La Comtesse
Préface par Beaumarchais lui-même : « Bonne,
indulgente et sensible » « la plus vertueuse des femmes » « un
modèle de vertu, l’exemple de son sexe et l’amour du nôtre » orientation morale,
défense de sa pièce contre ceux qui l’accusent d’indécence. Ecart entre Rosine
du barbier et la Comtesse du Mariage. En parle comme une personne plus que comme un personnage : ce qu’elle
est et ce qu’elle sent, plus que ce qu’elle dit et fait. A examiner donc.
Acte II rapport du personnage à l’espace déterminant. Dans sa
chambre, où elle évolue avec aisance, familiarité du lieu, espace =
prolongement du personnage
« se jeter dans une bergère » sc 1 bergère siège
enveloppant, abandon de l’intimité, geste qui s’accompagne de deux questions à
Suzanne : ferme la porte clôture de l’espace, bergère =espace protecteur +
appel à la confidence « conte moi tout dans le plus grand détail »
qui instaure un climat de confiance et de partage. Cet espace féminin sera
menacé plus loin par l’intrusion masculine ( autorité et brutalité du Comte) et
sera défendu par les deux femmes ;: enjeu territorial
Importance de deux objets : le ruban et l’éventail
Ruban de nuit connote un érotisme lié au corps dévêtu de la
femme qui s’apprête à l’abandon du sommeil., elle en parle « en souriant »
Puis se servira « fortement de l’éventail » alors qu’elle constate
que le Comte ne l’aime plus. Objets pas opposés a priori mais si dans le
contexte : le ruban se rattache à Chérubin et l’éventail au Comte.
Plusieurs mentions de « rêvant », puis rêvant
longtemps plutôt une méditation, une réflexion qu’une vague pensée au XVIIIème
siècle. Cheminement d’une pensée que seul le jeu indique et dont les répliques
ne sont que la trace.
Apport des paroles de Suzanne pour construire la Comtesse »
C’est que madame parle et marche avec action » : forme de nervosité
liée à un étouffement : elle se plaint de la chaleur, s’évente
énergiquement et cependant sourit lorsqu’il s’agit du jeune adolescent qui l’aime.
Trouble dont la comédienne devra rendre compte. Personnage très différent de la
Rosine du Barbier.
In Figaro divorce : acte II tableau 2 : espace proposé :
« une chambre meublée à bon marché » dans une « grande ville
étrangère » : espace marqué par la pauvreté, pas la féminité,
Comtesse assise dans « l’unique fauteuil » et « lit un recueil
de nouvelles empruntées à la bibliothèque de prêt ». donne à voir le
changement lié à l’exil, condition sociale déchue. Les cheveux de la Comtesse « ont
blanchi » et « il neige », en filigrane la scène du Mariage mais
dégradation patente, pourtant seulement six ans depuis les événements d’Aguas
Frescas cf Figaro « Nous sommes
marié s depuis six ans » : mise en scène du passage et de l’usure. « J’ai
changé, Dieu merci, » dit la Comtesse à qui le Comte vient de faire
observer : « Tu es devenue si courageuse. »
4 fois la Comtesse sourit mais rien à voir avec le sourire
lié au ruban volé par Chérubin : sourires en contrepoint : viennent
alléger le poids des propos graves. Mais gardent la trace de cette féminité
bienveillante qui est l’une des marques de la Comtesse dans le Mariage. Dernier
sourire qu’elle adresse à son mari alors qu’il sort et qu’elle lui dit adieu. Elle
ne paraîtra plus et on apprendra sa mort.
Dans la mise en scène de Lassalle, le personnage ( joué par
Clotilde de Bayser) attend que le Comte soit sorti pour remplacer ce sourire
permanent par l’expression d’une tristesse éloquente ;, sorte de continuum
de l’une à l’autre , d’une pièce à l’autre.
Toutes deux des personnages à composer alors que Rosine est
un emploi à endosser.