la question du choeur dans les Bacchantes
Je remets en ligne cet article qui figurait déjà sur le blog l'an dernier.Si vous l'aviez lu et si vous m'aviez interrogé dessus, vous auriez mieux compris les enjeux du sujet sur la représentation du Choeur.
Représentation du chœur dans les Bacchantes :
conférence par Romain Piana et Aurélien Pulice, auteurs de l’ouvrage publié
chez Canopé
-Pb du nombre de comédiens pour l’incarner: 15 ou un seul?
Dans l’ouvrage sur les Bacchantes publié par canopée : analyse métrique
des passages du chœur, analyse de son traitement dans 5 mises en scènes
marquantes.
Est-ce qu’on voit les Thébains/Thébaines ? ou seulement les Lydiennes compagnes de Dionysos pendant son périple en Asie.
1. 1.
La cité
de Thèbes : hommes/femmes
Barbares venus de Lydie/ Femmes envoyées par Dionysos sur le
Cithéron
Hommes:
Cité qui n’est pas initiée et qui doit voir
le Dieu. Corps civique masculin à l’époque, femmes sans droits civiques. Légers
anachronismes : transfert pour le public athénien spectateur du drame qui
se joue devant eux : seuls Cadmos et Tirésias se convertissent
maladroitement. Hommes spectateurs comme le public : ceux qui ont vu ce
qu’ils ne devaient pas voir cf messager (1) : 2 visages des Bacchantes.
Conciliabule sur ce qu’ils ont observé : donner la chasse aux Bacchantes,
bergers thébains, déchainement d’Agavé.
Témoins oculaires de la honte de Penthée :
« je souhaite que les Thébains rient de lui », humiliation publique.
Vengeance du dieu// avec les spectateurs athéniens : double ridicule pour
le guerrier viril qu’était Penthée (fiction/représentation)
Il faut que la ville de Cadmos voit la
puissance du dieu. Initiation de Thèbes et d’Athènes : métathéâtral. Pas
de présence des Thébains sur scène mais superposition avec le public qui
athénien devient les Thébains. Abolir la frontière scène /salle.
cf Une mise en scène avec deux chœurs :
femmes et hommes assis et muets disposés en u dans l’orchestra : Luca
Ranconi en 2001 à Syracuse
2.
Thébaines :
Cithéron hors scène, choeur = thiase, connu par les deux récits des messagers.
A la
fin de la pièce exodos : débat pb du sens du mot" kommos", chœur qui
pourrait s’adresser aux Thébaines 5ème stasimon » accueille ce
cortège » mais "komo"s : rencontre et réunion des deux chœurs à la fin de la pièce ? cortège festif, didascalie interne,
techniquement envisageable, personnages additionnels dans certains chœurs,
plein de termes métathéâtraux ; chœur devant la statue du dieu dans la
parodos du chœur lydien au début// fin avec chœur thébain mais peu probable.
Contre argument : messager qui ne
parle que d’Agavé qui a laissé les Thébaines dans les montagnes, adresse pas
forcément directe, KOmos chœur ne s’adresse qu’à Agavé, jamais question d’autres
Bacchantes thébaines, allusion à la liturgie bachique : initiation d’une nouvelle
venue dans un thiase/mystère,
Bacchantes
qui acceptent d’accueillir Agavé= les lydiennes : sortie des personnages
et du chœur. Pb du sens du mot komos qui peut désigner seulement Agavé cf
recensement d’autres occurrences in Le
Cyclope, Suppliantes, Phéniciennes, valeur ironique, emploi
grinçant pour souligner l’horreur, poids des mots plus fort si Agavé est
seule : ironie tragique.
Chœur qui n’est plus dans la fête et la joie bachique
mais dans le thrène, le deuil, confirmé par la métrique. Aucune mise en scène
ne représente ce chœur thébain accompagnant Agavé.
Mais recherches sur le ménadisme du chœur
lydien : choeur grec/choeur barbare, lydien/thébain, imposé/libre,
duplicité qui montre le visage ambivalent de Dionysos.
Points de contact : désigné par le
même mot : distinction Bacchantes/ Ménades
2 chœurs qui évoluent sur une même
ligne : jusqu’au récit du messager pareil, les Thébaines mettent en pratique
ce qui est dans la parados, 2nd récit pareil avant qu’elles voient
Penthée. La profanation du mystère par les hommes métamorphose les Bacchantes
en furies : sparagmos des bœufs//Penthée.
Le chœur lui aussi est plus sombre :
chasse, vengeance : les Lydiennes vivent par procuration ce qui va se
passer.
Fin : compassion, thrène, plainte de Cadmos chacun montre une
facette différente de Dionysos, entre deux subtil, ambivalence à conserver, pas
d’opposition radicale donc dans les mises en scène. Komos : cortège /Kommos :
chant alterné
Chœur des Lydiennes veut la mort de Penthée
mais au moment de la reconnaissance tragique pleurent avec les Thébains, vivent
la transe bachique et reviennent au réel . Tout est double et ambigu.
Dans les mise en scènes : ménadisme furieux/
régulé axe de lecture possible : prise en compte ou non de l’existence des
2 chœurs, réponses assez tranchées.
Quand on mélange les deux choeurs souvent
adaptation qui s’éloignent d’Euripide. Ex Performance
group 68, pas vraiment de chœur, public invité à participer, communauté
extatique qui va accueillir Dionysos en pratiquant un sacrifice rituel de
naissance et de mort. Sparagmos, deux Agavé qui mettent du sang sur leurs mains
et se livrent à des simulacres de mise à mort, incitant toutes les femmes à
participer. Dionysos porté en triomphe en sortant du garage pour les élections
cf Unité de plaisir de Finley
Omar
Porras : dimension fantasmatique du ménadisme, représente davantage
les Bacchantes du Cithéron que les Asiatiques. 3ème stasimon
confusion textuelle souvent sparagmos raconté et mis en scène, comédiens nus,
diction saccadée, performance collective. Penthée joué par Porras qui regarde, Agavé qui surgit, actions mimées, magma, chorégraphie, tête qui sort du groupe,
fondu enchaîné entre Lydiennes et Thébaines Agavé qu’on ne distingue pas du
groupe joue aussi Dionysos : travestissement, musique brésilienne : Penthée
émasculé, inversion de leur signe générique, construction d’une nouvelle entité
qui sépare chœur et protagoniste, masculin/féminin.
Thébaines fictionnelles : plus proche
d’Euripide, Lydiennes au plateau.
Fonction performative : spectacle,
cultuel, fonction dramatique : adjuvantes de Dionysos qui veut reconquérir
sa place à Thèbes. Ex dérèglement : projection virtuelle séparés à la
Vernant, Yohan Simons et Koelk ZT
Hollandia au Kunstenfestival des arts sur le thème de l’interculturalité en
flamand !Traduction respectueuse d’Euripide : ensemble de musique syrien qui aurait des affinités avec la musique grecque, chœur musical des lydiennes, chants traduits en arabe : plénitude du sacré, musique au service du sacré, chœur doublé par les comédiens qui viennent parler en néerlandais le texte d’Euripide rapport très apaisé par le chant syrien et folie des thébaines : tremblements, agneaux entrain de naître, rideau et vêtement de laine, Dionysos la prend dans ses bras : deux modes de rapport à l’extase : question de l’étranger , de la foi, de la possession. Contamination progressive : cris, musique contemporaine
Fiche sur ce qu'il faut connaître de la tragédie grecque à apprendre!