mercredi 10 mars 2021

Rappel pour les premières: Relire Les Inamovibles pour vendredi

 L’histoire

 Malick, un jeune homme africain, a quitté son pays, il y a 12 ans, pour l’Europe. Son père,Amadou,l’attend depuis lors, au-dessus du «Nothing’s Land» (Pays de Rien). Il est devenu aveugle à force de regarder le phare qui le surplombe. 9 ans plus tard,Malick se jette sous un train dans une gare en Suisse. Amadou en est averti. Au même moment, un autre jeune Africain, Lamine, quitte son pays contre la volonté de sa mère Mariame et veut tenterla Méditerranée par la route clandestine. Mariame rejoint Amadou pour attendre le retour de son fils. Lamine manque de mourir noyé en Méditerranée et décide de revenir chez lui. Il rejoint le «Nothing’s Land», gardé par Post, qui lui refuse le passage de la frontière car il est parti clandestinement. Post finit par tuer Lamine. Amadou et Mariame continuent d’attendre leurs deux fils, même s’ils savent qu’ils ne sont plus en vie. 

Le titre:  Polysémique: «inamovible»est synonyme d’immobile, non déplaçable. Et par extension: éternel.Sur unregistre institutionnel:«qui ne peut être destitué, suspendu ou déplacé dans les conditions administratives ordinaires. Par ext.: qui garde sa fonction, sa place, qu’on ne remplace pas:éternel, indéboulonnable, intouchable.

 La privation de mouvement renvoie ici directement à la thématique principale de la pièce,la migration,et à la dialectique entre désir d’ailleurs/désir de retour sous l’angle de laquelle celle-ci est traitée.La dénomination revient dans la partition de Lamine: «Nous, inamovibles», «nous sommes des immobiles», «plantés dans le sol» (p.13). Le terme semble désigner à la fois ceux qui sont partis (et qui restent englués dans les limbes sans pouvoir revenir, une fois leur quête d’ailleurs réduite à l’échec), et ceux qui sont restés, qui ne peuvent quitter le Nothing’s Land: «les consciences [...] viennent se déposer là, nues, dans l’attente d’une deuxième mort, peut-être.» (pp.24-25), réduits à l’attente, tels qu’Amadou et Mariame: «on attend» (p.26), «tu restes debout à attendre» (p. 57).Dans ces deux dynamiques, le titre renvoie à la résistance des êtres face au mouvement,soudés au point d’origine.Il s’applique également à l’immobilité des cadavres que la fin du texte évoque, une image funeste qui, ainsi annoncée dès le titre,recouvre la tonalité de la tragédie;

 L’épigraphe

 «Écrit en hommage à tous ceux qui ont disparu sur la route migratoire Sud-Nord. Pour les garder en mémoire, nous créons ce phare au loin, qui finit par nous faire prisonniers de l’attente.»Cet exergue désigne la valeur d’hommage funéraire du texte. Ainsi mise en exergue, ladresse déverrouille une partie de l’énigme de la pièce et de sa dimension symbolique: ces «prisonniers de l’attente», ce «nous» auquel se joint l’auteur(qui a fait le choix de rester au pays), désigne une partie des «Inamovibles», ceux qui restent à veiller (image du phare) les victimes de la migration. Les disparus aussi appartiennent à la catégorie des«Inamovibles», car leur voyage ne sera resté qu’un départ infructueux, une disparition sans arrivée ou retour, et parce qu’ils sont désormais figés ainsi dans la mémoire des survivants.

 1.Le système des personnages 

13 personnages, 8 si on compte les deux chœurs en une unité.Deux régimes de personnages: des figures allégoriques démultipliées et numérotées (Jeunesses et Colères) qui forment 2 chœurs, et des personnages façonnés (identité, dénomination, passé fragmentaire). 

Les personnages principaux sont tous reliés par un lien de parenté, la famille, le foyer, le lien aux origines étant au cœur du texte. Tous fonctionnent par groupe de deux:-2 fils qui partent (Malick; Lamine)-2 DUO fils/mère: Lamine &Mariame --fille/père: Post & Marguerite-2 parents aveugles (ou en devenir), séparés d’un fils: Mariame et Amadou-2 chœurs désignés par une épithète (4 Jeunesses; 3 Colères + Lamine). Les Jeunesses sont restées au pays, opposées aux Colères, qui en partent

