Documentaire sur Arte Danser la lumière pour découvrir cette danseuse.
Le parcours atypique de Loïe Fuller (1862-1928), excentrique et combative pionnière de la danse moderne, dont le travail scénique à la frontière de l’abstraction inspire encore bien des artistes.
De grands voiles
blancs, éclairés de projecteurs, tournoient autour d’un corps aux
contours à peine visibles, et prennent des formes mouvantes qui évoquent
tantôt une flamme, tantôt une fleur, un papillon ou un oiseau en vol…
Entre orientalisme, modernité et abstraction naissante, la "danse
serpentine", mise au point au début des années 1890 par l’excentrique
Loïe Fuller, est alors dans l’air du temps, au point d’être copiée de
toutes parts et de faire de cette native du Midwest américain la
coqueluche de New York puis du Paris de la Belle époque. Après un
triomphe aux Folies Bergère, son spectacle sera l’une des plus
mémorables attractions de l’Exposition universelle de 1900. Indépendante
et fière, "la" Loïe Fuller semble ne rien devoir aux hommes. Elle
s’installe en France avec sa compagne Gab Sorère, avec qui elle mène des
expérimentations scéniques avant-gardistes. Elle ouvre également sa
propre école de danse, échange avec Toulouse-Lautrec, Rodin, Pierre et
Marie Curie, et n’aura de cesse de perfectionner tout au long de sa vie
la création qu’elle a brevetée, en l’associant à des images projetées, à
la lumière noire et même au radium… Si la danse serpentine passe
bientôt de mode, détrônée par les artistes de la jeune génération – à
commencer par Isadora Duncan, sa compatriote et rivale –, Loïe Fuller
aura durablement marqué l’histoire comme l’une des grandes pionnières de
la danse moderne.
Continuateurs contemporains
"J'ai envie de créer une nouvelle forme d’art, qui serait libérée
des préceptes et des conventions habituelles. Je ne ferai que suivre mon
intuition. La lumière sera la reine de la fête, elle aura le premier
rôle." Cette approche très moderne de la danse, qui fut autant
admirée que raillée de son vivant, ne cessera pourtant de faire des
émules, jusqu’à cent ans après la mort de Loïe Fuller en 1928. En
s’appuyant sur de très riches archives photographiques et filmiques, ce
documentaire fait dialoguer la biographie de cette artiste atypique avec
le travail de ceux qui aujourd’hui encore, s’inspirent de "la" Fuller :
une troupe de danseuses qui reproduisent avec précision la gestuelle
originelle, très exigeante physiquement, mais aussi des artistes tels
que le marionnettiste Basil Twist, le metteur en scène Robert Wilson ou
la créatrice de mode Iris van Herpen, qui évoquent leur filiation avec
son univers visuel, son travail de la lumière et sa conception libre et
organique de la création.