samedi 21 novembre 2015

Erwin Motor devotion de Magalie Mougel, mise en scène Delphine Crubézy

Attention le spectacle est au Théâtre Municipal mercredi 25 à 20h30 et jeudi 26 à 19h. Il dure 2h15.

 Afficher l'image d'origine

Sur le site de la compagnie:
Erwin Motor, dévotion est une petite entreprise de sous-traitance automobile qui emploie, la nuit, sur une chaîne de montage, la jeune Cécile Volanges, ouvrière modèle dont l’obstination et la fierté se heurtent à l’incompréhension de son mari.
À l’usine, Monsieur Talzberg surveille ses ouvrières de près, très près. Alors que Madame Merteuil, la directrice d’Erwin Motor, agite la menace d’une délocalisation, comment agir sur la baisse de production ? Chercher le coupable ? ou plutôt la coupable ?
L’étau se resserre autour de Cécile. Celle-ci, poussée à faire preuve de toujours plus de dévotion à l’entreprise, délaisse son foyer et se livre corps et âme à Erwin Motor et à Monsieur Talzberg...

Magali Mougel reprend les figures de Merteuil et Valmont des LIAISONS DANGEREUSES de Choderlos de Laclos et les place dans un environnement professionnel. Elle nous fait percevoir les tensions, les jeux de pouvoir, de domination, et de séduction dans un monde non plus dominé par l’aristocratie mais par des pouvoirs industriels et financiers.

La pièce traite aussi de la dévotion au travail, de cette libération que celui-ci procure à Cécile, petite main dévouée au-delà du possible, alors même qu’elle s’aliène à son établi. La richesse du texte vient de ce qu’il pointe les paradoxes de notre rapport au travail : entre aliénation et émancipation, entre dévotion et sacrifice.

Sur le site de la Filature

ERWIN MOTOR, DÉVOTION de Magali Mougel par Delphine Crubézy

Des lanières de plastique scindent l’espace, réfléchissant la lumière tout en se laissant percer du regard. Cette ambiance industrielle, conçue par la metteuse en scène Delphine Crubézy, plante le décor. Dans une entreprise automobile appelée Erwin Motor, une jeune employée, Cécile Volanges, s’active de nuit sur une chaîne de montage. Elle est surveillée de près par un contremaître, lui-même soumis à la pression que lui inflige sa directrice, Madame Merteuil. Cécile engloutit sa vie personnelle dans sa tâche. La pièce est signée Magali Mougel, une jeune auteure connectée avec ce qui l’entoure et notamment, le sort des plus démunis. Son style lapidaire trouve des accès clairvoyants vers ce qui, sournoisement, nous contamine jusqu’à nous perdre. Elle sait portraiturer une société malade d’elle-même, décrire sans pathos l’aliénation au travail, pointer sans larmoyer la domination de l’homme sur la femme. Il y a chez elle une empathie réelle pour les petites gens, les prolétaires, les dominés. Ce constat social, elle le sublime dans un geste poétique qui, ici, en passe par la littérature. Volanges, Merteuil : Les Liaisons dangereuses surplombent de leur ombre la fable qui se teinte, du coup, d’un peu plus de perversité. Fascinante danse du diable…

L'auteur Magali Mougel à propos de son texte:


“ Mon intention était de comprendre les mécaniques délirantes qui maintiennent coûte que coûte les
ouvriers dans un état de dévotion absolue à leur travail, aussi aliénant puisse-t-il être. Comprendre
comment cela tient, aujourd’hui. Quand Cécile va travailler, elle va fuir le climat familial, son mari. Même
si elle travaille dans des conditions déplorables, elle y trouve un certain épanouissement.
Je ne souhaitais pas entamer une critique sociale, mais juste comprendre et mettre en mot
l’attachement profond que l’on peut avoir à son travail. La pièce pourrait être caractérisée de “ théâtre
de la constatation sociale ” et pourtant, le fait que ce texte se charpente autour d’un détournement des
figures libertines des Liaisons Dangereuses éclaire peut-être autrement la nature de l’aliénation d’une ouvrière à son travail.
Erwin Motor, dévotion est aussi un hommage à une amie qui se tue à la tâche dans l’une de ces
entreprises.
Souvent, après des lectures publiques, des femmes viennent me voir pour me dire : je retrouve ce que
j’ai vécu telle année de mon existence dans mon entreprise.”
Magali Mougel, auteure