 Ambivalences: au sein des paires, ce qui est admis pour un élément est parfois trouble pour l’autre,par exemple le fils qu’on sait mort (Malick) s’oppose à celui dont on ne sait pas s’il est mort (Lamine);le parent qu’on sait aveugle (Amadou), à celui qu’on pense en voie de le devenir(Mariame). Des personnages variés (dans leursituation, leu démarche,leurs obsessions,le moment de vieoù ils sont saisis)mais qui posent la question de la migration à plusieurs endroits: ceux qui veulent partir, ceux qui veulent revenirces derniers étant moins représentés dans la littérature. La figure de l’homme prédomine, mais au centre de ces systèmes masculins deux femmes articulent les micro-univers: Mariame,figure de sistance,Marguerite, figure de femme en devenir. Ce sont plutôt les hommes qui quittent leur pays,mais ler écit du calvaire d’une immigrée malheureuse,Sinatou (p.9),vient nuancer le propos. De nombreuses collectivités sont convoquées en soubassement: habitants de la gare, immigrés molestés, consciences, administrés de Post, chœurs etc.Malgré sa forme brève, c’est tout un peuple qui habite cette pièce, au proche ou au lointain

 Les personnages individualisés

 -MALICK, en arabe: le roiPremier personnage de la pièce, il n’apparaît cependant qu’au premier tableauet resurgit de manière indirecte, fantomatique, aux tableaux 5 (il apparaît en vidéo), 6 (dans les paroles de son père Amadou p.28)et 10 (p.57).Dans la scène inaugurale,Malick expose son intériorité:il s’agit de «choses qui passent par la tête du personnage, des pensées pouvant être des prises de parole [...]»1). À travers cette scène,il annonce un certain nombre d’enjeux de la pièce: l’attente, le départ, le retour, le désir de revenir au pays.Si l’on suit les indications didascaliques qui laissent les possibilités ouvertes (didascalie initiale),la scène peut être prononcée en voix off,pour souligner le fait qu’il peut s’agir d’un flux de conscience, ou à voix haute.L’ambivalence entre un monologue intérieur et une adresse (qui voyage entre un «tu» majoritaire, absent,et un «moi» auto-adressé)est ainsi ménagée. La déconnection de sa part incarnée (il fume au plateau mais reste dans une passivité quasi totale) et le ressac de la pensée qui le traverse trahissent un personnage en flottement, peut-être au bord de la folie (scission intérieure), suspendu à la mort: «C’est ici que l’espace meurt tout autour de moi» sont ses premiers mots.Cette première approche par l’intériorité du personnage est contrebalancée au tableau 5 par la vidéo,devenue virale,de son suicide, qui génère des débats non pas sur ce qui l’a conduit à se suicider mais sur l’authenticité de la vidéo elle-même, sa crédibilité(Jeunesses, p. 19). Il a fui son pays d’Afrique (peut-être le Bénin,comme Lamine,puisque leurs parents se retrouvent au même endroit) il y a 12 ans pour l’Europe, où il finit par se jeter sous un train 9 ans plus tard,dans une gare de Suisse (1, p.1). Sa conjointe restée au pays (elle-même a eu deux enfants avec l’un de ses cousins)

 LAMINE,d’Amine en arabe:«celui à qui on peut faire confiance»C’est le personnage principal de la pièce, il apparaît dans 5 des 10tableaux.Son jeune âge est souligné:«Voix de jeune homme» (p.7) et on peut déduire du texte qu’il est musulmanNous avons fait nos ablutions,/ Prié. » (p.13), ne boit pas d’alcool(p.46et 49)). Il quitte son pays,sans doute le Béninné à Boukoumbé» pp.50-52), pour le Nord. Il est sans doute passé par Bamako sursa route clandestine vers la Méditerranée («en bas de Bamako, nous passions par les creux des briques»). Il part pour découvrir le monde -et non pour fuir-(p.8),optimiste sur l’opportunité que cela représente, idéaliste (attaché à ses «rêves») etdésireux de voler de ses propres ailes (p.11).Il quitte sa mère,Mariame,en toute conscience et c’est un sujet de dispute récurrent entre eux. Il dit avoir «gagné un visa» (p. 9) avec «contrat de travail» dans une «structure» officielle, bien qu’en réalité « il n’y [ait] pas d’offre, il n’y [ait]pas d’emploi, pas de cachet, pas de voyage officiel avec une structure officielle, rien de tout ça.» (p.11-12)

