Théâtre : Présentation Woyzeck
de André Engel
André Engel :
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Né
en 1946
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Metteur
en scène français à la fois de théâtre mais aussi d’opéra
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Il
fait ses débuts en mettant en scène Dans la jungle de Berthold Brecht
aux côtés de Jean-Pierre Vincent
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Il
va ensuite développer ses propres activités au sein du Théâtre National de
Strasbourg
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Après
avoir monté plusieurs pièces de Berthold Brecht mais aussi Le misanthrope
de Molière, Prométhée d’Eschyle et plusieurs classiques de théâtre il
décide de mettre en scène Woyzeck de Buchner deux fois. La première
version a lieu en 1988 et l’autre dix ans après, en 1998.
Mise en scène :
Les deux mises en scène d’André Engel se distinguent par leur
côté fragmentaire. En effet, il casse le fil narratif de l’histoire pour en
faire des bribes et crée une sorte de déambulation mentale, ce qui symbolise la
folie du personnage éponyme dont la seule issue ne paraît être que le crime. Il
cherche à attirer la sympathie du spectateur sur cet homme perdu.
La première mise en scène ( 1988) place l’histoire dans un décor
plutôt épuré, presque primitif, qui donne l’impression d’un retour à la vie
sauvage. Le titre en était La Nuit des Chasseurs. ( IL faudrait d'ailleurs commenter ce titre ainsi que l'affiche disponible dans le dossier plus bas.)
La deuxième essaye de rendre actuelle la pièce en transposant l’action
dans une H.L.M. des années cinquante/soixante où l’on perd le spectateur dans
un monde obscur que l’on ne sait expliquer. Il les base sur un jeu de regard
avec une surveillance abusive qui est omniprésente et malsaine. Tout le monde se surveille dans l’immeuble. Ainsi,
il travaille l’esthétique de la surveillance. Il montre aussi l’animalisation subie
par Woyzeck. Pour citer un exemple, nous pouvons prendre la scène où le docteur
ausculte Woyzeck qui est entièrement nu et est réduit à l’état d’animal. Il
s’agit de mises en scène qui donnent naissance à une
pièce qui paraît expérimentale tout comme les expériences que l’on peut faire subir
au personnage principal. André Engel insiste sur le rôle du spectateur qui
observe, tout comme les autres personnages sont épiés en permanence, et dit : «
Je veux, dit-il, que le spectateur écoute, pas qu’il entende, qu’il observe et
regarde et pas qu’il voie ». Il invite à la critique, à la remise en question,
de cette pièce dont les interprétations peuvent être multiples. Il choisit de
focaliser le regard de tous sur le personnage de Woyzeck qui est donc
« traqué » par tous. Ainsi, il
n’insiste pas sur l’acte horrible qu’il commettra mais davantage sur le côté
ambivalent du personnage entre coupable et victime d’une société qui favorise
la folie. André Engel explique avoir pris pour référence cinématographique le
film d’Alfred Hitchcock Fenêtre sur cour dont le dispositif pose aussi
un questionnement sur le regard.