La lumière dans la mise en scène de Richard III par Thomas Jolly
Se rappeler Richard III = conclusion de la trilogie de Henry VI pour former une tétralogie chez Jolly
Nommer les créateurs lumière : Antoine Travert et François Maillot.
Donc progression de la lumière dans l’ensemble de l’œuvre : de lumières chaudes et artisanales du début d’Henry VI aux lumières froides de la lumière numérique des projecteurs robots, atmosphère globale plus sombre.
- - L’atmosphère globalement sombre de la pièce,par opposition à Henry VI, la lumière chaude qui revient dans le camp de Richmont à la fin de la pièce avant la bataille. Victoire de la vie sur la mort à l’allure providentielle, Dieu avec Richmont.
- - Les lumières qui accentuent les partis pris de lecture de la pièce : univers du Roi Edouard, univers paranoïaque de surveillance, tout le monde suspect de vouloir s’accaparer le pouvoir, méfiance : faisceaux laser qui emprisonnent, structurent l’espace, écrans des caméras de surveillance en fond de scènes qui diffusent une lumière blafarde sur le plateau, société de surveillance mise en place par Edouard qui se méfie de tous et surtout de ses frères cf arrestation de Clarence sur une simple superstition liée à la lettre G
+ intronisation de Richard III, investiture sous la forme d’un concert de star rock/pop avec lumières pas souvent utilisées au théâtre avant Thomas Jolly : faisceaux laser qui balaient le public, vidéos, qui amènent de la couleur : parti pris de montrer l’habileté manipulatrice de Richard, comme une star de rock, il fait faire n’importe quoi au public pris dans l’ambiance du concert, amené à plébisciter un usurpateur, assassin et hypocrite, metteur en scène de sa puissance après avoir feint de se sacrifier pour le bien du peuple dans une mascarade entièrement montée par lui et Buckingham.
- - Lumières qui plus traditionnellement dessinent des espaces dans une scénographie par ailleurs dépouillée, sans décor, ni mobilier, proche de celle du théâtre élisabéthain : douches qui forment les barreaux de la cellule où est enfermé Clarence dans la Tour avant son assassinat. Tentes représentées avant la bataille par des faisceaux de lumières qui forment un triangle : couleur différente pour chaque camp.
- - Lumières en contre plongée pour accentuer des émotions de personnages : cf gros plan sur le visage hagard de Clarence pendant son cauchemar, visages maquillés de blancs des personnages qui vont mourir accentués par la lumière.
- - Utilisation plus subtile encore de la lumière pour produire des effets symboliques : exemple jeu de Richard diabolique avec le projecteur robot qui devient un véritable personnage : il commande à la lumière, l’éteint d’un tapement de pied. Lumière symbole de son ambition, de sa puissance. Une fois sur le trône la lumière comme les associés va petit à petit l’abandonner. Mais dans la scène Elisabeth/ Richard d’abord c’est elle qui semble acculée par les rais de lumière comme dans une toile, puis ça s’inverse e, elle parvient à se libérer du piège. Autre exemple, la lumière rouge qui vient se poser dans les mains de Richmont comme s’il recevait le soutien divin de la source de vie, symbole quasi mystique du soutien providentiel à celui qui va débarrasser l’Angleterre du tyran sanguinaire.
Donc traitement de la lumière extrêmement spectaculaire utilisant toutes les techniques les plus modernes, Jolly, enfant du numérique, avoue une véritable fascination pour les projecteurs commandés qui peuvent aussi contenir des caméras, lumière quasiment un personnage à part entière de la mise en scène. Elle peut donner le sentiment d’être presque trop présente mais elle n’est jamais gratuite et correspond aux partis pris de mise en scène. On reconnaît d’ailleurs ce traitement lumière dans la dernière création de Thomas Jolly, Star Mania.