 Trois ans après ses adieux à sa mère, on retrouve Lamine qui «plane inconscient à la surface des eaux»(4,p.13), puis lors d’une première confrontation avec Post (7). Le mystère demeure sur cet état «inconscient»: est-il mort noyé et le voyage retour évoqué ensuite n’est-il qu’une allégorie, ou bien regagne-t-il son pays jusqu’au poste frontière ? On apprend qu’il a fait les frais, lors de sa tentative de traversée en barque de la Méditerranée des Colères (8: il refuse de jeter à l’eau son sac tandis que la barque est trop lourde), qui le jettent par-dessus bord. Arrêté au «poste frontière» (plus ou moins allégorique)de ceux qui souhaitent revenir au pays, il finit par être tué par balle («[Post] tire sur Lamine qui tombe»,9 p.55).Le sort de Lamine illustre (métaphoriquement) le retour d’un émigvers son pays,qui se heurte aux camps de rétention réservés à ceux qui ne peuvent plus rentrer au pays: une cruelle réalité dont on a moins connaissance que du trajet «aller» des immigrés. Ce personnage fonctionne comme un avatar de l’auteur: «Je leur raconterai des histoires. Nos histoires. [...] Je vendrais des histoires pour amasser des consciences» (p.17), «J’amasserais des milliards de consciences et avec elles je m’achèterais une langue, je crois. Une vraie langue avec une gueule et plein des vraies colères autour» (p.18). Il est détenteur de la parole la plus délibérément poétique dans ses monologues intérieurs: il est le poète de la pièce. De plus,il délivre un véritable manifeste sur sa conception du monde et du voyage: «Les autres [...] toiet moi sommes les autres d’autres qui prévoient, ou pas, d’aller dans les autres parts du monde que toi et moi occupons» (p.8)une conception du monde et des frontières que développe Houansou dans ses interviews. Pacifiste, il refuse de se confronter à ses camarades de barque, et ne parvient pas à se révolter face à Post et Marguerite.

 Lamine et Malick sont construits en miroirautour de l’immigration malheureuse : l’un est un émigré dont le rêve d’immigration échoue et qui se suicide, l’autre un émigré qui rebrousse chemin après avoir essuyé les pires calvaires sur son chemin, mais qui ne peut rentrer au pays.Seuls personnages à posséder un monologue dans le texte, leur intériorité est tracée en parallèle:MALICK «Moi (tire une bouffée de cigarette), je me sens debout, perdu, tout au bout du quai. J’attends. En attendant, je pense avec ma fumée. Je pense que le train passera comme avant, mais avant je te passe un coup de fil, un dernier peut-être, après ma dernière cigarette peut-être». (p.2)LAMINE [en pensée aussi] : «Tu vois comme tu t’éloignes de toi-même? / Comme tu pars comme une cigarette allumée?»(p.41

 MARIAME: de l’hébreu: mar: goutte / yâm: mer; dérive de Myriamqui peut signifier«voyante». En arabe, Mariame (Marie) renvoie à la mère d’Isa (Jésus) et signifie «pieuse».A mettre en lien avec Amadou et Mariame (cf.infra)C’est la mère de Lamine (qui la surnomme «Mam»), c’est «une femme [...] d’âge avancé» (p.23)d’au moins 57 ans.Son nom est donc triplement signifiant: elle est une figure de «mère»topique,en lien avec la «mer» qui lui a pris son fils,une mère restant seule, sans époux. Personnage fier, inflexible, ses paroles de vérité demeurent impuissantes, face au départ de son fils (p.11sq.)comme à son possible «retour» (elle ne peut parvenir à le guider lorsqu’elle l’aperçoit au lointain, p.31).Elle reste paradoxalement une figure de la lucidité qui présage du sort de son fils (cf. scène d’échange avec son fils); une «Voyante» auprès d’Amadou:elle est ses yeux, toute la scène prend la forme d’une longue hypotyposeune description qu’il lui prodigue également, cartel un prophète aveugle il a des vues plus profondes sur le monde.Sa capacité à voir, son sens de la vue mais aussi peut-être son habilité à distinguer ce qui est juste et ce qui est vain (clairvoyance), est mise à l’épreuve par l’attente au phare:«éblouissante cette lumière», «la pâte du vide qui colle à la vue» (p.25), «des yeux qui deviennent transparents et les points de vue qui se remplissent de plusieurs milliards de points noirs qui pullulent de partout» (p.26)

 AMADOU,ou biendu latin amator: celui qui aime (Dieu),oude l’arabe, dérivé d’Hammad: la louangeIl est le père de Malick: «Monsieur Amadou» (p.5)

