Bravo à tous pour votre très belle présentation de travaux hier à la Comédie de l'Est. Votre travail a porté ses fruits et votre plaisir à jouer a donné du plaisir aux spectateurs. Je salue aussi votre attitude responsable pendant la journée d'immersion: écoute, patience, solidarité, ponctualité pour presque tous. Continuez ainsi vous formez un très beau groupe.
Les photos ne sont pas très réussies car il y a trop peu d'éclairage et beaucoup de mouvements. Si vous en avez de meilleures, il faut me les envoyer Juste quelques souvenirs pour le carnet de bord.. Le théâtre est un art éphémère qui célèbre l'ici et le maintenant.
Si Bruno Journée et moi avons
choisi de proposer aux élèves de première une exploration de la Tempête de Shakespeare, c’est
d’abord pour faire un pendant à la création du Songe d’Une Nuit d’été, mis en scène par Guy-Pierre Couleau, le
directeur de cette maison, à Bussang, l’été dernier et repris à la CDE en mars.
Les deux pièces mettent en avant le rôle de la magie et du « théâtre dans
le théâtre », de l’illusion théâtrale dans l’inspiration shakespearienne.
L’on fait souvent aussi des
rapprochements entre le personnage d’Ariel et de Puck. Le propos des deux
pièces est cependant très différent.
Alors que le Songe propose une
réflexion sur le désir et sur l’amour, la
Tempête, pièce testamentaire de Shakespeare, même si l’amour n’en est pas
exclu, reprend certains de ses thèmes les plus obsessionnels : la violence
fratricide, l’avidité de puissance, la vengeance face à l’usurpation politique.
La pièce s’ouvre par un véritable naufrage, une vraie tempête. Puis Prospéro, après avoir raconté son destin
d’exilé à sa fille Miranda, va organiser, avec l’aide d’Ariel, une épreuve
expiatoire pour ses ennemis que la Fortune a précipité sur son île, une épreuve
qui les pousse à la folie. Cependant convaincu
par Ariel, ému de leurs souffrances, Prospéro finira par leur pardonner
et par renoncer à la magie avant de retourner à Milan.
Nous ne vous raconterons pas les tribulations
des ennemis de Prospéro ni sa métamorphose et son renoncement à la vengeance.
Nous n’avons eu le temps que d’effleurer la matière de cette pièce
immense : comment mettre en scène la tempête qui ouvre la pièce et le
naufrage du bateau qui transporte la cour du Roi de Naples et du Duc de Milan,
usurpateur et frère de Prospéro ? Comment faire entendre le récit de
Prospéro à sa fille tendrement aimée et éduquée ? Comment interpréter
Ariel, l’esprit qui attend fébrilement sa libération de la puissance de
Prospéro et Caliban, le véritable autochtone de l’île, qui souffre sous le joug
du nouveau maître ?
L’œuvre de Shakespeare se prête à
une fête de théâtre. Plus que la scénographie, la dimension visuelle et
spectaculaire du plateau –qui a pourtant donné lieu à des mises en scènes
mémorables de la Tempête comme celle
de Strehler par exemple- , c’est le jeu des acteurs qui magiquement fait surgir
toutes les images et entraîne le spectateur dans un tourbillon de pensées et
d’émotions.