mardi 8 octobre 2019

Jeudi 17 octobre 19h Comédie de Colmar: Je me souviens

Premier spectacle de votre abonnement à la CDC: Je me souviens la terre est loin le ciel aussi.

L'occasion de découvrir un artiste né à Colmar Aurélien Bory dans un projet pour le moins oroginal: créer un spectacle à partir du souvenir d'un spectacle qui a marqué sa jeunesse et déterminé son trajet artistique.
Il se trouve que j'ai moi-même à 27 ans été impressionnée par le m^me spectacle: La terre est loin le ciel aussi de Mladen Materic, qui m'a fait comprendre que le théâtre pouvait se passer de texte , être quasiment muet et créer des images très fortes au plateau à partir du corps des acteurs, des accessoires et éléments de décor.
C'est donc à une expérience singulière que le spectacle vous convie: que reste-il d'une mise en scène marquante 20 après? comment garder trace des grandes oeuvres théâtrales? Comment créer à partir de la mémoire?

En savoir plus sur le site de la compagnie 111  Explorer pour découvrir le travail de l'artiste.

En 1994, Aurélien Bory découvre, au théâtre Garonne, Le Ciel est loin la terre aussi de Mladen Materic, metteur en scène venu d'ex-Yougoslavie. C'est un choc esthétique puissant pour l'artiste en devenir. Vingt cinq ans plus tard, ils s'associent pour tenter d'écrire, par-dessus les traces de leurs souvenirs mêlés, convoquant dans un même décor deux acteurs du spectacle originel.
Création à quatre mains, deux consciences et une multitudes de souvenirs, Je me souviens Le ciel est loin la terre aussi est l’histoire d’une double rencontre : celle, décisive, qui en 1994 guida la vie et l’oeuvre à venir d’un jeune homme (Aurélien Bory) marqué à jamais par la découverte d’un metteur en scène (Mladen Materic, alors artiste en exil, associé à Garonne) ; et celle, fuyante, de souvenirs fantasmés mêlés à des fantômes bien réels, autant de témoins du temps qui a passé et – au vu de la brillante carrière d’Aurélien – du pouvoir créatif d’un choc esthétique. Un petit séisme à sa façon, rendu à l’époque possible par Garonne, et dont nous sommes ici heureux de pouvoir offrir une « réplique »…

"Un spectacle, quand il ne joue pas, n’est que l’ensemble des décors, des costumes et des accessoires, entreposés, inanimés, comme morts. Un spectacle, quand il ne joue pas, ce n’est que l’ensemble des acteurs et des techniciens dispersés dans leur propre vie et dans leurs occupations. Rejouer un spectacle, cela signifie rétablir les rapports entre tous ces éléments." – Mladen Materic
Le ciel est loin la terre aussi, de Mladen Materic, est le premier spectacle que j’ai vu quand je suis arrivé à Toulouse. J’ai réalisé ce soir-là que le théâtre n’existait pas, qu’il n’était pas une forme donnée, et qu’il était possible — et même nécessaire — de le réinventer.
Vingt-cinq années ont passé. Je sais que ce spectacle a laissé des traces, que j’ai voulu suivre en créant mon propre théâtre, mais aussi des traces dans la mémoire que j’aimerais retrouver aujourd’hui.
Je ne me souviens plus du Ciel est loin la terre aussi, ou du moins les bribes qu’il m’en reste sont soumises à l’impitoyable physique — chimie ? — de la mémoire : superposition, substitution, morcellement, glissement, confusion, flou, effacement… J’aimerais écrire littéralement par-dessus les traces du Ciel est loin la terre aussi, en m’attachant uniquement à la trace physique que constitue un décor. J’ai demandé à Mladen Materic de me donner ce décor pour interroger les panneaux de bois, les portes, les fenêtres, les meubles, qui sont restés pendant des années dans l’ombre d’un entrepôt, et tenter de faire émerger quelque mémoire.
Aurélien Bory

Article dans Libération