« Le masque est pour nous un outil théâtral qui agit comme révélateur. » Lionel Lingelser
De quelle manière réinventez-vous le masque ?
L. L. : Ancestral, le masque initie un rituel qui permet d’atteindre quelque chose de plus grand que soi. Loin de tout archétype, le masque est pour nous un outil théâtral qui agit comme révélateur. Il crée un trouble, une étrangeté. Il nous déplace, nous transforme de manière ténue mais essentielle. Plusieurs de nos spectacles sont ancrés dans des atmosphères de fin du monde, où les humains essaient de se reconstruire et de s’aimer. Les masques que Louis fabrique, parfois semblables à une seconde peau, créent une sorte d’homme augmenté. Le masque oblige à une sincérité extrême, à une profondeur et une justesse éloignées de toute grandiloquence. Chaque spectacle génère un masque singulier, jusqu’au nez rouge du clown.
L. A. : Le masque nous a permis de travailler la transformation du personnage en prolongeant le plaisir ludique des comédiens que nous sommes. Il implique un travail choral et une respiration en commun. Il permet de réaliser un grand écart entre le comique et le tragique, entre l’effroi et l’enfance. Ce qui nous fascine, ce n’est pas tant le nouveau visage ainsi créé, mais ce qu’on ne voit pas, qui met en action l’imaginaire du spectateur. C’est pourquoi nos masques sont presque neutres, ils suppriment l’expressivité pour créer une émotion en creux, une projection. J’aime la rigueur et la technique que le masque impose. Pour Le Chien, la nuit et le couteau, j’ai travaillé une matière utilisée pour fabriquer des prothèses orthopédiques, très fine et légère, avec la couleur de la peau.
Voir leur spectacle 40 degrés sous zéro de Copi: site des Indépendances