 Amadou attend son fils depuis 12 ans (p.30:«douze ans et plus que jattends mon fils»),bien qu’il aitappris sa mort il y a 3 ans (2, coup de téléphone), pour «lui trouver une place en terre natale, pour qu’il n’ait pas à errer sous ce maudit pont» (p.24), ce qui pointe vers un régime symbolique (son âme?).Il est croyant pratiquant («la foi» et «fais une prière» p.31), et a eu plusieurs enfants («Il y a quelques années, sur ce même pont, j’attendais le retour de mes enfants.»p.26).Il a perdu la vue à force de regarder le phare (p.26)et fait figure de prophète aveugle tout en demandant à Mariame de lui décrirece qu’elle voit. Sage, en position de coryphée clairvoyant (voir clôture),il la raisonne lorsqu’elle veut aller chercher Lamine, lui qui rappelle des règles.Il est le personnage de la métathéâtralité: en clôture, il nous rappelle à l’illusion théâtrale («tout n’était que mirage, illusion»). Amadou & Mariamen e sont pas sans rappeler le couple de chanteurs maliens aveugles qui forment un duo.Une référence doublée, sur le plan symbolique,par l’obscurité dans laquelle ils semblent plongée: l’incertitude de l’attente. Les deux personnages ne forment pas pour autant un couple amoureux, mais plutôt un duo beckettien de camarades de fortunes, rassemblés par la perte d’un être cher.Ils fréquentent ce lieu depuis longtemps et en connaissent les habitants (cf.dialogue p.30 «Tu connais Post!» «Et sa propension à donner des refus.»). Ils clôturent ensemble la pièce (10), et la formule d’Amadou sur l’aveuglement («A force de regarder dans ce phare onne distingue plus la présence d’une absence» (10), avec ce«on» englobant où les deux personnages se rejoignent dans la cécité) leur prête cette valeur d’éternelles vigies coincées dans une vaine attente,à la fois volontairement et malgré eux

 POST,paronomase avec «poste», le poste-frontière, quasi homophonie avec Faust, qui a vendu son âme au diable, mais aussi avec l’anglais «post», «après»-gardien du monde d’aprèsre de Marguerite. Il apparaît tout d’abord dans une cabine(p.33). Il a les attributs de gardien:le mégaphone, l’arme, casquette (univers militaire).Lugubre, «il a l’air d’une charpente d’ossements habillés» (p. 32)ce qui évoque l’image de la faucheuse dans les vanités. Il fait preuve d’un autoritarisme absurde, sadique : il s’agit d’un personnage vaniteux cf. sa «casquette sur laquelle est marqué POST»,une référence à Donald Trump?C’est un personnage grossier, cruel et manipulateur (il fait croire à Lamine qu’il veut de l’aide pour tuer sa propre fille afin de mieux le tuer)

MARGUERITE,file l’évocation du mythe de Faust(donc en position d’inceste ici)Fille de Post, dans une position d’infériorité mais aussi de toute puissance capricieuse.Personnage-caricature:petite fille qui «joue  à» faire la journaliste comme d’autres jouent à la poupée. Elle s’adresse à des téléspectateurs imaginaireset devient ainsi agente de la métathéâtralité.Elle réinvente dès lors l’histoire de Lamine pour la rendre plus spectaculaire: accentue le sordide de la triste actualité des réfugiés.Elle engage un processus de réification face aux «invités» qu’elle voit se succéder dans ce lieu, et en joue avec vice: exploitation érotique(«Il me plaisait, je voulais qu’il reste. On aurait pu faire semblant de faire des enfants lui et moi»p.53).Les rôles s’inversent lorsqu’elle   est prise en otage par Lamine(violence physique: «Lamine saisit brutalement le bras de Marguerite et le tord dans son dos.»p.53): une tentative et une réaction coutumière des prisonniers,comme le souligne son père(p.53).Ce prénom est chargé dans l’histoire de la littérature:il évoque à la fois Le Maître et Marguerite de Boulgakov et la Marguerite du Faust de Goethe. Si, par adjonction à Post/Faust, la position d’inceste évoque une situation pervertie, dans Le Maître et Marguerite, Marguerite, bien-aimée du Maître, devient quant à elle une sorcière qui sert de «maîtresse de maison» à Satan pour accueillir ses «invités»,qui se déversent en foule des portes de l’enfer.La liaison avec le purgatoire qu’est le Nothing’s Land est ainsi doublement assurée.

