche qu'ils ambitionnaient : la destruction de
l'illusion théâtrale, le jeu dépouillé, la mise en évidence des
divergences éventuelles dans le jeu, et l'engagement rigoureux vis-à-vis
du personnage et de ce qu'il a à raconter. Après quelques spectacles,
Waas Gramser (actuellement membre de la Comp. Marius) a quitté la
troupe, qui a alors accueilli Sara De Roo. Thomas Walgrave est venu les
rejoindre en tant que scénographe attitré.
Résolument tournée
vers l'acteur, refusant tout dogmatisme, voilà les mots clés qui
caractérisent Tg STAN. Le refus du dogmatisme est évoqué par son nom
– S(top) T(hinking) A(bout) N(ames) – mais aussi par le répertoire
hybride, quoique systématiquement contestataire, où Cocteau et Anouilh
côtoient Tchekhov, Bernhard suit Ibsen et les comédies de Wilde ou Shaw
voisinent avec des essais de Diderot. Mais cet éclectisme, loin
d'exprimer la volonté de contenter tout le monde, est le fruit d'une
stratégie de programmation consciente et pertinente.
STAN fait la
part belle à l'acteur. Malgré l'absence de metteur en scène et le refus
de s'harmoniser, d'accorder les violons – ou peut-être justement à
cause de cette particularité – les meilleures représentations de STAN
font preuve d'une grande unité dont fuse le plaisir de jouer, tout en
servant de support – jamais moralisateur – à un puissant message social,
voire politique.
Pour entretenir la dynamique du groupe, chacun
des quatre comédiens crée régulièrement des spectacles avec des artistes
ou compagnies extérieurs à STAN. De telles collaborations ont
fréquemment lieu avec Dito'Dito (actuellement incorporé au KVS à
Bruxelles), Maatschappij Discordia (NL), Dood Paard (NL), Compagnie de
Koe (B) et Rosas (B).
Cette démarche résolue pousse aussi les
membres de la compagnie à affronter les publics les plus divers (de
préférence également étrangers), souvent dans une autre langue. STAN
joue une grande partie de son répertoire en français et/ou en anglais, à
côté des versions néerlandaises. Le groupe a ainsi trouvé un nouvel
élément auquel se confronter : en jouant dans une autre langue, les mots
acquièrent un sens différent.
La compagnie crée même certains spectacles en une autre langue et dans un autre pays. Ainsi Point Blank (1998), Berenice (2005) et Nora (2012) furent créés à Lisbonne (P) et One 2 Life (1996) à Oakland en Californie (USA) - tous trois en anglais. En 2010 STAN a créé The Tangible, un spectacle en arabe et anglais, à Bergen, Norvège.
Le spectacle Les Antigones, créé à Toulouse (F) en 2001, fut pour STAN la première entreprise de cet ordre en français. Puis ont suivi L'avantage du doute et ANATHEMA, les deux en 2005 au Théâtre de la Bastille à Paris (FR). Plus récemment STAN a créé Mademoiselle Else (2012), après la répétition et scènes de la vie conjugale (2013).
Au
cours de ces quinze dernières années, onze spectacles de STAN ont été
sélectionnés pour le « Theaterfestival » organisé conjointement par la
Flandre et les Pays-Bas. Ces trois dernières années, une pièce de la
troupe figurait à chaque fois à l'affiche. En 1999 et 2003, STAN a
remporté le Grand Prix de cette compétition. Depuis 2000, STAN participe
quasiment chaque année au Festival d'Automne à Paris – en 2005 même
avec cinq spectacles différents.
En 2013, 14 et 15 STAN est compagnie associée au Théâtre Garonne à Toulouse (FR).
Article sur la conception de l'acteur chez TG Stan