"Le spectacle Fkrzictions arrive à grands
pas. Nous tenions à vous rappeler que plusieurs dispositifs, accessibles
1h avant et après chaque représentation, vous serons proposés durant
toute l’exploitation du spectacle. Vous pourrez y retrouver :
L’ENVERS DU DECOR (salle Delphine Seyrig –
petite salle de la Comédie De l’Est : chaque jour du spectacle, 1h
avant et après la représentation). Durée : 10 min
Installation de réalité virtuelle avec un casque
3D qui immerge les spectateurs au travers de paysages librement inspirés
des nouvelles de Sigismund Krzyzanowski, en écho direct avec
Fkrzictions. Les utilisateurs pourront découvrir l’envers du décor
qu’ils vont voir petit à petit changer, se transformer au gré de leurs
déplacements et de leurs actions. L’installation de réalité virtuelle
emporte le spectateur de ‘‘l’autre côté’’, dans les coulisses du
théâtre.
Inscription conseillée auprès de la billetterie.Prenez initiative de vous inscrire à cette proposition.
Le spectacle est une proposition très audacieuse d'une jeune metteuse en scène Pauline Ringeade. elle s’inspire à la fois des nouvelles d'un auteur et de l'univers graphique d'un dessinateur. On peut parler alors de mise en abîme, d'une transposition au théâtre d'univers qui appartiennent au départ à la littérature et au dessin.
Si j'ai choisi ce spectacle, c'est pour vous ouvrir aux recherches théâtrales menées par la nouvelle génération de metteurs en scène. Je lui laisse la parole:
« L’oeuvre de Sigismund Krzyzanowski, (on l’appellera KRZ), est un continent, un espace sur lequel poser le pied, le coude ou l’oeil est une aventure. Une expédition. Il ne faut pas avoir peur de ne pas en revenir, s’aventurer en Krzyzanowski demande du cran. Déjà, prononcer son nom est une gageure, mais une fois soulevée la couverture jaune qui tient au chaud sa poésie, on ne saura faire marche arrière. Je trimballe avec moi les exemplaires du Thème étranger et du Marque-page depuis maintenant 14 ans. Plusieurs fois dans les 3 dernières années, j’ai tenté de petites formes autour de l’une ou l’autre de ces nouvelles, de manière assez confidentielle, à l’occasion de stages, laboratoires ou ateliers. Mais l’enthousiasme, l’oeil animé et amusé des convives autour de la table, me convainquent aujourd’hui d’élargir le festin et d’y inviter plus de monde. Partager Sigismund ne se fait pas sans un peu de retenue, car un trésor pareil on en est un peu avare, on ne le partage pas n’importe comment, avec n’importe qui, n’importe quand. La preuve, l’auteur le dit lui-même : « Mais oui, quand on possède quelque chose, on ne s’en sépare pas si facilement. » (Le Thème étranger). C’est le genre de lecture qui fait que je ne regarde plus le monde de la même façon, guettant de petits signes dans les pupilles de mes interlocuteurs, vérifiant l’intégrité de leurs coudes ou encore m’assurant chaque matin que la fente de la serrure de ma porte ou encore le mur de ma chambre sont bien revenus à leur place… Cela doit vous paraître obscur, mais vous serez bientôt sensibles à ces petites choses vous aussi, vous verrez quelle importance elles ont et vous nous remercierez. Si, si !
Il y a aussi l’inspiration de l’univers de Marc-Antoine Mathieu, (on l’appellera MAM) dessinateur de bande dessinée. Cet homme travaille, entre autres, sur l’espace, le cadre, l’onirisme, dans une poésie que je trouve très proche de celle de KRZ, notamment dans sa série des « Julius Corentin Acquefacques », éditée chez Delcourt. Tous deux sont préoccupés par la structure du temps, les espaces négatifs, géographiques ou mentaux, et mettent en lien dans la plupart de leurs oeuvres l’incidence des rêves, des fictions, de l’imaginaire sur le réel. Il pourrait s’agir d’une errance de Julius Corentin Acquefacques, personnage prisonnier de ses rêves, en Krzyzanowski.
Il y a aussi l’inspiration de l’univers de Marc-Antoine Mathieu, (on l’appellera MAM) dessinateur de bande dessinée. Cet homme travaille, entre autres, sur l’espace, le cadre, l’onirisme, dans une poésie que je trouve très proche de celle de KRZ, notamment dans sa série des « Julius Corentin Acquefacques », éditée chez Delcourt. Tous deux sont préoccupés par la structure du temps, les espaces négatifs, géographiques ou mentaux, et mettent en lien dans la plupart de leurs oeuvres l’incidence des rêves, des fictions, de l’imaginaire sur le réel. Il pourrait s’agir d’une errance de Julius Corentin Acquefacques, personnage prisonnier de ses rêves, en Krzyzanowski.
À travers l’écriture de cette pièce, je m’inspire de la poétique de deux auteurs qui nourrissent mon imaginaire depuis environ quinze ans et la partage. Je m’appuie sur les grands motifs et concepts de leurs recherches respectives pour écrire une traversée sensible du coeur de leurs oeuvres. Je les fais se croiser car leurs points communs, voire leurs similarités, sont très nombreux.
On retrouve des personnages, des lieux, des situations similaires, un humour et un amour des mots comme objets vecteurs de déplacement. Ils font le même rêve. Cependant chacun a une forme très singulière pour raconter ce rêve : la bd ou la littérature. Tous les deux entretiennent aussi un rapport fort à l’objet « livre ».
Je n’écris pas un troisième livre fait de ces croisements, je crée un spectacle, la forme est donc nécessairement déplacée et l’exploration de l’imaginaire, de l’espace et du temps ré-interrogée par la forme théâtrale. Je fais se rencontrer les personnages de M-A. Mathieu et ceux de S. Krzyzanowski, qui partagent les mêmes terrains d’exploration. J’enrichis le rapport à l’espace de l’un des histoires de l’autre, et j’écris le voyage qui s’opère, j’invente ma propre fiction sur ces territoires que je visite.
Ici, Julius est joué et dansé par Damien. C’est son « personnage », il a le rôle principal dans cette pièce. D’ailleurs Julius habite une pièce qui même si elle est assez petite, fait de lui un personnage ayant un rapport singulier à son espace de vie. Il va rencontrer des gens, qui viennent parfois directement frapper à sa porte, le réveillant ou surprenant son sommeil. Ses rencontres ont un impact sur cet espace dans lequel il vit, et forment donc une pièce, de théâtre et de danse, explorant le rapport à l’homme dans son espace justement, mais aussi la spatio-temporalité du cadre théâtral. C’est un personnage qui est auteur dans la vie, enfin dans l’histoire, dans l’histoire de sa vie, dans cette pièce, bref, Julius écrit ici. Il écrit et lorsqu’il sort, il lui arrive de faire d’étranges rencontres coïncidant étonnamment avec ce qu’il travaille à ce moment-là… Est-il bien sorti de sa pièce finalement ? Et s’il en sort, l’histoire continue-t-elle à se dérouler ? »
Pauline Ringeade