Hassan Al-Wazzan, L’oiseau Amphibie
Le spectacle a été en partie inspiré par la rencontre avec Natalie Zemon Davis, historienne canadienne, auteur de Léon L’Africain. Un voyageur entre deux mondes.
Cette historienne juive, originaire de Détroit professeur à Princeton a toujours été attirée par la fiction. Elle dialogue avec des personnages qu’elle étudie.
En 2006 elle publie un ouvrage consacré à Hassan Al Wazzan.
L’ouvrage fascine W. Mouawad. Tous deux ont aussi en commun la conviction du pouvoir de l’imagination. Et c’est dans cette frontière entre fiction et vérité que réside selon lui une des forces du théâtre.
Tous des oiseaux se déroule dans un espace-temps contemporain. Que ce soit en Amérique ou à Jérusalem, tout renvoie au monde actuel marqué par le conflit Israëlo-palestinien, les attentats et les interrogations identitaires.
Dans ce contexte le personnage de Wazzan qui est la seule figure historique du spectacle, apparaît comme un être fictif issu de l’imagination de Wahida.
Comment le représenter? propositions de la classe: lors de ses apparitions une ombre se projette, personnage habillé de façon orientale mais aussi avec un signe de christianisme, personnage tout en blanc, très pâle, très mince. Questionnement sur l'âge de l'acteur: vieux // sagesse, jeune adulte: aventurier, voyageur etc
Analyse de la captation: début et fin ( apparaît aussi dans la scène où Wahida le compare à l'éléphant offert au pape )
Le début ne figure pas dans le texte, pas de didascalies en ce sens: Wazzan vient apporter le vieux livre de la biographie qui a fait connaître son destin au monde à Wahida : sort du noir, y retourne réapparait, s'approche de la table de la bibliothèque de NY où travaille wahida avec son ordi. Moment très solennel de l'échange du livre qu'il caresse d'une main, émotion très grande de Wahida. Musique orientalisante qui installe la présence du diplomate. Costume très sobre: chemise blanche, adulte dans sa force, cheveux longs et barbes. bague au doigt qui signale qu'il a fait le pélerinage à la Mecques ( Merci Ines) . pour sorit se fond dans le dessin projeté de la bibliothèque et est relayé par d'autres personnages qui entrent et sortent: visiteurs de la bibliothèque.
Fin de la pièce: au moment du rituel pour David: Wahida le fait resurgir par sa parole arabe, assimilant le destin des deux personnages. Jalal Altawil très sobre d'abord mains derrière le dos, pieds nus, même costume. Il parle comme un vivant mais ne se rapproche pas des autres personnages. Wazzan conte la légende de L'Oiseau Amphibie avec coeur sans se déplacer, mais en jouant avec ses mains, d'abord une seule , puis les deux. gestuelle très expressive: oiseaux qui replie ses ailes par exemple, abattement de l'oiseau empêché de réaliser son rêve, violence de l'interdiction qu lui est faite par ses congénère. L'acteur sait aussi changer le timbre et la force de sa voix. ( se souvenir de son énergie de conteur dans le choeur de l'oiseau amphibie.)
Wazzan, ce grand voyageur de la renaissance, mort depuis des siècles, n’est aujourd’hui qu’un sujet de thèse, un être de papier, pourtant incarné par le comédien syrien Jalal Altawil.
Wahida le dit d’ailleurs page 54 du texte « mes amis me demandent quand je vais finir mon roman ! Ils te prennent pour un personnage de fiction. »
Ce procédé est déjà utilisé par l’auteur dans Rêves où le personnage de Willem un écrivain reclus dans une chambre d’hôtel pour écrire un roman voit ses personnages prendre corps au gré de son imagination.
Qui était Léon l’Africain ? Musulman originaire de Grenade, il s’enfuit de sa ville natale lors de la Reconquista des rois catholiques espagnols.
Il se réfugie au Maroc à Fès où il devient diplomate. En 1518, il est capturé par un pirate espagnol. En 1518, il est capturé par un pirate espagnol. Celui-ci offre son butin au pape Léon X qui fait baptiser le prisonnier tout en lui imposant son nom. Il devient Léone l’ Africano. Il apprend l’italien, le latin et fait la connaissance de grands humanistes. Après le décès du pape, il s’installe à Bologne et rédige la Geographia de l’Affrica. Écrit en italien l’ouvrage est composé de mémoire de ses voyages.
Le mouvement de rapprochement des mondes fascine l’universitaire. Cette historienne juive, qui se passionne pour un diplomate musulman après les attentats du 11 septembre, inspire l’œuvre du dramaturge Libano québécois. Qui lui-même s’immerge dans le point de vue de l’autre qui est pour lui Israël.
Dans une première version du texte le personnage historique avait une plus grande place mais l’auteur a finalement laissé une place plus importante à la fiction. Entre les deux rives de la Méditerranée, cet oiseau amphibie concrétise la violence des collisions qui traversent les personnages tout au long du spectacle, dont il ne reste que quelques fragments dans la version finale; ( voir interview de Jalal Altawil, acteur syrien qui joue wazzan)
Jalal Altawil, acteur syrien
Wazzan, traduction arabe
Né en Syrie en 1981, Jalal Altawil est diplômé de l’École supérieure des arts du théâtre de Damas en 2006, où il a également été enseignant. Jouant dans plus de vingt-cinq pièces, qui ont tourné dans des festivals à Damas, au Caire, en Turquie ou Oman, il reçoit notamment le prix du meilleur comédien au festival de Philadelphia en 2005. Son travail d’acteur est par ailleurs visible dans une trentaine de séries télévisées diffusées au Moyen-Orient et au Maghreb, comme Omar Al Farouk réalisée par Hatem Ali en 2011 ou El Ijtiya de Shaouki El Majeri, qui a obtenu le Emmy Award de la meilleure série étrangère en 2008.En tant qu’auteur-metteur en scène, il a créé une douzaine de pièces dont La Pauvreté de Fiodor Dostoïevski ou encore Mon nom est rouge de Ohran Pamuk. Engagé dès le début de la révolution syrienne en 2011 pour la défense des Droits de l’Homme, il est arrêté par les services de police du gouvernement. Sa sécurité étant menacée, il est contraint à l’exil. Il poursuit son travail d’acteur, participant à des courts-métrages sur la situation des réfugiés syriens comme Transit Gamede Ana Faher en 2013 dans lequel il incarne le rôle principal. Son implication dans différentes émissions télévisées ou radiophoniques en Jordanie soulignent tout autant son soutien à la population civile syrienne : il s’invitait dans des familles afin de partager avec eux des recettes et les souvenirs du pays dans Tabakh Roho, ou faisait la satire des crimes du régime syrien, de Daech et du front El Nosra dans Selfie. Son engagement s’illustre également par sa participation à différentes conférences pour défendre les droits de l’Homme, la citoyenneté, la liberté de la presse ou encore les femmes syriennes ; mais aussi avec la mise en œuvre d’un atelier artistique thérapeutique Effet Papillon, pour accompagner dans leur démarche de reconstruction 150 enfants syriens victimes du conflit. Il participe à la création de spectacles dans et hors des camps de réfugiés en Syrie, Jordanie, Égypte, Turquie, et Liban. Résidant en France depuis 2015, il joue au théâtre Majaz dans Les Optimistes mis en scène par Ido Shaker et poursuit son travail d’auteur, en résidence au Centre national des écritures du spectacle à Villeneuve-lez-Avignon.