mercredi 5 avril 2017

Bacchantes: mise en scène d'André Wilms

Mise en scène d'André Wilms: Photos de plateau


Les Bacchantes d’André Wilms à la Comédie française en 2005 dans la traduction de Jean Bollack
Désacralisation : « La pièce n’est plus objet de vénération, elle peut apparaître plus dure, plus cruelle, et , partant, plus intéressante. » cf la dualité de Dionysos ou comment la tragédie s’interroge sur elle-même.
Traduction qui propose une remise à plat. Euripide se fonde sur un mythe déjà connu pour en proposer une nouvelle version : la punition de Penthée est la manière de donner corps à son existence divine par la manifestation de sa puissance. L’anéantissement de Penthée- dont le seul crime est de ne pas reconnaître sa divinité- est le moyen, pour le dieu du théâtre, d’affirmer sa force, qui est précisément celle du théâtre : dans la traduction déjà la mise en évidence du spectacle.
Relation dissymétrique entre les deux protagonistes  à tel point que le combat est forcément factice :
«  Penthée n’est pas coupable. Aucune transgression ne se retourne ici contre son auteur le dieu se livre  Penthée en offrande à son propre triomphe. Penthée est la négation qui s’attache à son propre triomphe te l’enrichit. … Dans cet affrontement, le culte n’est pas reproduit comme tel ; Il y est fait référence mais l e drame présente les rites à sa façon. L’initiation théâtrale suit ses propres lois. La fantasmagorie féérique, au centre, porte le signe du délire. La destruction du palais a la réalité d’une hallucination ; elle libère toute l’énergie du dieu, entré dans le monde des hommes attaché par des liens comme un animal. »Bollack
Wilms en droite ligne de Bollack, mais poussé à l’extrême : domination du dieu, méta théâtralité de la pièce = danger de la radicalisation religieuse qui lui paraissent d’actualité.
 André Wilms : «  cette tragédie d’Euripide m’intéressait car c’est une pièce contre la religion, qui apparaît comme un fait totalitaire. Vu ce que nous vivons en ce moment pou toutes les confessions, je trouvais que cela donnait à penser. On peut voir dans cette pièce une condamnation du dyonysisme. Le dieu revenant dans sa ville natale pour imposer son culte, se montre arbitraire et prend plaisir à l’être. Il fait preuve d’une grande cruauté envers Penthée, il le manipule, le déguise en femme, le raille et finit par le faire tuer par sa mère. C’est d’un grotesque cauchemardesque. Dionysos est un metteur en scène. Il met tout en scène y compris Penthée 
Accentuation de la dimension théâtrale de la manifestation de Dionysos : bacchantes + suivantes dévotes selon l’expression de Bollack ( Pas approche mystique, rituelle,  apparitions spectaculaires : costumes, accessoires,  scéno,c’est là que réside la divinité, donc fruit d’un jeu,
Wilms veut éviter le côté « Ur »,  pas de sacralisation , pas de retour à l’origine avec décor argileux, sombre évoquant la Grèce mythique.
Nicky Rieti propose une scéno abstraite : arcades et colonnes géométriques de couleurs vives et variées, qui ne se découvrent qu’après le prologue dit devant le rideau par un Podalydes vêtu d’un peplos doré comme les stucs des théâtres, terminé par une queue de cheval en or, phallus doré à un moment ,bâton flexible aussi en or ; à cour une grande tête de taureau dorée : attributs du dieu + accessoires., Bollack déjà dévalue leur spécificité rituelle : en nommant le thyrse  bâton
Femmes du chœur :bâton plus petit intégré à leur chorégraphie
Jeu avec Penthée (Ruf) ironie et amusement, chat et souris.
Kommos qui suit le 2ème stasimon :  Podalydes surgit à l’avant scène alors que le rideau s’est fermé sur des sons grondants, il annonce la ruine du palais et quand le rideau se relève, l’espace est bouleversé, les colonnes se sont effondrées les unes sur les autres. Interviendra aussi au second balcon puis  épiphanie finale dans une petite scène sur élevée tandis que la voix du dieu se fait entendre hors scène, toute fin vient mettre sa tête dans le masque de taureau avec un rire.
Wilms orchestre un jeu pas un rituel comme un jeu d’enfant avec des signes clairement théâtralisé de divinité ; mise à distance du mythe. ( in Les Bacchantes Canopé)