Mon plus grand moment de liberté
J’ai
longtemps repoussé le moment d’écrire ce texte. Je n’avais tout simplement pas
d’idées. La page blanche. Aucune inspiration. Aujourd’hui, je sais pourquoi. Je
sais pourquoi je n’arrivais pas à mettre des mots sur ce “grand moment de
liberté”. La raison est simple: je ne l’ai pas encore vécu. Alors oui, j’ai
bien sûr vécu beaucoup d’événements joyeux. J’ai en tête de nombreux souvenirs
heureux, bien sûr. Que se soit de part la danse, le théâtre, la famille, les
amis, j’ai participé à des moments très forts, très beaux. Toutefois, je n’ai
pas l’impression d’avoir vécu cet instant de légèreté et de laisser aller qui
se cache derrière l’expression “moment de liberté”. Pourquoi ? Parce que je
n’ai pas vraiment le sentiment d’avoir vraiment commencé à vivre. Je suis
encore chez mes parents, je vis la vie qu’ils m’ont choisie (et que je ne
critique absolument pas). Je ne dépends pas encore complètement de moi. La
personne que je suis se construit encore. Elle se nourrit, s'enrichit de tout
ce qui l’entoure. Elle apprend, elle découvre beaucoup mais n’est pas encore
complète et unifiée. Elle n’est pas encore libre. Je ne suis pas encore libre.
Pour moi la liberté, c’est vivre pour soi et non plus à travers les autres.
C’est prendre ses propres décisions, c’est avancer à son rythme, c’est échouer
puis recommencer puis réussir toute seule.
Par
ailleurs, même lorsque je vis des moments magnifiques, mes émotions, mes
sentiments, mes doutes et mes peurs reprennent parfois le dessus et m’empêchent
de me sentir véritablement libre. Ma sensibilité du monde et des personnes
m’empêchent parfois de vivre simplement l’instant présent et de me concentrer
sur ce qui se passe là, maintenant, sans penser aux conséquences, à ce qu’il
viendra après.
C’est
pour cette raison que c’est souvent après coup que je me rends compte combien
ce moment particulier était beau, était important. Je ne me rends compte de ma
liberté que lorsqu’elle est partie. Voilà le grand projet de ma vie. Apprendre
à me libérer de ces pensées pour pouvoir enfin vivre ce “grand moment de
liberté”.
Toutefois,
je remarque que les seuls moments où je me sens à ma place, et en pleine
“liberté”, je les passe dans la nature. Mes parents m’ont toujours poussée à
gravir les montagnes et à marcher en forêt. Ces instants sont comme suspendus
dans l’espace- temps et dans ma vie quotidienne. J’ai n’ai jamais eu l’esprit
aussi clair que dans la forêt. J’y ressens les énergies des arbres, des plantes
et de cette vie qui grouille autour de moi. Je m’y nourris et je me vide de mes
émotions négatives. Ce moment douloureux de confinement m’aura au moins permis
une chose. J’ai pu reprendre ce contact si important pour moi avec la nature.
Cela faisait si longtemps que je n’avais pas vu les fleurs pousser, grandir et
s’épanouir. J’ai enfin eu l’occasion de voir le printemps arriver, les jours
s’allonger et les journées se réchauffer.
Ainsi,
même si je n’ai pas encore vécu ce grand moment de liberté, je peux tout de
même dire que j’ai vécu des petits instants de légèreté et de douceur. Je suis
triste de ne plus retourner sur les planches, triste de ne pas pouvoir remonter
sur scène, mais je puise mon espoir dans la nature qui renaît et éclate tout
autour de ma maison. Je la puise dans les oiseaux qui chantent, dans le soleil
qui brille et dans la douce mélodie de la pluie sur mon toit.
Voilà
quelques textes qui m’ont inspirée et réconfortée pendant ce confinement. Les
mots des autres, mais les miens aussi.
And the people stayed home.
And read books, and listened, and rested, and exercised, and made art, and
played games, and learned new ways of being, and were still. And listened more
deeply. Some meditated, some prayed, some danced. Some met their shadows. And
the people began to think differently.
And the people healed. And,
in the absence of people living in ignorant, dangerous, mindless, and heartless
ways, the earth began to heal.
And when the danger passed,
and the people joined together again, they grieved their losses, and made new
choices, and dreamed new images, and created new ways to live and heal the
earth fully, as they had been healed.
poème de Kitty O’Mera
"Non à un retour à la normale. Osons un retour à extraordinaire, à
l'anormal." Je vous conseille d'aller écouter l'épisode 5 du podcast Temps
retrouvé, Temps bouleversé qui s'intitule "Etre vivant". Un texte
bouleversant de Camille qui nous parle de notre rapport à la Terre, à la
nature. Elle nous parle de ce lien si particulier que nous avons tous, en tant
qu'être humain, avec l'ensemble de ce
qu'on surnomme "le Vivant"
Ce confinement dans nos maisons, dans nos chambres, dans nos vies, ce
temps qui s'arrête et qui s'étire soudain nous permet à tous, nous être vivants
parmi et avec tous les autres, de nous reconnecter avec ce qui se trouve au-dessus,
au-dessous et même en nous.
Le "normal" n'a pas marché. Peut-être alors faut-il tenter
l'extraordinaire. Peut être faut-il oser bousculer nos vies, chambouler nos
quotidiens, transformer nos habitudes. Il est temps de prendre soin de notre
maison, de notre planète. Il est temps de devenir ceux que nous n'avons jamais
osé devenir. Il est temps de sortir de nos lits, de nos chambres, de nos
maisons et d'oser espérer à un vivant universel en bonne santé. Il est temps
d'agir vraiment, concrètement, petit pas par petit pas
Devenons ceux qui après, ferons tout pour un retour à l'extraordinaire.
Texte écrit après avoir écouté l’épisode
“Etre Vivant” du podcast Temps retrouvé, Temps bouleversé.
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Albums
“Mélancolie heureuse” et “Qu’en restera-t-il de Tim Dup”
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Le
journal d’Anne Frank