Dans Le théâtre de Georg Buchner de Jean-Louis Besson
Marie n'est pas seulement la compagne de Woyzeck, la fille-mère qui attnd de l'argent du père de son enfant; Elle est, elle aussi,un être complexe et divisé.
deux traits qui la caractérisent: sensualité simple et peur de l'asphyxie. Contrairement à Woyzeck qui se résigne ( ou ne peut faire autrement), marie se rebelle contre l'état auquel elle est réduite.Lorsque Margreth, sa voisine, lui reproche d'avoir les yeux qui brillent au passage des soldats, elle lui referme violemment la fenêtre au nez en la traitant de garce ( scène 2) Chez elle domine le visul, elle est attirée par la lumière (Que de lumière dit -elle à la foire), par le clinquant, par tout ce qu'elle n'a pas.: lorsque Woyzeck lui propose d'entrer dans la baraque du forain, elle répond simplement: " D'accord, ça doit être beau. il en a des pompons, le bonhomme, et la femme a des culottes." Lorsqu'elle se trouve seule avec le tambour-major, elle admire sa belle prestance et se sent " fière entre toutes les femmes" ( scène 6) Elle s'émerveille devant le brillant des pierres qu'il lui a offertes et même si elle a n'a qu'un bout de miroir pour se contempler, elle se sent l'espace d'un instant l'égale de " grandes dames qui ont des glaces où elles peuvent se voir tout entière et des messieurs qui leur baisent la main" ( scène 4)
Johanna Christiane Woost, la femme assassiné par le Woyzeck, n'était pas particulièrement fidèle, et elle n'entretenait pas de relation suivie avec son futur assassin. Le rapport de Clarus précise qu'elle avait de " fréquents rapports avec des soldats", ce qui avait excité la jalousie de Woyzeck. Buchner s'est démarqué de sa souce: Marie femme belle encore jeune que les deux militaires à la foire remarquent du premier coup d'oeil, admirent son port de tête, ses cheveux noirs, ses yeux noirs" comme si on regardait dans un puits ou dans une cheminée" ( scène 3), particulièrement séduisante.
scène 7 Woyzeck dit qu'elle est belle comme le péché. Le rouge et le feu lui sont associés: " une craie bête sauvage" dira le tambour major (scène 6)
interrogation sur lle fait qu'elle soit prostituée? elle même parle de son enfant comme d"un enfant de putain" ( scène 2) mais parle sous le coup de l'altercation avec la voisine qui la traûte de catin simplement parce qu'elle n'est pas mariée. Marie en fait ne se vend pas: elle a besoin de l'argent de Woyzeck pour vivre, sa liaison avec le tambour major n'est pas vénale, les bouvles d'oreille sont un cadeau inattendu, elle se défend elle-même d'être une fille, "une créature", elle ne se donne pas sans hésitation ni sans remords. Sa relation avec le tambour repose sur la sensualité en sommeil et le désir face à un bel homme.
peut-être est-elle délaissée par Woyzeck trop pris par les tâches qu'on lui demande et qui ne s'attarde pas chez elle.
liaiason avec un militaire de parade, qu'elle imagine bien plus que ce qu'il est, est pour elle une manière d'échapper à un quotidien accabalant, comme dans un rêve;
Marie est la seule a tenté de réagir à sa situation., en accomplissant un acte positif, elle écoute ce que lui dicte ses sens pour un peu de bonheur. ( Certains metteurs en scène placent Marie au centre de la pièce cf Karge et Langhoff)
Mais Marie n'est pas en accord avec sa conscience: s'accuse d'être une mauvaise fille quand elle a accepté les boucles d'oreilles., prémonition du sort qui l'attend: elle voudrait pouvoir se poignarder; ( scène 4)
après avoir admiré le tambour elle le repousse avant de le laisser faire cf " Ruhr mich nicht an" ambigu traductible par " essaie de me toucher!" aussi bien que "Touche-moi"!Finalement elle cède comme dans l'indifférence. expressions spontanées des manifestations contradictoires de sa conscience et de son désir.
remors et craintes du châtiment pour son péché: elle parvient certes encore à faire l'effrontée et à mentir face à Woyzeck qui la menace ( scène 7). pendant la danse à l'auberge, plus rien de semble la retenir " toujours plus toujours plus scène 11; mais plus tard seule avec l'enfant et l'idiot ( scène 16, elle feuillette la Bible à la recherche d'un réconfort comme si les paroles de Woyzeck " un péché si gros et si large" lui hantaient l'esprit. tombe par hasard sur un verset de la première épître de Pierre: "et il ne s'est pas trouvé de fourberie dans sa bouche" et sur deux passages où Jésus pardonne à des femmes pécheresses; pourtant la Bible ne lui apporte pas l'apaisement escompté: elle n'arrive pas à prier et voudrait comme Marie Madeleine oindre de parfum les pieds du Christ.
marie est donc elle aussi un être clivé qui réfléchit sur le sens de son acte et qui cherche désespérément le repos. ( comme Lenz, comme Danton) Elle ouvre la fenêtre et se frappe la poitrine avant de constater que "tout est mort". mais dans un monde de pantins aux gestes codifiés par la morale et le travail, elle aura été l'espace d'un instant le seul mouvement, la seule danse effrénée, la seule vie. P281 à 284