jeudi 23 mai 2019

Traversée de l'histoire du théâtre: les leçons de Fau à tante Geneviève

 Notes du cours du jeudi 5 octobre:

 Traverser l’histoire du théâtre
« Le théâtre est un fleuve qui remonte vers sa source »P94

Le théâtre en «  leçons
Totalité de l’espace : Versailles-Verdun, Ciel et Terre, scène et coulisses, même ambition pour le temps
Traversée à grandes enjambées de l’histoire du T cf leçons de Théâtre de Fau et Girard, de Py lui-même : visions du monde : exposer les évolutions, questionner les ruptures, courants dominants
Accumulation et pas soustraction
3 pensées de l’homme et de sa parole : théâtre de boulevard, tragédie et drame lyrique cf …nous ne passerons à la tragédie qu’à la deuxième leçon.

Cette première leçon est consacrée au "théâtre de boulevard. »: « dénouer le songe bourgeois » : formule que Py emprunte à Maria Casares. Py s'explique dans une video sur le sens de la formule.

Théâtre bourgeois pour Py =un Théâtre qui se passe entre les 4 murs d’une chambre vs théâtre dont la scène est le monde, de l’infini planétaire à l’infini du cœur de l’homme Modèle Shakespeare qui résiste à l’embourgeoisement
Scène= lieu d’enseignement, école du spectateur. Tante Geneviève : sympathie pour le monde bourgeois. Essentiel de la leçon consiste à mettre à mort le personnage en tant qu’il serait assimilé à une personne. Contre Stanislavski et toute forme de « revivre », Fau fait éclater d’un même mouvement le personnage bourgeois et la personne elle-même.
Contre ce que Brecht par commodité appelait « le théâtre aristotélicien, » Brecht signalait déjà que la clé de voûte de l’identification du spectateur au personnage était l’identification du comédien lui-même à son personnage considéré comme une personne.  cf Petit Organon de Brecht
En pédagogue exceptionnel, Fau ne cesse d’illustrer en acte l’idée qu’il défend par son discours : il n’y a que des masques : l’existence de tante Geneviève ne tient qu’à une perruque que Fau peut retirer à volonté et déposer partout :  la perruque joue le rôle du masque : «  le masque est là mais doit bailler, l’acteur de boulevard est une tante Geneviève qui sait qu’elle en est une et qui fait bailler son masque. Elle sait que ce qu’elle dit est inepte, que sa vie est inepte et elle dénoue le songe bourgeois en montrant qu’elle n’est pas dupe de ce qu’elle dit. »
Pas confondre théâtre de boulevard selon Py et théâtre bourgeois. Le théâtre de boulevard tourne le dos au théâtre bourgeois par son excès même, artifices, courses poursuites, hystérie, comme une sorte de commedia  dell’arte loin de toute prétention à l’authenticité du quotidien un théâtre bourgeois éveillé de son songe ! il y a du jeu, ça baille et ça joue ! cf « la convention est la chair du théâtre, sans convention on tombe dans la convention la plus conventionnelle, l’authentique. »

Relation maître / élève aussi riche que relation maître/valet ! 

Théâtre de la Joie= tragédie et drame lyrique
P49-50 qu’est-ce qu’un poète ? C’est celui qui entend que les dieux désirent inlassablement notre humanité. »  Fau =Immense comédien pour réussir à faire rire avec tante Geneviève sans discréditer dans la foulée les belles envolées de Monsieur Fau sur le théâtre ! Sublime mêlé de grotesque qui reste sublime ! Contribution de la scéno et du son à la beauté de la scène : musique solennelle un brin funèbre sans grandiloquence, Fau absorbé peu à peu par les ténèbres du lointain, bras en croix avec sa perruque, parole de Py portée à incandescence. : un grand comédien peut être tragédienne en collant rose fluo.
Apprentissage progressif du comédien cf les leçons comme un instrument de musique ça s’apprend «  Il faut des années pour jouer assez mal du violon, l’homme qui entre en scène dès la première minute connaît la grandeur et l’effroi et la beauté et l’exigence et la joie de l’art dramatique. »
Les intentions : « même les dieux ne peuvent défaire ce qui a été » différent dans la captation : « Et la mort est pour nous la dernière créance » : numéro de cabaret applaudi, hommage à tous les cours de théâtre, complicité de deux comédiens si différents dans leur jeu et si heureux d’être ensemble.