 -LES JEUNESSES (4) Apparaissant au premier moment choral de la pièce(5), ce groupe nommé par une épithète est composé de quatre hommesil»), jeunes,que l’on situe dans un quartier africain (didascalie initiale) peut-être à Conakry, capitale de la Guinée, (cf. p.21).On est tentés de lire dans le choix de l’identité genrée une représentation de la domination du masculin dans l’espace urbain, public,et par extension, la vie politique, le débat...Par choralité,on sous-entend qu’il y a des individualités clairement identifiables à l’intérieur du groupe. C’est le cas ici où les quatre « jeunesses» possèdent chacune des caractéristiques psychologiques et/ou un rôle et fonction précis.e dans la scène. On repère en effet des récurrences dans le langage de chacune des Jeunesses-langue mêlant français, anglais, bambara («walayi» p.21)marquée par la familiarité-, etun rapport de générations (sans lien filial apparent) entre elles. Le polylogue en stichomythie souligne la vivacité du débat entre les 4 individualités. 1èrejeunesse:Son attention est concentrée sur le téléphone: il est attiré par les images du monde moderne et globalisé. Extrême présent, dans l’immédiateté.Naïf,il s’attache aux détails, aux questions matérielles, et on l’appelle «petit»(p.19). Un tic de langage: «Ou bien».2èmejeunesse:Personnage qui se méfie, qui pose des questions, appuie les idées des autresexiste essentiellement par positionnement relatif,comme il y en a souvent un dans une bande.Ilse caractérise par une propension à la réflexion, à la tactique, aux comparaisons.3èmejeunesse:Son attention est fixée sur le téléphone, mais moins que «1èrejeunesse»; il interroge ce qu’il voit. Il commente, raillé par 2 et 4 («Tu ne connais rien, toi»; «Toi tu jacasses pour rien» p.20).C’est le témoin du débat: métaphore de l’arbitre de foot (p.21). C’est un parieur.4èmejeunesse:Personnage qui pèseses mots?Convaincu, convoque l’histoire, développe une pensée plus profonde.Conscience politique: «son argent, notre argent [celui du peuple]» p. 22? «Moi, j’ai vu»: témoin éclairé.Comme 2ème: il dénonce la naïvetéde ses camarades(p.20)Ici encore on retrouve la binarité des paires: deux personnages plutôt naïfs, deux autres plus matures-en réalité pas tout à fait sachants: cf. pour eux la Suisse se situe plus au Nord que la France mais qui se posent comment détenteurs de vérité:«Dites-lui ce qu’on nous a caché pendant longtemps et que nous avons découvert, il y quelques temps»(p.20).Thématisation autour de ce groupe de jeunes (assez convenue)de la question de l’ignorance, du fantasme généré par le fait d’être «à l’écart de»

 LESCOLÈRES (3+ Lamine, qui compte pour la 1ère)Le thème de la colère sous-tend toute la pièce, il est annoncé d’emblée dans le monologue de Malick (p.2), repris dans la «rage» de Lamine (p.11) et dans l’image portée par Amadou: ««Elle gronde, l’Afrique [...], elle beugle, elle meugle, elle gueule et dégueule sur le monde»(p.28-29).Apparaissant «assis comme dans une barque en mouvement»au tableau 8, les personnifications de la Colère  assemblées enchœurfont la liaison entre cette thématique et celle du titre:leur agressivité est relative à unmouvement empêché, dans leur nécessité de départ.2èmecolère:Personnage le plus sanguin, le leader du radeau.Il porte l’urgenceet la violencede la scène:bouscule le premier Lamine («Deuxième colère fonce sur lui» p.42), et avec 3èmecolère, ils «attrapent la tête de Lamine et la plongent dans l’océan» (p.43).3èmecolère:Le clairvoyant face a udanger collectif.Il cherche à analyser, à retarder le moment où il faut se «délester de ses rêves»pour sauver sa vie. Il cherche le compromis, puis aide 2èmecolère à noyer Lamine.À la fin de la scène, il n’aura que cette réplique glaçante:«Il est mort» (p.44).4èmecolère:Le médiateur.Il cherche le plus la conciliation, il tente de calmer les autres(«Doucement.» p.42), de ramener Lamine à la raison, il résiste: «On peut le raisonner» (p.41). Il est témoin de la (tentative)de meurtre; c’est lui qui demande à arrêter («lâchez») et qui s’interroge sur ce que «nous avons fait» (p.44

d'après documents fournis par le TNS