Du théâtre forain à la clique militaire : Woyzeck ,Stéphane Braunschweig ( 1988,1991 et
1999) + opéra en 2003.
Visiblement œuvre importante pour lui vu le nombre de fois
où il l’a mise en scène. + première pièce mise en scène dans le cadre
professionnel
1988 encore élève à l’école d’Antoine Vitez avec d’autres
élèves de cette école.
CF entretien INA que
j’ai mis en ligne.
Première version : répétée dans les locaux de l’Ecole
de Chaillot, première représentation à Alès : bon accueil du
public. Interprétation personnelle sans se laisser impressionner par les mises
en scène qui existent déjà, comme il est germaniste, il a retraduit le texte.
Woyzeck interprété
par Yann-Joel Collin ( aujourdhui metteur en scène, Marie = Agnès Sourdillon.
Braunschweig jouait lui-même le docteur.
Intéressé par le caractère fragmentaire de la pièce qui
permet des ajouts et transformations.
Fait du bonimenteur le personnage pivot, qui livre un combat
contre Woyzeck, s’acharnant « à ravaler Woyzeck à un objet de curiosité,
d’étude et de divertissement, à annexer son existence humaine dans un
« numéro ». Sur la scène d’un monde fragmenté dont toutes les
cellules se seraient refermées sur elles-mêmes, les deux figures s’affrontaient
aux limites de l’humanité, se mettent en orbite l’une de l’autre , s’éclipsant
tour à tour comme deux soleils qui se disputeraient la lumière. »
2 ans plus tard 1991 alors qu’il travaille sur deux pièces allemandes : Tambours dans la Nuit de Brecht et Don Juan revient de guerre de Horwath
pour le théâtre de Genevilliers dirigé par Bernard Sobel, grand découvreur de
jeunes talents, décide de rajouter Woyzeck : les « pièces ont pour
personnage principal un soldat ou ex-soldat et toutes trois traitent de
personnages décalés par rapport au monde qui les entoure. (Faire une recherche sur les deux autres pièces.)
Titre donné au spectacle : Les Hommes de neige.
Trilogie allemande imaginaire ( 1835-1935) , y jouent la plupart des
interprètes de sa première mise en scène.
Met l’accent davantage sur la spécificité de l’écriture de
Büchner : « elle-même travaillée par la différence, le cotoiement du
discours pseudo philosophique ( Capitaine, Docteur, Bonimenteur) et ce qui se
dit en si peu de mots : (Marie, Andres) Woyzeck étant au milieu dans un incessant
va-et-vient des uns aux autres.
Aspect fragmentaire maintenu : aucun événement n’est
considéré comme le point culminant de l’œuvre : meurtre pas traité comme
un aboutissement du drame, mais comme son dépassement, dans l’invention d’une
écriture dramatique nouvelle sans crescendo, point d’orgue, paroxysme de crise.
Car la complexité du monde ne peut plus être saisie de manière linéaire, dans
un système de cause à effet , elle doit être présentée sur un mode éclaté,
sans cohérence, que propose justement les fragments de Büchner.
3ème version 1999 d’abord en allemand à Munich
puis au TNS titre Woyzeck Ein Fragment
Approche totalement différente des deux autres : a revu
de fond en comble sa lecture dramaturgique de l’œuvre : plus de Bonimenteur visible alors qu’il était
un personnage important dans la version 1 : voix off au début de la pièce.
Donc plus non plus d’univers forain comme en 1.
Que l’essentiel sur le plateau : quelques accessoires
dont un landau, très présent, qui circule entre les mains de marie et celles d’un
Vieil Homme qui reprend les courtes interventions des Enfants, du Fou, de la
Grand-mère…
Décor abstrait : des carrés blansc-un petit, un moyen,
un grand- qui montent et descendent des cintres, formant ne perspective
inversée lorsqu’ils sont disposés par ordre de taille avec le plsu petit
devant. Ils ne représentent rien, mais servent à structurer l’espace, évoquant
un univers froid, rationnel, qui sert de cadre à un drame dans lequel les
militaires ont un poids considérable ; originalité : Woyzeck est vu
au milieu d’une escouade d’une dizaine d’hommes en tenue militaire :
uniforme vert foncé, calot, chemise vert claire, cravate et rangers. Seul le
tambour Major diffère : barbe, casquette à visière, guêtres blanches. Ils
sont présents lors du défilé, à la foire, dans les auberges, dans la chambrée.
Avec leur virilité vulgaire, il représente un monde dont
Woyzeck -joué par Udo Samel -est exclu,
lui n’est pas présenté comme fou, mais comme un être hypersensible, fragile,
qui cherche à comprendre ce que les autres ne perçoivent même pas.
Au début du spectacle, il est seul sur une chaise, écoutant
attentivement le discours du Bonimenteur sur « la créature telle que Dieu
l’a faite » et on comprend immédiatement que cette « créature »
qui semble tant l’intriguer, c’est en fait lui-même, assis sur une chaise
devant nous.
Dans un monde qui en apparence est clair et rationnel, bien
organisé ( décor) tout est obscur : grand désordre interne chez les
personnages , voilà ce que suggère Braunschweig et ça fait froid dans le dos.