jeudi 7 avril 2016

La Comtesse dans le Mariage et dans Figaro Divorce



La Comtesse
Préface par Beaumarchais lui-même : «  Bonne, indulgente et sensible » « la plus vertueuse des femmes » « un modèle de vertu, l’exemple de son sexe et l’amour du nôtre » orientation morale, défense de sa pièce contre ceux qui l’accusent d’indécence. Ecart entre Rosine du barbier et la Comtesse du Mariage. En parle comme une personne  plus que comme un personnage : ce qu’elle est et ce qu’elle sent, plus que ce qu’elle dit et fait. A examiner donc.
Acte II rapport du personnage à l’espace déterminant. Dans sa chambre, où elle évolue avec aisance, familiarité du lieu, espace = prolongement du personnage
« se jeter dans une bergère » sc 1 bergère siège enveloppant, abandon de l’intimité, geste qui s’accompagne de deux questions à Suzanne : ferme la porte clôture de l’espace, bergère =espace protecteur + appel à la confidence «  conte moi tout dans le plus grand détail » qui instaure un climat de confiance et de partage. Cet espace féminin sera menacé plus loin par l’intrusion masculine ( autorité et brutalité du Comte) et sera défendu par les deux femmes ;: enjeu territorial
Importance de deux objets : le ruban et l’éventail
Ruban de nuit connote un érotisme lié au corps dévêtu de la femme qui s’apprête à l’abandon du sommeil., elle en parle « en souriant » Puis se servira « fortement de l’éventail » alors qu’elle constate que le Comte ne l’aime plus. Objets pas opposés a priori mais si dans le contexte : le ruban se rattache à Chérubin et l’éventail au Comte.
Plusieurs mentions de « rêvant », puis rêvant longtemps plutôt une méditation, une réflexion qu’une vague pensée au XVIIIème siècle. Cheminement d’une pensée que seul le jeu indique et dont les répliques ne sont que la trace.
Apport des paroles de Suzanne pour construire la Comtesse » C’est que madame parle et marche avec action » : forme de nervosité liée à un étouffement : elle se plaint de la chaleur, s’évente énergiquement et cependant sourit lorsqu’il s’agit du jeune adolescent qui l’aime. Trouble dont la comédienne devra rendre compte. Personnage très différent de la Rosine du Barbier.

In Figaro divorce : acte II tableau 2 : espace proposé : « une chambre meublée à bon marché » dans une « grande ville étrangère » : espace marqué par la pauvreté, pas la féminité, Comtesse assise dans « l’unique fauteuil » et « lit un recueil de nouvelles empruntées à la bibliothèque de prêt ». donne à voir le changement lié à l’exil, condition sociale déchue. Les cheveux de la Comtesse « ont blanchi » et « il neige », en filigrane la scène du Mariage mais dégradation patente, pourtant seulement six ans depuis les événements d’Aguas Frescas  cf Figaro «  Nous sommes marié s depuis six ans » : mise en scène du passage et de l’usure. « J’ai changé, Dieu merci, » dit la Comtesse à qui le Comte vient de faire observer : «  Tu es devenue si courageuse. »
4 fois la Comtesse sourit mais rien à voir avec le sourire lié au ruban volé par Chérubin : sourires en contrepoint : viennent alléger le poids des propos graves. Mais gardent la trace de cette féminité bienveillante qui est l’une des marques de la Comtesse dans le Mariage. Dernier sourire qu’elle adresse à son mari alors qu’il sort et qu’elle lui dit adieu. Elle ne paraîtra plus et on apprendra sa mort.
Dans la mise en scène de Lassalle, le personnage ( joué par Clotilde de Bayser) attend que le Comte soit sorti pour remplacer ce sourire permanent par l’expression d’une tristesse éloquente ;, sorte de continuum de l’une à l’autre , d’une pièce à l’autre.
Toutes deux des personnages à composer alors que Rosine est un emploi à endosser.