L'Ange gardien selon Claudel: « Nous sommes en contact et en communion au fond de notre nuit avec quelqu’un qui regarde Dieu, qui le contemple par tous les pores. Sur la terre où nous sommes nous partageons le pouls et le battement de cœur de ce frère au Ciel qui parle à notre Père. »
Paul Claudel, Présence et prophétie, 1959.
Clément Gogitore parlant des Ailes du désir
Anges dans le film: apparence humaine... (cheveux avec queue de cheval, costumes sombres) mais invisibilité.Ils ne sont pas vus, ils ne parlent pas mais on entend leurs pensées : voix off. (une possibilité scénique) Etre attentifs aux jeux des comédiens qui ne jouent pas les anges. (regard, etc...)
revenir sur le thème de l'Ange Gardien dans le Soulier.
Qui est Clément Cogitore, le réalisateur des Indes galantes, un film d'après une mise en scène d'opéra baroque dans laquelle la danse hip hop s'impose:
La Figure de l’ange-gardien chez Vitez, 1987.
Analyser la scène 12, Première journée :
Comment Vitez fait-il exister le surnaturel sur scène ?
Scène de l'Ange gardien. C'est le Songe de Prouhèze ; ou Prouhèze endormie ou Prouhèze endormie avec son Ange gardien ; et on verrait le
globe terrestre, dans le fond du tableau. Cette scène est toute entière dans le songe. Au sens propre, c'est une scène mythologique. Dialogue de la
femme avec un demi-dieu, auraient dit les Grecs.
Ce caractère mythologique du catholicisme, cette idolâtrie qui a tant besoin de nommer Dieu de toutes les façons, d'honorer le dieu mâle, et la
déesse et les anges, et de se représenter le Monde comme un corps énorme, tout cela, terrible et beau, je veux le faire voir tel quel, sans en atténuer la violence ni —c'est étrange à dire— la spiritualité.
Antoine Vitez, L’Art du théâtre, 1986
L’Ange gardien (Eloi Recoing), Doña Prouhèze (Ludmila Mikaël)
L'ange gardien doit être le plus terrestre possible. Il pleure et souffre comme toutes les créatures.
Il ne manque pas de malice non plus. Il est même un peu vaniteux. Que voit-on ? Un homme inquiet qui cherche à venir en aide à quelqu'un dans la détresse. Et qui ne peut pour le moment que la soutenir du regard, comme un manipulateur de Bunraku semble le faire pour sa poupée.
Ne dirait-on pas qu'elle reste souveraine dans le choix de ses mouvements? Du monologue de l'ange gardien sourd un ton provincial populaire nappé d'une voix bourgeoise vieille France.
C'est la voix de Claudel mais aussi celle d'Aragon. Grande parenté entre ces deux-là. Parenté de langue et de milieu. Tous deux sont nés avant 1914 et cela nous donne cette voix parfaitement datée. Nous jouons que Prouhèze ne voit pas son ange gardien mais il serait bien qu'un instant
on puisse penser qu'elle le voit. Et puis non. La scène finale entre Faust et Marguerite se joue sur ce mode.
Eloi Recoing, Le Soulier de satin, Paul Claudel Antoine Vitez, journal de bord d’une mise en scène, Le Monde Éditions, 1991