mardi 21 novembre 2023

Les enfants dans Richard III: réflexion sur les marionnettes dans la mise en scène d'Ostermeier

 Lire les scènes de Richard III où l'on trouve des enfants. Pourquoi ces scènes sont elles importantes?

Analyse d'un tableau représentant les enfants d'Edouard

Comment mettre en scène ces personnages d'enfants? Regarder les scènes concernées dans les captations et proposer une analyse des partis-pris des deux metteurs en scène sur ce point?

Si Thomas Jolly a souhaité que les enfants soient interprétés par de vrais enfants, Thomas Ostermeier, de son côté, fait le choix de marionnettes qui annoncent la mort des enfants. En effet, celles-ci ne s'animent que grâce à leurs manipulateurs.

Les enfants-marionnettes dans la mise en scène d'Ostermeier

L’acte théâtral est mis en avant non pas pour être moqué (c’est le cas dans Hamlet) mais pour être mis en valeur comme une technique particulière. Ainsi, un élément essentiel dans Richard III est l’usage des marionnettes. Il ne s’agit pas seulement de montrer que les deux princes sont les marionnettes de Richard – car Richard est le marionnettiste de tous les personnages, et cette idée est clairement visible sans nécessiter l’usage de marionnettes à ce sujet. Les marionnettes permettent encore une fois de souligner le théâtre dans le théâtre, d’y faire allusion. Eidinger explique : « Thomas est un metteur en scène qui invite les acteurs à pratiquer toutes les techniques qu’ils ont acquises pendant leur formation – l’escrime, tomber sans se faire mal, et autres combines. (…) Thomas utilise ces compétences dans ses productions, avec les marionnettes dans Richard III. Ailleurs les acteurs n’utilisent pas ces techniques pendant dix, peut-être vingt ans, donc ils les oublient.». Ostermeier exploite ainsi au maximum toutes les techniques et les possibilités théâtrales à sa disposition. C’est cette volonté d’exploiter ces effets théâtraux qui nous permet de parler de méta-théâtralité. Ostermeier nous propose un théâtre en train de se faire sous nos yeux. Les marionnettes produisent un effet inquiétant (et rappellent l’Olympia dans le Sandmann d’ETA Hoffmann) : à la fois animées et inanimées, elles rappellent que tous sont désormais des morts-vivants dans le royaume de Richard. En nous laissant voir les acteurs manipuler les marionnettes, l’effet est saisissant tant au niveau du sens que de la forme. Il ne s’agit pas de nous faire oublier que nous sommes au théâtre mais au contraire de nous rappeler sans cesse que nous y sommes, que ce soit avec excès dans Hamlet ou avec plus de sobriété dans Richard III. 

 

"Il y a finalement peu de personnages sur scène, mais beaucoup d’acteurs ! C’est que les marionnettes des enfants sont manipulées par deux ou trois comédiens, à l’instar des marionnettes portées du bunraku, le théâtre de marionnettes traditionnel au Japon. Ostermeier met en avant cette scène comme un bon exemple de la capacité qu’ont ses comédiens à former un ensemble, un collectif.

Mais pourquoi avoir choisi des marionnettes plutôt que des enfants acteurs ? Comme le relève Heinrich von Kleist, dans Sur le théâtre de marionnettes (1810), cette dernière a à voir avec la mort, avec le corps mort. Sans son manipulateur, elle se réduit à un assemblage de bois, de tissu, de papier… On peut ici penser à tout le travail de Tadeusz Kantor sur la frontière entre la matière morte de la marionnette et le vivant des acteurs imitant les marionnettes Voir la Classe morte de Kantor 

la classe morte, une esthétique du choc 

Thomas Ostermeier voulait que le spectateur trouve étrange cette scène, qu’il ressente d’ores et déjà comme bizarre cette scène de rivalité des enfants entre eux et avec leur oncle autour d’un couteau."