Le théâtre de la
cruauté est une expression introduite par Antonin Artaud pour désigner
la forme dramatique selon sa conception et sa quête. Elle a nourri bien des artistes du XXème siècle et aujourd'hui encore.
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le théâtre de la cruauté :
nouvelle théorie dans laquelle on prône la cruauté, c’est- à-dire la vie. Car le mot cruauté ne renvoie pas essentiellement à ses sens actuels de souffrance, de froideur extrême, de plaisir morbide ; il s’enrichit de son sens étymologique : issue du substantif latin cruor, qui désigne le sang qui coule, la cruauté évoque autant cette violence et cette convulsivité de la chair que l’atrocité homicide sanglante et épouvantable
La représentation de la violence au théâtre :
la violence au théâtre n’était pas représentée dans le théâtre antique ou dans les tragédies pour un combat par exemple
Le théâtre de la cruauté est une expression introduite par Antonin Artaud pour désigner la forme dramatique à laquelle il travailla dans son essai Le Théâtre et son double. Derrière « cruauté » il faut entendre « souffrance d'exister ». L'acteur doit brûler sur les planches comme un supplicié sur son bûcher. Selon Artaud, le théâtre doit retrouver sa dimension sacrée, métaphysique et porter le spectateur jusqu'à la transe.
Le Théâtre de la cruauté est un « théâtre qui nous réveille : nerfs et cœur ». Cependant, cette cruauté n’est pas celle du sang et de la barbarie :
« il ne s’agit pas de cette cruauté que nous pouvons exercer les uns contre les autres (…) mais (…) celle beaucoup plus terrible et nécessaire que les choses peuvent exercer contre nous. Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. Et le théâtre est fait pour nous apprendre d’abord cela »
Avec ce concept, Artaud propose « un théâtre où des images physiques violentes broient et hypnotisent la sensibilité du spectateur ». A la vue de cette violence naît la « violence de la pensée »11 chez le spectateur, violence désintéressée qui joue un rôle semblable à la catharsis.
Dans le chapitre « Le théâtre de la cruauté », Artaud dresse un portrait du spectacle qu’il souhaite atteindre :
« Tout spectacle contiendra un élément physique et objectif, sensible à tous. Cris, plaintes, apparitions, surprises, coups de théâtre de toutes sortes, beauté magique des costumes pris à certains modèles rituels, resplendissements de la lumière, beauté incantatoire des voix, charme de l’harmonie, notes rares de la musique, couleurs des objets, rythme physique des mouvements dont le crescendo et le decrescendo épousera la pulsation de mouvements familiers à tous, apparitions concrètes d’objets neufs et surprenants, masques, mannequins de plusieurs mètres, changements brusques de la lumière, action physique de la lumière qui éveille le chaud et le froid, etc"
Le premier et unique spectacle de la cruauté est la tragédie Les Cenci (tragédie en quatre actes et dix tableaux d'après Shelley et Stendhal). La représentation eut lieu le 6 mai 1935 au Théâtre des Folies-Wagram. Artaud avoue que cette pièce n'appartient pas véritablement au théâtre de la cruauté mais l'annonce et le prépare. La pièce est basée sur « le mouvement de gravitation ». Artaud écrivait dans la Bête noire no 2 du 1er mai 1935 : « Par Les Cenci, il me semble que le théâtre est remis à son plan et qu'il retrouve cette dignité presque humaine sans laquelle il n'est pas utile de déranger le spectateur. »