mercredi 27 avril 2016

la Vie d'artiste d'après Thierry Simon, auteur et metteur en scène

Pour tous ceux qui travaillent sur la question de la vie du comédien, de l'intermittent du spectacle, ces quelques mots de mon ami Thierry Simon, auteur et metteur en scène de Wannsee Kabaré que j'espère vous êtes allés voir lundi ou mardi:

Concrètement, m'a-t-on demandé, concernant le métier de comédien, ou de technicien du spectacle, "c'est quoi, les conditions de travail, en général" ?
En général, en général, c'est un peu vague, mais assez simple. J'explique rapidement, et c'est vite fait.
En particulier, c'est plus long à expliquer, mais c'est plus parlant, monsieur.
Dans notre compagnie ils sont payés en moyenne 11 euros nets de l'heure, avec parfois 30 ans de métiers derrière eux. Comédiens et techniciens. Les salaires sont strictement égaux. Il n'y a pas de grille d'ancienneté. Il n'y a pas de grille du tout, d'ailleurs.
Quand ils se blessent, comme c'est le cas depuis plusieurs semaines pour l'une de nos comédiennes,-rupture des ligaments du genoux droit- ils jouent quand même, chantent, dansent, jouent- de la batterie pour ce qui la concerne ( oui oui , ça fait assez mal, c'est le pied qui actionne la pédale de la grosse caisse - avec une genouillère et avec le sourire et la rage de défendre ce qu'ils veulent faire passer. L'opération aura lieu après la tournée, en juin.
Les techniciens, eux, arrivent à décharger et charger le camion quel que soit leur état physique du moment, puisqu'il faut le faire, comme c'est le cas pour celui qui a deux côtes flottantes cassées, suite à une mauvaise chute lors du chargement le 17 mars, tard dans la nuit à l'issue d'une représentation dans un autre région. Et quand ils ont une rage de dent, comme c'était le cas hier pour un autre de nos techniciens, ils assurent évidemment les deux représentations du jour, scolaire et soirée, et démontage puis chargement dans le camion, jusque très très, très tard dans la nuit.
Ils ne réclament pas qu'on les plaigne.
D'ailleurs, ils ne se plaignent jamais.
Ils aiment ce qu'ils font et aiment à le donner en partage, au monde, à vous monsieur, et à bien d'autres.
Il faut juste, à minima, que ce qui les protège du reste , statutairement, dans les négociations actuelles, continue à exister.