samedi 30 mars 2019

La Joie pour Py


La joie chez Py  dans Olivier Py , Planches de salut de Timothée picard

Cause et symptôme du sens
Accomplissement ultime d’une présence s’exprimant par la parole : joie : fameux état au centre de toute la théologie et de toute la poétique théâtrale de Py
Concept fourre-tout, trop positif, un peu édifiant, surjoué ?
Joie : de l’ordre de l’incantation visant à la faire advenir : faire apparaître le mot joie a quelque chose d’irrépressible.
Proposition forte et originale par rapport au reste du théâtre contemporain
Racine même du théâtre grec : l’ololygmos, ce cri rituel, dont il parle à propos de L’Orestie,
que l’acteur moderne doit retrouver pour faire contre- poids à un théâtre de la culpabilité, du vide ou de la nouveauté.
Joie différent de bonheur, stabilité tiède alors que joie exaltante, incandescente : ouvrir l’être, l’élargir, le faire coïncider avec la matière palpitante du monde insufflé par l’esprit. «  L’intelligence libérée de toute pesanteur »
L’état dans lequel on est quand on renoue avec les révélations fondatrices.
Joie, j’ouïs,  jouis
Ne s’oppose ni à l’horreur ni à la mort cf y a dla joie de Charles Trenet créée en 39 : » C’est dire encore ce qu’est la joie. Quelque chose est à sauver toujours aux enfers, le rire, la joie d’être dépouillée de tout désir- dans une sorte de misère. »
Dans Faust Nocturne : la joie et la mort répondent très exactement à la même question : Faust Qu’est-ce que la joie ? Ariel : la chair qui se fait verbe. Faust-Et la mort ? Ariel : la chair qui se fait verbe. »
La servante allumée = que la joie demeure. cf scène avec le Poète Mort trop tôt jouée par Marjolaine et Romane.
Dans son théâtre, il est toujours question d’un homme cherchant à en sauver un autre : py répond «  ce n’est pas en nous donnant quelque chose que l’autre nous sauve mais en nous le demandant. »
Même quand tout est au plus noir, il demeure la joie de la parole. La parole est pour Py déjà une victoire. Il raconte que pendant le siège de Sarajevo, pendant le couvre-feu, un fou criait sans cesse « rallumez la lumière ! » : le personnage qui crie cela est un personnage tragique. C’est lui qui affirme une joie au cœur du labyrinthe, au fond de la destruction.
«  Si je ne croyais pas à cela- au fait que quelqu’un peut sauver quelqu’un par la parole, par la prière- je ne pourrai pas écrire de théâtre ni croire au théâtre. »
Dans une interview : Vous avez une définition particulière, voire personnelle, de la joie :
« Oui, c’est un mot que j’utilise beaucoup et auquel mon théâtre a essayé de donner un sens spirituel. La joie, c’est le point d’horizon d’une quête spirituelle, une tentative d’être plus au monde, d’être mieux au monde, peut-être pas d’atteindre la finalité de sa présence au monde, mais tout au moins de vivre mieux cette impossibilité d’atteindre à une finalité. Sans aucun doute, le théâtre est un excellent outil pour cette aventure là. Oui , le mot joie est un mot que j’ai souvent employé de façon différente. La joie du poète n’est pas la joie du chrétien. Mais c’est le mot qui m’est le plus couramment associé. J’en suis finalement assez fier car il n’y a pas de place, je pense au théâtre pour le constat d’impuissance, la déploration et l’ennui. Même quand le théâtre est tragique, il faut qu’il soit tragique avec joie. Comprenne qui peut. »