mercredi 25 novembre 2020

Le personnage de David (cours en ligne du jeudi 26 novembre)

 Ecoutez bien sûr la biographie à la première personne proposée par Bastien. Vous pouvez d'ailleurs m'envoyer une critique bienveillante de sa proposition.

Voici des compléments pour construire le personnage. N'hésitez pas à me signaler des oublis. Faites les exercices que je propose en rouge pour vous approprier l'étude dans la perspective de la 2ème partie du sujet de bac que j'ai distribué.

 Le personnage de David: acteur israélien: Raphael Weinstock

 Première apparition jour du Seder ( scène 7): Juif très pieux, colère terrible contre son fils.

La prémonition de l’afikomen introuvable. Relevez les passages d’ironie dramatique dans la pièce. ( Ironie dramatique = le public en sait plus que le personnage, qui parfois prononce des paroles qui vont aller contre lui-même et contre ce qu'il défend. Voir l'ironie tragique et dramatique dans Oedipe Roi.)

Quel rapport avec son père Etgar ? prend sur lui la culpabilité du survivant, compare le choix d’Eitan d’épouser une arabe comme une perpétuation de la Shoah et de sa destruction du peuple juif.

Quel rapport avec Léah ? a dû la quitter contraint et forcé, est revenu la voir adolescent au moment du divorce, pense qu’il a été abandonné, que Léah est une mauvaise mère. Ne comprend pas son geste.

Rapport avec Norah ? dispute avec elle avant l’annonce du coma d’Eitan à propos de l’artiste qui peint avec son sperme et de son sentiment de culpabilité d’utiliser son sperme hors de la transmission de la vie.( C’est surtout Norah qui parle de lui et de sa relation) David est plus taiseux sur son couple.)

Amour du fils qui se révèle quand il est à son chevet : fils meilleur que les pères. (réciprocité qui s’exprimera à la fin. Parallélisme des comas et des prières et adresses, relire les différents passages)

P 48 haine séculaire : David= Abraham prêt à sacrifier son fils, saisit un couteau qu’il plante brusquement sur la table dans la mise en scène de Mouawad, faisant resurgir le souvenir du sacrifice d’Abraham. ( violence acte : crache, renverse la chaise etc) Texte du sacrifice d'Abraham dans la Bible

En savoir plus sur le sacrifice d'Abraham dans les trois monothéismes 

David incarne dans la pièce une conception rigide de l’identité. Faveur transmise de générations en générations, la judaïté « prend sa source dans le sang » des ancêtres et lègue la culpabilité en héritage ; avec comme corollaire l’exclusion. Le père rejette Wahida  

 cf Norah sur l’identité de groupe qu’elle a elle-même subie : «  Personne, pas une tribu, ne supporte de voir partir son enfant dans la marmite de l’ennemi ? » réflexes d’appartenance communautaire archaïque.

Haine effrayante chez David : «  on ose nous comparer, on ose dire Juifs et Arabes races sémitiques ? On a aussi peu à voir avec eux que les oiseaux avec les poissons. Ils ne sont que des rejetons des tribus arriérées débarquées ici par le feu, le viol, le sang, et ils osent aujourd’hui se réclamer de cette terre quand ils n’en sont que les voleurs. » P110-111

Ironie tragique dans le fait que le personnage qui tient de tels propos est lui-même ce qu’il abhorre. Tu « es ce que tu détestes », tu es arabe, tu n’as rien d’un Juif » lui dit Etgar P115 

oiseau amphibie : destin de Wazzan : musulman chrétien, David, juif qui se découvre palestinien, Norah communiste qui découvre sa judéité. Wahida qui renoue avec ses origines arabes.cf « combien il est dangereux de se clôturer à l’intérieur d’un principe d’identité » au moment de la thèse, mais rattrapée par l’odeur, la langue « je suis ça. »

Arraché à sa destinée, David ne connaît ni la langue de sa mère ni son nom. Cette douleur indicible l’anéantit. Perte de la langue d’origine au cœur de l’œuvre de Wajdi Mouawad. Cf Seuls et Sœurs mutilation, cicatrice indélébile de l’exil. Lésion personnelle. P 56 dans l'ouvrage Canopé sur Tous des Oiseaux.

Révélation de sa véritable identité par Etgar sans aucune précaution, trouble et accident vasculaire. Le dernier informé ! Le père d’Eitan qui nourrissait une haine viscérale pour les Arabes apprend, contre toute attente qu’il est lui-même son pire ennemi. Il est cet Autre qu’il baissait et dont il souhaitait l’anéantissement. 

Nouvel Œdipe: cf Wajdi Mouawad: « ce qui m’a frappé chez Sophocle c’est son obsession de montrer comment le tragique tombe sur celui qui aveuglé par lui-même ne voit pas sa démesure. … P38 dans l'ouvrage canopé sur Tous des Oiseaux.

 brutalité du dessillement qui est fatale. David tombe dans le coma, la vérité est dangereuse, il ne faut pas la dire trop vite cf la psychanalyste Norah p 100" ce n’est pas la vérité qui crève les yeux d’Œdipe, mais la vitesse avec laquelle il la reçoit … Ne rien jeter trop vite contre le mur de la connaissance. » Comme dans Œdipe Roi fragmentation des révélations : mystère de Léah et de son rejet , mais tests ADN qui révèle que David n’est pas le fils d’Etgar alors qui est-il ? brûlures du secret qui affleurent cf «  Je ne suis pas ta mère dit Léah à David p 62. A ce stade le spectateur ne sait pas encore. 

Ironie tragique, révélation d’une vérité qui lui est encore interdite. Léah et Etgar parleront à Eitan mais la scène est muette. p 81 didascalie. Aveu occulté aux spectateur, bribes, un village, des gens, une armoire, un enfant. Il faut attendre le récit d’Etgar à david : p 115 ! "Tu es ce bébé que j’ai trouvé dans une boite à chaussures."

 David pas lui-même protagoniste de son enquête, c’est encore plus dur, il n’a rien demandé ! l’enquête se fait à son insu provoquant des dégâts irréversibles.

Wahida comme une sœur de David à la fin pour le passage de l’autre côté. Tous deux arabes. Nouvelle fratrie avec Wazzan. Ceux qui restent les Juifs, ceux qui partent les arabes. Force de l’image du mur des Lamentations.